l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

par exemple, la remise en cause du droit-liberté de la presse pendant la tentative de
restauration monarchiste de 1830 ou à la suite de la répression des mouvements de 1848.
Par contre, la reconnaissance de droits est clairement liée au fonctionnement de
l’économie : droit au travail établi en 1848, lois de la fin du XIXe siècle qui reconnaissent
les syndicats, abolissent le livret ouvrier et légifèrent sur les accidents du travail et sur sa
durée, etc. Constatation d’importance, ces dernières surviennent pendant une période de
crise cruciale.
La crise de la fin du XIXe siècle conduit au développement d’un nouveau système
productif, notamment durant la guerre de 1914-1918, à savoir le taylorisme. Parallèlement,
la guerre de 1914-1918, en provoquant une pénurie de main-d’œuvre, offre un avantage
aux syndicats dans leur rapport de force avec le patronat, ce qui leur donne l’occasion de
réduire la durée du travail. Mais ces mesures d’exception sont vite remises en cause après
la guerre, et les syndicats connaissent une nette baisse de pouvoir durant les années 1920.
C’est la crise, à nouveau, qui va permettre la mise en œuvre de mesures favorables aux
travailleurs, en reconnaissant un certain nombre de droits sociaux, alors même que l’on est
dans une période de fort chômage.
De ces quelques constatations, nous pouvons, dans une certaine mesure, corroborer
notre point de départ. En effet, les luttes pour les droits sont pour partie menées en réponse
au fonctionnement du mode de régulation, et la reconnaissance de ces droits peut
s’apparenter à la mise en place d’une contre-tendance à la baisse du taux de profit,
notamment par l’accroissement de la demande. La tendance à l’accumulation de lois et à
l’accroissement de la complexité juridique, tendent à corroborer ce fait. Ainsi,
l’instauration de lois favorables à la réduction du temps de travail et à l’augmentation du
revenu ouvrier, notamment par la généralisation de mesures de protection sociale,
correspond à des revendications provoquées par le développement du mode de régulation
de la révolution industrielle. La montée du salariat industriel a provoqué une réaction au
sein de la sphère sociale, réaction qui conduit à la revendication du droit au travail qui, en
retour, a obligé le mode de régulation à prendre en compte les nécessités des droits sociaux
en son sein. Mais tous les droits se situant dans les sphères écologique et sociale subissent
des contre-attaques de la sphère économique. Il y a alors une distinction importante à faire
entre les mouvements institutionnalisés qui vont agir au sein du paradigme sociétal et
tenter de maintenir les acquis précédemment obtenus, et les nouveaux mouvements hors
paradigme qui vont vouloir aller plus loin. La défense des acquis sociaux entre dans ce
cadre d’analyse : les syndicats sont devenus partie intégrante du fonctionnement du mode
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