l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

interdisant le travail de nuit des femmes 40 et des moins de dix-huit ans. Les premières
mesures officielles d’allocations familiales, quant à elles, sont prises également à la fin du
XIXe siècle, afin de palier au déclin démographique alors préoccupant.
Le même type d’évolution est visible en Angleterre et en Allemagne, avec
toutefois, pour cette dernière, une approche particulière. Les mesures sociales,
essentiellement centrées sur la création d’un véritable système d’assurances sociales (lois
sur les assurances maladies en 1883, sur les accidents du travail en 1884, sur la retraite à
soixante ans en 1889), sont prises à la suite de la guerre de 1871, par Bismarck, qui les
envisage comme un moyen d’éviter les mouvements révolutionnaires ouvriers, telle la
Commune qu’il a observée en France.
− Le cas du Japon : la révolution
Meiji.
Durant la même période, un pays hors de l’occident va se développer d’une manière
particulière : le Japon. Nous voulons, avant de dire quelques mots du XXe siècle, examiner
les faits saillants de l’histoire institutionnelle et économique de ce pays.
Celle-ci est liée à sa structure guerrière, répartissant le territoire entre plusieurs
clans rivaux, tous subordonnés à l’empereur-dieu (la dynastie impériale japonaise descend
en ligne directe d’Amateratsu, « déesse » du soleil), mais également à l’influence de la
religion : shintoïsme, bouddhisme et confucianisme 41 . On pourrait penser qu’il y a, dans ce
contexte, assez peu de place pour les droits de l’homme. Et pourtant, dès l’an 604, une
Constitution, en 17 articles, est promulguée par l’empereur
Shotobu
Taishi, sorte de
réglementation du service public, inspirée des principes confucéens. Cette Constitution
déclare notamment l’égalité de tous les citoyens devant l’empereur et que nul n’a plus le
40 Interdiction qui a, d’ailleurs, été remise en cause en France récemment par un gouvernement socialiste, au
nom de « l’équité ». Le retour à l’histoire semble donc plus que jamais utile, ainsi que la définition des
concepts. Selon nous, au nom de l’équité, mais aussi de l’efficacité, il n’aurait pas fallu supprimer cette
interdiction, mais bien au contraire l’étendre à l’ensemble des personnes. Quant aux cas particuliers, ils
peuvent toujours donner lieu à dérogation, avec compensation particulière en matière de temps de repos et de
salaire. Sur l’opposition égalité/équité, cf., par exemple, (Borgetto, 1999). Le deuxième rapport Supiot, quant
à lui, appelle la réévaluation de la question du travail de nuit à l’aune des principes que sont les droits de
l’homme, notamment le droit à une vie familiale et sociale consacré par l’article 8 de la Convention
européenne des droits de l’homme ; cf. les conclusions du rapport Supiot (1999b, p. 434-435). Nous aurons
l’occasion de revenir sur ces principes et, notamment, sur le droit au repos.
41 Bien que le développement intellectuel et économique des pays d’Asie soit spécialement remarquable,
nous irons très (trop) vite ici. Nous nous référons essentiellement à Morishima (1987), dont nous tirons les
principaux faits que nous mettons en avant.
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