La gestion durable des eaux pluviales urbaines par le gestion de l ...

N° d'ordre 00 ISAL 0116 Année 2000
THESE
Présentée
DEVANT L'INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON
Pour obtenir
LE GRADE DE DOCTEUR
Spécialité : Conception en Bâtiment et Techniques Urbaines
Par
WONDIMU ABEJE
Diplômé en Urbanisme de l'Université Lyon II
Titulaire du DEA
LA GESTION DURABLE DES EAUX PLUVIALES URBAINES PAR LA
GESTION DE L'ESPACE ET LA SUBSIDIARITÉ :
LE CAS D'ADDIS ABEBA (ETHIOPIE).
Jury :
Soutenue le 15 décembre 2000 devant la commission d'examen
Elham ALFAKIH (directeur de thèse)
Bernard CHOCAT (président)
Alain MOREL A L'HUISSIER (examinateur)
Jean RUFFIER (examinateur)
Eric SERVAT (rapporteur)
Serge THIBAULT (rapporteur)
Monique ZIMMERMANN (examinateur)
Cette thèse a été préparée au Laboratoire URGC-HU de l'INSA de LYON.

A la mémoire de mon père
Ato Abeje Kassie
3

REMERCIEMENTS
Ce travail a été effectué sous la direction de Mme Elham ALFAKIH. Qu'elle trouve
ici l'expression de mes remerciements. J'adresse également ma reconnaissance à M.
Bernard CHOCAT et M. Christian AMBROISE ainsi qu'à l'ensemble de l'équipe
Hydrologie - Urbaine.
Je tiens à exprimer ma gratitude à MM. Eric SERVAT et Serge THIBAULT pour avoir
rapporter cette thèse.
Ma reconnaissance s'adresse également à tous ceux qui m'ont aidé dans le travail
difficile de collecte des données. Dans cette très longue liste, je tiens à remercier tout
particulièrement Tefera Selshei et Yilma Gebere, mes collèges de l'ESAU, qui m'ont
aidé à réaliser une partie de l'enquête socio-technique. Je voudrais également
remercier W/zt Amal Redwan pour l'aide qu'elle m'a apportée pour le traitement
informatique de deux cartes.
J'adresse également mes remerciements à MM. Jacky PIGUET et Jean-Luc
FRANCOIS, attachés de coopération à l'Ambassade de France en Éthiopie, pour
l'intérêt qu'ils ont montré pour ce travail de recherche.
Je tiens aussi à remercier Olivier NOROTTE, Philippe LAVODRAMA, Mamadou
MAIGA, Smail ADIL et Christophe CHARRIER pour leur amitié, soutien et
encouragement.
Le rôle de ma famille a été capital tout au long de ces années très chargées. Je ne
saurais oublier mes amis, notamment ceux de Mariam maheber à Lyon, qui ont
contribué à leur manière à l'aboutissement de cette thèse. Qu'ils trouvent tous ici mes
remerciements.
Merci à Dieu Eternel pour tout !
5

ACRONYMES
AACG: Addis Ababa City Government
AACRA: Addis Ababa City Road Authority
AAU: Addis Ababa University
AAMPRPO: Addis Ababa Master Plan Revision Project Office
AAFCPO: Addis Ababa Flood Control and Prevention Project Office
ALERTE : All Africa Leprosy and Rehabilitation Training Center
AWSSA: Addis Ababa Water Supply and Sewerage Authority
CSA(O): Central Statistical Authority (Office)
CBD: Centre of Business District
E.C.: Ethiopian Calendar
EDPO: Environmental Development Project Office
ECA: Economic commission for Africa (United Nation)
EHD: Environmental Health Department
ERA: Ethiopia Road Authority
ESRDF: Ethiopia Social Rehabilitation and Development Fund
ESTC: Ethiopia Science and Technology Commission
ESAU : Ecole supérieure d'Aménagement et d'Urbanisme(College of Urban Planning)
FDRE: Federal Democratic Republic of Ethiopia
NUPI: National Urban Planning Institute
OXFAM: Oxford Committee for Famine Relief
PED : Pays en développement
PIB (GDP) : Produit Intérieur Brut
PIO: Project Implementation Office
PNB (GNP) : Produit National Brut
PWUDB : Public Work and Urban Development Bureau
RHA : Rental Housing Agency
SGEPU : Système de Gestion des Eaux Pluviales Urbaines
WIC: Walta Information Centre
7

