l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

Section IV : De la métaéconomie à l’humanisme scientifique.
L’un des buts de la présente section est d’établir quelques postulats généraux sur les
droits de l’homme, postulats rarement justifiés par une approche économique et dont les
démonstrations philosophiques ou juridiques peuvent parfois sembler insuffisantes. Certes,
nous n’avons pas la prétention d’établir des justifications des droits de l’homme,
intangibles, indiscutables et logiques. D’une part, la tâche est ardue compte tenu du poids
historique et contextuel de la création des droits de l’homme ; d’autre part, les arguments
philosophiques ou autres sont déjà fort conséquents en eux-mêmes et nous ne prétendons
pas nous y substituer. Nous considérons simplement que l’approche de l’économiste peut
aider à préciser certains points, notamment sur l’indivisibilité des droits de l’homme, leur
existence réelle et non pas éthérée 1 ou encore leur double rôle, autant moyens que fins en
soi.
Pour ce faire, un rapide bilan des deux sections précédentes nous permet d’abord de
préciser quelques leçons générales d’une métaéconomie des droits de l’homme (I). Mais
les limites de la métaéconomie simple et le manque de prise en compte directe des droits
de l’homme au sein des théories de la justice, conduisent à centrer l’analyse sur les travaux
d’Amartya Sen. Une mise en relation de ses travaux avec ceux de François Perroux permet
de définir une approche métaéconomique générale des droits de l’homme (II). En dernier
lieu, cette démarche nous amène à préciser notre positionnement théorique, l’humanisme
scientifique, qui permet de justifier les droits de l’homme comme valeur (pour
l’économiste) et de dresser le bilan des perspectives offertes par cette approche (III).
I. Leçons générales d’une première approche métaéconomique.
Les principes économiques appliqués aux droits de l’homme autorisent à étayer
certaines affirmations qui concernent ces droits, affirmations renforcées par la prise en
compte des théories de la justice.
La théorie des choix publics nous amène d’abord à tenir compte de plusieurs points
cruciaux, comme la possibilité objective de réalisation des droits de l’homme, leur
légitimité économique, et leur nécessaire indivisibilité (A). Les théories de la justice plus
spécialement étudiées permettent, quant à elles, d’éclairer la distinction entre les droits de
1 Nous avons déjà discuté ce point dans la section consacrée à Karl Marx, cf. chapitre I.
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