l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

d’« évaluation de la vie » (Perroux, 1961, p. 516-517), ou encore avec les approches
standards de l’économie de l’éducation (l’homme n’est pas un capital, cf. Perroux, 1961, p.
539s). Il faut préciser la spécificité des « coûts de l’homme », ce que nous faisons dans le
point 2. Par ailleurs, des critiques pouvant être adressées à la notion de « besoins » (cf., par
exemple, Taouil, 1984), il s’agit de préciser leur lien avec les droits de l’homme.
1. Besoins versus droits : un rapide commentaire.
Si, a priori, il est envisageable de rejeter l’analogie entre droits de l’homme et
besoins sous prétexte que « l’objet du besoin est fragmentable, et peut être traité
indépendamment d’autres besoins » (Meyer-Bisch, 1992, p. 56), il convient toutefois de
relever les correspondances garantes de l’intégrité des droits de l’homme. En effet, s’il est
reconnu que « l’objet du droit n’est pas la satisfaction d’un besoin mais une valeur
(éthique, sociale, et économique) qu’il est nécessaire de situer et de réaliser dans tout un
contexte d’échange » (Meyer-Bisch, 1992, p. 198), le droit est aussi « un besoin reconnu
comme devant nécessairement être satisfait » (Meyer-Bisch, 1992, p. 57).
Autrement dit, le besoin est ce qui fait que l’homme est homme, physique et
concret, situé dans le temps et dans l’espace. En tant que tel, il y a des besoins qu’il est
impossible de nier et dont il faut garantir la satisfaction pour respecter l’homme en tant que
tel. Les besoins fondent donc à la fois l’universalité de l’homme, en tant qu’être de nature,
et sa complexité, dont les droits de l’homme doivent être les garants. Cette garantie impose
une certaine vision de l’économie et de ses finalités, et c’est toute l’importance de la
revendication d’une économie des besoins. Il s’agit, en mettant les besoins et leur diversité
au cœur d’une théorie de la production, de dénoncer les excès du système économique qui
les fait passer au second plan en axant son analyse sur l’échange (de Bernis, 1995, p. 93).
C’est par ce recentrage que, « loin de réduire les besoins aux désirs et d’éliminer tout désir
non solvable de son champ d’analyse, comme le fait l’économie standard, Perroux oppose
aux « désirs solvables » les « besoins fondamentaux » » (de Bernis, 1995, p. 93). En situant
l’homme dans son corps et dans son histoire, on s’oppose à l’ignorance de ses droits en
affirmant la nécessité de répondre à ses besoins, tout en remettant en cause une économie
qui n’irait pas dans ce sens. Car l’économie ne peut avoir pour unique vocation un taux de
profit ou de croissance. Il faut alors reconnaître, comme le fait Walter Weisskopf (1967, p.
79), que les besoins dépendent de différentes dimensions de l’existence et doivent être
harmonisés, tout en sachant que certains besoins physiologiques et quasi physiologiques
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