GLOSSAIRE
Birr : monnaie éthiopienne, 1 birr = 0,83 francs français ou 0.12 US $
Tchat (khat) : "catha edulis", plante euphorisante dont les branches (avec les feuilles)
sont vendues aux «brouteurs ».
Kebele : Administration de quartier composée en moyenne de 1200 logements
Kefetegna : littéralement "supérieure" et ancien nom du woreda aujourd'hui.
kétema : herbe fine et longue (50 à 60 cm) qui est répandue (parfois en grande
quantité) sur le sol des maisons généralement les jours de fête et / ou avec la
cérémonie du café comme signe de prospérité et de fête.
Mercato : Le grand marché d’Addis Abéba et de l’Ethiopie.
Woreda : Administration regroupant (au-dessus de) plusieurs kebeles (en moyenne
12 kebeles par woreda dans le cas d’Addis Abéba).
8

RESUME
La ville d'Addis Abéba se trouve de plus en plus confrontée aux problèmes de gestion
des eaux pluviales avec des conséquences parfois dramatiques sur les citadins et leur
patrimoine ainsi que sur l'environnement. Bien que la préoccupation s'exprime au
travers des déclarations d'intention et de multiples projets d'urgence, le problème n'a
pas eu l'occasion d'être abordé d'une manière intégrée, ni dans le cadre d'un document
prévisionnel ni dans le cadre d'un travail de recherche. Nous constatons également
une inadéquation entre l'effort mobilisé et l'amélioration souhaitée.
Pour mieux comprendre les causes du dysfonctionnement du système existant de la
gestion des eaux pluviales urbaines (SGEPU) et explorer les potentialités (socioéconomiques,
organisationnelles, etc.), l'analyse a d'abord porté sur la gestion de
l'espace urbain en vue d’une gestion durable des eaux pluviales. Ainsi, les différentes
typologies urbaines ont été définies (dense structurée, dense non structurée, moins
dense, etc.). Pour chacune d’entre elles les problèmes types et leurs causes ont été
identifiés. Les facteurs extrinsèques du dysfonctionnement ont été également mis en
évidence à l’aide d’une analyse systémique.
Après avoir saisi le contexte général, une analyse détaillée du SGEPU est menée pour
aborder les diverses dimensions du système : phénomènes à gérer, état du réseau et
des cours d'eau, impacts et enjeux, vécu et perçu de la population, organisation,
performance et pérennité des divers acteurs, politique adoptée, pratiques populaires,
etc. Cette analyse fournit, entre autres, une connaissance typologique de l'état de
l'équipement et de son fonctionnement ainsi que le souhait de la population en termes
d'organisation et de contribution.
Parmi les éléments de réponse proposés, un outil organisationnel est élaboré pour
cadrer et rendre durable (en pérennité et en pertinence) le drainage urbain notamment
au niveau local (quartier). Des éléments de réponse généraux portant sur les mesures
techniques et urbanistiques sont également abordés. Ceux-ci focalisent notamment
sur une conception intégrée des ouvrages d'assainissement et des cours d'eau dans
l'espace urbain.
9

ABSTRACT
Storm water management has been a delicate issue in the history of human being.
With the growth of cities the task becomes more and more complicated especially in
the developing countries characterised by urban explosion, unplanned urban pattern,
severe state of poverty, accumulation of problems.
The city of Addis Ababa is facing particularly since 1970s serious and worsening
problems related to storm water management. It has known numerous flooding
experiences with highly damaging consequence: for example thousands of inhabitant
affected and tens of people killed during the event of 1994. Urban inundation makes
part of a day to day problem of the inhabitants during the all months of rainy seasons:
March to September. Overflowing of storm water sewers is also frequent during dry
seasons because of illegal effluent connection on the separate storm sewer lines.
As responses to the above problems, our research work has fixed two objectives:
assess the over all management system and formulate appropriate solutions.
In order to seize the different causes of deficiencies and to explore potentials
(institutional, technical, etc), we have conducted integrated analysis of the storm
water management system within the urban system. Based on this, representative
urban typologies are identified with the corresponding major problems and causes.
The external interaction of storm water management system and the scope of area of
actions are also demonstrated by using systemic approach.
Detailed analysis of storm water management system is done in order to address
various aspects: rainfall and watershed characteristics, state of natural and artificial
sewer system, impacts, actors, perception and experiences of the inhabitants, policies
and tools, etc.
Elements contributing for the sustainable management of urban storm water are
proposed and developed. One of these element forwards, based on the concept of
subsidiarity, an organisational tools for participatory co-ordinated and responsible
institutional set-up. The other group of solutions deals with the majors spatial and
technical actions to undertake.
10

