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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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l’ampleur du désespoir » (Meyer-Bisch, 1992, p.23-24). Si, à notre avis, cet exemple<br />

n’illustre qu’assez peu la rupture entre <strong>droits</strong> et besoins, il permet d’affirmer l’importance<br />

intrinsèque <strong>de</strong> l’homme réel – c’est-à-dire homme <strong>de</strong> besoins socialement déterminé – pour<br />

la mise en application <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. C’est bien <strong>de</strong> cette application dont il est<br />

question avec la notion <strong>de</strong> « coûts <strong>de</strong> l’homme ».<br />

2. Les « coûts <strong>de</strong> l’homme ».<br />

Il existe trois groupes <strong>de</strong> coûts <strong>de</strong> l’homme (Perroux, 1961, p. 367-368) :<br />

« 1° ceux qui empêchent les êtres humains <strong>de</strong> mourir (lutte contre la mortalité dans<br />

le travail professionnel et hors <strong><strong>de</strong>s</strong> limites <strong>de</strong> ce travail) ; 2° ceux qui permettent à<br />

tous les êtres humains une vie physique et mentale minima (activités <strong>de</strong> préventions<br />

hygiéniques, <strong>de</strong> soins médicaux, <strong>de</strong> secours invalidité, vieillesse, chômage) ; 3°<br />

ceux qui permettent à tous les êtres humains une vie spécifiquement humaine, c’està-dire<br />

caractérisée par un minimum <strong>de</strong> connaissances et un minimum <strong>de</strong> loisirs<br />

(essentiellement : coûts d’instruction élémentaire, coûts <strong>de</strong> loisir minimum) ».<br />

Pour exprimer ces coûts <strong>de</strong> l’homme, F. Perroux a d’abord, en compagnie <strong>de</strong> P. Delore,<br />

publié un Projet pour une Déclaration <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>voirs sanitaires <strong>de</strong> l’Homme, en<br />

1937 16 . Il y pose plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong> principes qui se retrouvent en 1948 dans la Déclaration<br />

universelle <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme <strong><strong>de</strong>s</strong> Nations-Unies 17 . Autrement dit, on peut voir dans<br />

l’œuvre <strong>de</strong> F. Perroux, et plus particulièrement dans la notion <strong>de</strong> « coûts <strong>de</strong> l’homme »,<br />

une défense et une justification <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Si l’on s’en tient à la caractérisation<br />

précé<strong>de</strong>nte, les coûts <strong>de</strong> l’homme n’ont <strong>de</strong> sens que parce qu’ils s’appliquent « à tous les<br />

êtres humains » 18 . C’est le principe d’universalité qui les fon<strong>de</strong>. Principe renforcé par celui<br />

d’indivisibilité puisque les coûts <strong>de</strong> l’homme incluent l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> nécessaires à<br />

la « vie spécifiquement humaine ». Nous noterons en particulier que le loisir peut être<br />

« entendu comme le temps <strong>de</strong> la réflexion sur soi et du regard sur l’avenir qui est à la<br />

racine du projet. » (Perroux, 1961, p. 439).<br />

Dès lors, les coûts <strong>de</strong> l’homme sont une expression économique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, les<br />

16 Cf. (<strong>de</strong> Bernis, 1978 ; 1995).<br />

17 Il peut d’ailleurs être relevé que le rédacteur français <strong>de</strong> cette Déclaration, René Cassin, revendiquait lui<br />

aussi le principe du « développement <strong>de</strong> tous les hommes et <strong>de</strong> tout l’homme en chacun d’eux ».<br />

18 « Encore, les coûts <strong>de</strong> l’homme ne se réduisent-ils pas aux coûts prioritaires <strong>de</strong> l’entretien <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs.<br />

Ils débor<strong>de</strong>nt le cercle <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs industriels ; ils concernent tout être humain, quel qu’il soit, parce qu’il<br />

est un être humain et non parce qu’il se livre à une sorte déterminée d’activité » (Perroux, 1961, p. 380).<br />

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