l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

mais étudier sa puissance, les limites de cette puissance et le caractère de ces limites. »
(Marx, 1865, p. 11). Or, si le droit en tant que tel découle des rapports marchands et
légitime le libre-échange, il ne peut en lui-même être une limite à ce dernier et à la
puissance du capitaliste. Dès lors, notre thèse est que les droits de l’homme sont des limites
à la volonté du capitaliste et, plus généralement, à celle de tous les détenteurs de pouvoir.
C’est pourquoi, à notre sens, lorsque Karl Marx définit le marché mondial comme une
puissance qui a asservi les individus (Marx et Engels, 1846, p. 36), (Marx, 1857a, p. 158),
il ne peut trouver que la solution de la démocratie réelle pour renverser cet asservissement :
« les échanges universels modernes ne peuvent être subordonnés aux individus qu’en étant
subordonnés à tous » (Marx et Engels, 1846, p. 72). Point de vue sans doute toujours
d’actualité. Mais la puissance est aussi liée à l’appropriation des moyens de production qui
est « commandement sur le travail d’autrui. » (Marx, 1857a, p. 288).
B. Le droit de propriété chez Karl Marx.
Alors que les anarchistes, au nombre desquels Proudhon, rejettent le droit de
propriété, Karl Marx au contraire se défend de vouloir abolir celle-ci. « Ce qui distingue le
communisme, ce n’est pas l’abolition de la propriété en général, mais l’abolition de la
propriété bourgeoise » (Marx et Engels, 1848, p. 43) ; et ce pour deux raisons essentielles :
− d’une part, abolir la propriété en général n’a aucun sens puisque « toute production est
appropriation de la nature par l’individu dans le cadre et par l’intermédiaire d’une
forme de société déterminée. » (Marx, 1859, p. 153), (Marx, 1857a, p. 38) ;
− d’autre part, ce contre quoi s’élève le communisme c’est que « le prolétaire est sans
propriété » (Marx et Engels, 1848, p. 40). Autrement dit, « le communisme n’enlève à
personne le pouvoir de s’approprier des produits sociaux », mais il veut « abolir une
forme de propriété qui a pour condition nécessaire que l’immense majorité de la société
soit frustrée de toute propriété » (Marx et Engels, 1848, p. 46).
Ainsi, le communisme de Marx a pour vocation, à travers la suppression – au sens d’abolir
en dépassant – de la propriété et du travail, de garantir à tous l’exercice de ces droits de
l’homme : le droit de propriété et le droit au travail. Toute production est appropriation.
Affirmer que la propriété est une condition de la production est une tautologie (Marx,
1857a, p. 38), (Marx, 1859, p. 153). En conséquence, ce n’est pas la propriété qu’il faut
remettre en cause, mais la détermination de la production qui exclut la masse des individus,
travailleurs y compris, de l’accès à la propriété.
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