l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

dialogue, qui permet la définition de l’œuvre et l’enrichissement mutuel des hommes, et
celle des droits sociaux qui donnent accès à l’exercice du travail pour tous. De même, en
reconnaissant le caractère fondamental de l’ensemble des droits de l’homme, on marque
leur lien étroit avec la démocratie et l’importance intrinsèque de celle-ci. La justification
d’une économie orientée vers les droits de l’homme est alors qu’il convient de
« déshonorer l’argent » (Perroux, 1969, p. 277s) afin de promouvoir la démocratie,
toujours remise en cause.
L’éducation. Droit de l’homme par excellence, l’éducation est prioritaire à plus
d’un titre. D’une part, elle est l’un des moyens privilégiés d’éliminer la pauvreté (Perroux,
1969, p. 275-276) ; d’autre part, elle est le moyen de détecter et de développer les
ressources humaines (Perroux, 1969, p. 215). Il ne faut toutefois pas confondre l’analyse
de Perroux avec celle du capital humain. Conformément à cette dernière, l’éducation n’est
qu’un moyen d’accroître son capital humain dans l’espoir d’un rendement futur (par le
biais d’un emploi mieux payé, par exemple ; cf. (Gravot, 1993) sur les approches
économiques de l’éducation). Dans l’optique de F. Perroux, l’éducation est d’abord la
garantie du développement de « tout l’homme » ; c’est avant tout un fait personnel,
l’œuvre première et essentielle de l’homme (Perroux, 1969, p. 169, 172), même si ses
retombées sur la société tout entière sont également importantes (mais le tout de l’homme
ne peut être pensé hors de la société…) (Perroux, 1961, p. 199-200). L’éducation est donc
à la fois la garantie du développement de l’individu et une nécessité pour l’exercice des
autres droits de l’homme, parce qu’elle permet la participation consciente à l’œuvre
collective. Car, la pauvreté matérielle est une chose, à laquelle d’ailleurs il doit être
possible de mettre fin aujourd’hui, mais la pauvreté immatérielle en est une autre, tout
aussi importante (Perroux, 1969, p. 273). C’est pourquoi, « il faut diffuser gratuitement,
sur tous les niveaux, l’éducation sous toutes ses formes » (Perroux, 1969, p. 275).
Enfin, nous noterons qu’un même point de vue se trouve chez Albert Einstein
(1934) et F. Perroux, sur le fait que des « élites créatrices doivent être mises en situation
d’inventer et d’œuvrer sans avoir à se préoccuper du pain quotidien » (Perroux, 1969, p.
276) ; position qui reste fort éloignée, toutefois, des théories des élites de Pareto et de
Lénine. Car, en effet, loin de remettre en cause l’égalité et l’égalisation par l’éducation, il
s’agit de reconnaître que, si tous peuvent pêcher, chasser et philosopher pour reprendre
l’utopie de Karl Marx, il n’empêche qu’il convient aussi de reconnaître les talents
particuliers de quelques-uns afin de permettre leur plein épanouissement et leur pleine
utilisation à l’avantage de la société tout entière.
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