l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

économie.
1. Une première approximation des droits de l’homme en
« Le plus grand et le meilleur des résultats bénéfiques obtenu aux
moindres coûts humains est l’objectif de toute pensée économique
contemporaine » (Perroux, 1969, p. 286).
C’est pourquoi, il convient de penser les droits de l’homme en économie car « la
Déclaration universelle des Droits désigne assez clairement, pourvu qu’elle soit prise au
pied de la lettre, les objectifs historiques des hommes de volonté droite » (Perroux, 1969,
p. 296-297). Ainsi, les vérités premières exposées dans le Décalogue et dans les
Déclarations des droits de l’homme reflètent le fait que pour être un « civilisé », il ne faut
pas s’enrichir en compromettant d’autres vies mais, au contraire, développer des formes
sociales favorables à la vie de tous (Perroux, 1969, p. 245). Ces vérités constituent les buts
mêmes de l’économie hors de tout positionnement religieux ou moral 6 , et elles impliquent
de tenir autant compte des fins que des moyens mis en place pour les atteindre.
L’humanisme scientifique consiste alors à admettre que l’économie, pour être telle, ne peut
s’appliquer qu’en tenant compte des aspects moraux, éthiques et équitables des
mécanismes et problèmes traités. Voyons ce que cela implique.
2. L’économie scientifique : un humanisme.
Il ne s’agit pas de dire qu’il convient, pour qu’une économie soit juste, de respecter
les droits de l’homme. Il s’agit plutôt de dire que l’économiste, s’il veut prétendre à la
scientificité, se doit de s’abstraire de l’hypocrisie qui règne dans le monde réel. Il faut
concrétiser l’application des droits de l’homme pris « au pied de la lettre ». Pour ce faire,
ils doivent être considérés comme tous d’égale importance et doivent être réellement mis
en œuvre. Il ne s’agit donc pas de faire une économie juste, mais de faire une économie
6 Toute la question est de savoir si l’économie s’applique seulement aux civilisés. Chez Adam Smith par
exemple, la critique des monopoleurs mercantiles montre bien que ceux-ci ne sont pas des « civilisés » et
que, par conséquent, ils ne respectent pas les règles de l’économie. De même, si l’on prend l’exemple des
camps de concentration, on se rend compte qu’ils fonctionnaient comme de véritables entreprises. S’il s’agit
là d’économie, ce n’est pas la nôtre et tout le danger de l’économie « mécanique » est bien de galvauder ainsi
l’économie. En effet, la gestion d’un camp relève de la comptabilité primaire comme outil de calcul (donc
neutre moralement). Dès lors que l’on considère qu’il s’agit d’économie, il convient d’avoir un jugement
moral puisqu’il s’agit dans ces opérations de compte de considérer les être humains comme des objets et non
pas comme des contractants libres et égaux. Ainsi, ni l’exigence éthique, ni l’exigence d’équité ne sont
respectées dans ce cadre. Il convient donc de remettre en cause une telle utilisation de l’économie car elle est
anti-économique. Autrement dit, l’économie ne peut être scientifique sans être humaniste.
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