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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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« Dans cette perspective, les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme conservent un profil déterminé ; ils<br />

ne doivent pas viser tout ce qui peut rendre la vie bonne, mais protéger ce qui fait<br />

<strong>de</strong> l’être humain une personne. » (Schröter, 1992, p. 99-101).<br />

Le bonheur ne peut donc être source <strong>de</strong> justice car il est conséquentialiste : il est un état<br />

final pour lequel tous les moyens sont bons, même les plus injustes. Une entreprise qui<br />

pollue peut-elle être exonérée <strong>de</strong> toutes contraintes sous prétexte que sa production donne<br />

du bonheur aux gens ? Certes, la pollution peut entrer en ligne <strong>de</strong> compte dans le calcul du<br />

bonheur, mais il y a alors une notion <strong>de</strong> responsabilité, liée aux <strong>droits</strong> <strong>de</strong> propriété 9 , qui<br />

nous éloigne fondamentalement <strong>de</strong> la logique utilitariste. Car, si la morale utilitariste pose<br />

que « chacun est le mieux à même <strong>de</strong> définir ce qui est bien pour lui » et peut ainsi<br />

correspondre à une logique proche <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, il n’empêche que la<br />

responsabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> individus est remise en cause par l’existence <strong>de</strong> fausses préférences ou<br />

<strong>de</strong> préférences erronées. Les préférences qui doivent servir <strong>de</strong> référence à l’évaluation <strong>de</strong><br />

l’utilité et du bien-être d’un individu, ne sont pas ses préférences immédiates, mais ses<br />

préférences réelles, c’est-à-dire réfléchies et établies en fonction <strong>de</strong> son intérêt<br />

parfaitement informé et rationnellement défini (Fleurbaey, 1996, p. 130) ; cf. également<br />

(Hirschman, 1985 ; 1989) sur la difficulté <strong>de</strong> former <strong>de</strong> vraies préférences.<br />

3. Les goûts dispendieux et les préférences adaptatives.<br />

En outre, plusieurs problèmes sont soulevés par l’utilitarisme, notamment la<br />

question <strong><strong>de</strong>s</strong> goûts dispendieux et celle <strong><strong>de</strong>s</strong> préférences adaptatives 10 . Les premiers<br />

signifient que si une personne ne peut être heureuse qu’en roulant en Ferrari, elle <strong>de</strong>vrait se<br />

voir financer ses dépenses en automobile pour être à égalité avec les autres 11 . Les secon<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vont <strong>de</strong> pair en étant le contre-pied <strong><strong>de</strong>s</strong> précé<strong>de</strong>nts, puisqu’il s’agit <strong>de</strong> phénomènes<br />

d’accommodation, les personnes s’adaptant ou s’habituant à leur situation et se sentant<br />

heureuses <strong>de</strong> leur sort, quel qu’il soit. Ainsi <strong>de</strong> Tiny Tim (Demuijnck, 1998, p. 27) qui,<br />

9 Sur ce point, voir par exemple, (Facchini, 1997).<br />

10 Cf. (Alibert, 1999), (Demuijnck, 1998), (Fleurbaey, 1996), (Roemer, 1996), (Van Parijs, 1991), (Sen,<br />

2000a) entre autres contributions. C’est Jon Elster qui, un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers, a attiré l’attention sur les<br />

« dissonances cognitives » dans la formation <strong><strong>de</strong>s</strong> préférences, l’individu s’adaptant à sa condition pour s’y<br />

sentir « bien », plutôt que d’envisager en changer, si cela semble impossible ou très difficile. Nous pouvons<br />

également renvoyer, dans ce cadre, à l’intéressante théorie <strong>de</strong> l’équilibre <strong>de</strong> la pauvreté, basée sur les<br />

comportements d’accommodation, <strong>de</strong> John Galbraith (1979).<br />

11 Le bien-être <strong><strong>de</strong>s</strong> individus dépend en outre <strong>de</strong> leurs réalisations personnelles, c’est-à-dire <strong>de</strong> ce qu’ils<br />

parviennent à faire – par exemple du métier qu’ils exercent – en fonction <strong>de</strong> leurs goûts personnels ;<br />

autrement dit, le bonheur d’un individu va varier en fonction <strong>de</strong> ses goûts ; voir (Mea<strong>de</strong>, 1976, p. 56-57).<br />

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