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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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semble a priori favorable à la croissance économique, même sans faire appel aux analyses<br />

<strong>de</strong> Max Weber sur l’esprit protestant du capitalisme.<br />

Troisième remarque globale, la démocratie et le capitalisme semblent assez<br />

indépendants l’un <strong>de</strong> l’autre, mais la reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> démocratiques peut servir à<br />

garantir l’acceptabilité et la durabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> régulation du capitalisme. Il y a, à cet<br />

égard, une filiation entre le mouvement chartiste qui revendique la démocratie pour assurer<br />

les <strong>droits</strong> sociaux afin <strong>de</strong> prévenir la criminalité, <strong>de</strong> maintenir la paix et la prospérité du<br />

commerce, et les travaux <strong>de</strong> Sir William Beveridge qui note l’importance <strong>de</strong> l’ensemble<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> pour <strong>de</strong> tels objectifs, en particulier le droit au travail, mais aussi tous ce que<br />

nous entendons, à la suite <strong>de</strong> François Perroux, par les « coûts <strong>de</strong> l’homme » 44 .<br />

Ces quelques remarques exposées, nous pouvons nous interroger sur les rapports<br />

entre les mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> régulation et les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Ainsi par exemple, si l’on observe<br />

les mesures sociales <strong>de</strong> la Révolution française ou la loi <strong>de</strong> Speenhamland, il est difficile<br />

<strong>de</strong> ne pas faire le parallèle avec les mesures sociales <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise <strong><strong>de</strong>s</strong> années<br />

1930. Plusieurs questions doivent dès lors être soulevées : les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme servent-ils<br />

à définir un nouveau mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> régulation ? Sont-ils plus facile à mettre en place en temps<br />

<strong>de</strong> crise ou <strong>de</strong> croissance ? Le rapport <strong>de</strong> force entre les capitalistes et les ouvriers joue-t-il<br />

un rôle prédominant ? Les <strong>droits</strong> peuvent-ils être envisagés comme <strong><strong>de</strong>s</strong> contre-tendances<br />

et, dans ce cas, se maintiennent-ils d’un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> régulation à un autre ?<br />

En fait, la question essentielle, nous semble-t-il, est celle qui consiste à établir<br />

quand les <strong>droits</strong> sont reconnus et mis en œuvre. Il faut savoir si cela survient en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

croissance ou en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise ; en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> blocage conjoncturel ou structurel d’un<br />

mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> régulation par une pénurie <strong>de</strong> main-d’œuvre, ou en pério<strong>de</strong> d’abondance, c’est-àdire<br />

<strong>de</strong> chômage <strong>de</strong> masse. Or, la réponse à cette question n’est pas claire. Jusqu’au XVIIIe<br />

siècle, les luttes prennent surtout la forme <strong>de</strong> conflits d’influences entre la monarchie et les<br />

seigneurs d’une part, entre la noblesse et la bourgeoisie d’autre part. Il s’agit <strong>de</strong> luttes au<br />

sein du paradigme dominant, pour la répartition du pouvoir. Les « <strong>droits</strong> », qui sont alors<br />

plus <strong><strong>de</strong>s</strong> privilèges, s’obtiennent surtout en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> faiblesse du pouvoir central, avec un<br />

lien plus ou moins ténu avec la situation économique d’ensemble, puisque c’est l’état <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

finances royales qui définit le plus souvent les privilèges reconnus (pensons aussi,<br />

notamment, à la vente <strong><strong>de</strong>s</strong> charges). A contrario, le déni <strong>de</strong> droit, et non <strong>de</strong> privilèges, est<br />

44 Cf., notamment, Beveridge (1945). Il donne, notamment, cette définition du besoin : « le besoin est défini<br />

comme un manque <strong>de</strong> revenu nécessaire pour obtenir les moyens d’une subsistance saine : suffisamment <strong>de</strong><br />

nourriture, <strong>de</strong> logement, <strong>de</strong> vêtements et <strong>de</strong> combustibles » (p. 15).<br />

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