l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

Section II : Les idéologies, les faits et les normes.
Le capitalisme repose sur deux objectifs contradictoires : celui de la maximisation
du profit et celui de la satisfaction des besoins sociaux. Pour assurer le premier, le
capitalisme a tendance à s’étendre aux autres sphères et agresse ainsi leur mode interne de
régulation à mesure qu’il généralise le sien, essentiellement centré, en dernier ressort, sur
l’accroissement du taux de profit. En se propageant ainsi, le capitalisme contrecarre les
moyens de répondre à son deuxième objectif, la satisfaction des besoins, et ce de deux
façons : d’abord au sein de sa propre régulation, notamment en substituant toujours
davantage de travail mort au travail vivant, c’est-à-dire de capital au travail ; ensuite, au
sein des autres sphères, en remettant en cause leurs propres modes de régulation, ce qui
bloque leurs capacités à assurer leur part d’autonomie dans la satisfaction de ces besoins.
Le paradigme néo-libéral, en pleine expansion depuis les années 1980, encourage ce
processus ; au contraire, le paradigme démocratique, que l’humanisme scientifique défend,
recherche un nouveau mode de régulation systémique, susceptible d’articuler les trois
sphères pour répondre le plus efficacement possible aux besoins sociaux (I). La place des
droits de l’homme apparaît nettement dans ce cadre, puisque si le paradigme néo-libéral,
par ses applications, tend à les remettre en cause (éventuellement, en privilégiant
abusivement certains d’entre eux contre les autres), le paradigme démocratique doit les
accepter et les intégrer comme norme fondamentale de la régulation. Cela impose
d’identifier les différentes sortes de normes et de comprendre comment les droits de
l’homme se créent et se développent en tant que tels (II).
I. L’impact des paradigmes en présence.
Le paradigme sociétal néo-libéral domine la science économique et les « milieux
autorisés » (cercles politiques, institutions financières internationales, etc.) et impose ses
vues à l’économie mondiale depuis le début des années 1980. Il s’axe principalement sur la
dérégulation de l’économie (privatisation des entreprises publiques, recul des dépenses et
des interventions de l’Etat), sur la flexibilité et sur la montée du « tout-marché », qui
s’appuie notamment sur la libéralisation des mouvements de capitaux ; nous nous
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