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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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II. Les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme ignorés : l’erreur <strong>de</strong> Hayek.<br />

Si John Rawls ne revendique souvent qu’implicitement les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme 7 ou<br />

bien <strong>de</strong> manière incomplète 8 , il n’en <strong>de</strong>meure pas moins que ses principes peuvent les<br />

défendre et reconnaître leur indivisibilité. Ainsi, dans la liste <strong><strong>de</strong>s</strong> biens premiers qui servent<br />

à assurer à chacun la réalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> principes <strong>de</strong> justice, Rawls range à la fois les libertés<br />

<strong>de</strong> base (<strong>de</strong> pensée, <strong>de</strong> conscience, d’association, etc.), le libre choix <strong>de</strong> son occupation et<br />

la liberté <strong>de</strong> mouvement, mais aussi les pouvoirs et les prérogatives attachés aux postes à<br />

responsabilités, le revenu et la richesse et les « bases sociales du respect <strong>de</strong> soi ».<br />

A contrario, la démarche <strong>de</strong> F. Hayek consiste à nier toute forme <strong>de</strong> « <strong>droits</strong>créances<br />

» qui empiéteraient sur la logique du marché, seul garant <strong><strong>de</strong>s</strong> libertés. Deux points<br />

<strong>de</strong> désaccord avec cette démarche peuvent être éclairés : la remise en cause <strong>de</strong> la<br />

distinction <strong>droits</strong>-libertés/<strong>droits</strong>-créances et celle <strong>de</strong> l’infaillibilité du marché.<br />

A. Hiérarchie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme.<br />

Une distinction courante <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme consiste à les séparer en <strong>de</strong>ux : d’un<br />

côté, les <strong>droits</strong>-libertés, essentiellement les <strong>droits</strong> civils et politiques reconnus dès 1789 ;<br />

<strong>de</strong> l’autre, les <strong>droits</strong>-créances, constitués <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> sociaux, économiques et culturels,<br />

réellement reconnus en tant que <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme en 1948. Si la pertinence historique <strong>de</strong><br />

cette distinction traditionnelle est assurée vis-à-vis <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> Déclarations, il n’en va <strong>de</strong><br />

même ni du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> leur mise en place 9 , ni du point <strong>de</strong> vue logique sous-tendu par<br />

les appellations « <strong>droits</strong>-libertés » et « <strong>droits</strong>-créances ».<br />

La distinction et sa pertinence sont essentielles lorsque l’on s’intéresse aux<br />

arguments <strong>de</strong> F. Hayek, puisque son libéralisme consiste à séparer totalement les <strong>droits</strong>libertés<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> économiques et sociaux, ceux-ci étant condamnés parce qu’ils<br />

s’opposent aux <strong>droits</strong>-libertés eux-mêmes (Hayek, 1976, p. 124), (Ferry et Renaut, 1985, p.<br />

7 Cf. (Pharo, 1998).<br />

8 Comme dans (Rawls, 1996).<br />

9 En suivant la terminologie <strong>de</strong> T. H. Marshall, trois aspects complémentaires <strong>de</strong> la citoyenneté se seraient<br />

développés l’un après l’autre : le civil au XVIIIe, le politique au XIXe et le social au XXe siècle (cf.<br />

Hirschman, 1991). Si la complémentarité <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> est ainsi mise en valeur, il n’en va pas <strong>de</strong> même <strong>de</strong> leur<br />

indivisibilité et c’est pourquoi il convient <strong>de</strong> rester pru<strong>de</strong>nt quant à ce découpage presque simpliste. En effet,<br />

la mise en œuvre, même limitée, <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> protection sociales, avait déjà eu lieu sous l’Ancien Régime<br />

et, dans le cas allemand, les réformes <strong>de</strong> Bismarck à la fin du XIXe siècle étaient davantage sociales que<br />

civiles ou politiques.<br />

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