l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I
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1. Pouvoir arbitraire et droits de l’homme. C’est aux droits de l’homme de réaliser les conditions favorables à un régime nonarbitraire, ce qui scelle un peu plus le lien entre ces droits et la démocratie. Ce lien est illustré, nous semble-t-il, par l’argument de l’incertitude utilisé par Anthony Downs (1957). Pour ce dernier, l’incertitude liée aux comportements futurs du gouvernement, pousse les citoyens à ne pas confier les pouvoirs « nécessaires pour parvenir à des états sociaux optimaux », de peur que ces pouvoirs se retournent contre eux. Si la démocratie est réduite au « règne de la majorité », alors cet argument est pertinent ; en outre, compte tenu des précédents historiques, une démocratie instrumentale pouvant amener un parti extrémiste au pouvoir, et donc installer une dictature, le fait relevé par Downs indique très clairement qu’une démocratie n’est pas uniquement quelque chose d’instrumental. C’est une valeur dont les droits de l’homme doivent faire partie afin de garantir les citoyens contre le risque de la dictature de la majorité et contre la disparition même de la démocratie. Ainsi, la séparation des pouvoirs et la tenue d’élections régulières, c’est-à-dire des mandats limités dans le temps, ce qui s’oppose à la dictature, sont justifiées par le fait que l’Etat n’est pas un « despote bienveillant » et que les hommes politiques peuvent se servir des institutions pour mener à bien leurs agendas privés (Laffont, 2000). Les droits de l’homme sont, en outre, les garants d’un échange volontaire et équitable, puisque ceux qui s’en réclament doivent les respecter vis-à-vis d’autrui. Mais plus simplement, chez les économistes du « Public choice », il s’agit de défendre l’idée d’un contrat constitutionnel, les droits de la Constitution étant définis sous la règle d’unanimité, ce sont eux qui vont prévaloir en toute circonstance. 2. La Constitution est un contrat. Ainsi, la Constitution est un contrat entre les citoyens qui créent les institutions gouvernementales (Buchanan, 1975) les plus efficaces possibles, les droits constitutionnels n’étant que des moyens de la baisse des coûts de la prise de décision (Mueller, 1991), mais étant aussi une source de facilité pour les échanges économiques (Buchanan, 1975). Mancur Olson (2000, p. 28-39) définit également une théorie plus globale de l’existence de contraintes à caractère constitutionnel. Tout d’abord, puisque la démocratie succède à l’autocratie lorsqu’il existe plusieurs groupes incapables de se supplanter l’un l’autre, chacun de ceux-ci est favorable à des contraintes institutionnelles qui garantissent 168
qu’aucun autre groupe ne deviendra hégémonique. Ensuite, la garantie ainsi obtenue – notamment la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire – a également pour but de sécuriser les droits de propriété et les contrats. Cet élément éloigne toutefois les droits constitutionnels des droits de l’homme, qui ne peuvent y être réduits. Cependant, ces derniers ont aussi ce rôle instrumental et la théorie des choix publics qui établit l’utilité économique des droits constitutionnels, institue ainsi l’utilité économique des droits de l’homme 33 . En effet, plusieurs d’entre eux sont inclus dans les Constitutions de nombreux pays. 3. Les droits constitutionnels pour James Buchanan. Il est donc important de regarder de plus prêt ce qui est entendu par droits constitutionnels. Pour James Buchanan, il s’agit de définir, au sein de la Constitution, les droits individuels qui créent les cadres ou les règles propices aux échanges. Ces droits doivent limiter et canaliser la liberté absolue qui existe dans l’état de nature ou d’anarchie. Ce sacrifice apparent de liberté n’est pas si grand puisqu’il s’agit surtout d’échapper à l’état de guerre permanent à la Hobbes, en explicitant les droits des individus « de faire telle ou telle chose » (Buchanan, 1975, p. 10) 34 . Ces droits sont des « droits de propriété » qui définissent la personne ; ils sont alors assimilables aux droits de l’homme (Buchanan, 1975, p. 11). Pour cet auteur, les droits de propriété sont ce par quoi les personnes sont définies au départ. Ainsi, une « personne qui vit en société se définit par ses « droits » de mener certaines activités à certains moments et en certains lieux, « droits » qu’elle est libre d’échanger ou non avec autrui » (1975, p. 12). Ce qui implique que l’échange ente deux personnes repose sur la reconnaissance et le respect mutuels des droits. Et quant à l’attribution des droits, elle doit être impartiale, traitant de manière égale des individus inégaux (1975, p. 13) (nous discuterons de ce point dans les sections suivantes). 33 James Buchanan le dit d’ailleurs explicitement : « Les avantages susceptibles de résulter de l’échange seront exploités aussi pleinement que possible, et tous, voyant leurs dons et leurs aptitudes bien délimités et enchâssés dans une structure de droits de l’homme et de droits de propriété légalement exécutoires, amélioreront leur condition (...) » (1975, p. 42-43). 34 Cf. également (Sugden, 1986). 169
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l’homme 33 . En effet, plusieurs d’entre eux sont inclus dans les Constitutions <strong>de</strong> nombreux<br />
pays.<br />
3. Les <strong>droits</strong> constitutionnels pour James Buchanan.<br />
Il est donc important <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> plus prêt ce qui est entendu par <strong>droits</strong><br />
constitutionnels. Pour James Buchanan, il s’agit <strong>de</strong> définir, au sein <strong>de</strong> la Constitution, les<br />
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Ce sacrifice apparent <strong>de</strong> liberté n’est pas si grand puisqu’il s’agit surtout d’échapper à<br />
l’état <strong>de</strong> guerre permanent à la Hobbes, en explicitant les <strong>droits</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> individus « <strong>de</strong> faire<br />
telle ou telle chose » (Buchanan, 1975, p. 10) 34 . Ces <strong>droits</strong> sont <strong><strong>de</strong>s</strong> « <strong>droits</strong> <strong>de</strong> propriété »<br />
qui définissent la personne ; ils sont alors assimilables aux <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme (Buchanan,<br />
1975, p. 11). Pour cet auteur, les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> propriété sont ce par quoi les personnes sont<br />
définies au départ. Ainsi, une « personne qui vit en société se définit par ses « <strong>droits</strong> » <strong>de</strong><br />
mener certaines activités à certains moments et en certains lieux, « <strong>droits</strong> » qu’elle est libre<br />
d’échanger ou non avec autrui » (1975, p. 12). Ce qui implique que l’échange ente <strong>de</strong>ux<br />
personnes repose sur la reconnaissance et le respect mutuels <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong>. Et quant à<br />
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inégaux (1975, p. 13) (nous discuterons <strong>de</strong> ce point dans les sections suivantes).<br />
33 James Buchanan le dit d’ailleurs explicitement : « Les avantages susceptibles <strong>de</strong> résulter <strong>de</strong> l’échange<br />
seront exploités aussi pleinement que possible, et tous, voyant leurs dons et leurs aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> bien délimités et<br />
enchâssés dans une structure <strong>de</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> propriété légalement exécutoires,<br />
amélioreront leur condition (...) » (1975, p. 42-43).<br />
34 Cf. également (Sug<strong>de</strong>n, 1986).<br />
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