l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

Mais si l’on dépasse le simple cadre du court terme, et même en restant dans une
optique de taux de profit, certaines firmes ont tout intérêt à mettre en place des processus
d’organisation éthique. Tout d’abord, en matière de code d’éthique, il peut s’agir d’un
moyen supplémentaire de gestion des ressources humaines (cf. Berra, 1998, p. 289-290)
qui identifie des intérêts et des valeurs destinés à la motivation des employés. Ainsi,
plusieurs études ont montré que le « climat » éthique d’une firme influence la satisfaction
au travail des salariés, ainsi que leurs intentions de quitter ou de rester dans l’entreprise
(réduction potentielle du « turnover ») et, plus généralement, leur engagement au travail.
Un code d’éthique et une vraie politique d’entreprise en la matière peuvent même jouer le
rôle d’un mécanisme de sélection adverse positive, les personnels « éthiques » étant attirés,
les autres (par exemple, ceux qui seraient malhonnêtes avec leurs collègues comme avec
les clients) ne l’étant pas, cf. (Schwepker, 2001). Ceci nous amène à penser également que,
contrairement à la période où l’on faisait lire L’art de la guerre aux jeunes cadres 13 ,
certaines firmes sont obligées de valoriser les valeurs que le capitalisme tend à détruire,
afin tout simplement de pouvoir exister et croître.
Or, comment promouvoir, d’un côté, des valeurs éthiques comme l’honnêteté, la
confiance, le respect du client, etc. sans par ailleurs améliorer les conditions de travail et
respecter tout au long de la chaîne de production les droits de l’homme concernés ? Cette
constatation, qui se renforce d’une considération en terme de coût d’opportunité de
l’absence de code 14 , conduit au développement des codes de conduite, impulsé également
par des considérations de « marketing » bien évidentes.
Ainsi, le développement de codes de conduite permet aux entreprises de faire face
aux mouvements de contestation qui visent à faire baisser la consommation des produits
incriminés. Ces codes permettent également de prendre des mesures sociales et
écologiques qui deviennent des atouts dans la compétition avec les autres firmes. De
même, le développement « spontané » de mesures de « responsabilité sociale » par la firme
peut lui permettre de contrer d’éventuels développements législatifs qui pourraient s’avérer
plus pénalisants.
La firme est donc amenée à développer des normes para-juridiques internes afin de
satisfaire ses clients, ses employés (qui préfèrent travailler pour une firme qui a une bonne
13 Cf. (Tordjman, 1996).
14 Cf. (Stanwick et Stanwick, 2000, p. 69). Résoudre un problème éthique ou faire face à une « agression »
sociale sans avoir de code pour ce faire, cause un coût supérieur à celui qui surviendrait en présence d’un
code capable d’aider à la résolution du problème. En outre, les codes servent à intérioriser les normes et
permettent donc d’éviter la survenance de ce type de problème.
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