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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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nomment liberté ou bonheur », encore que la liberté nous semble plus directement<br />

dépendante <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> <strong>l'homme</strong>, tout comme elle est un but social plus légitime que le<br />

« bonheur ». Mais restons pour l’instant sur l’analyse <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier. Nous allons d’abord<br />

voir comment il peut réduire les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme à <strong>de</strong> simples moyens. Nous indiquons<br />

ensuite les limites d’une approche conséquentialiste. Enfin, nous mettons en avant les<br />

problèmes <strong>de</strong> la détermination <strong><strong>de</strong>s</strong> préférences.<br />

1. Les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme réduits au rang d’outils ?<br />

Passons sous silence les objections philosophiques au bonheur 5 pour constater<br />

directement que, si les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme sont moyen du bonheur, alors leur valeur est<br />

réduite face à ce <strong>de</strong>rnier 6 . A la rigueur, les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong>viennent inutiles si un<br />

autre système est trouvé pour garantir le bonheur, système tel que l’utilitarisme, dans<br />

lequel, notons-le au passage, l’Etat a un rôle central.<br />

Les visions optimistes <strong>de</strong> philosophes tels que Jean-Jacques Rousseau ou<br />

Confucius, peuvent être vues comme allant dans ce sens, mais dans les <strong>de</strong>ux cas, et en<br />

particulier chez Confucius, il existe un grand pessimisme lié à la réalité <strong>de</strong> leur temps.<br />

Autrement dit, une pensée concrète d’une société idéale ne peut pas ne pas tenir compte <strong>de</strong><br />

la nature humaine dont l’économie a montré qu’elle était aussi potentiellement à caractère<br />

égoïste.<br />

Outre les problèmes posés par les comparaisons interpersonnelles <strong><strong>de</strong>s</strong> plaisirs et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

peines qu’exige le principe du « plus grand bonheur pour le plus grand nombre », il s’agit<br />

ici <strong>de</strong> souligner les premières limites d’une approche qui se confine finalement à<br />

l’utilitarisme primaire. Parmi celles-ci, il convient d’abord <strong>de</strong> remarquer que l’homme peut<br />

5 Celles-ci peuvent être <strong>de</strong> plusieurs ordres et principalement que le bonheur n’existe jamais puisqu’il n’est<br />

qu’absence <strong>de</strong> malheur. Rejetant pour notre part cet argument, nous pouvons par contre soutenir que « le<br />

bonheur n’est pas <strong>de</strong> l’ordre d’un « il y a ». Ce n’est pas une chose, ce n’est pas un étant, ce n’est pas un état :<br />

c’est un acte. » (Comte-Sponville, 1989). On comprendra que le bonheur, s’il est un acte, est un acte<br />

particulier, abstrait et non concret, uniquement déterminable subjectivement. Les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme peuvent<br />

être pensés comme <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens <strong>de</strong> rendre les être humains capables <strong>de</strong> poursuivre librement le bonheur,<br />

même s’ils ne doivent, en fait, jamais l’atteindre. Mais les <strong>droits</strong> sont, plus fondamentalement, les moyens<br />

d’être un être humain à part entière, peu importe après <strong>de</strong> savoir ce que l’on fait <strong>de</strong> cette humanité – à chacun<br />

le droit <strong>de</strong> choisir la vie qu’il veut mener.<br />

6 Tout s’efface <strong>de</strong>vant le bonheur comme Bien suprême ; cf. l’interpellant classique d’Aldous Huxley (1932),<br />

dans lequel on voit également le danger <strong>de</strong> l’opposition entre liberté et bonheur au profit <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier,<br />

danger évoqué aussi par <strong><strong>de</strong>s</strong> auteurs comme I. Berlin et A. Sen. A contrario, il existe <strong><strong>de</strong>s</strong> auteurs qui élèvent<br />

le cauchemar huxleyien à une utopie voulue et en train <strong>de</strong> se réaliser, comme l’illustre F. Fukuyama (1999,<br />

réf. citée) qui écrit que l’industrie pharmaceutique, grâce au libéralisme, pourra fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> pilules permettant<br />

<strong>de</strong> passer outre le manque <strong>de</strong> reconnaissance éprouvé dans une société libérale ; cité par Maréchal (2000, p.<br />

27) qui en conclut que le libéralisme serait donc le marché plus les psychotropes et non pas la liberté.<br />

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