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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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main-d’œuvre, puisque celle-ci est dirigée en priorité vers l’industrie <strong>de</strong> l’armement 50 .<br />

Ensuite, le régime <strong><strong>de</strong>s</strong> cartels annule la concurrence <strong><strong>de</strong>s</strong> producteurs et <strong><strong>de</strong>s</strong> capitaux, alors<br />

même que les profits vont, plus ou moins indirectement, à l’Etat, ce qui empêche<br />

doublement la reproduction du capital sur <strong><strong>de</strong>s</strong> bases élargies.<br />

La remise en cause <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, si elle peut avoir un impact favorable à<br />

court terme sur le taux <strong>de</strong> profit et l’accumulation, conduit donc à mettre en péril<br />

l’accumulation élargie. L’approche <strong>de</strong> la régulation systémique va nous permettre <strong>de</strong><br />

préciser cette interprétation.<br />

B. Une analyse systémique <strong>de</strong> la régulation : vers une<br />

autonomisation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme.<br />

L’analyse systémique <strong>de</strong> la régulation considère la succession <strong>de</strong> phases <strong>de</strong> longues<br />

pério<strong><strong>de</strong>s</strong>, alternant <strong><strong>de</strong>s</strong> phases A <strong>de</strong> croissance avec <strong><strong>de</strong>s</strong> phases B <strong>de</strong> crise. Durant les<br />

phases A, le taux <strong>de</strong> profit augmente, un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> régulation fonctionne. Durant les phases<br />

B, les contradictions du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong>viennent telles que le taux <strong>de</strong> profit diminue,<br />

ce qui donne lieu à une crise structurelle pendant laquelle <strong>de</strong> nouvelles formes <strong>de</strong><br />

régulation apparaissent, afin <strong>de</strong> permettre au taux <strong>de</strong> profit <strong>de</strong> repartir à la hausse. Il y a, en<br />

fait, une suraccumulation 51 du capital pendant les phases A qui conduit, dans les phases B,<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> épurations du capital, afin <strong>de</strong> retrouver <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions d’accumulation profitables.<br />

La recherche <strong>de</strong> profits toujours plus importants, au cours <strong>de</strong> la phase A, provoque<br />

une concurrence croissante entre les capitalistes, qui conduit à la réduction du capital<br />

variable, c’est-à-dire du travail. Cette recherche du profit conduit donc à la détérioration<br />

50 En fait, il s’agit d’un cercle vicieux : l’Etat a besoin <strong>de</strong> l’armement pour garantir la perpétuation du<br />

système à l’intérieur, mais aussi, du fait du manque <strong>de</strong> travailleurs qui découle <strong>de</strong> cette spécialisation, pour<br />

s’étendre à l’extérieur afin <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong> nouveaux puits <strong>de</strong> main-d’œuvre, ce qui nécessite <strong>de</strong> produire<br />

toujours plus d’armement. L’expansion militaire se substitue alors à l’expansion commerciale <strong>de</strong>venue<br />

impossible et pourtant nécessaire à l’accroissement du taux <strong>de</strong> profit. N.B. : nous laissons <strong>de</strong> côté, ici, les<br />

autres facteurs <strong>de</strong> la guerre, mais il va <strong>de</strong> soi que nous ne pensons pas que seules les raisons économiques<br />

expliquent l’histoire ; elles sont même souvent secon<strong><strong>de</strong>s</strong> par rapport à d’autres motifs. Il ne faut pas toutefois<br />

tomber dans l’excès inverse, qui consisterait à voir dans les arguments économiques <strong>de</strong> simples<br />

« légitimations » a posteriori. Sur la nécessité <strong>de</strong> nuancer les explications économiques <strong><strong>de</strong>s</strong> événements<br />

historiques, on peut voir avec bonheur le pastiche <strong>de</strong> Carlo Cipolla (1988).<br />

51<br />

D’après Paul Boccara (1961), il y aurait une suraccumulation-dévalorisation du capital. La<br />

suraccumulation consiste en un excès <strong>de</strong> capital par rapport à la plus-value disponible ; la dévalorisation entre<br />

alors en jeu pour réduire cette suraccumulation, et prend place pendant les pério<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> crise qui marquent le<br />

passage d’un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> régulation à un autre. Plus généralement, nos références sur la théorie <strong>de</strong> la régulation<br />

systémique sont : (Boccara, 1961 ; 1993a, b, c, d), (Carpentier, 2000), (<strong>de</strong> Faria, 2000), (Fontvieille et<br />

Michel, 1998 ; 2000), (Valla<strong>de</strong>, 2002) ; nous avons aussi bénéficié <strong>de</strong> discussions enrichissantes avec Vivien<br />

<strong>de</strong> Faria, Sandrine Michel et Delphine Valla<strong>de</strong>.<br />

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