Supplément : Association AVEC n°639 18/05/2012 La transmission ...
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Rencontres Chiffres & Droit<br />
B/ L’évaluation juridique<br />
<br />
Pour envisager la <strong>transmission</strong><br />
d’une entreprise,<br />
il faut pouvoir la chiffrer.<br />
Or, on ne peut la chiffrer que lorsqu’on<br />
sait exactement ce dont on dispose.<br />
Sur ce point, le travail de l’Expertcomptable,<br />
la présentation du bilan,<br />
la valorisation de celui-ci semblent<br />
indispensables.<br />
Au-delà de la <strong>transmission</strong> de l’entreprise,<br />
il convient de savoir, en vue<br />
de cette <strong>transmission</strong>, dans le cadre<br />
d’un départ à la retraite ou d’un<br />
changement d’activité, à un tiers ou<br />
à un membre de l’entreprise, à des<br />
successeurs membres de la famille<br />
ou extérieurs, etc…, comment céder<br />
cette entreprise dans les meilleures<br />
conditions possibles.<br />
Le premier point qui semble fondamental<br />
c’est de faire en sorte que<br />
l’entreprise dont on dispose soit<br />
autonome par rapport au chef d’entreprise.<br />
En effet, plus une entreprise est marqué<br />
par un intuitu personae fort,<br />
moins elle sera facilement vendable<br />
ou cédable d’une façon générale.<br />
Il faut donc structurer celle-ci pour<br />
que l’outil de travail puisse être le<br />
plus facilement possible dissocié du<br />
chef d’entreprise lui-même.<br />
C’est le meilleur moyen d’assurer la<br />
valorisation du prix puisque l’acquéreur<br />
potentiel sera rassuré sur la<br />
pérennité de l’entreprise, mais cette<br />
pérennité est aussi fondamentale<br />
lorsque l’on veut notamment assurer<br />
une <strong>transmission</strong> familiale.<br />
Cela nécessite un audit de cette entreprise,<br />
audit assez proche d’ailleurs de<br />
ce que l’on peut faire dans le cadre<br />
d’une procédure de certification ISO<br />
où l’on met à plat l’ensemble des<br />
processus et des modes de fonctionnement<br />
qui se sont accumulés au fil<br />
des années et sur lesquels on n’a pas<br />
toujours pu avoir un regard complet.<br />
Cela démontre aussi que, lorsqu’on<br />
envisage une <strong>transmission</strong> d’entreprise<br />
et que l’on veut l’organiser, il<br />
faut s’y prendre à l’avance.<br />
Certaines modifications ou restructurations<br />
nécessitent parfois, si on<br />
veut qu’elles soient faites dans des<br />
conditions optimales, d’être effectuées<br />
plusieurs années avant (3, 4,<br />
voire 5 ans).<br />
Nous sommes là dans quelque chose<br />
qui est plus de l’ordre de la pratique<br />
managériale que de la stricte évaluation<br />
au sens juridique.<br />
Un des basiques qui constitue un<br />
investissement qui peut rebuter, dans<br />
une vision à court terme, une entreprise,<br />
mais qui semble fondamental<br />
dans le cadre d’une <strong>transmission</strong>, est<br />
la mise en place d’un encadrement.<br />
Il est, en effet, beaucoup plus difficile<br />
de céder dans de bonnes conditions<br />
(et donc à un bon prix) une entreprise<br />
qui n’est pas structurée avec un cadre<br />
connaissant la politique managériale<br />
de celle-ci et capable d’épauler efficacement,<br />
dans le suivi des relations<br />
avec les partenaires, clients, etc… le<br />
nouvel entrepreneur.<br />
Mais céder l’entreprise nécessite<br />
d’envisager un certain nombre de<br />
points.<br />
REPRENDRE LES STATUTS ET L’ORGANISATION SOCIALE<br />
N<br />
ous nous plaçons dans l’optique<br />
d’une société.<br />
Se pose la question de la restructuration<br />
de celle-ci.<br />
Le passage de la S.A.R.L. à la S.A.S.<br />
