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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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qui, en outre, bloque l’évolution qualitative <strong>de</strong> la main-d’œuvre, cf. (Deakin et Wilkinson,<br />

2000, p. 22).<br />

Les mouvements contre la ségrégation raciale et ceux pour la défense <strong>de</strong><br />

l’environnement ont dû, eux aussi, prendre leur autonomie par rapport à la sphère<br />

économique. Alors qu’il s’agit <strong>de</strong> luttes sociales qui résultent en partie <strong><strong>de</strong>s</strong> agressions <strong>de</strong> la<br />

sphère économique sur les autres sphères, il a fallu défendre l’autonomie relative <strong>de</strong> ces<br />

sphères afin <strong>de</strong> garantir la pérennité <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> obtenus : la ségrégation n’est pas<br />

qu’économique et son abrogation se justifie avant tout par rapport à la régulation <strong>de</strong> la<br />

sphère sociale, ce qui implique, en retour, que l’on puisse revendiquer <strong><strong>de</strong>s</strong> modifications<br />

supplémentaires <strong>de</strong> la sphère économique, afin qu’elle s’adapte aux besoins <strong>de</strong> la sphère<br />

sociale, et non l’inverse. Il a fallu (et il faut encore) construire une autonomie relative <strong>de</strong> la<br />

sphère écologique, afin <strong>de</strong> promouvoir <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures qui, sur le plan économique ne sont pas<br />

évi<strong>de</strong>ntes au premier abord, mais sont nécessaires à la régulation <strong>de</strong> la seule sphère<br />

écologique dont dépend, en <strong>de</strong>rnier ressort, la sphère économique.<br />

Cependant, le processus d’autonomisation <strong><strong>de</strong>s</strong> mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> régulation <strong><strong>de</strong>s</strong> sphères,<br />

livré à lui-même, rend <strong>de</strong> plus en plus contradictoires leurs interrelations. Il s’agit là,<br />

encore, d’un point d’opposition à l’égard <strong><strong>de</strong>s</strong> théoriciens précé<strong>de</strong>mment évoqués. Pour<br />

nous, l’autonomisation <strong><strong>de</strong>s</strong> sphères, si elle <strong>de</strong>vient une pure indépendance, est susceptible<br />

<strong>de</strong> bloquer les mécanismes <strong>de</strong> régulation du système global, c’est-à-dire <strong><strong>de</strong>s</strong> interactions<br />

entre les sphères. Ainsi, la montée <strong>de</strong> l’exclusion relève bien d’une indépendance <strong>de</strong> la<br />

sphère sociale vis-à-vis <strong>de</strong> la sphère économique : les exclus <strong>de</strong> la sphère économique se<br />

retrouvent « isolés » au sein <strong>de</strong> la seule sphère sociale, dans laquelle ils disparaissent à<br />

nouveau. Deux solutions sont alors proposées pour sortir <strong>de</strong> la crise : le paradigme néolibéral,<br />

qui considère que les mécanismes <strong>de</strong> la sphère économique sont les meilleurs et<br />

doivent donc s’appliquer à l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> sphères ; la sphère économique engloberait les<br />

autres 82 . C’est le paradigme qui est mis en place <strong>de</strong>puis la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1970 et qui,<br />

malgré quelques succès <strong>de</strong> court terme en tant que régulation <strong>de</strong> crise, conduit à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

impasses sur le moyen et le long terme 83 . Le paradigme démocratique, qui met en avant<br />

82 Alain Lipietz définit, pour sa part, le paradigme « libéral-productiviste » qui se base exclusivement sur<br />

l’intérêt <strong>de</strong> la firme, comme suffisant à lui-même. Il lui oppose une « alternative démocratique » basée sur le<br />

choix démocratique <strong><strong>de</strong>s</strong> technologies, la réduction du temps <strong>de</strong> travail et la démocratisation <strong><strong>de</strong>s</strong> relations <strong>de</strong><br />

ce <strong>de</strong>rnier, une transformation <strong>de</strong> la solidarité favorable au développement d’un tiers secteur, d’activités<br />

autonomes et autogérées. Il rejoint là les travaux <strong><strong>de</strong>s</strong> défenseurs d’un revenu <strong>de</strong> citoyenneté comme, par<br />

exemple, Jean-Marc Ferry (1996) ; cf., sur ce sujet, (Kolacinski, 1999a).<br />

83 Impasses <strong>de</strong> plusieurs ordres et qui <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus en plus visibles comme l’illustre l’actualité du début<br />

du XXIe siècle : affaire « Enron », attentats du 11 septembre 2001, montée <strong><strong>de</strong>s</strong> partis <strong>de</strong> droite et d’extrêmedroite<br />

aux Etats-Unis, en Europe et en Russie, etc.<br />

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