TABLES DES MATIERES
Remerciements ........................................................................................................... 5
Acronymes................................................................................................................... 7
Glossaire...................................................................................................................... 8
Résumé ........................................................................................................................ 9
Abstract ..................................................................................................................... 10
Tables des matières .................................................................................................. 11
INTRODUCTION ET CADRE MÉTHODOLOGIQUE..................................... 19
1 Introduction générale............................................................................................ 21
2 Problématique de la gestion des eaux pluviales urbaines à Addis Abéba........ 22
3 L'assainissement et la gestion des eaux pluviales urbaines dans les PED........ 25
4 Méthodologie.......................................................................................................... 29
4.1 Approches......................................................................................................... 29
4.2 Méthodes de collecte des données ................................................................... 31
PREMIERE PARTIE
CADRE ET CONTEXTE DE LA GESTION DE L’ESPACE URBAIN À ADDIS
ABÉBA : IMPACT SUR LA GESTION DES EAUX PLUVIALES
Introduction .............................................................................................................. 39
I.1 Urbanisation et développement urbain en Ethiopie........................................ 40
I.1.1 Présentation générale de l’Ethiopie ............................................................... 40
I.1.2 Urbanisation et développement urbain .......................................................... 42
1.1.2.a Concept et état d’urbanisation ................................................................ 42
1.1.2.b Les infrastructures et la gestion urbaine................................................. 44
1.1.2.c L’habitat illégal ...................................................................................... 47
1.1.2.d Les causes............................................................................................... 47
I.1.3 Gouvernance et politique urbaine .................................................................. 48
I.1.4 Contexte socio-économique........................................................................... 51
11

I.2 Addis Abéba : hier et aujourd’hui .................................................................... 54
I.2.1 Naissance et évolution ................................................................................... 54
1.2.2 Caractéristiques géographiques..................................................................... 57
I.2.3 Caractéristiques socio-économiques.............................................................. 57
I.2.3.a Aspect socioculturel ................................................................................ 57
I.2.3.b Activités, revenus des ménages et pauvreté............................................ 58
I.2.3.c Formes d’organisation culturelle et leur rôle dans le développement urbain
............................................................................................................................ 61
1.3 Morphologie et typologie urbaines ................................................................... 63
1.3.1 Forme et tissu urbains ................................................................................... 63
1.3.1.a Originalité, origine et évolution ............................................................. 63
1.3.1.b Densité et accessibilité. .......................................................................... 66
1.3.1.c Habitat .................................................................................................... 69
1.3.2 Les typologies urbaines et leurs caractéristiques techniques et socioéconomiques...........................................................................................................
71
1.3.2.a Espace structuré et dense........................................................................ 75
1.3.2.b Mercato : une ville dans la ville ? .......................................................... 76
1.3.2.c Espace structuré et moins dense............................................................. 78
1.3.2.d Espace non- structuré et dense ............................................................... 79
1.3.2.e Espace non structuré et moins dense...................................................... 81
1.3.2.f Zone d’habitat irrégulier ......................................................................... 81
1.4 La gouvernance urbaine .................................................................................... 84
I.4.1 Evolution........................................................................................................ 84
I.4.2 Structure, acteurs et répartition de rôle.......................................................... 86
1.4.2.a AACG et ses structures .......................................................................... 86
1.4.2.b Les bureaux ............................................................................................ 90
1.4.2.c Les autorités............................................................................................ 93
1.4.3 Les institutions décentralisées et locales....................................................... 93
1.4.3.a Kebele..................................................................................................... 94
1.4.3.b Woreda ................................................................................................... 97
1.4.3.c Zone........................................................................................................ 98
I.4.4 Aspects financiers de l'AACG ....................................................................... 99
1.4.4.a Evolution ................................................................................................ 99
I.4.4.b Recettes et dépenses de l'AACG............................................................. 99
I.4.4.c Système de taxation inadapté................................................................ 100
I.4.4.d Ressources spécifiques des services publics......................................... 102
I.5 Politique et pratiques de la planification et de la gestion de l’espace .......... 104
I.5.1 Planification urbaine .................................................................................... 104
I.5.1.a Les outils de la planification urbaine en Ethiopie................................. 104
I.5.1.b Le schéma directeur d'Addis Abéba et son application ........................ 105
I.5.1.c La révision du Schéma directeur........................................................... 106
I.5.2 Politique et pratique de la gestion foncière.................................................. 107
1.5.2.a Mode d'appropriation foncière ............................................................. 107
I.5.2.b Lease policy (bail emphytéotique)........................................................ 107
I.5.2.c Occupation illégale d'espace publique et des espaces réservés............. 108
I.5.2.d Le nouveau système cadastral et ses apports ........................................ 109
I.5.3 Expansion et mutation urbaines ................................................................... 110
12