Est-ce utile ? Quel en est<br />
le coût? Quels points cela<br />
peut apporter dans le cadre<br />
d’une <strong>transmission</strong> à un<br />
tiers ou à un membre de sa<br />
famille ?<br />
L’idée aussi est le passage d’une entreprise<br />
en nom propre à une forme<br />
sociétale.<br />
Cela a également un coût, celui des<br />
apports, une fiscalité, une modification<br />
du statut de l’entrepreneur.<br />
Il y a des choses qui semblent évidentes.<br />
Si, pour des raisons historiques, une<br />
entreprise se trouve sous une vielle<br />
structure, comme la société en commandite<br />
simple qui engage le patrimoine<br />
personnel, il semble opportun<br />
de la restructurer car il sera très difficile<br />
de céder, dans la vie économique<br />
actuelle, une entreprise de ce type.<br />
Il paraît aussi fondamental de vérifier<br />
que l’activité exercée par l’entreprise<br />
est bien en conformité avec l’objet<br />
social d’origine de celle-ci qui a pu<br />
ne pas être changé.<br />
Cela évitera de devoir, dans l’urgence<br />
et parfois dans des conditions<br />
qui peuvent être fortement préjudiciables,<br />
le modifier.<br />
Ce point de l’adéquation entre l’objet<br />
social et l’activité est fondamental,<br />
notamment lorsque nous envisagerons<br />
celui qui est souvent, dans les<br />
entreprises de taille moyenne de<br />
notre région, une partie essentielle :<br />
le bail commercial.<br />
Se pose aussi la question des associés<br />
éventuels, y compris minoritaires.<br />
Quid des clauses d’agrément<br />
qui ont pu être mises<br />
ou pas ?<br />
Ce point est d’ailleurs aussi fondamental<br />
dans le cadre de la <strong>transmission</strong><br />
de l’entreprise par décès.<br />
A-t-on prévu ou non la possibilité<br />
que les héritiers<br />
puissent faire l’objet d’un<br />
agrément ou pas ?<br />
Il s’agit aussi de savoir s’il y a des<br />
pactes d’associés qui doivent être<br />
créés et/ou remis en cause.<br />
Ce point mérite d’être anticipé,<br />
notamment dans le cadre de négociations<br />
qui vont avoir lieu pour la<br />
cession.<br />
Il peut d’ailleurs se poser la question<br />
du rachat de parts d’associés minoritaires<br />
pour disposer d’une plus<br />
grande possibilité de <strong>transmission</strong>,<br />
sans qu’il y ait l’existence de blocage.<br />
Dans le cadre de l’entreprise, il<br />
convient aussi de se pencher sur l’ensemble<br />
des relations contractuelles<br />
de celle-ci.<br />
Nous allons donc envisager les différents<br />
types de contrats et leurs<br />
conséquences sur la <strong>transmission</strong> de<br />
l’entreprise.<br />
LE BAIL (essentiellement le Bail commercial)<br />
T<br />
rès souvent, notamment dans le<br />
commerce, le droit au bail est<br />
un des éléments parmi les plus<br />
importants de l’entreprise.<br />
C’est lui qui est au cœur de la pérennité<br />
de celle-ci mais aussi de sa valorisation.<br />
Il faut envisager trois situations différentes<br />
:<br />
a) l’entreprise a un bail avec un propriétaire<br />
qui est un tiers pour elle,<br />
b) l’entreprise a un bail avec une<br />
structure derrière laquelle se trouvent<br />
les mêmes dirigeants (il s’agit du cas<br />
classique de la S.C.I. et de la S.A.R.L.<br />
qui ont les mêmes associés et les<br />
mêmes dirigeants)<br />
c) le cas où l’entreprise est propriétaire<br />
à la fois du fonds et des murs,<br />
dans une structure unique (personne<br />
physique ou morale unique).<br />
a) Dans la première hypothèse où<br />
le commerçant ou la société commerciale<br />
n’a aucun lien avec son<br />
bailleur, il est fondamental d’étudier<br />
