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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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possible, d’une façon naïve, d’envisager la solution suivante : d’un côté, la réduction <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

coûts, <strong>de</strong> l’autre, la réduction <strong><strong>de</strong>s</strong> prix 3 .<br />

Or, dans les <strong>de</strong>ux cas, si c’est la seule maximisation du profit qui est l’objectif <strong>de</strong> la<br />

firme, la réduction <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts comme celle <strong><strong>de</strong>s</strong> prix, peuvent passer par <strong><strong>de</strong>s</strong> violations <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, nuisant à l’ensemble <strong>de</strong> la société, soit par <strong><strong>de</strong>s</strong> pollutions qui affectent<br />

tout le mon<strong>de</strong>, soit par <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> travail défavorables aux travailleurs. Et l’on voit<br />

là, d’ailleurs, l’ambiguïté <strong>de</strong> l’objectif <strong>de</strong> baisse <strong><strong>de</strong>s</strong> prix : certes, les clients peuvent s’en<br />

réjouir, mais c’est oublier un peu vite que les clients sont aussi, d’une part, <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs<br />

et, d’autre part, <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes exposées aux pollutions et autres désagréments.<br />

Face à ces constatations (et à d’autres), <strong><strong>de</strong>s</strong> arguments en faveur d’une gestion <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

entreprises plus respectueuse <strong>de</strong> leur milieu ont vu le jour en opposition à l’argumentaire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> tenants du taux <strong>de</strong> profit. Du point <strong>de</strong> vue régulationniste, la prédominance donnée au<br />

seul taux <strong>de</strong> profit escamote naturellement le second objectif du capitalisme et <strong>de</strong><br />

l’entreprise privée, c’est-à-dire la satisfaction <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins sociaux. Plus globalement, si la<br />

maximisation du taux <strong>de</strong> profit est la seule norme <strong>de</strong> comportement <strong>de</strong> la firme, toutes les<br />

autres normes mises en jeu peuvent être ignorées, voire niées et détruites, au risque d’un<br />

écroulement final <strong>de</strong> la firme et <strong>de</strong> l’économie.<br />

La recherche en « Business Ethics » a, dans une certaine mesure, <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments <strong>de</strong><br />

convergence avec l’analyse régulationniste, notamment en tentant <strong>de</strong> définir comment et<br />

pourquoi les entreprises doivent se préoccuper <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs normatives <strong>de</strong> la société, ainsi<br />

que <strong>de</strong> la cohésion sociale dont dépend son fonctionnement optimal. Par exemple, Sethi 4<br />

développe une notion <strong>de</strong> performance sociale <strong>de</strong> l’entreprise basée sur trois éléments : une<br />

notion d’obligation sociale, sanctionnée par les forces du marché ou par le système<br />

juridique, et qui pourrait donc correspondre aux normes régulatrices <strong>de</strong> la sphère<br />

économique ; un concept <strong>de</strong> responsabilité sociale qui implique que « l’entreprise répon<strong>de</strong><br />

aux normes, <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> et attentes sociales » (Gendron, 2000, p. 15), c’est-à-dire que<br />

3 Nous laissons <strong>de</strong> côté le fait que, en se centrant sur le système <strong><strong>de</strong>s</strong> prix sur un marché, l’économie ignore les<br />

personnes insolvables qui n’ont pas accès au marché, dans tous les cas. D’où, soit dit en passant, le manque<br />

<strong>de</strong> pertinence <strong>de</strong> l’argument <strong>de</strong> la baisse <strong><strong>de</strong>s</strong> prix liée à la privatisation <strong><strong>de</strong>s</strong> services publics, baisse <strong><strong>de</strong>s</strong> prix<br />

qui ne se réalise que très partiellement d’ailleurs. Laissons toutefois cette remarque à sa place, c’est-à-dire<br />

celle d’une simple parenthèse, pour citer Joan Robinson (1979, p. 44) qui résume bien toute la limite <strong>de</strong><br />

l’économie du « libre marché » : « Je pense que, quand Adam Smith racontait l’histoire <strong>de</strong> la composition du<br />

dîner passant par les services du boucher, du brasseur et du boulanger, il pensait, à vrai dire, à un gentleman<br />

qui avait <strong>de</strong> l’argent à dépenser. » Et d’ajouter : « il ne pensait pas aux luttes <strong>de</strong> ces marchands pour gagner<br />

leur vie », ce qui peut amener à noter l’absence <strong><strong>de</strong>s</strong> relations <strong>de</strong> pouvoir dans la théorie néo-classique, mais<br />

ce qui renvoie aussi à la question du juste prix (et donc à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> salaires équitables).<br />

4 Cf. (Sethi, 1975, réf. citée), cité par Gendron (2000, p. 15s).<br />

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