l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

creden.univ.montp1.fr
from creden.univ.montp1.fr More from this publisher
02.10.2014 Views

Ainsi, la logique de l’utilitarisme n’est pas une société juste est une société heureuse, mais une société heureuse est une société juste ; assertion qui connaît de nombreuses limites. Il n’y a, en effet, rien de moins évident que de prétendre établir un lien entre bonheur et justice, d’autant plus qu’il y a là une remise en cause de l’application des droits de l’homme comme valeur intrinsèque. La lecture de certaines applications économiques de ce schéma utilitariste peut approfondir cette constatation. B. L’économie juste. Dans son ouvrage de 1976, J. E. Meade 13 s’intéresse à la démographie, et ce en deux étapes : d’abord la question de l’accroissement de la population, ensuite la question du mariage et de la reproduction des inégalités. En première approximation, l’augmentation de la population est un facteur favorable dans une optique utilitariste puisque l’utilité de chaque individu s’ajoute à l’utilité des autres pour former le bien-être social et donc, plus il y a d’individus et plus le bien-être (ou l’utilité) augmente. Si U i est l’utilité individuelle 14 et N le nombre d’individus, alors on a : Y = U i N (1b) Y est l’utilité totale de la société composée des N individus. Par conséquent, si la population augmente, N s’accroît et l’on obtient : Y = U i (N + dN) (2b) Dans cette nouvelle équation, dN représente la variation de N qui, si elle est positive, augmente la valeur totale du bien-être social Y. Pourtant, cela est plus compliqué car il faut, pour que le bien-être s’accroisse – pour qu’un individu supplémentaire augmente l’utilité –, que la production supplémentaire liée à 13 Précisons dès à présent que nous n’amalgamons pas l’utilitarisme à la théorie de l’utilité. Cependant, les différences entre les deux ne nous apparaissent pas aussi fortes que certains le disent (comme, par exemple, Schumpeter, 1954) ; en outre l’économie du bien-être reste toujours centrée sur une optique utilitariste. 14 Les équations qui suivent ont été légèrement simplifiées par rapport à celles de Meade, mais sans rien changer ni de l’esprit, ni des résultats obtenus. 180

l’ajout d’un individu, et donc d’un travailleur, engendre l’apparition d’un surplus. Il faut que l’équation suivante soit vérifiée : (Q i – C i )dN > 0 (3b) Car si Q i est la valeur monétaire de la production marginale du travail de l’individu i et C i la valeur monétaire de la consommation de l’individu i, il faut que cette dernière soit inférieure à la précédente pour qu’il y ait un gain – et non une perte – lié à la survenance d’un nouvel individu. Ainsi, la croissance de la population est limitée uniquement par les capacités productives des individus – sans que l’on ait à tenir compte des capacités d’accueil de l’écosystème, ce qui serait déjà plus intéressant, bien que posant le problème de la validité d’une analyse purement malthusienne, comme nous allons le voir dans un premier point ; après quoi, nous en viendrons à l’analyse du mariage faites par Meade. 1. Le malthusianisme utilitariste et ses inconvénients. A vrai dire, les analyses néo-classiques et les modèles de croissance, peuvent donner des solutions au problème démographique, comme l’illustre, par exemple, Hung et Makdissi (2000), dans la lignée des travaux de Sala-i-Martin sur la croissance 15 . Ces auteurs développent un modèle de croissance dans lequel les êtres humains sont un « facteur de production », combiné à un facteur fixe, la terre, pour produire un bien homogène. Dans ce cadre, le nombre d’enfants est un choix endogène au ménage, qui peut conduire à une trappe de pauvreté. En effet, ce modèle expose une situation où l’accroissement de la population occasionne une baisse de la consommation par tête. Il convient donc, afin d’éviter ce problème, soit de transférer une technologie non-neutre qui accroît la productivité marginale de la terre par rapport au travail, soit d’instaurer une taxe adéquate sur les naissances. Le premier problème de ce type de formalisation repose sur la réalisation de ce que craignait Maurice Allais (1954), à savoir une utilisation des mathématiques pour elles- 15 Une autre optique peut être trouvée dans les modèles de croissance endogène non-malthusiens, notamment (Rougier, 2000) qui, en outre, teste empiriquement ses résultats. Mais nous nous centrons ici sur la mise en cause des postulats utilitaristes néo-malthusiens. 181

l’ajout d’un individu, et donc d’un travailleur, engendre l’apparition d’un surplus. Il faut<br />

que l’équation suivante soit vérifiée :<br />

(Q i – C i )dN > 0 (3b)<br />

Car si Q i est la valeur monétaire <strong>de</strong> la production marginale du travail <strong>de</strong> l’individu i et C i<br />

la valeur monétaire <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong> l’individu i, il faut que cette <strong>de</strong>rnière soit<br />

inférieure à la précé<strong>de</strong>nte pour qu’il y ait un gain – et non une perte – lié à la survenance<br />

d’un nouvel individu. Ainsi, la croissance <strong>de</strong> la population est limitée uniquement par les<br />

capacités productives <strong><strong>de</strong>s</strong> individus – sans que l’on ait à tenir compte <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités<br />

d’accueil <strong>de</strong> l’écosystème, ce qui serait déjà plus intéressant, bien que posant le problème<br />

<strong>de</strong> la validité d’une analyse purement malthusienne, comme nous allons le voir dans un<br />

premier point ; après quoi, nous en viendrons à l’analyse du mariage faites par Mea<strong>de</strong>.<br />

1. Le malthusianisme utilitariste et ses inconvénients.<br />

A vrai dire, les analyses néo-classiques et les modèles <strong>de</strong> croissance, peuvent<br />

donner <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions au problème démographique, comme l’illustre, par exemple, Hung et<br />

Makdissi (2000), dans la lignée <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux <strong>de</strong> Sala-i-Martin sur la croissance 15 . Ces<br />

auteurs développent un modèle <strong>de</strong> croissance dans lequel les êtres humains sont un<br />

« facteur <strong>de</strong> production », combiné à un facteur fixe, la terre, pour produire un bien<br />

homogène. Dans ce cadre, le nombre d’enfants est un choix endogène au ménage, qui peut<br />

conduire à une trappe <strong>de</strong> pauvreté. En effet, ce modèle expose une situation où<br />

l’accroissement <strong>de</strong> la population occasionne une baisse <strong>de</strong> la consommation par tête. Il<br />

convient donc, afin d’éviter ce problème, soit <strong>de</strong> transférer une technologie non-neutre qui<br />

accroît la productivité marginale <strong>de</strong> la terre par rapport au travail, soit d’instaurer une taxe<br />

adéquate sur les naissances.<br />

Le premier problème <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> formalisation repose sur la réalisation <strong>de</strong> ce que<br />

craignait Maurice Allais (1954), à savoir une utilisation <strong><strong>de</strong>s</strong> mathématiques pour elles-<br />

15 Une autre optique peut être trouvée dans les modèles <strong>de</strong> croissance endogène non-malthusiens, notamment<br />

(Rougier, 2000) qui, en outre, teste empiriquement ses résultats. Mais nous nous centrons ici sur la mise en<br />

cause <strong><strong>de</strong>s</strong> postulats utilitaristes néo-malthusiens.<br />

181

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!