Supplément : Association AVEC n°639 18/05/2012 La transmission ...
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Rencontres Chiffres & Droit<br />
A) <strong>La</strong> <strong>transmission</strong> non-volontaire<br />
Nous avons envisagé les préalables<br />
à toute <strong>transmission</strong> d’entreprise,<br />
qui est un audit très complet que<br />
nous venons de faire de celles-ci, et<br />
les modalités de <strong>transmission</strong> d’entreprise<br />
dans le cadre d’un choix et<br />
d’une organisation.<br />
Pour autant, la <strong>transmission</strong> ne se<br />
fait pas toujours au moment choisi.<br />
Un décès ou une maladie grave,<br />
empêchant toute poursuite de l’activité,<br />
est malheureusement une chose<br />
courante.<br />
Nous avons envisagé, dans le cadre<br />
d’une matinée il y a un an, les possibilités<br />
d’indemnisation du chef<br />
d’entreprise.<br />
Pour autant, il s’agissait de cas où la<br />
responsabilité d’un tiers pouvait être<br />
recherchée.<br />
Ce n’est pas le cas dans le cadre de<br />
la plupart des maladies ou de nombreux<br />
accidents de la vie où la victime<br />
est aussi le seul responsable.<br />
Tout d’abord, il semble opportun et<br />
c’est ce que font un certain nombre<br />
de chefs d’entreprises, même si on n’a<br />
pas vocation à une <strong>transmission</strong>, de<br />
faire régulièrement un point (ou un<br />
audit) de son entreprise, de sa situation<br />
et de ce qui nécessiterait, dans<br />
le cas justement d’une <strong>transmission</strong>,<br />
de faire le nécessaire.<br />
A titre personnel, je suis très partisan<br />
de la démarche qu’on utilise<br />
dans le cadre de la certification ISO<br />
qui vise à ce que les process d’une<br />
entreprise soient formalisés de façon<br />
qu’en l’absence de son dirigeant, des<br />
repreneurs puissent le faire dans de<br />
meilleures conditions.<br />
Nous retrouvons ici d’ailleurs le<br />
débat de l’autonomie de l’entreprise<br />
par rapport à l’entrepreneur qui reste<br />
quand même un point important à<br />
envisager, même en cours d’activité.<br />
1°/ les problèmes successoraux et les<br />
choix pour l’entreprise<br />
Il faut d’abord rappeler quelques<br />
principes généraux qui concernent<br />
tout type de succession mais qui<br />
ont une application très particulière<br />
pour l’entreprise.<br />
1°/ <strong>La</strong> succession est ouverte<br />
au jour du décès du défunt et<br />
son patrimoine est évalué ce<br />
jour là.<br />
En revanche, les droits de succession<br />
doivent être réglés dans les six mois<br />
qui suivent, sauf à ce qu’il y ait des<br />
pénalités en cas de retard.<br />
Or, lorsque, dans la succession, l’entreprise<br />
ou les parts de société constituent<br />
l’essentiel du patrimoine, cela<br />
peut poser une énorme difficulté<br />
puisque si, lorsque le chef d’entreprise<br />
décède, l’entreprise est en pleine<br />
forme, son évaluation est faite sur la<br />
base de son activité et de sa situation<br />
économique à ce moment là.<br />
Six mois plus tard, si un certain<br />
nombre de mesures n’ont pas été<br />
prises, l’entreprise peut avoir disparu,<br />
en tout cas n’avoir aucune<br />
valeur.<br />
Pour autant, la fiscalité s’appliquera<br />
sur la base de la valeur qu’elle avait<br />
au jour du décès.<br />
Cette fiscalité est quand même<br />
importante.<br />
En ligne directe, le Code général des<br />
impôts (article 777), pour 2011, prévoyait<br />
une taxation à 5% à partir de<br />
8.072 €.<br />
Ce montant atteignait très rapidement<br />
20% (à partir de 15.932 € et ce,<br />
jusqu’à 552.324 €).<br />
Entre frère et sœur, on est à 35 % et,<br />
au-delà de 24.430 €, à 45 %.<br />
En cas d’étranger (c'est-à-dire tout<br />
simplement un conjoint avec lequel<br />
