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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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éférence à l’œuvre <strong>de</strong> François Perroux, qui peut nous ai<strong>de</strong>r à étayer ces concepts et leurs<br />

implications pratiques, d’abord en examinant le cas <strong>de</strong> la liberté, puis celui <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

technologies mo<strong>de</strong>rnes.<br />

1. La liberté.<br />

Comme nous l’avons noté à travers l’analyse d’Adam Smith, il existe <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dispositions d’esprit qui peuvent constituer <strong><strong>de</strong>s</strong> biens utiles à la société et au marché ; ainsi<br />

en est-il <strong>de</strong> la confiance 21 , <strong>de</strong> la « bonne foi » (Smith, 1790, p. 393) ou encore du<br />

« courage » ou <strong>de</strong> « l’instruction » (Smith, 1776, p. 883-884). Un bien particulier, la<br />

liberté, peut être pris comme point <strong>de</strong> départ d’une analyse plus poussée. Voyons ce qu’en<br />

dit François Perroux :<br />

« l’homme <strong>de</strong> la liberté est aussi différent qu’il est possible d’un échantillon<br />

individuel. Il ne peut prendre conscience <strong>de</strong> sa condition d’homme sans la<br />

reconnaître, dans la même démarche, en chacun <strong>de</strong> ses semblables ; il ne peut se<br />

découvrir libre sans découvrir que chaque homme qu’il rencontre ou qu’il conçoit<br />

est libre ; il ne peut se créer lui-même en tant qu’homme, sinon en attribuant à tout<br />

homme le droit et la capacité <strong>de</strong> se créer. (…) ; l’au-<strong>de</strong>là du travail humain est la<br />

liberté <strong>de</strong> chaque homme et <strong>de</strong> tous les hommes » (Perroux, 1956, p. 496).<br />

La liberté est ici entendue au sens le plus général et le plus fort <strong>de</strong> ce terme. Elle peut être<br />

définie comme une fin et une justification majeure <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme (Bourgeois,<br />

1990). Elle est ainsi comparable à la dignité humaine dont on peut dire qu’elle « est un<br />

bien commun auquel chacun doit participer, en fonction <strong>de</strong> tous ses moyens. » (Meyer-<br />

Bisch, 1992, p. 106).<br />

Il s’agit alors d’un bien collectif particulier qui appelle à préciser le caractère<br />

double <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme : ils ne peuvent être tels que s’ils sont aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>voirs<br />

généralisés ; c’est parce que j’ai le droit d’être libre que j’ai le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> garantir à tous leur<br />

liberté. C’est un <strong>de</strong>voir naturel en ce sens qu’il est la garantie du droit : celui qui se tait ne<br />

bénéficie pas du droit à la parole 22 ; celui qui ne respecte pas les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme ne peut<br />

21 (Villet, 1998) ; ce <strong>de</strong>rnier précise que ce genre <strong>de</strong> disposition ne peut s’acheter, car une telle possibilité<br />

rendrait l’existence du marché techniquement impossible. Autrement dit, s’il peut s’agir d’un bien au sens<br />

d’« input » nécessaire au fonctionnement du marché, il implique que le marché ne peut englober le tout <strong>de</strong><br />

l’homme et <strong>de</strong> la société, ce qui suppose d’autres objectifs que le seul profit.<br />

22 Ainsi l’histoire <strong>de</strong> cet homme arrêté par les nazis : « quand ils sont venus pour emmener mon voisin juif, je<br />

n’ai rien dit. Quand ils sont revenus et ont emmené mon voisin communiste, je n’ai rien dit ; et quand ils sont<br />

venus pour m’emmener, il n’y avait plus personne pour me défendre » (anecdote citée <strong>de</strong> mémoire).<br />

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