l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

les handicaps (Brown, Deakin, Nash et Oxenbridge, 2000). Il y aurait donc eu, comme
pour certains mouvements sociaux, une institutionnalisation forte des syndicats qui
auraient perdu leur raison d’être par leur propre efficacité, c’est-à-dire par la
reconnaissance des droits des travailleurs. En effet, alors même que les syndicats étaient en
crise dans les années 1980 et 1990, les dispositions légales encadrant le contrat de travail
allaient en s’approfondissant. Il y aurait donc eu un changement dans le mode de
régulation, plutôt qu’une réduction de celle-ci. Le mouvement syndical anglais n’ayant
jamais eu qu’un impact faible contre le paradigme dominant, reste à savoir s’il conserve
une utilité en tant que mouvement parfaitement institutionnalisé. Cette question nous
pousse à nous interroger sur les effets de la gestion néo-libérale des relations de travail.
En suivant les analyses de Brown, Deakin, Nash et Oxenbridge (2000), Deakin et
Ewing (1996) et Deakin et Wilkinson (2000), nous pouvons prendre en compte l’utilité des
syndicats pour la défense des travailleurs, mais aussi pour le fonctionnement optimal de la
sphère économique. Les syndicats ont ainsi deux rôles dans la prise en charge des
négociations collectives : déterminer les avantages des employés (salaire, condition
d’embauche, etc.) et fixer leurs obligations (la charge de travail, la description du poste,
etc.). En voulant aller vers une plus grande flexibilité, les employeurs ont réduit le recours
aux syndicats et ont pris sur eux de fixer l’ensemble des points du contrat de travail. Cette
évolution a donné plus d’importance aux normes juridiques qui garantissent les droits des
travailleurs ; celles-ci, en effet, influencent les pratiques des employeurs et fixent les
principes que doivent respecter les contrats de travail.
C’est pourquoi il est possible de remarquer que, contrairement à une tendance à
l’individualisation des contrats, les firmes privilégient une certaine standardisation de
ceux-ci, afin de réduire les coûts de transaction et pour éviter les conflits internes qui
peuvent survenir entre des salariés payés différemment pour un même emploi 40 . Les lois
qui concernent les conditions de l’embauche deviennent alors des guides pour la
formulation du contrat de travail, sans qu’il y ait recours à la négociation. Elles servent à la
fois de garde-fous vis-à-vis des droits des travailleurs, mais aussi de normes de conduite
qui aident l’employeur à standardiser ses contrats d’embauche.
Néanmoins, pour que les normes juridiques aient un impact réel sur la sphère
économique, il faut qu’elles soient réellement appliquées dans les faits. Pour cela, il faut
qu’elles correspondent à un minimum de normes régulatrices ou comportementales
40 Sur ce point, voir aussi (Kolacinski, 2002b).
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