I.5.3.a L’expansion urbaine et l’assainissement pluvial................................... 110
1.5.3.b Les programmes du schéma directeur et la mutation du centre urbain 113
1.5.3.c Réhabilitation urbaine et la pérennité de l'amélioration....................... 113
1.5.3.d Rénovation urbaine et la question du relogement ................................ 114
1.5.3.e Absence d’un cadre d’urbanisme opérationnel pour la mutation urbaine
.......................................................................................................................... 115
I.6 Interaction et impact de la gestion des eaux pluviales au sein du système
urbain : une approche systémique........................................................................ 117
I.6.1 Le système urbain et le SGEPU................................................................... 117
I.6.2 Gestion des déchets...................................................................................... 118
1.6.2.a Nature des déchets et mode de gestion................................................. 118
1.6.2.b Acteurs et moyens ................................................................................ 121
1.6.2.c Impact sur le SGEPU............................................................................ 122
1.6.2.d Préoccupation et perspectives .............................................................. 123
1.6.3 La gestion des eaux usées............................................................................ 124
1.6.3. a Eaux vannes et mode de gestion.......................................................... 124
1.6.3.b Traitement des eaux usées.................................................................... 129
1.6.3.c Impacts sur le SGEPU .......................................................................... 130
1.6.3.d Politique de la ville : objectifs et stratégies.......................................... 130
1.6.4 La voirie ...................................................................................................... 131
1.6.4.a L'état existant........................................................................................ 131
1.6.4.b Rôle multiple (socio-économique) de la voirie.................................... 133
1.6.4.c Acteurs.................................................................................................. 134
1.6.4.d Programme et perspective .................................................................... 134
1.6.5 Alimentation en eau .................................................................................... 135
I.6.6 L’interaction et la nécessité d’ajustement du champ de vision et d’action.. 137
I.7 Conclusion ......................................................................................................... 139
13

DEUXIEME PARTIE
ANALYSE DES PHENOMENES ET DU SYSTEME DE GESTION DES EAUX
PLUVIALES URBAINES DE LA VILLE D’ADDIS ABEBA
II.1 Introduction..................................................................................................... 143
II.2 La Pluie ............................................................................................................ 144
II.2.1 Mesures pluviométriques............................................................................ 145
II.2.2 Représentation ............................................................................................ 146
II.2.2.a Courbe IDF(Intensité Durée Fréquence) ............................................. 146
II.2.2.b Pluies historiques................................................................................ 146
II.2.2.c Caractéristiques de la pluie................................................................. 149
II.3. Les bassins versants et la transformation pluie-débit................................. 150
II.3.1 Délimitation des bassins versants ............................................................... 150
II.3.2 Les caractéristiques physiques et urbaines des bassins versants ................ 151
II.3.2.a La topographie ..................................................................................... 151
II.3.2.b Pédologie ............................................................................................. 153
II.3.2.c Usage des espaces : urbanisés et non urbanisés................................... 154
II.3.2.d Typologie des bassins versants............................................................ 156
II.3.3 La transformation pluie-débit ..................................................................... 157
II.3.3.a Observations et connaissance des phénomènes ................................... 157
II.3.3.b Evolution du ruissellement .................................................................. 158
II.3.3.c Réponse des bassins versants............................................................... 158
II.4. Diagnostic du réseau hydrographique : état, fonctionnement et gestion.. 160
II.4.1 Le réseau..................................................................................................... 160
II.4.1.a Historique et Connaissance.................................................................. 160
II.4.1.b Acquisition des données et méthode d’investigation .......................... 162
II.4.1.c L’espace du réseau : territorialisation par type et par équipement ..... 162
II.4.1.d Capacité, état et fonctionnement ........................................................ 163
II.4.1.e Conception et réalisation ..................................................................... 171
II.4.1.f Gestion et appropriation ....................................................................... 172
II.4.2 Les rivières ................................................................................................. 174
II.4.2.a Caractéristiques des cours d'eau .......................................................... 174
II.4.2.b Fonctionnalité et qualité ...................................................................... 176
II.4.2.c L’espace riverain et le lit majeur : usage et appropriation.................. 182
II.4.2.d Intégration dans l’espace urbain et image .......................................... 183
II.5 Les phénomènes d’insuffisance et de dysfonctionnement du systeme
existant et les risques inherents............................................................................. 185
II.5.1 Phénomènes et impacts............................................................................... 185
II.5.1.a Inondations dues aux crues torrentielles.............................................. 185
II.5.1.b Inondation et stagnation dans l’espace urbain.................................... 188
II.5.1.c Pollution de l’environnement urbain et du milieu naturel ................... 194
II.5.2 Les risques potentiels : la déforestation et les coulés de boues ? ............... 194
14

