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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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principes supérieurs <strong>de</strong> justice par rapport à une démarche en terme <strong>de</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme.<br />

Nous observerons toutefois que les limites <strong>de</strong> « l’équité en environnement économique »<br />

nous semblent susceptibles d’être dépassées par une approche en terme <strong>de</strong> justice locale.<br />

Néanmoins, ce dépassement ne peut s’opérer que sur une base « morale », et donc<br />

s’abstraire à la fois <strong>de</strong> la logique <strong>de</strong> la justice et <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme 3 .<br />

Nous nous intéressons donc plus particulièrement dans la présente section : à<br />

l’utilitarisme (I), aux principes <strong>de</strong> base du libertarisme <strong>de</strong> Nozick (II) et à la théorie <strong>de</strong> la<br />

justice <strong>de</strong> John Rawls (III). Le tableau II.1, à la fin <strong>de</strong> cette section, résume les liens entre<br />

ces apports et les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme.<br />

I. Utilitarisme et <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme.<br />

Comme nous l’avons indiqué (cf. chapitre I), l’utilitarisme s’est construit pour<br />

partie en opposition aux <strong>droits</strong> naturels qu’il récuse. Il y a donc dès l’origine une rupture<br />

entre <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme et utilitarisme. Or, ce <strong>de</strong>rnier a longtemps été au cœur <strong>de</strong> la vision<br />

éthique <strong><strong>de</strong>s</strong> économistes. Celle-ci se propose en effet <strong>de</strong> maximiser l’utilité <strong><strong>de</strong>s</strong> individus et<br />

<strong>de</strong> la société, par le recours aux préférences individuelles et au principe <strong>de</strong> Paretooptimalité.<br />

Ainsi, les fonctions <strong>de</strong> préférence utilisées ne peuvent que difficilement prendre<br />

en compte les <strong>droits</strong> ou l’éthique sociale, cf. (Kolm, 1994) et (Pattanaik, 1994). Nous<br />

3 Un exemple particulier peut être donné sur ce point. L’approche <strong>de</strong> l’équité en environnement économique<br />

s’est d’abord intéressée à la question <strong>de</strong> la répartition d’un bien rare (i.e. en quantité limitée, bien non<br />

productible) entre un nombre fini d’individus. D’où une série d’axiomes et un ensemble <strong>de</strong> mécanismes <strong>de</strong><br />

compatibilité entre ceux-ci. Supposons le cas extrême d’un groupe d’individus connaissant la famine, avec<br />

comme seul recours un membre <strong>de</strong> l’ONU (ou une manne céleste) venant leur distribuer une quantité finie <strong>de</strong><br />

riz. La réponse la plus probable d’une théorie axiomatisée <strong>de</strong> la justice consisterait à poser un axiome, par<br />

exemple égalitariste : chaque individu a droit à la même quantité <strong>de</strong> riz ; ou encore, chaque personne a droit à<br />

la quantité la plus proche <strong>de</strong> ses besoins, compte tenu <strong>de</strong> sa physionomie. Mais supposons qu’il n’y ait pas<br />

assez <strong>de</strong> riz pour tous. Il ne s’agit pas là d’une supposition triviale n’ayant pour but que <strong>de</strong> mettre la théorie<br />

en porte-à-faux. Toute théorie <strong>de</strong> la justice peut ainsi être remise en cause par <strong><strong>de</strong>s</strong> cas extrêmes, mais la<br />

théorie <strong>de</strong> l’équité en environnement économique travaille sur ce type d’hypothèses, le cas présenté <strong>de</strong>vant<br />

pouvoir être traité. Or, les limites <strong>de</strong> l’axiomatisation sont ici évi<strong>de</strong>ntes : comment définir un axiome <strong>de</strong><br />

partage équitable dans un tel cadre, où certains individus vont rester en vie alors que d’autres vont mourir ?<br />

La démarche <strong>de</strong> la justice locale peut ici apporter <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments <strong>de</strong> réponses. Celle-ci consiste en un travail <strong>de</strong><br />

recherche empirique sur les comportements et les choix <strong><strong>de</strong>s</strong> individus en matière <strong>de</strong> justice. Dans le cas<br />

présent, il s’agirait <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r qu’elle décision va prendre l’agent <strong>de</strong> l’ONU ou encore, quelle décision vont<br />

prendre les individus concernés. Dans ce cadre, il est possible que ceux-ci favorisent l’alimentation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

garçons par rapport à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> filles, par exemple par un biais culturel défavorable à ces <strong>de</strong>rnières ; ou<br />

encore, ils peuvent favoriser les hommes qui, bien nourrit, pourront aller chasser ou travailler, si possible<br />

pour nourrir les autres, etc. Mais finalement, où sont ici les principes <strong>de</strong> justice ? Les solutions possibles se<br />

situent soit dans le domaine « culturel » soit dans le domaine « moral », excluant ainsi toute pertinence à une<br />

théorie axiomatisée, mais aussi aux <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Ceux-ci, en effet, atteignent également leurs limites<br />

dans ce type <strong>de</strong> cas extrêmes où la décision finale peut être due à la seule morale personnelle <strong><strong>de</strong>s</strong> acteurs<br />

concernés.<br />

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