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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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plafond d’affiliation disparaisse (1945), qu’un minimum vieillesse soit instauré (1956) et<br />

qu’il y ait obligation pour tous les salariés d’adhérer à un régime complémentaire (1972).<br />

Ce schéma, peut-être simpliste 55 , mais pas pour autant réducteur, se reproduit<br />

quasiment à l’i<strong>de</strong>ntique pour plusieurs mesures sociales qui visent la reconnaissance du<br />

droit à la vie, en passant par le droit au travail et à la protection sociale 56 . Ainsi en est-il du<br />

chômage et <strong><strong>de</strong>s</strong> soins médicaux qui, relevant d’abord du développement <strong><strong>de</strong>s</strong> mutuelles et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> caisses syndicales, vont véritablement être reconnus en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise (1930-40 pour<br />

le premier et 1893 puis 1928-30 pour les seconds), puis seront étendus et développés<br />

pendant la pério<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Trente Glorieuses (1945-1970). De même pour le logement, qui<br />

pâtit à la fois du manque <strong>de</strong> construction et <strong>de</strong> loyers élevés. Le développement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

logements ouvriers est d’abord l’objet <strong>de</strong> quelques gran<strong><strong>de</strong>s</strong> firmes et <strong><strong>de</strong>s</strong> initiatives<br />

patronales, par exemple la Société mulhousienne <strong><strong>de</strong>s</strong> cités ouvrières (1853) ou les célèbres<br />

corons <strong><strong>de</strong>s</strong> mines du Nord, garantissant une main-d’œuvre disponible sur place et attachant<br />

ainsi à l’entreprise les ouvriers par la propriété <strong>de</strong> leur logement. Puis développement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

logements « à bon marché » (loi Siegfried en 1894), suivi <strong><strong>de</strong>s</strong> lois <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1928 à 1930,<br />

prévoyant la construction <strong>de</strong> nombreux logements, et enfin, à partir <strong>de</strong> 1947, remplacement<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> logements à bon marché par les habitations à loyer modéré (HLM) et la mise en place<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> allocations logements (1948-1971). L’exemple du logement est particulièrement<br />

important parce qu’il illustre la difficulté du passage <strong>de</strong> mesures économiques à la<br />

reconnaissance d’un <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Sans insister sur les luttes actuelles, notamment<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> comités DAL (Droit au Logement), il apparaît clairement que le droit au logement pose<br />

un triple problème : premièrement, celui du conflit <strong>de</strong> <strong>droits</strong> entre la propriété et le<br />

logement (et, éventuellement, le droit d’usage), alors même que les <strong>de</strong>ux sont<br />

complémentaires dans l’esprit <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> fondamentaux (la propriété du logement est un<br />

droit auquel tous doivent avoir accès) 57 ; <strong>de</strong>uxièmement, celui du rôle insuffisant du<br />

marché, et donc du fonctionnement <strong><strong>de</strong>s</strong> mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> régulation capitalistes (le marché est<br />

55 Il se résume au déroulement suivant : reconnaissance privée limitée ; reconnaissance sociale et politique en<br />

temps <strong>de</strong> crise ; généralisation en temps <strong>de</strong> croissance. Schéma auquel peut être ajoutée la remise en cause<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> acquis en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise, parallèle à l’apparition <strong>de</strong> nouveaux mouvements sociaux qui réclament une<br />

norme plus forte (et donc a priori plus hostile au mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> régulation capitaliste). Ce schéma reprend pour<br />

partie le déroulement explicité dans l’illustration III.1, supra.<br />

56 Etienne Antonelli (1966, p. 198) écrit à propos <strong>de</strong> la loi du 5 avril 1928, créant les assurances sociales :<br />

« pour nous, l’assurance sociale repose sur un triple principe, elle est : - une institution <strong>de</strong> sécurité matérielle<br />

et morale pour le travailleur, - une institution d’émancipation et d’éducation sociale pour la classe ouvrière, -<br />

une institution <strong>de</strong> progrès pour l’hygiène et la santé publique <strong>de</strong> la société tout entière ».<br />

57 Delorme et André (1983, p. 501s) développent tout particulièrement la question problématique, spécifique<br />

à la France, <strong>de</strong> l’appropriation du sol ; il y a, en effet, peu <strong>de</strong> réserves foncières en France, <strong>de</strong>puis la<br />

Révolution <strong>de</strong> 1789 qui a été le moteur d’une petite propriété agricole.<br />

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