l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

incapable de répondre à la demande en matière de logement, ce qui « force » l’Etat à
intervenir) 58 ; troisièmement, le droit au logement implique le droit à un logement salubre
et adapté, autant que faire se peut, aux besoins et à la culture des personnes, et ce pour
respecter l’ensemble des autres droits de l’homme. Cela inclut la prise en compte de
l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, ainsi que le contrôle de la distribution de
l’eau et de l’électricité, notamment. En outre, on peut noter que les allocations logements
apparaissent d’abord en tant qu’allocations complémentaires aux allocations familiales.
Ces dernières, semble-t-il, peuvent aussi entrer dans notre schéma. Tout d’abord,
des initiatives privées développent l’aide aux familles nombreuses dans le salariat
industriel, notamment par le biais du catholicisme social. L’Etat, de son côté, agit de la
même façon à l’égard des fonctionnaires. Ce n’est qu’à partir des années 1920 que les
allocations familiales commencent à se généraliser et, après la guerre, elles sont rattachées
à la Sécurité sociale. Le lien entre périodes de croissance/crise et développement des
allocations familiales n’est pas pour autant flagrant, mais tout dépend de quoi on parle. En
effet, les allocations familiales ont, au moins en théorie, un lien avec le contexte
économique, puisqu’elles sont promues pour relancer la croissance démographique. Ce
n’est donc pas un hasard si elles se développent à la fin du XIXe siècle puis après la
première guerre mondiale. Or, l’impact de la démographie sur l’économie (l’abondance ou
la pénurie de main-d’œuvre, par exemple), même s’il convient de le nuancer, n’en a pas
moins joué un rôle majeur dans la prise de décision politique qui a conduit à ce type de
mesures, bien plus que la considération du droit de la famille ou des droits de l’enfant.
Il y a, ainsi, une réalisation progressive de mesures 59 qui favorisent la « qualité »
des hommes. Mesures qui, d’abord, en captant des capitaux (soit directement, comme dans
le cas des cités ouvrières créées par les employeurs, soit indirectement par les prélèvements
étatiques), aident à réguler l’accumulation du capital ; ensuite, en reconnaissant de fait
certains droits aux ouvriers, fixent la main-d’œuvre et constituent un outil de régulation des
crises sociales ; enfin, en favorisant l’amélioration des conditions de vie, provoquent
l’amélioration de la productivité des travailleurs et l’accroissement des sources de profit.
L’éducation, elle aussi, tend à jouer ces rôles.
58 Cf. (Delorme et André, 1983, p. 497-498) ; également, pour le cas américain (notamment au cours des
années 1930), Eric Foner (1998, p. 209) : « l’entreprise privée seule, cela apparaît clairement, a été incapable
de résoudre la crise nationale du logement ».
59 Aux mesures précédemment évoquées s’ajoutent, d’une part la législation sur le temps de travail, le salaire,
les conditions de travail et les accidents du travail ; d’autre part, tous les mécanismes de contrôle et de
redistribution, et donc, le développement de l’appareil étatique.
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