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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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souveraineté sur les ressources naturelles ou celui <strong><strong>de</strong>s</strong> zones économiques exclusives<br />

(concernant les mers), illustrent ce fait : les normes juridiques partent <strong>de</strong> la réalité pour<br />

fixer les moyens <strong>de</strong> la correction <strong><strong>de</strong>s</strong> mécanismes <strong>de</strong> régulation inadéquats, notamment du<br />

point <strong>de</strong> vue <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Ainsi, l’on peut dire qu’à « la différence <strong>de</strong> la valeur,<br />

la norme se caractérise par son effet prescriptif. Mais cet effet lui-même est assujetti à une<br />

autre considération : que la norme éventuellement appliquée ne dénature pas, en raison <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

modalités <strong>de</strong> son application, la valeur qu’elle est censée exprimer » (Draï, 1994, p. 31).<br />

Les jugements néo-libéraux étudiés ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, sont ainsi contestables parce qu’ils remettent<br />

en cause, par l’application qu’ils font <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, la valeur que portent ceux-ci.<br />

Ils oublient, en outre, que « le pouvoir judiciaire est un ‘‘pouvoir’’ <strong>de</strong> l’Etat et, qu’en tant<br />

que tel, son essence est politique (...) ; ce pouvoir n’est ni plus ni moins que le garant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>droits</strong> fondamentaux <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens face à tous les usages arbitraires du pouvoir, mais aussi<br />

face à son silence » (Vazquez Smerilli, 2000) 27 .<br />

La norme juridique est donc essentielle car elle apporte la légitimité et la<br />

généralisation <strong><strong>de</strong>s</strong> normes favorables à la fois à la régulation et aux <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme<br />

(comme l’illustre le cas <strong>de</strong> l’éducation). Cependant, en s’ancrant dans le paradigme<br />

dominant, elle connaît <strong><strong>de</strong>s</strong> limites qui imposent <strong>de</strong> la replacer dans son rôle d’instrument<br />

<strong>de</strong> progrès en tant qu’organe du pouvoir <strong>de</strong> la démocratie. La norme juridique, si elle doit<br />

tenir compte <strong>de</strong> la situation réelle <strong>de</strong> la société à laquelle elle entend s’appliquer, doit aussi<br />

conserver son caractère <strong>de</strong> norme qui vise l’intérêt général plutôt que la satisfaction <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

intérêts privés. Cela impose que les normes juridiques, notamment les <strong>droits</strong><br />

constitutionnels, ne restent pas lettre morte mais soient réellement exercées avec ce que<br />

cela implique comme interventions <strong>de</strong> l’Etat. En outre, il faut aussi que ces normes ne<br />

soient pas dévoyées et laissées à la seule interprétation <strong>de</strong> juges qui ne ren<strong>de</strong>nt pas <strong>de</strong><br />

comptes à la société. Deux éléments sont donc importants pour que l’accès à la justice soit<br />

réel et pour que les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme soient reconnus : « un juge conscient <strong>de</strong> son rôle<br />

dans la société et soucieux d’apporter une réponse aux besoins <strong>de</strong> la population » et « la<br />

capacité pour la société civile d’interpeller l’Etat et <strong>de</strong> réclamer l’effectivité <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> et la<br />

construction d’une société égalitaire » (Vazquez Smerilli, 2000, p. 4). Ce qui implique<br />

également, selon nous, <strong>de</strong> reconnaître l’opposabilité générale <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, en<br />

27 La tendance à mettre en avant la nécessaire impartialité <strong>de</strong> la justice tend à faire oublier ce fait élémentaire<br />

qu’il s’agit aussi d’un pouvoir, en lien avec l’appareil d’Etat, et visant le bien commun. Pourtant, dès 1986, la<br />

Cour européenne <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme (21 février 1986, James et autres, § 47) reconnaissait que :<br />

« éliminer ce que l’on ressent comme <strong><strong>de</strong>s</strong> injustices sociales figure parmi les tâches d’un législateur<br />

démocratique » ; citée par Priso Essawe (1998).<br />

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