II.6 Organisation, coordination, performance et moyens des acteurs de la gestion
des eaux pluviales urbaines ................................................................................... 196
II.6.1 Evolution : prise de conscience récente...................................................... 196
II.6.2 Acteur des rivières ...................................................................................... 197
II.6.2.a AAFCPO (Addis Ababa Flood Control and Prevention Project Office)
.......................................................................................................................... 198
II.6.2. b Bureau de protection de l’environnement .......................................... 199
II.6.2.c L’Agence du bassin d’Awash (Awash basin Water Resources
Administration Agency)................................................................................... 200
II.6.3 L’AACRA : acteur officiel de l'assainissement urbain .............................. 200
II.6.3.a Organisation et réorganisation ............................................................. 200
II.6.3.b Equipe de drainage et des ponts .......................................................... 203
II.6.3.c L’équipe de conception........................................................................ 205
II.6.3.d Service de contrôle de qualité et de la recherche................................. 205
II.6.4 Les acteurs du développement urbain ........................................................ 205
II.6.4.a L'EDPO (Environmental Protection project Office)............................ 206
II.6.4.b PIO (Project Implementation Office) .................................................. 210
II.6.4.c Addis Abéba ESRDF (Ethiopian Social Rehabilitation & Development
Fund) ................................................................................................................ 212
II.6.4.d Fond du développement de Woreda (Woreda development Fund)... 214
II.6.5 Les ONG..................................................................................................... 215
II.6.6 Les habitants ............................................................................................... 217
II.6.7 Les acteurs de gestion de crise ................................................................... 218
II.6.8 Les acteurs de l'espace boisé ...................................................................... 219
II.6.9 Multiplicité d’acteurs : pérennité, compétence & inter-organisation ......... 221
II.6.9.a Pérennité de la multiplicité et la relation inter-organisationnelle ........ 224
II.6.9.b Le couplage " territoire technique et territoire administratif" ............ 225
II.7 Politique et pratique de gestion des eaux pluviales urbaines et la prise en
compte des dimensions risques et ressources....................................................... 227
II.7.1 outils de gestion.......................................................................................... 227
II.7.1.a historique : outils délaissés ................................................................. 227
II.7.1.b Le nouveau schéma directeur "protection contre les crues" et ses limites
.......................................................................................................................... 228
II.7.2 La prise en compte du risque d’inondation ................................................ 230
II.7.2.a Les documents de planification urbaine .............................................. 230
II.7.2.b Le cadre législatif ................................................................................ 231
II.8.3 Pratiques de recueil et d’utilisation de l’eau pluviale................................. 233
II.9. Conclusion....................................................................................................... 235
15

TROISIEME PARTIE
ELEMENTS POUR UNE GESTION DURABLE DES EAUX PLUVIALES
URBAINES A ADDIS ABEBA : REPONSES A L’INSUFFISANCE
D’AUJOURD’HUI ET A LA CROISSANCE URBAINE DE DEMAIN
III.1 Introduction ................................................................................................... 241
III.2 Analyse des concepts et des approches de gestion ..................................... 242
III.2.1 Concepts organisationnels et environnementaux ...................................... 242
III.2.1.a Le principe du développement durable (soutenable)......................... 243
III.2.1.b La gestion durable des eaux pluviales urbaines ................................. 244
III.2.1.c La gouvernance .................................................................................. 245
III.2.1.c Gestion partagée et participation populaire........................................ 248
III.2.1.d Subsidiarité........................................................................................ 250
III.2.1.e Les théories de l'organisation ............................................................. 253
III.2.2 Approches de gestion des eaux ................................................................ 254
III.2.2.a L'approche réseau et sa sophistication................................................ 254
III.2.2.b Système dual de drainage................................................................... 255
III.2.2.c Maîtrise du ruissellement ou contrôle à la source .............................. 256
III.2.2.d Gestion intégrée ou approche "bassin versant" /watershed approach/258
III.2.2.e Gestion du risque et le concept "hydro-système"............................... 259
III.2.2.f Aspect ressources................................................................................ 264
III.3 Proposition d’une approche organisationnelle pour une gestion responsable,
participative, coordonnée et durable.................................................................... 265
III.3.1 Constat de départ....................................................................................... 265
III.3.1.a Limite du service municipal et importance des actions locales......... 265
III.3.1.b Réseau peu centralisé ......................................................................... 266
II.3.1.c Nécessité d'un ajustement organisationnel et de la subsidiarité .......... 267
III.3.2 Présentation générale de l'approche ......................................................... 267
III.3.2.a Les quatre notions fondamentales : responsabilité, participation,
coordination et durabilité ................................................................................. 267
III.3.2.b Objectif............................................................................................... 269
III.3.3 Construction du modèle pour l'organisation des actions globales et locales
.............................................................................................................................. 270
III.3.3.a Architecture générale.......................................................................... 270
III.3.3.b Les actions globales ........................................................................... 271
III.3.3.c Nécessité d'un acteur pour les actions globales : le Centre
d’Observation, de Conception et de Coordination pour la Gestion des Eaux
(COCGE).......................................................................................................... 275
III.3.2.d Adoption d'une stratégie d'intervention : spatialisation et
temporalisation des actions opérationnelles..................................................... 277
III.3.2. e Caractérisation d'un site et exploration des potentialités................. 281
III.3.2.f Définition des unités et niveaux d'intervention................................. 287
16

