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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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la pensée utilitariste reste néanmoins une étu<strong>de</strong> nécessaire dans le contexte d’une économie<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. C’est pourquoi nous y reviendrons encore dans le chapitre suivant<br />

et que nous nous contenterons ici <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la position originelle <strong>de</strong> Bentham.<br />

Si Bentham commence par rejeter Adam Smith, en l’associant « aux champions <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme » 15 , c’est d’abord parce qu’il entend défendre l’intervention <strong>de</strong> l’Etat.<br />

Mais plus encore, s’il rejette les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, c’est surtout parce qu’il n’admet pas la<br />

notion <strong>de</strong> droit naturel, <strong>de</strong> <strong>droits</strong> antérieurs à la société et à la législation. Car si Bentham<br />

poursuit l’idéal du jusnaturalisme, du droit naturel <strong>de</strong> Hobbes ou <strong>de</strong> Pufendorf, situant<br />

l’individu et ses plaisirs au centre du système, il n’empêche que les Déclarations<br />

américaines et françaises lui apparaissent comme <strong><strong>de</strong>s</strong> accumulations <strong>de</strong> non-sens qu’il<br />

réfute article par article. Pour Bentham, il n’existe pas <strong>de</strong> <strong>droits</strong> antérieurs au<br />

gouvernement, pas <strong>de</strong> <strong>droits</strong> naturels, pas <strong>de</strong> <strong>droits</strong> autres que les <strong>droits</strong> édictés par la loi.<br />

Ainsi, selon lui, les défauts <strong><strong>de</strong>s</strong> Déclarations consistent à confondre <strong>droits</strong> naturels et <strong>droits</strong><br />

réels, à prendre <strong><strong>de</strong>s</strong> fictions pour <strong><strong>de</strong>s</strong> réalités, tout en considérant que les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme<br />

ne peuvent pas être défaits par une décision humaine, ce qui lui apparaît comme un<br />

postulat vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> sens. Notons que ces critiques ne sont pas totalement infondées et qu’elles<br />

rejoignent certaines <strong>de</strong> celles que formulera Karl Marx après Bentham. Il est clair que les<br />

<strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, pour être tels, ne doivent pas être une abstraction et il est impossible <strong>de</strong><br />

nier qu’ils découlent <strong>de</strong> la société. La distance vis-à-vis du droit naturel, que nous appelle à<br />

prendre Bentham, consiste donc à reconnaître l’homme comme être <strong>de</strong> besoins sociaux,<br />

dont les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme visent la satisfaction.<br />

Toutefois, chez Bentham cette reconnaissance prend la forme d’un rejet <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong><br />

<strong>de</strong> l’homme, au profit <strong>de</strong> l’utilité, du bonheur. L’intervention gouvernementale est<br />

nécessaire et souhaitable afin <strong>de</strong> maintenir l’ordre mais aussi d’assurer « le plus grand<br />

bonheur pour le plus grand nombre » ; ce qui conduit à déterminer <strong><strong>de</strong>s</strong> « agendas » et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

« non agendas » qui définissent les domaines d’intervention <strong>de</strong> l’Etat. Dans ce cadre, il<br />

existe <strong>de</strong>ux buts prioritaires et <strong>de</strong>ux buts dérivés : respectivement, la sécurité et la<br />

subsistance, l’abondance et l’égalité. Ce sont ces buts qui fixent les liens entre le<br />

législateur et l’économiste, ces <strong>de</strong>ux professions <strong>de</strong>vant viser les buts prioritaires comme<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> fins ; en outre, les <strong>de</strong>ux seconds buts, d’abord juridiques, ont leurs pendants en<br />

économie sous la forme <strong>de</strong> la croissance et <strong>de</strong> la répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> richesses. Or,<br />

15 Cité par Cot (1993, p. 136).<br />

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