l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

salaires, une répression policière, un endoctrinement de la population et l’investissement
massif dans le secteur militaire, entraînent des goulets d’étranglement et une économie de
pénurie. Dès lors, ce plein-emploi ne peut être tenable que par l’extension géographique,
c’est-à-dire par la guerre.
La conclusion de Kalecki est qu’il convient de lutter en faveur du plein-emploi pour
éviter toute résurgence du fascisme. Or, les industriels s’opposent à l’intervention de l’Etat
et au plein-emploi, et c’est pour partie ce qui a accéléré la mise en place d’un pouvoir
autoritaire. Par conséquent, la conclusion est qu’il convient de revoir le fonctionnement du
système économique lui-même. Autrement dit, si le jeu de catallaxie conduit à des crises
économiques et à des écarts de revenus importants 26 , si c’est le fonctionnement des libertés
économiques, c’est-à-dire celles des industriels et des financiers capitalistes, qui priment,
alors les conséquences économiques peuvent être telles qu’elles jouent un rôle essentiel
dans la remise en cause de la démocratie.
L’idée que nous voulons défendre est que les droits de l’homme peuvent contribuer
à éviter un tel danger 27 , d’une part en limitant les dérives de la catallaxie, d’autre part en
permettant une méta-sélection des partis politiques, puisque ces droits imposent que l’Etat
et le gouvernement soient toujours en accords avec eux – et sur ce point, nous suivons les
économistes qui entendent défendre les libertés individuelles contre l’Etat.
Si nous lisons ainsi les économistes des choix publics, beaucoup diront que la
démocratie est supérieure à la dictature, tout en relevant les défauts de la démocratie, qui
est une mauvaise allocatrice de ressources. Ils vont donc préconiser des solutions qui
favorisent une meilleure utilisation de la démocratie et ce sont ces éléments que nous
voulons discuter à présent.
26 Notamment par le biais de l’hyperinflation, cf. (Hill, Butler et Lorenzen, 1977) et note supra.
27 Nous envisageons cela comme un danger en supposant que ‘dictature’ signifie ‘guerre’, au moins
potentiellement. Nous pouvons ainsi remarquer que la plupart des économistes, tout comme des organismes
tels que l’Organisation Mondiale du Commerce, défendent la thèse du doux commerce, le libre-échange étant
favorable, selon eux, à la paix. Nous suivons, pour notre part, François Perroux pour qui l’économiste doit
s’opposer à toute destruction, et donc au gâchis représenté par une guerre.
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