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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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« Il leur dit encore : Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le<br />

sabbat. C’est pourquoi le Fils <strong>de</strong> l’homme est maître du sabbat même. » (Marc, II,<br />

27-28), (Matthieu, XII, 8), (Luc, VI, 5).<br />

De la parole du christ découle une vision humaniste qui considère la priorité à donner à la<br />

vie sur les croyances et coutumes (souvenons-nous que dans l’Ancien Testament, il était<br />

courant <strong>de</strong> lapi<strong>de</strong>r quiconque – y compris les non-croyants – qui enfreignait le sabbat, ne<br />

serait-ce qu’en ramassant du bois pour se chauffer 4 ). Vision qui situe l’homme comme<br />

créateur et maître <strong>de</strong> sa <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée, <strong>de</strong>vant les autres hommes et <strong>de</strong>vant Dieu.<br />

Un tel souci humaniste n’est pas l’apanage <strong>de</strong> la religion chrétienne, ni <strong>de</strong> la<br />

religion en général 5 , et il n’y a là qu’un positionnement moral non indispensable au travail<br />

scientifique. C’est en ce sens que l’on peut être d’accord avec Weiller (1996), la séparation<br />

étant nette entre présupposés religieux et arguments scientifiques. Toutefois, séparation ne<br />

veut pas dire absence <strong>de</strong> liens et scientificité ne veut pas dire absence <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ments. Car,<br />

en effet, il convient d’abord <strong>de</strong> reconnaître que « l’espèce sera humaine quand l’homme<br />

aura renoncé à tuer » (Perroux, 1969, p. 142) et que c’est bien l’espèce humaine et son<br />

développement qui sont l’objet central <strong>de</strong> l’économie. Ainsi, « s’il est un homme <strong>de</strong><br />

science, l’économiste sait que sa discipline a pour objet le développement <strong>de</strong> tous les<br />

hommes et <strong>de</strong> tout l’homme en chacun d’eux : son postulat exclut toute <strong><strong>de</strong>s</strong>truction<br />

d’hommes. » (Perroux, 1969, p. 144).<br />

Un lien étroit est établi dans cet ouvrage (Le Pain et la Parole) entre principes<br />

chrétiens et <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Ces <strong>de</strong>rniers autorisent une certaine universalité et<br />

neutralité (culturelle ou, du moins, théologique) <strong><strong>de</strong>s</strong> principes qui gui<strong>de</strong>nt l’humanisme<br />

scientifique. François Perroux place ainsi <strong>de</strong> manière explicite les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme au<br />

centre d’une démarche d’ordre économique et l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> celle-ci montre à la fois<br />

comment : 1. l’économie peut et doit penser les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme ; 2. les <strong>droits</strong> <strong>de</strong><br />

l’homme (ou la position religieuse) ne sont pas un fon<strong>de</strong>ment a priori, mais une <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

justifications logiques <strong>de</strong> toute économie humaine. Autrement dit, l’humanisme<br />

scientifique n’est pas une posture qui influence a priori la recherche en économie, mais<br />

bien plutôt une façon <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l’économie qui prend en compte l’ensemble <strong>de</strong> son<br />

contexte, à la fois « technique » et « éthique ».<br />

4 Cf. l’Exo<strong>de</strong> (exemple cité <strong>de</strong> mémoire).<br />

5 Voir par exemple (Chartier, 1996).<br />

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