l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

droit d’exploiter son semblable. La Démocratie est, en outre, clairement mise en avant ;
Morishima écrit (1987, p. 48) :
« Nul, par conséquent, n’est autorisé à constituer un sous-groupe au sein même de
la communauté dans le but de s’opposer à d’autres groupes. Chacun doit discuter
calmement des problèmes qui se posent, afin de parvenir à une décision raisonnable
et susceptible de répondre aux souhaits de la communauté. Les articles dix et dixsept
bannissent formellement toute forme de dictature ; d’autre part, afin que règne
l’harmonie sociale, les gouverneurs sont sommés, à différents niveaux et pour les
affaires importantes, de consulter le peuple et de faire en sorte que les décisions
soient prises de manière démocratique. »
En outre, l’article 2 de cette même Constitution, place sous protection impériale les
bouddhistes qui, ayant une religion basée sur la miséricorde, s’occupent des marginaux,
par le biais de la charité, d’hôpitaux, etc.
Peu de temps après, en 645-649, cette « liberté » civique va prendre réellement
forme, et va se voir adjoindre une « liberté » économique, puisque la réforme Taika du
prince Naka no O e , qui a pour but de libérer la terre du pouvoir des chefs de clan, impose
une réelle répartition/redistribution des terres, et met en place un régime préfectoral à
l’échelle du pays. Cependant, l’Etat bureaucratique se désagrège à partir du VIIIe siècle, et
ce n’est que durant le XVIe siècle que la centralisation resurgit, avec la prise de pouvoir de
Nobunaga, dictateur rationaliste, qui sépare de manière nette le métier des armes (les
samouraïs) et celui de la terre. Cet état de fait durera trois siècles, jusqu’aux changements
impulsés par l’agression américaine, et qui prennent forme à travers la Révolution Meiji de
1867-1868.
De cette période, nous retenons l’existence d’un développement volontaire, par
l’impulsion de l’Etat, des industries où les ouvriers et les dirigeants sont des samouraïs ; le
fait que ceux qui ont conduit la révolution, les nobles guerriers, ne l’ont pas fait pour
avantager leur classe mais l’ont, au contraire, affaiblie ; le fait, également, que se
développe une double consommation basée sur la tradition et l’occidentalisation, rendue
possible par des salaires élevés ; enfin, nous retenons également la loi sur l’éducation de
1872, qui rend l’école primaire obligatoire, dans une optique confucéenne, sans distinction
de rang, d’origine ou de sexe.
Au cours du XXe siècle, la société japonaise verra se réduire les possibilités de
consommation et les « libertés » civiles, avec la montée du fascisme. Puis, après la seconde
guerre mondiale, se développera toujours davantage le dualisme social et paradoxal entre,
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