on n’est pas marié, ni pacsé), le taux<br />
est de 60%.<br />
Il est donc important de tenir compte<br />
de cela, d’où la nécessité d’un certain<br />
nombre d’assurances qui peuvent être<br />
souscrites pour protéger sa famille.<br />
Il faut aussi savoir qui seront ses<br />
héritiers si jamais le chef d’entreprise<br />
venait à décéder brutalement.<br />
Il faut, en effet, être très attentif<br />
lorsque l’on a comme héritiers des<br />
enfants encore mineurs.<br />
Ils seront représentés par son<br />
conjoint.<br />
Ce conjoint n’est pas obligatoirement<br />
l’actuel mais quelqu’un dont on s’est<br />
séparé, dans le cadre d’un divorce ou<br />
dans le cadre de la fin d’une union<br />
libre.<br />
Il faut donc éventuellement prévoir<br />
un certain nombre d’éléments sur la<br />
gestion future de l’entreprise dans le<br />
cadre d’un testament mais au-delà, si<br />
l’entreprise le mérite, dans le cadre<br />
de ce que l’on appelle un mandat<br />
post-mortem (article 812 à 812-7 du<br />
Code civil).<br />
L’article 812 prévoit, depuis une<br />
réforme du 23 juin 2006 rentrée en<br />
vigueur le 1er janvier 2007 :<br />
«Toute personne peut donner à une ou<br />
plusieurs autres personnes, physiques<br />
ou morales, mandat d’administrer ou<br />
de gérer, sous réserve des pouvoirs<br />
confiés à l’exécuteur testamentaire,<br />
tout ou partie de sa succession pour<br />
le compte et dans l’intérêt d’un ou plusieurs<br />
des héritiers identifiés.»<br />
Ce mandat doit être justifié par un<br />
intérêt sérieux et légitime, au regard<br />
de la personne de l’héritier ou du<br />
patrimoine successoral, précisément<br />
motivé.<br />
Il est donné pour une durée qui ne<br />
peut excéder deux ans, prorogeable<br />
une ou plusieurs fois par décision du<br />
Juge (des tutelles).<br />
Toutefois, il peut être donné pour une<br />
durée de cinq ans, prorogeable dans<br />
les mêmes conditions, en raison de<br />
l’inaptitude, de l’âge du ou des héritiers,<br />
ou de la nécessité de gérer des<br />
biens professionnels.<br />
Il doit être donné et accepté en la<br />
forme authentique (acte notarié).<br />
Il doit être accepté par le mandataire<br />
avant le décès du mandant.<br />
Ce mandat est gratuit, sauf convention<br />
contraire.<br />
Il semble très important lorsque l’on<br />
est face à un patrimoine significatif<br />
et une situation familiale complexe<br />
(enfants de plusieurs unions, procédure<br />
de divorce difficile, etc…).<br />
Il convient de rappeler que le conjoint<br />
est aujourd’hui un héritier de droit.<br />
L’article 731 du Code civil prévoit que<br />
la succession est dévolue par la loi<br />
aux parents et au conjoint successibles<br />
du défunt dans des conditions<br />
qui sont définies par les différents<br />
articles suivants.<br />
En l’absence de conjoint successible,<br />
les héritiers du défunt sont :<br />
1°/ ses enfants et leurs descendants,<br />
2°/ ses père et mère, frères et sœurs et<br />
descendants de ces derniers.<br />
En revanche, ainsi que le prévoit<br />
l’article 757 du Code civil :<br />
«Si l’époux prédécédé laisse des enfants<br />
ou descendants, le conjoint survivant<br />
recueille, à son choix, l’usufruit de la<br />
totalité des biens existants ou la propriété<br />
du quart des biens lorsque tous<br />
les enfants sont issus des deux époux<br />
et la propriété du quart en présence<br />
d’un ou plusieurs enfants qui ne sont<br />
pas issus des deux époux».<br />
Il convient de rappeler l’importance<br />
de l’usufruit en matière de droit des<br />
sociétés.<br />
Il convient aussi de rappeler que,<br />
ainsi que le précise l’article 732 du<br />
Code civil :<br />
«Est conjoint successible le conjoint<br />
survivant non divorcé».<br />
Quid dans le cadre d’une procédure<br />
de divorce en cours ?<br />
