l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

d’un côté, les employés des grandes entreprises, privés de libertés et, notamment, du droit
d’association, mais qui ont un bon niveau de salaire et un emploi garanti à vie, et, de
l’autre côté, les employés des petites entreprises qui vivent dans la précarité et
l’incertitude, mais qui ont une plus grande liberté d’action.
− La crise de 1929.
Si le Japon connaît la montée du fascisme jusqu’à la deuxième guerre mondiale,
cela est aussi vrai, bien sûr, en Europe, nous y reviendrons. Nous pouvons d’abord nous
arrêter sur les années qui précèdent cette guerre et qui sont des années de crise systémique.
Point culminant de cette dernière, la guerre, en prenant fin, fait entrer les pays occidentaux,
à partir de 1945, dans un nouveau régime international et dans le mode de régulation
fordiste des années 50-60-70.
Ce mode de régulation, basé sur l’augmentation des cadences, le travail à la chaîne,
la production de masse (taylorisme), tente d’abord de se développer partiellement, c’est-àdire
sans la consommation de masse, pendant l’entre-deux-guerres, en remettant en cause
les lois sociales mises en place pendant ou à la suite de la première guerre. En effet, durant
celle-ci, à cause du manque conjoncturel de main-d’œuvre, les ouvriers sont en position de
force pour négocier des améliorations de leurs conditions de travail et, notamment, la
réduction de la journée de travail à huit heures (cf., entre autres, Asselain, 1995). La guerre
entraîne d’ailleurs la montée en puissance des syndicats (qui retombera à partir de 1921,
après l’échec des grèves), qui revendiquent la nationalisation des industries clefs, la
réduction de la journée de travail sans perte de salaire, et la défense du pouvoir d’achat
face à l’inflation.
Face à cette poussée syndicale, deux facteurs vont se conjuguer pour favoriser ce
que nous pouvons considérer comme un certain retour en arrière. En premier lieu, c’est
l’affirmation de l’organisation du travail basée sur le taylorisme, en particulier aux Etats-
Unis, qui pousse les cadences et provoque la montée des accidents du travail : deux
millions d’accidents par an au début des années vingt (Beaud, 2000, p. 240). Cette poussée
du taylorisme est d’ailleurs dénoncée comme allant à l’encontre des libertés. Un dirigeant
syndicaliste américain, Samuel Gompers, déclare ainsi que le « scientific management »
est incompatible avec la démocratie, et il précise : « les hommes et les femmes ne peuvent
vivre pendant les heures de travail sous un régime autocratique, puis devenir
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