l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

cantonnerons ici à cerner son influence générale sur les normes juridiques (A) 1 . Le
paradigme démocratique, quant à lui, appelle une définition par les personnes et les
populations de leurs besoins et des moyens de les satisfaire ; il nécessite l’autonomisation
croissante des mécanismes de régulation des sphères écologique et sociale par rapport au
mode de régulation capitaliste prévalant dans la sphère économique (B).
A. Les conséquences du paradigme néo-libéral sur les droits sociaux.
Les droits sociaux sont remis en cause au sein du paradigme néo-libéral et cela peut
apparaître contre-productif en ce qui concerne la production de normes nécessaires à
l’instauration d’un mode de régulation cohérent. D’où, selon nous, l’improbable sortie de
crise structurelle, du moins par le haut, par l’apparition d’un mode de régulation durable
susceptible de résorber la crise sociale (chômage et précarité croissants, crise écologique,
etc.). Outre la remise en cause des arguments du libéralisme économique (cf. supra,
chapitre II, appendice 1), nous pouvons montrer les dérives actuelles d’une telle approche
qui ne peut conduire qu’à une impasse. Ce fait est flagrant lorsque l’on voit comment le
paradigme néo-libéral conduit à une mauvaise compréhension des droits de l’homme par
certaines juridictions d’importance.
En effet, la vision néo-libérale des droits de l’homme se construit à la fois chez
certains économistes et chez certains juristes des démocraties capitalistes. En ce qui
concerne les premiers, si les travaux qui étudient le rapport entre la croissance économique
et la démocratie critiquent cette dernière, c’est bien parce qu’ils opposent les « libertés »
économiques néo-libérales aux libertés des travailleurs et des citoyens 2 . En ce qui concerne
les juges inspirés par le néo-libéralisme, s’ils défendent davantage les droits individuels
comme la non-discrimination liée à la race, à la religion, aux pratiques sexuelles, etc., ils
n’en défendent pas moins, eux aussi, les droits du capital contre les droits des travailleurs
et des citoyens, commettant ainsi des contresens dans l’interprétation des droits de
l’homme. Contresens qui dépassent largement la simple adaptation nécessaire des droits
fondamentaux aux conditions historiques, c’est-à-dire l’adaptation induite par le passage
1 Nous évoquons, ailleurs, d’autres aspects : cf. (Kolacinski, 2002a). Sur le plan écologique et sur celui des
marchés financiers, de nombreuses études sont accessibles, notamment les travaux de René Passet (2000a), et
les articles de vulgarisation de l’association ATTAC. Nous revenons, par la suite, sur d’autres problèmes,
afin de préciser l’alternative que peuvent représenter les droits de l’homme en tant que norme.
2 Cf. chapitre IV, infra.
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