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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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domination du grand nombre par quelques-uns, dans une nation et dans le mon<strong>de</strong><br />

entier. Si un seul agent est privé <strong>de</strong> la capacité inhérente à sa nature générique qui<br />

est <strong>de</strong> choisir <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs subsumés par une finalité, l’organisation est<br />

suboptimale. Ni le marché anonyme et prétendument neutre, ni le verdict d’un<br />

groupe <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment, ne peuvent faire oublier pour quelque agent que ce soit<br />

sa capacité <strong>de</strong> choix conscients. » (Perroux, 1961, p. 511) 12 .<br />

Ainsi, la finalité <strong>de</strong> l’économie, son principe directeur, est le respect <strong>de</strong> la vie humaine<br />

dans toutes ses dimensions (égoïsme/altruisme, corporelle/spirituelle, etc.), ce qui impose à<br />

l’économie son humanisme scientifique inné. Pour accomplir ses fins, l’économie se doit<br />

d’avoir un caractère éthique, <strong>de</strong> considérer l’homme comme une fin et non comme un<br />

moyen, <strong>de</strong> toujours placer l’homme supérieurement aux choses 13 . Il est en outre vain <strong>de</strong><br />

nier ce caractère, y compris dans le cas <strong>de</strong> l’économie « mécanique », puisque « l’efficacité<br />

concrète <strong>de</strong> la technique, <strong>de</strong> la politique, <strong>de</strong> l’économie, dépend <strong>de</strong> l’action d’hommes sur<br />

d’autres hommes et, par conséquent, <strong><strong>de</strong>s</strong> niveaux d’aspiration et d’attente, <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs et<br />

mobiles, donc du mon<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs et <strong><strong>de</strong>s</strong> fins » (Perroux, 1969, p. 99). Cet aspect <strong>de</strong><br />

l’économie appelle une reformulation <strong>de</strong> ce que doivent être certains concepts tels que le<br />

progrès et le développement.<br />

b. Repenser les concepts.<br />

En indiquant les défauts et lacunes <strong>de</strong> l’économie standard, F. Perroux est amené à<br />

redéfinir certaines notions comme celles <strong>de</strong> progrès ou <strong>de</strong> développement, toutes <strong>de</strong>ux<br />

intimement liées à la question du travail.<br />

En premier lieu, l’affirmation <strong>de</strong> l’aspect éthique <strong>de</strong> l’économie implique que la<br />

notion <strong>de</strong> progrès ne peut être réduite au taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> l’économie. Comme<br />

12 Cf. aussi (Perroux, 1961, p. 711) où il développe ces éléments en les qualifiant d’« idée englobante <strong>de</strong><br />

l’économie <strong>de</strong> l’homme ».<br />

13 On notera ici que placer l’homme comme supérieur aux choses et placer le travail au centre <strong>de</strong> l’analyse,<br />

n’implique pas le rejet d’une préoccupation écologique. Si l’homme peut être maître <strong>de</strong> la nature, c’est<br />

uniquement pour limiter ses dangers et gérer au mieux ses ressources, ce qui implique <strong>de</strong> ne pas les gaspiller.<br />

En outre, K. Marx (1867b, p. 736) et F. Perroux mettent en cause le capitalisme et « la répartition optimum<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ressources et <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois par le mécanisme du prix et par le jeu <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions individuelles », car ils<br />

entraînent le gaspillage et sont « aussi irrespectueux <strong>de</strong> la vie <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux et <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes que <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes » (Perroux, 1969, p. 375). Si le droit à l’environnement est qualifié <strong>de</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong><br />

troisième génération pour marquer sa nouveauté, on notera a contrario avec l’exemple <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux auteurs,<br />

qu’il est une préoccupation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme en tant que tels puisque l’homme ne peut être pensé hors<br />

<strong>de</strong> son contexte naturel et social. Le droit à la vie, par exemple, implique nécessairement le droit à un<br />

environnement sain, qui est alors un droit corollaire du droit à la vie.<br />

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