la situation juridique du bail<br />
commercial.<br />
Il convient de rappeler quelques<br />
règles essentielles posées par l’ancien<br />
décret de 1953 et aujourd’hui<br />
intégrées dans le cadre des articles<br />
L. 145-1 à L. 145-60 du Code de commerce.<br />
<strong>La</strong> propriété commerciale, qui est<br />
une des clés de notre système économique,<br />
suit un certain nombre de<br />
règles extrêmement strictes sur lesquelles<br />
il convient d’être vigilent.<br />
Il y a lieu de rappeler que le bail commercial<br />
correspond à une société<br />
commerciale, à un commerçant ou<br />
industriel immatriculé au Registre<br />
du Commerce et des Sociétés, un<br />
chef d’entreprise inscrit au Répertoire<br />
des Métiers (accomplissant ou<br />
non des actes de commerce).<br />
En outre, ainsi que le rappelle l’article<br />
L. 145-2 du Code de commerce :<br />
I- Les dispositions du présent chapitre<br />
s’appliquent également :<br />
1° Aux baux des locaux ou immeubles<br />
abritant des établissements d’enseignement<br />
;<br />
2° Aux baux consentis aux communes<br />
pour des immeubles ou des<br />
locaux affectés, soit au moment de la<br />
location, soit ultérieurement et avec<br />
le consentement exprès ou tacite du<br />
propriétaire, à des services exploités<br />
en régie ;<br />
3° Aux baux d’immeubles ou de<br />
locaux principaux ou accessoires,<br />
nécessaires à la poursuite de l’activité<br />
des entreprises publiques et établissements<br />
publics à caractère industriel<br />
ou commercial, dans les limites<br />
définies par les lois et règlements qui<br />
les régissent et à condition que ces<br />
baux ne comportent aucune emprise<br />
sur le domaine public ;<br />
4° Sous réserve des dispositions de<br />
l’article L. 145-26 aux baux des locaux<br />
ou immeubles appartenant à l’Etat,<br />
aux départements, aux communes<br />
et aux établissements publics, dans<br />
le cas où ces locaux ou immeubles<br />
satisfont aux dispositions de l’article<br />
L. 145-1 ou aux 1° et 2° ci-dessus ;<br />
5° Aux baux d’immeubles abritant<br />
soit des sociétés coopératives ayant<br />
la forme commerciale ou un objet<br />
commercial, soit des sociétés coopératives<br />
de crédit, soit des caisses<br />
d’épargne et de prévoyance ;<br />
6° Au baux des locaux consentis à<br />
des artistes admis à cotiser à la caisse<br />
de sécurité sociale de la maison des<br />
l Vendredi <strong>18</strong> mai <strong>2012</strong> l Tribune Bulletin Côte d’Azur l 27 l<br />
artistes et reconnus auteurs d’œuvres<br />
graphiques et plastiques, tels que<br />
définis par l’article 98 A de l’annexe<br />
III du Code général des impôts ;<br />
7° Par dérogation à l’article 57 A de<br />
la loi n°86-1290 du 23 décembre 1986<br />
tendant à favoriser l’investissement<br />
locatif, l’accession à la propriété de<br />
logements sociaux et le développement<br />
de l’offre foncière, aux baux<br />
d’un local affecté à un usage exclusivement<br />
professionnel si les parties<br />
ont conventionnellement adopté ce<br />
régime.<br />
II- Toutefois, les dispositions du<br />
présent chapitre ne sont pas applicables<br />
aux autorisations d’occupation<br />
précaire accordées par l’administration<br />
sur un immeuble acquis<br />
par elle à la suite d’une déclaration<br />
d’utilité publique. Elles ne sont<br />
également pas applicables, pendant<br />
la période d’un an mentionnée<br />
au premier alinéa de l’article<br />
L. 214-2 du Code de l’urbanisme,<br />
aux fonds artisanaux, aux fonds de<br />
commerce ou aux baux commerciaux<br />
préemptés en application de<br />
l’article L. 214-1 du même code.<br />
suite en p.4