l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

Foner (1998, p. 199), en coopération avec le gouvernement, est de « créer la demande des
consommateurs » en augmentant les salaires et la redistribution de la richesse, afin de
stimuler la production et de ramener la prospérité. Ainsi, le paradigme sociétal change, la
liberté incluant, outre le besoin d’un salaire élevé, moyen de l’exercice de la liberté, la
nécessité d’un emploi stable et la fin de la « dictature » du manager. L’instauration, dans
les années 1930, d’un système de contrôle des modalités d’embauche, de licenciement et
de promotion, a permis de stabiliser une situation chaotique du marché du travail ; cf.
Foner (1998, p. 199-200).
En France, le passage au mode de régulation « monopoliste » semble illustré par la
montée du rôle des conventions collectives, qui étaient restées en sommeil depuis les lois
de 1919. En 1936, avec l’arrivée du Front populaire au pouvoir, les Accords Matignon
mettent en place le caractère collectif et impératif des conventions collectives qui incluent,
par ailleurs, des clauses de salaires minimaux. En outre, de 1936 à 1938, le droit syndical
est élargi et l’Etat se place comme arbitre en dernier ressort (Delorme et André, 1984).
D’autres réformes sont prises par le Front populaire, réformes favorables à la
consommation, comme, par exemple, les deux semaines de congés payés légalement
imposées.
L’ensemble de ces réformes sociales, additionnées à des programmes de grands
travaux, sont les réponses que les démocraties donnent à la crise des années 1920-1930,
renforçant les droits de l’homme. D’autres, nous le verrons, donneront une autre solution
qui, finalement, conduira à la seconde guerre mondiale qui sera suivie d’une période de
croissance sans précédent. Nous laissons cependant de côté cette période, puisqu’elle fait
partie de notre temps ; elle sera analysée dans la section suivante.
* Implications des faits stylisés.
Les faits stylisés précédents mettent l’accent sur les luttes sociales. Il y a deux
raisons de procéder ainsi. Tout d’abord, ces luttes sont des revendications qui visent la
reconnaissance de certains droits de l’homme, et permettent donc de cerner le degré de
réalisation de ceux-ci et de voir comment la structure et le développement économiques
appellent la reconnaissance de certains droits. Ensuite, les luttes sociales s’inscrivent dans
la lutte au sein des paradigmes sociétaux, tout autant que dans la lutte contre ces
paradigmes. Elles contribuent ainsi à modifier les modes de régulation économique.
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