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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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II. La liberté comme droit <strong>de</strong> propriété : l’apport libertarien.<br />

Les libertariens, et en particulier Robert Nozick, définissent trois principes <strong>de</strong><br />

justice : un principe d’appropriation originelle, un principe <strong>de</strong> transfert et un principe <strong>de</strong><br />

rectification.<br />

Le principe d’appropriation originelle établit qu’un bien appartient au premier<br />

individu qui se l’approprie, à condition que cette appropriation ne dégra<strong>de</strong> pas la situation<br />

d’autrui. Ce principe, proche <strong>de</strong> la clause lockéenne 26 , n’a en fait qu’un sens très limité,<br />

parce que l’appropriation originelle ne peut en aucun cas être juste puisqu’elle se base sur<br />

une appropriation absolue et donc, celui qui a plus, lèse nécessairement ceux qui ont moins<br />

et qui ont pourtant, dans toute position originelle, un droit <strong>de</strong> propriété égal. C’est l’homme<br />

qui appartient à l’univers et non pas l’inverse, le droit <strong>de</strong> propriété étant donc toujours<br />

relatif à l’être humain (et non pas inhérent). Le droit <strong>de</strong> propriété <strong>de</strong> soi est un non-sens<br />

puisqu’il implique que l’on puisse se vendre et renoncer à ce droit 27 ; il y a là une<br />

confusion avec le droit à la vie, sur laquelle nous n’insisterons pas 28 .<br />

Le principe <strong>de</strong> transfert considère que les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> propriété une fois établis<br />

peuvent faire l’objet d’échanges ou <strong>de</strong> dons, qui seront justes à condition qu’ils soient<br />

totalement libres et volontaires.<br />

Le principe <strong>de</strong> rectification, enfin, implique qu’il convient <strong>de</strong> corriger les injustices<br />

passées, causées soit par une appropriation originelle injuste, soit par <strong><strong>de</strong>s</strong> transferts nonvolontaires,<br />

par un mécanisme <strong>de</strong> compensation et <strong>de</strong> redistribution.<br />

En fait, il nous suffirait <strong>de</strong> dire que ces principes n’ont <strong>de</strong> sens que parce que les<br />

libertariens considèrent que le marché est seul capable <strong>de</strong> permettre l’exercice effectif <strong>de</strong> la<br />

liberté, celle-ci se résumant aux <strong>droits</strong> <strong>de</strong> propriété ; l’Etat n’a alors aucun rôle à jouer, et<br />

doit même être inexistant. Au contraire <strong>de</strong> cette approche, on peut dire que les <strong>droits</strong> <strong>de</strong><br />

26 Cette clause exige, selon la formule <strong>de</strong> Locke, que lorsque quelqu’un s’approprie une chose dans la nature,<br />

il faut qu’il en reste « suffisamment et en qualité aussi bonne en commun pour les autres », cf. (Van Parijs,<br />

1991, p. 142).<br />

27 Tous ceux qui se sont vendus « volontairement » à travers l’histoire, n’ont jamais renoncé à leur liberté, cf.<br />

(Moulier-Boutang, 1998), celle-ci ne pouvant être assimilable aux <strong>droits</strong> <strong>de</strong> propriété. Ces <strong>de</strong>rniers, en effet,<br />

impliquent l’exclusivité (appartenir à une seule personne qui peut en user à sa guise), l’aliénation (ils doivent<br />

être vendables sans restriction), la partition (les <strong>droits</strong> doivent être indépendants les uns <strong><strong>de</strong>s</strong> autres) et<br />

l’universalité (les <strong>droits</strong> doivent s’appliquer à tous les biens et ressources), cf. (Niskanen, 1998).<br />

28 C’est le droit à la vie qui impose le respect <strong>de</strong> certains <strong>droits</strong> <strong>de</strong> propriété : on ne peut pas enlever à<br />

quelqu’un les ressources qui lui permettent <strong>de</strong> rester en vie. Ce principe, dans certains cas particuliers, peut<br />

être discuté, mais il n’en reste pas moins pertinent en ce sens qu’il signifie que le droit <strong>de</strong> propriété n’est pas<br />

absolu mais consubstantiel au droit à la vie, la garantie <strong>de</strong> celui-ci pouvant remettre en cause les <strong>droits</strong> <strong>de</strong><br />

propriété établis.<br />

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