l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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Tableau III.1. Classification des normes. Normes Description Emetteurs / Créateurs* De régulation ou Systémiques (écologiques, etc.) De production ou de rationalité – Régulatrices Sociales (comportementales ; secondairement, idéologiques) Juridiques Para-juridiques Normes environnementales (au sens large) permettant la reproduction du système global Mode de fonctionnement de la sphère économique et, en particulier, formes des relations de travail L’ensemble des valeurs qui permet au système de se réguler sans violence Explicitation ou création des normes précédentes par les acteurs publics Explicitation (ou création) des normes, essentiellement régulatrices, par les acteurs privés Observations des risques, reproduction / progrès social(e) ; Etats, Organismes internationaux Concurrence, entreprises, syndicats ; concurrence, organisation des marchés Chaque personne, « classe dominante », médias, « tradition », artistes, mouvements sociaux Etat ; pouvoir judiciaire ; organismes internationaux Acteurs privés, associations, entreprises Sphères d’origine / Sphères concernées* Sphère écologique, sphère sociale / Sphère écologique, sphère sociale Sphère économique / Sphère économique, sphère sociale Sphère sociale / Sphère sociale, sphère économique Sphère sociale / Concernent l’ensemble des sphères Sphère économique / Sphère économique ; peuvent concerner l’ensemble des sphères Types* Seuils de pollution ; principes généraux de l’organisation sociale Organisation implicite, contrat de travail, règlement intérieur, convention collective Opinion publique, valeurs culturelles, expression politique, programme scolaire, expression artistique Conventions internationales, Constitution, lois, décrets, (voire jurisprudence), etc. Règlement interne, accord de branche ou d’entreprise, code de conduite ou de déontologie, etc. * Les normes sont souvent implicites et les acteurs n’ont pas forcément conscience qu’ils les créent ou les suivent ; il est, par ailleurs, difficile de cerner leur impact sur une ou plusieurs sphères, plutôt que sur le système global. Ce tableau reste donc un schéma très simplifié de la réalité. 322

Section III : La création de normes dans l’économie contemporaine. Le but de cette troisième section est d’éclairer la gestion actuelle des droits de l’homme ou, plus exactement, des normes qu’ils imposent aux acteurs économiques, afin de comprendre comment ces normes émergent et deviennent effectives. Mais il s’agit aussi de voir les limites des processus de crise à l’œuvre aujourd’hui et qui, en tâchant d’inclure les droits de l’homme au sein de nouveaux processus de régulation, tentent d’échapper aux contradictions du capitalisme. Nous verrons que cela n’est pas simple, et qu’il faut donc, certes, favoriser toutes les initiatives qui vont en ce sens, mais aussi rester vigilant quant aux modes de création normative employés, une norme n’étant légitime que si elle ne dénature pas la valeur qu’elle porte. La continuation des processus historiques conduit à une diffusion implicite des droits de l’homme dans la sphère économique, ce qui entraîne le risque toujours renouvelé de récupération de ces droits au seul service du capital. Par ailleurs, le processus destructeur du mode de régulation de crise provoque des dangers spécifiques qu’un éventuel recours normatif aux droits de l’homme ne doit pas masquer. Nous verrons cela en étudiant, dans un premier temps, les chartes d’éthique et les codes de conduite qui se développent aujourd’hui 1 au sein des entreprises (I). Les limites des processus développés dans le premier point, appellent le regain des institutions publiques qui, d’une part, devraient tendre vers toujours plus de démocratisation en leur sein et, d’autre part, promouvoir les droits de l’homme, à la fois en appuyant et en encadrant les initiatives non-gouvernementales dont il est question dans cette section, et en développant des normes qui s’appliquent obligatoirement à tous, tout en diversifiant les processus de leur réalisation. Or, la mondialisation néo-libérale, voire néoimpérialiste, de l’économie et la domination de la sphère économique, facilitées en partie par le volet négatif de l’autonomisation des sphères, entraîne une contradiction entre les normes proclamées et leurs moyens d’application. Nous en dirons quelques mots dans un second point (II). 1 Par souci de simplification, nous laissons de côté la question de la finance « éthique » (investissement de portefeuille dans des entreprises à caractère social ou écologique marqué). Celle-ci a, certes, certains avantages de court terme, mais il nous semble qu’il ne s’agit là que d’un processus financier limité, pouvant conduire à des effets pervers. Nous laissons également de côté les codes de déontologie professionnelle qui restent relativement en retrait de notre propos central. En ce qui concerne, plus généralement, les théories de « l’éthique des affaires », nous renvoyons à la revue de littérature de Corinne Gendron (2000). 323

