l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

Cependant, la question des institutions internationales n’étant pas pour l’instant
notre propos (voir chapitres III et IV, infra), nous approfondissons seulement ici le concept
de bien global. Pour ce faire, nous reprenons les réflexions de F. Perroux sur les satellites
informateurs, dont il est envisageable de dire que plus leurs observations sont connues,
plus leur rendement s’améliore. Considérons l’information comme le bien de référence.
Quatre temps peuvent alors être visibles :
− d’abord une phase de bien privé, l’information étant produite et vendue comme tout
autre bien ;
− ensuite, une phase de bien public, dès lors que la production est prise en charge par des
Etats, à la fois parce que le financement est élevé (les grands programmes spatiaux ne
sont pas privés) et parce que l’information est considérée comme un bien public car
indispensable à la démocratie et à l’économie 28 ;
− peut suivre une phase de bien public global. Les satellites de télédétection permettant
de localiser les risques de tremblement de terre, donnent une information qui doit être
connue des intéressés et qui ne peut dépendre de la seule logique marchande ;
− enfin, nous pouvons constater que ce bien collectif global est tel parce que son
efficacité s’accroît par l’augmentation de sa consommation : si plus de personnes sont
informées, plus le rendement de l’information est grand et, dans l’exemple des
secousses sismiques, leurs effets néfastes pourront être davantage évités. L’information
est donc aussi sûreté. Au niveau mondial, l’instauration de mécanismes pertinents de
distribution de l’information permet ainsi de réduire divers coûts. En accroissant la
sûreté, qui peut également être envisagée comme un bien collectif 29 , des catastrophes
naturelles sont mieux gérées, réduisant le nombre de morts et, éventuellement, les
dégâts matériels : l’aide au pays sinistré, notamment, sera alors réduite.
Il y a toutefois deux problèmes à soulever : cette perspective est limitée par i)
l’insuffisance de la science et de la technologie. Celles-ci appellent alors des
investissements à caractère plurinational ; ii) l’information n’est pas suffisante en soi ; dans
le cas évoqué, encore faut-il que l’information soit réellement distribuée et utilisée, ce qui
implique une démocratie politique et des moyens d’action et de réaction politiques réels,
cf. (Von Der Weid, 1991, p. 149-150). La démocratie et les moyens d’action de celle-ci
28 La météorologie est un bon exemple de bien public.
29 L’exemple de la sécurité routière, bien que trivial, est particulièrement parlant à cet égard. Plus les
individus sont prudents et respectent les consignes de sécurité, autrement dit plus ils consomment et
produisent de la sécurité, et plus la quantité, la qualité et la productivité de celle-ci augmentent.
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