l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

La seconde section présente et critique ce qu’il semble essentiel de retenir du
courant du « Public choice ». D’une critique des hypothèses centrales de l’homoœconomicus
et du jeu de catallaxie, nous retiendrons que le comportement égoïste ne doit
pas être écarté de la réflexion sur les décisions économiques des agents, mais ne doit pas
pour autant être l’unique motif pris en compte et, encore moins, servir de critère normatif
pour l’ensemble des conduites humaines. De même, nous retiendrons que le marché est
certes utile, mais qu’il a des limites inhérentes qu’il convient de ne pas ignorer si l’on veut
promouvoir les droits de l’homme. Nous verrons ensuite les différents apports de ce
courant, susceptibles de nous donner des éléments de justification aux hypothèses que nous
voulons argumenter (cf. ci-dessus). Dans ce cadre, nous concluons cette section sur la
définition des droits constitutionnels dressée par Dennis Mueller, qui inclut les droits
sociaux et se base sur un principe de voile d’ignorance. Le recours à un tel principe conduit
à compléter la théorie des choix publics par les théories de la justice.
La troisième section s’intéresse aux liens entre théories de la justice et droits de
l’homme, afin de cerner les limites de ces théories et les éléments de réponses qu’elles
peuvent nous apporter. Nous en retenons que les grands principes ont leur utilité, mais ne
sont pas suffisants en eux-mêmes. Cependant, les théoriciens de la justice sont sans doute
trop tentés de tester leurs principes dans les moindres détails, jusqu’à une précision
inadéquate en ce qui concerne les droits de l’homme. En outre, il faut prendre note du fait
que ces théoriciens ne font que très rarement appel aux droits de l’homme et à leur
fondement ultime, la dignité. Il y a donc là des lacunes qui font que nous avons préféré
nous limiter ici à trois courants, parmi les plus centraux pour l’économiste : l’utilitarisme,
la philosophie libertarienne de Robert Nozick, les principes de justice de John Rawls. Cette
section conduit d’abord à constater que la logique utilitariste à la base de l’économie du
bien-être a des limites trop grandes pour être seule utilisée en matière de droits de
l’homme. Constatation qui implique de prendre du recul par rapport à l’optimalité
parétienne. Ensuite, il apparaît que l’Etat, ou un organe supra-décisionnel
démocratiquement légitime, est nécessaire à la réalisation de la justice. Enfin, on peut
montrer que les principes généraux de justice, comme ceux de John Rawls, ont une
pertinence limitée qui appelle le recours effectif aux droits de l’homme pour définir la
justice sociale qui doit s’appliquer à tous les êtres humains dans leur unité et leurs
différences.
La quatrième section résume les apports précédents et les complète par une mise en
parallèle des travaux de François Perroux et d’Amartya Sen. Nous pouvons ainsi
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