02.10.2014 Views

l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

n’est pas tenable alors même qu’au contraire, une approche globale, « complexe », peut<br />

s’avérer plus robuste dès lors qu’elle reconnaît, tout comme chez John Rawls, l’importance<br />

prépondérante <strong>de</strong> certains <strong>droits</strong> sur les autres.<br />

Cette <strong>de</strong>rnière observation nous conduit à définir quelques éléments <strong>de</strong> classement<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme qui découlent naturellement d’une volonté <strong>de</strong> justice. Alors que les<br />

libertariens – tout comme les théoriciens <strong><strong>de</strong>s</strong> choix publics – placent le droit <strong>de</strong> propriété<br />

comme la valeur suprême, John Rawls détermine un certain nombre <strong>de</strong> libertés <strong>de</strong> base<br />

supérieures à toute considération. Mais la vraie différence, c’est que les principes <strong>de</strong> John<br />

Rawls impliquent que ces libertés doivent être égales pour tous. Au contraire, la théorie<br />

libertarienne peut justifier une allocation <strong>de</strong> la propriété extrêmement inégalitaire, à tel<br />

point que certains individus – voire la majorité – n’y aient aucun accès à la propriété, y<br />

compris sur leur propre corps (d’après certains auteurs <strong>de</strong> ce courant, la vente <strong>de</strong> soi en<br />

esclavage est parfaitement acceptable).<br />

Cependant, la démarche <strong>de</strong> John Rawls, par l’expression <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens <strong><strong>de</strong>s</strong> libertés et<br />

<strong>de</strong> leur égalité à travers la répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> biens premiers, pose quelques problèmes quant à<br />

la mise en œuvre <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong>. Une approche plus générale basée sur les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme<br />

peut remplacer les libertés <strong>de</strong> base <strong>de</strong> Rawls, et permettre, par certaines procédures <strong>de</strong><br />

classement, d’établir comment réaliser pleinement ces <strong>droits</strong>. Il semble possible <strong>de</strong> ne pas<br />

voir pourquoi les libertés <strong>de</strong> base pourraient entrer en conflit et comment choisir celles qui<br />

<strong>de</strong>vraient être alors privilégiées, comme le suggère Rawls (1993, p. 161). Les <strong>droits</strong> <strong>de</strong><br />

l’homme permettent quant à eux un classement plus fin et ce, en plusieurs étapes. Une<br />

distinction entre <strong>droits</strong> fondamentaux et <strong>droits</strong> corollaires peut tout d’abord être décrite,<br />

distinction que l’économiste, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses propres critères, peut rendre plus opératoire<br />

(voir l’appendice II <strong>de</strong> ce chapitre) 4 . Les premiers sont <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> qui doivent être garantis<br />

sans concession et les seconds sont les moyens ou les résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> précé<strong>de</strong>nts. Les <strong>droits</strong><br />

fondamentaux ne sont ainsi pas – ou peu – classables les uns par rapport aux autres, car ils<br />

ont tous une importance égale liée à leur indivisibilité intrinsèque ; ils constituent le<br />

« noyau intangible » <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Les <strong>droits</strong> corollaires peuvent, quant à eux,<br />

être classés les uns par rapport aux autres, en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> situations <strong>de</strong> leur mise en œuvre.<br />

4 En une première approximation, une définition générale <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> fondamentaux considère que ceux-ci<br />

constituent le « noyau intangible » <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, un droit y appartenant « si et seulement si son<br />

non-respect entraîne à court ou long terme l’impossibilité <strong>de</strong> respecter les autres <strong>droits</strong> » (Meyer-Bisch, 1992,<br />

p. 70). Nous n’entendons pas définir <strong>de</strong> manière stricte et définitive une répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme,<br />

mais le tableau II.3 <strong>de</strong> notre appendice II donne quelques pistes qui nous servent d’hypothèse <strong>de</strong> travail en la<br />

matière.<br />

199

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!