l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

s’en réclamer en vue d’agir contre l’usage de ces mêmes droits par les autres (article 30 de
la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948) 23 . Ainsi, par exemple, une
entreprise qui ne respecte pas les droits du travail ne devrait pas pouvoir réclamer une
sanction légale contre un ouvrier qui abandonnerait l’entreprise.
Ensuite, la liberté est un bien collectif global parce que plus elle se répand à de
nouveaux individus, plus elle devient forte chez les autres. Plus la liberté de l’autre est
réelle et plus la mienne l’est aussi ; au contraire, l’insuffisance de la liberté d’autrui
menace notre propre liberté (Perroux, 1969, p. 172-173). Mais deux remarques s’imposent.
− D’abord, si un bien collectif est un Bien, il est avant tout, en étant défini
économiquement, un bien économique, c’est-à-dire qu’il peut devenir rare (la
liberté peut disparaître, la dignité peut être bafouée) et que, s’il peut se développer
de lui-même par sa propre consommation, il nécessite toutefois un investissement
de départ et des dépenses d’entretien. La liberté notamment, pour se réaliser et se
développer, oblige chacun à reconnaître la liberté des autres, ce qui implique
d’accepter les règles du jeu démocratique. Elle peut ainsi imposer des décisions qui
affectent les citoyens, les Etats, les organismes supranationaux et les entreprises de
toutes les tailles. Ceci étant, de façon conforme à la logique des coûts de l’homme,
l’investissement de départ peut être important, mais les dépenses se réduisent dans
le temps.
− Ensuite, un bien collectif global, en tant que bien économique, a évidemment une
valeur et, en tant que bien collectif, une valeur supérieure à celle des autres biens
économiques. Valeur supérieure liée à deux éléments : la production de ces biens
permet la légitimité et le fonctionnement optimal du système économique ; en tant
que fin supérieure, ces biens ont une valeur intrinsèque que l’on peut, par
hypothèse, supposer supérieure à toute valeur passagère, ne se référant qu’à des
objectifs et non à des fins 24 .
23 Sur ce point quelque peu délicat, voir le résumé de C. Chanet in (Le Monde, 1998, p. 152-154) ; en fait, il
s’agit de garantir la protection des droits de tous et de reconnaître que ceux qui réclameraient un droit pour en
priver les autres, n’auraient aucune légitimité pour ce faire.
24 Cf. (Perroux, 1969, p. 98-99) et (Perroux, 1969, p. 173) : « Les progrès économiques, politiques, culturels
se mesurent par référence à des objectifs ; le progrès ne mérite en revanche ce nom que par référence à une
fin universelle ; il n’est de progrès qu’en liberté ».
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