Section III : La création <strong>de</strong> normes dans l’économie contemporaine.<br />

Le but <strong>de</strong> cette troisième section est d’éclairer la gestion actuelle <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong><br />

l’homme ou, plus exactement, <strong><strong>de</strong>s</strong> normes qu’ils imposent aux acteurs économiques, afin<br />

<strong>de</strong> comprendre comment ces normes émergent et <strong>de</strong>viennent effectives. Mais il s’agit aussi<br />

<strong>de</strong> voir les limites <strong><strong>de</strong>s</strong> processus <strong>de</strong> crise à l’œuvre aujourd’hui et qui, en tâchant d’inclure<br />

les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme au sein <strong>de</strong> nouveaux processus <strong>de</strong> régulation, tentent d’échapper aux<br />

contradictions du capitalisme. Nous verrons que cela n’est pas simple, et qu’il faut donc,<br />

certes, favoriser toutes les initiatives qui vont en ce sens, mais aussi rester vigilant quant<br />

aux mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> création normative employés, une norme n’étant légitime que si elle ne<br />

dénature pas la valeur qu’elle porte.<br />

La continuation <strong><strong>de</strong>s</strong> processus historiques conduit à une diffusion implicite <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme dans la sphère économique, ce qui entraîne le risque toujours renouvelé<br />

<strong>de</strong> récupération <strong>de</strong> ces <strong>droits</strong> au seul service du capital. Par ailleurs, le processus<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tructeur du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong> crise provoque <strong><strong>de</strong>s</strong> dangers spécifiques qu’un<br />

éventuel recours normatif aux <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme ne doit pas masquer. Nous verrons cela<br />

en étudiant, dans un premier temps, les chartes d’éthique et les co<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> conduite qui se<br />

développent aujourd’hui 1 au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises (I).<br />

Les limites <strong><strong>de</strong>s</strong> processus développés dans le premier point, appellent le regain <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

institutions publiques qui, d’une part, <strong>de</strong>vraient tendre vers toujours plus <strong>de</strong><br />

démocratisation en leur sein et, d’autre part, promouvoir les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, à la fois en<br />

appuyant et en encadrant les initiatives non-gouvernementales dont il est question dans<br />

cette section, et en développant <strong><strong>de</strong>s</strong> normes qui s’appliquent obligatoirement à tous, tout en<br />

diversifiant les processus <strong>de</strong> leur réalisation. Or, la mondialisation néo-libérale, voire néoimpérialiste,<br />

<strong>de</strong> l’économie et la domination <strong>de</strong> la sphère économique, facilitées en partie<br />

par le volet négatif <strong>de</strong> l’autonomisation <strong><strong>de</strong>s</strong> sphères, entraîne une contradiction entre les<br />

normes proclamées et leurs moyens d’application. Nous en dirons quelques mots dans un<br />

second point (II).<br />

1 Par souci <strong>de</strong> simplification, nous laissons <strong>de</strong> côté la question <strong>de</strong> la finance « éthique » (investissement <strong>de</strong><br />

portefeuille dans <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises à caractère social ou écologique marqué). Celle-ci a, certes, certains<br />

avantages <strong>de</strong> court terme, mais il nous semble qu’il ne s’agit là que d’un processus financier limité, pouvant<br />

conduire à <strong><strong>de</strong>s</strong> effets pervers. Nous laissons également <strong>de</strong> côté les co<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> déontologie professionnelle qui<br />

restent relativement en retrait <strong>de</strong> notre propos central. En ce qui concerne, plus généralement, les théories <strong>de</strong><br />

« l’éthique <strong><strong>de</strong>s</strong> affaires », nous renvoyons à la revue <strong>de</strong> littérature <strong>de</strong> Corinne Gendron (2000).<br />

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