Si le divorce n’est pas définitif, le<br />
conjoint reste héritier.<br />
Il convient de préciser que, sauf<br />
dispositions testamentaires particulières,<br />
en l’absence d’enfant ou<br />
de descendant du défunt et de ses<br />
père et mère, le conjoint survivant<br />
recueille toute la succession (article<br />
757-2 du Code civil).<br />
<strong>La</strong> seule solution pour retirer le<br />
caractère d’héritier réservataire au<br />
conjoint survivant et donc de le déshériter<br />
est, si le défunt a des descendants<br />
(et seulement dans cette hypothèse),<br />
un testament.<br />
En revanche, s’il n’y a pas de descendant,<br />
le conjoint survivant reste héritier<br />
réservataire pour un quart de la<br />
succession.<br />
D’une façon générale, lorsqu’il y a<br />
plusieurs héritiers, afin d’éviter les<br />
problèmes d’une indivision compliquée,<br />
il est impératif d’avoir un<br />
testament qui permette à ce que<br />
l’entreprise, ou du moins l’essentiel<br />
des parts de la société, soit confiée<br />
à celui des héritiers qui est le plus<br />
adapté et surtout à éviter un partage<br />
des pouvoirs qui peut rendre la situation<br />
ingérable.<br />
Il convient aussi de tenir à jour les procurations<br />
auprès des banques pour<br />
que le conjoint survivant, surtout s’il<br />
n’est pas marié, ne se retrouve pas<br />
dans une situation où il ne peut plus<br />
faire aucune opération pour l’entreprise.<br />
Faute de disposer d’une procuration<br />
ou d’un moyen d’intervenir<br />
auprès des établissements bancaires,<br />
les comptes risquent d’être bloqués,<br />
avec des conséquences parfois très<br />
graves pour les partenaires, les fournisseurs<br />
et les employés.<br />
2°/ Le mandat de protection<br />
future<br />
Dans l’hypothèse du chef d’entreprise<br />
qui tombe brutalement malade et qui<br />
ne peut plus gérer l’entreprise pendant<br />
une longue période, voire même<br />
définitivement, le moyen dont nous<br />
disposons aujourd’hui, depuis la loi<br />
du 5 mars 2007, est le mandat de<br />
protection future (qui est tout à fait<br />
différent du mandat post-mortem),<br />
régi par les articles 477 à 484 du Code<br />
civil.<br />
Ce mandat n’est valable que tant que<br />
le mandant est vivant et à partir du<br />
moment où il est inapte à gérer son<br />
activité.<br />
Si une personne se trouve, en état<br />
majeur, incapable de gérer ses<br />
affaires, la solution classique est l’ouverture<br />
d’une procédure de tutelle ou<br />
de curatelle.<br />
Il s’agit d’une procédure lourde et<br />
souvent longue puisqu’il faut saisir le<br />
Procureur de la République qui mandate<br />
un Expert Psychiatre, inscrit sur<br />
la liste des Experts Psychiatres du<br />
Parquet, qui doit faire un rapport.<br />
<strong>La</strong> personne doit être entendue par le<br />
Juge des tutelles qui, éventuellement,<br />
se déplace si elle-même ne peut se<br />
déplacer.<br />
Le Juge désigne alors un mandataire<br />
spécial puis un curateur ou un gérant<br />
de tutelle, selon la gravité, qui est<br />
choisi soit parmi les membres de la<br />
famille, soit un tiers rémunéré.<br />
Le processus est long et surtout<br />
risque d’être l’occasion de générer<br />
des conflits familiaux importants.<br />
Pendant ce temps là, l’entreprise ne<br />
peut pas fonctionner ou difficilement.<br />
Tout dépend, bien entendu, si celle-ci<br />
est structurée avec un encadrement<br />
ou pas.<br />
Pour autant, lorsque l’inaptitude<br />
est grave, voire définitive, il faudra<br />
alors envisager une <strong>transmission</strong> de<br />
l’entreprise soit à des collaborateurs,<br />
soit à des tiers, etc…<br />
suite en p.10<br />
l Vendredi <strong>18</strong> mai <strong>2012</strong> l Tribune Bulletin Côte d’Azur l 33 l