III.3.3.g Application : l'exemple de deux sites dans les quartiers de Shegolé et
Roufaël ............................................................................................................. 293
III.3.4 Insertion des actions locales au niveau globale et échelle de gestion ..... 296
II.3.5 Intérêt et " transposabilité " ........................................................................ 298
III.4. mesures techniques et urbanistiques à l'échelle de la ville........................ 299
III.4.1 Appropriation et revalorisation du réseau artificiel basées sur la concertation
.............................................................................................................................. 299
III.4.2 Intégration et revalorisation de "l'espace rivière"..................................... 300
III.4.2.a Reconnaissance et élargissement des fonctionnalités des cours d'eaux
.......................................................................................................................... 301
III.4.2.b Adoption d'une politique appropriée et applicable............................. 301
III.4.2.c Une conception urbaine qui ouvre et utilise le paysage des cours d'eau
.......................................................................................................................... 303
III.4.3 Conception intégrée de la voirie dans le cadre bâti et usage du système dual
.............................................................................................................................. 305
III.5 Conclusion ...................................................................................................... 307
CONCLUSION GENERALE ............................................................................... 311
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................. 321
LISTES DES INSTITUTIONS CONSULTÉES ................................................. 333
ANNEXES........................................................................................................337-394
17

INTRODUCTION ET CADRE METHODOLOGIQUE
19

1 INTRODUCTION GENERALE
Cette thèse est engagée en partant du constat de nombreux problèmes préoccupants et
complexes, liés à l'assainissement pluvial et à la gestion des cours d'eaux, auxquels la
ville d'Addis Abéba est confrontée.
Face à cette situation, les connaissances sur les phénomènes, les ouvrages et la
cohérence des travaux de nombreux acteurs intervenant sur le système, etc., sont très
limitées voire inexistantes.
Le premier objectif de cette thèse est donc d'apporter des connaissances sur
l'ensemble du système de gestion des eaux pluviales urbaines (SGEPU). Il s'agit
d'aborder la question sous un angle plus large avec notamment une approche
systémique qui situe la gestion de l'eau dans le système urbain. Cela permet de saisir
sous les dimensions intrinsèques et extrinsèques les causes de dysfonctionnement, les
contraintes, les potentialités et les impacts du SGEPU.
En se basant d'une part sur les résultats d'analyses croisées de la gestion de l'espace et
des eaux pluviales et d'autre part sur les concepts de gestion, nous avons proposé des
éléments de réponses qui contribueront à l'amélioration de la situation actuelle et à
une urbanisation réfléchie dans le futur vis à vis de la gestion des eaux pluviales.
Cet ouvrage se compose des trois parties et d'une partie introductive. Celle-ci aborde
la problématique de notre thèse, son inscription dans la problématique des PED, les
approches et méthodologies adoptées. La première partie s'intéresse à la gestion de
l'espace et les impacts réciproques avec le SGEPU. La deuxième partie aborde le
SGEPU sous divers angles (hydrologique, hydrographique, organisationnel, relations
socio-techniques) et identifie les contraintes et les acquis. La troisième partie est
consacrée à l'élaboration d'une approche organisationnelle et des éléments de
réponses généraux.
21

2 PROBLEMATIQUE DE LA GESTION DES EAUX PLUVIALES
URBAINES A ADDIS ABEBA
La ville d'Addis Abéba, la centième capitale de l'Ethiopie, a connu dans son histoire
centenaire une urbanisation anarchique mais originale. Son originalité réside dans sa
forme urbaine et dans son tissu social très mixte sur le plan économique et au niveau
du type d'habitat. Ainsi elle échappe, comme certaines médinas des villes arabes, au
modèle classique des villes du tiers monde : centre beau- périphérie ghetto
(bidonville). L'anarchie de l'urbanisation se lit sur deux plans : l'urbanisation nonstructurée
notamment dans les quartiers anciens et l'insuffisance des équipements.
L'assainissement pluvial et les rivières, pour lesquels peu de préoccupation a été
accordée, constituent depuis une trentaine d'années l'une des sources de malaise de la
ville : inondation, stagnation, érosion et pollution.
Le drainage urbain est confronté à deux problèmes : insuffisance et
dysfonctionnement du système de gestion. En moyenne un quart des voiries de la
ville est sans équipement de drainage et ce taux monte à deux tiers au niveau des
voies d'accès. Par ailleurs, le réseau est méconnu par le service d'assainissement qui
ne dispose d'aucun document graphique ni de rapports historiques. Dans cet espace
urbain dépourvu ou mal équipé de système de drainage, le cadre de vie des habitants,
et de la ville en général, est très perturbé à chaque événement pluvieux. L'enjeu est
plus large car il porte de nombreux impacts sur l'économie nationale et locale :
dégradation de la voirie, accidents, gênes de la circulation, etc.
D'autre part, les nombreux cours d'eau, qui traversent et drainent la ville, sont souvent
oubliés dans la planification et la conception urbaine. La ville a tourné le dos à ces
rivières qui se retrouvent cachées derrière des quartiers non structurés habités par une
population pauvre comme le veut "l'histoire des lieux bas". L'urbanisation anarchique
et non contrôlée a abouti à l'occupation, légale ou non, des lits mineurs. Dans cette
occupation excessive de l'espace rivière, les surprises de l'eau pluviale, réputée pour
sa nature imprévisible ou peu prévisible, sont très fréquentes et douloureuses, la
vulnérabilité de ces quartiers étant très forte : habitat précaire, proximité des cours
22

