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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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ichesse ou la pauvreté (Vissol, 1989), (Reberioux, 1998). Relevant ces faits, Thierry<br />

Vissol (1989, p. 294) conclut son étu<strong>de</strong> sur le Comité <strong>de</strong> mendicité par cette constatation :<br />

« Non seulement les lois sociales sont établies pour compenser les effets pervers<br />

induits par le nouvel ordre social, qui a besoin <strong>de</strong> misère pour fonctionner, mais<br />

elles sont aussi pensées pour faciliter le fonctionnement <strong>de</strong> cet ordre économique<br />

considéré comme nécessaire au bien-être général. Il n’y a pas, cependant, <strong>de</strong><br />

cynisme dans cette analyse ; ils [les membres du Comité] sont persuadés <strong>de</strong> sa<br />

justesse et <strong>de</strong> sa pertinence, et ils ont l’avantage sur nos libéraux mo<strong>de</strong>rnes, <strong>de</strong><br />

considérer que la répartition sociale <strong>de</strong> ces maux est un droit qui doit être accordé<br />

en respectant la dignité humaine et la liberté individuelle. »<br />

Comment ne pas faire le lien avec la tentative <strong>de</strong> Speenhamland ? 32 Cependant, tout<br />

comme cette <strong>de</strong>rnière dans les décennies suivantes, les lois sociales révolutionnaires seront<br />

vite abandonnées, et laisseront la place au « libre » fonctionnement du « marché du<br />

travail ».<br />

Libre fonctionnement du marché ? En fait, tout dépend <strong><strong>de</strong>s</strong> cas. Si la loi d’Allar<strong>de</strong><br />

(2-17 mars 1791) abolit les corporations et toutes les réglementations qui portent sur la<br />

production, et si la loi Le Chapelier (14 juin 1791) lui ajoute la suppression <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

réglementations du travail et l’interdiction <strong><strong>de</strong>s</strong> coalitions, ainsi que celle <strong>de</strong> la<br />

grève (Brasseul, 1997, p. 282-283), (Potier, 1989) ; il n’en reste pas moins que les<br />

réglementations sur les aliments sont maintenues, ainsi que sur d’autres types <strong>de</strong><br />

production, après la Révolution, et souvent à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> même <strong><strong>de</strong>s</strong> entrepreneurs. Les<br />

marchands et fabriquants souhaitent, en effet, voir maintenus les règlements sur la qualité,<br />

pour éviter les dérives <strong>de</strong> la concurrence ; mais il y a là aussi la volonté <strong>de</strong> contrôler les<br />

conditions <strong>de</strong> travail, dont dépend, cela va <strong>de</strong> soi, la bonne exécution du travail. D’où la<br />

volonté <strong>de</strong> surveiller le travailleur, car interdire le droit <strong>de</strong> grève n’est pas suffisant, encore<br />

faut-il que le travailleur reste chez son employeur, ce qui amène à imposer aux travailleurs<br />

<strong>de</strong> donner <strong><strong>de</strong>s</strong> délais à leurs employeurs avant <strong>de</strong> les quitter. Car il s’agit aussi d’éviter le<br />

débauchage et la concurrence sauvage, ce qui conduit par la suite à la création du trop<br />

célèbre livret ouvrier (Hirsch, 1991). Ce <strong>de</strong>rnier s’ajoute, d’ailleurs, par le biais du Co<strong>de</strong><br />

32 Notons ici que cette loi, ne venant qu’en 1795, montre bien qu’il n’y a pas d’écart fondamental entre la<br />

France et l’Angleterre à cette époque. En matière sociale, la Révolution française rattrape et même <strong>de</strong>vance la<br />

Gran<strong>de</strong>-Bretagne. En outre, la productivité industrielle française est supérieure à celle <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong>-Bretagne<br />

durant les années 1780 (Poussou, 1989), (Asselain, 1991). La chute <strong>de</strong> cette productivité liée à la Révolution<br />

et aux guerres qui s’en sont suivies, est en gran<strong>de</strong> partie à l’origine <strong>de</strong> la thèse du retard français lié à la<br />

Révolution. Le blocus continental et la chute du commerce extérieur, et donc la « faillite » <strong><strong>de</strong>s</strong> villes<br />

portuaires, feront le reste.<br />

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