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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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être vu comme un moyen du bonheur (<strong>de</strong> la sommation maximale du bonheur du plus<br />

grand nombre) plutôt que comme une fin. Puisque le bonheur est la fin ultime, l’homme<br />

passe au second plan : lacune fondamentale <strong>de</strong> l’approche utilitariste que dénonce un point<br />

<strong>de</strong> vue éthique comme celui <strong>de</strong> l’économiste qui adhère à l’humanisme scientifique.<br />

Ensuite, une telle approche, qui se donne pour but le bonheur et qui a pour outil <strong>de</strong><br />

mesure l’utilité, réduit la portée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Il n’est d’ailleurs pas sûr qu’elle<br />

leur en accor<strong>de</strong> encore une, sauf à les considérer comme <strong>de</strong> simples intermédiaires ou<br />

modalités d’allocation <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources. Les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme ne sont alors justifiés que<br />

s’ils améliorent le fonctionnement du système économique (le marché), ce qui réduit<br />

considérablement leur portée y compris, paradoxalement, celle <strong>de</strong> nature économique. En<br />

outre, il faut préciser que le bien-être doit être distingué du bonheur et <strong>de</strong> la croissance<br />

économique, mais aussi du bien-être au sens strict <strong>de</strong> l’économie, c’est-à-dire au sens <strong>de</strong><br />

l’équilibre Pareto-optimal. Le bien-être visé par les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme est l’un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fon<strong>de</strong>ments du travail <strong>de</strong> l’économiste puisqu’il représente les conditions matérielles sans<br />

lesquelles la vie et la dignité humaines ne peuvent être réelles, c’est-à-dire ne peuvent<br />

permettre l’exercice concret <strong>de</strong> l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme 7 .<br />

2. Les limites du conséquentialisme utilitariste.<br />

La justification <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme reste en <strong>de</strong>rnier ressort la liberté et la<br />

dignité 8 , mais celles-ci dépen<strong>de</strong>nt elles-mêmes <strong>de</strong> l’existence <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Ce<br />

qui fait la singularité <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers, c’est qu’ils ont pour essence d’être avant tout <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

moyens d’autodétermination ; ils ne sont pas les moyens du bonheur, mais les moyens qui,<br />

réalisés comme fins en soi, peuvent ouvrir le champ <strong>de</strong> réalisation le plus large du bonheur<br />

<strong>de</strong> chacun. Ils doivent protéger le « contrôle autonome » <strong>de</strong> la personne sur sa propre<br />

existence.<br />

7 Une position utilitariste que nous n’évoquerons pas au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette note appuie l’opposition entre <strong>droits</strong> <strong>de</strong><br />

l’homme et utilitarisme d’une manière singulière ; il s’agit <strong>de</strong> l’approche <strong>de</strong> Peter Singer qui considère que<br />

les animaux sont capables <strong>de</strong> peines et <strong>de</strong> plaisirs, et doivent donc entrer dans le calcul <strong>de</strong> l’utilité totale. On<br />

rejoint là le débat concernant les <strong>droits</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux. Notre position est alors la suivante : les animaux n’ont<br />

pas <strong>de</strong> « <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme », mais ils ont <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> face aux hommes, à partir du moment où ceux-ci entrent<br />

en interaction avec eux. Autrement dit, ce ne sont pas les animaux qui ont <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong>, mais les hommes qui<br />

ont <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>voirs envers eux. Ce débat étant, certes intéressant, mais à la marge <strong>de</strong> notre propos, nous n’en<br />

dirons pas plus.<br />

8 La dignité étant, précisons-le, prioritaire sur la liberté, cf. (Philips-Nootens, 1999, p. 52-53).<br />

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