d'eau et souvent sans mur de soutènement, difficilement accessibles voire
inaccessible pour les secours. Les inondations dues aux crues de 1977, 1978, 1994 et
1995 ont causé des dégâts importants (vies humaines, biens) et ont montré à plusieurs
reprises la vulnérabilité de la ville.
Confronté à ces situations de plus en plus délicates, la ville a progressivement pris
conscience des enjeux. Ceci a donné lieu récemment à une réorganisation
institutionnelle avec la création de deux principaux acteurs autonomes : l'autorité de
la voirie et l'office des rivières. Ces institutions s'ajoutent donc aux multiples acteurs
(publics, ONG, etc.) du développement local. Malgré cette multiplication d'acteurs,
l'effort reste très limité pour traiter tous les quartiers touchés sans exception par le
problème de l'assainissement pluvial. Pour atténuer le problème, vécu
quotidiennement dans les deux saisons de pluie, les habitants interviennent
individuellement ou collectivement avec des solutions temporaires. Cette pluralité
d'acteurs nous amène à poser deux questions. Quelle est la contribution de chaque
acteur à la gestion des eaux pluviales urbaines ? Comment s'opère l'harmonisation des
actions et la pérennité des interventions ?
A Addis Abéba, comme dans d'autres villes de faible revenu, deux éléments
compliquent davantage les tâches de la gestion : la pauvreté et la configuration de
l'espace urbain. La formulation du problème doit donc intégrer ces deux éléments
pour obtenir une réponse substantielle et durable. Celle-ci s'articulerait
incontestablement autour d'une notion clé : l'organisation. Elle concerne
l'organisation de l'espace, des moyens et des acteurs. Les expériences locales ont
partout montré la limite de la capacité d'un seul acteur en termes d'investissement et
de gestion notamment dans ce monde dit en développement mais qui connaît
l'aggravation de la pauvreté de décennie en décennie.
Par ailleurs la question de développement urbain est souvent posée en termes de
financement et de richesse économique qu'en termes d'organisation. Or la réalité
flagrante de la situation politico-économique nous montre, notamment en Afrique où
la misère règne dans les royaumes de diamant et de pétrole, que l'argent n'est pas
toujours synonyme de développement. Le peu de ressource peut être efficacement
23

utilisé dans une organisation où la société civile est présente pour identifier ses
projets, contrôler l'usage de ressources et approprier les biens publics.
Sur le plan de la recherche, Addis Abéba n'a pas fait l'objet de beaucoup de travaux
principalement à cause du manque de données et de motivation des chercheurs
locaux. Les thèses sur Addis Abéba sont rares 1 et leur ancienneté et leurs domaines
limitent leur usage à des fins historiques. Dans le domaine de l'assainissement ou
dans la gestion des eaux pluviales urbaine en général, il n'existe aucune thèse de
doctorat 2 et aucun travail de recherche engagé sur une longue durée par des
institutions de recherche ou d'études.
C'est donc dans ce contexte que nous avons engagé cette thèse qui a surtout une
dimension exploratoire pour bâtir d'une manière globale et intégrée le mode de
fonctionnement de la ville et le système de gestion des eaux pluviales urbaines.
L'objectif de cette thèse est donc double. Il s'agit d'apporter :
- des connaissances sur le système existant de gestion des eaux pluviales
- des éléments de réponses et des perspectives de réflexion pour une
gestion durable des eaux pluviales urbaines.
A cette fin, nous nous sommes posés trois familles de questions qui seront
développées dans les trois parties de cette thèse :
- Dans quels contextes, urbain, économique, social et organisationnel
s'inscrit la gestion des eaux pluviales urbaines à Addis Abéba ? Quelles
contraintes subit-elle ? De quelles potentialités dispose-t-elle ?
- Comment s'organise et fonctionne la gestion des eaux pluviales à Addis
Abéba sur les plans techniques, politiques et organisationnels ? Quels
sont les caractéristiques, les usages et les risques de l'eau à gérer ? Quels
sont les rapports et l'appropriation socio-techniques ? Quels sont les
1 Pour citer ce que nous avons repéré ou consulté : (Berlain Edouard, 1963), Addis Abéba : la plus
haute ville d'Afrique, Grenoble) ; (Koehn P, 1973, The municipality of Addis Ababa: Performance,
mobilisation integration and change, University of Colorado), (Johnson M.E., 1974, The evolution of
morphology of Addis Ababa; Garreston P, 1974), etc.
24

