l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

droits de l’homme sont infinis : autant les autres hommes que tous les organes de la société
détenant un quelconque pouvoir doivent assumer leur responsabilité afin de promouvoir les
droits de l’homme. En outre, Karl Marx et le marxisme à sa suite ont lié droit et rapport
marchand, ce qui éclaire la nécessité d’une régulation juridique spécifique pour que
l’économie de marché fonctionne. Il faut une législation du contrat et un respect de celle-ci
– tout comme de la propriété – par chaque participant à l’échange 20 . Mais peut-on dès lors
soutenir que les droits de l’homme sont eux aussi liés au rapport marchand ? La défense du
droit de la presse, de la liberté d’opinion et la volonté de promouvoir l’éducation générale
et technique chez Karl Marx 21 , offrent une réponse négative. Les droits de l’homme ne
peuvent être assimilés purement et simplement à ce rapport. Ils ont, quoi qu’il arrive, un
caractère universel, même s’ils sont – et doivent être – nécessairement influencés dans leur
réalisation par le contexte culturel et social.
En complément, la description du droit faite dans la Critique du programme de
Gotha (Marx et Engels, 1875, p. 23) est également éclairante sur la différenciation à opérer
entre droit et droits de l’homme. Ici, par la discussion du principe « à chacun selon son
travail », K. Marx affirme que tout droit est fondé sur l’inégalité. Un droit qui se veut égal
en s’appliquant identiquement à tous, est lui-même inégal puisqu’il ne tient pas compte des
différences naturelles entre les personnes. La conclusion de Marx est alors qu’il convient
d’adopter un droit non pas égal mais inégal (Marx et Engels, 1875, p. 24). Mais les droits
de l’homme ont pour vocation de s’opposer à la fragmentation de l’homme et, par
conséquent, ils ont une particularité essentielle qui les sépare du droit. Ils dépendent, par
nature, de chaque personne à qui ils s’appliquent. Les droits de l’homme sont donc
simultanément égaux et inégaux, puisqu’ils se basent sur la non-discrimination qui
implique qu’ils soient reconnus à tous. Mais la vertu même de cette reconnaissance
universelle impose un traitement différencié qui permet que tous bénéficient identiquement
du droit, quelles que soient leurs caractéristiques propres. La critique de Marx sur le droit
ne peut donc s’appliquer telle quelle aux droits de l’homme puisque ceux-ci en sont
distincts.
Enfin, notons que le droit, s’il découle des rapports marchands, légitime et entérine
les faits économiques qui le précèdent dans les faits. Il reconnaît donc les pouvoirs des
individus et des faits. Karl Marx écrit : « La volonté du capitaliste consiste certainement à
prendre le plus possible. Ce que nous avons à faire, ce n’est pas disserter sur sa volonté,
20 Cf. (Marx, 1857b, p. 12), (Bidet, 1997), (d’Hondt, 1986, p. 71), (Zenati, 1992).
21 Cf. en particulier (Marx, 1871), (Marx et Engels, 1875).
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