causes de dysfonctionnement du système existant et comment faut-il se
poser la question pour le rendre plus performant ?
- Quelles stratégies faut-il adopter pour avoir une gestion des eaux
pluviales urbaines durable (pérenne et pertinente) dans les contextes
actuel et futur de la ville ?
3 L'ASSAINISSEMENT ET LA GESTION DES EAUX PLUVIALES
URBAINES DANS LES PED
Le défi du siècle dernier et des années à venir des pays du tiers monde est de gérer
leurs villes qui deviennent de plus en plus ingérables par leur taille et par la
complexité des problèmes accumulés sur un terrain urbain assez précoce. La gestion
de l'eau pluviale constitue un des problèmes cruciaux par sa double dimension
"ressource" et "risque". Malgré des discours de plus en plus engagés au niveau
national et international, les villes du tiers monde n'arrivent pas à mettre en place un
système d'assainissement qui assure le métabolisme urbain lié à l'eau. Ce constat
d'échec commun aux pays en développement nous amène à poser la question dans un
contexte plus large pour enrichir l'analyse du cas d'Addis Abéba.
3.1 Une situation alarmante
Avec la croissance urbaine galopante de la seconde moitié du siècle dernier, les villes
du tiers monde en général et les villes africaines à forte pluviométrie en particuliers se
sont exposées au problème de l'assainissement pluvial sans avoir ni suffisamment de
temps ni de moyens pour y faire face. Or, le temps et l'argent sont des éléments clés
pour le développement des infrastructures tel que l'histoire du développement urbain
des villes européennes nous l'enseigne.
Au-delà de ces contraintes, le développement urbain a été également handicapé par la
mauvaise gestion des moyens disponibles : corruption, manque de rigueur et
d'engagement, calquage de modèles et de méthodes parachutés.
2 Ils existent quelques travaux de maîtrise (d'approche plus technique) qui sont
également peu nombreux : (Tesfaye A., 1992), (Kebede A, 1997), (Agizew N, 1999),
etc.
25

Comme de nombreux chercheurs "tiers-mondistes" l'ont déjà démontré, depuis une
vingtaine d'années, le transfert aveugle des modèles compliquait davantage les
problèmes des villes des PED 3 . L'impact de cette impertinence est vécu sur deux
plans, temps et argent. Une étude non adaptée à la situation et aux spécificités locales
ne peut pas être réalisée par manque de faisabilité technico-finacière mais aussi par
l'absence d'appropriation. Les acteurs opérationnels ne connaissent souvent rien de
l'étude et, par conséquent, ils ne s'y reconnaissent pas, ce qui entraîne son rejet et son
oubli. C'est le cas par exemple à Addis Abéba où, depuis les années 1960, on
commandait tous les dix ans des études assez lourdes à des experts étrangers et
pratiquement aucune n'est réalisée. Le service d'assainissement ne possède pas
aujourd'hui les rapports correspondants qui pourraient être encore utiles pour faciliter
sa tâche.
L'impertinence de ces conceptions non-locales réside plus dans le fait qu'elles ne sont
pas formulées dans et pour le contexte spécifique local. Les zones tropicales se
caractérisent par des pluies de forte intensité par rapport aux pays tempérés, une
urbanisation souvent spontanée, un cadre institutionnel assez récent et des ressources
humaines et financières très limitées. Sans considération de ces spécificités, la simple
conception technique ne peut pas apporter d'amélioration.
La technique seule est une solution inerte sans le cadre nécessaire comme Knabel G.
et al (1986) l'ont bien souligné dans une réflexion large sur la gestion des eaux usées
et pluviales : "Il serait inutile d'être pointilleux sur la meilleure technique appropriée
d'assainissement, tant que n'auront pas été réglées certaines prémisses de sa mise en
œuvre, à savoir les rapports administrés / administrants, les relations internes à
l'administration étatique, les questions d'accès de chacun à un terrain qu'il puisse
s'approprier". La nécessité de prise en considération des dimensions culturelles,
économiques et organisationnelles est aujourd'hui de plus en plus réclamée, ce qui est
déjà un atout capital.
3 "Les projets du modèle occidental conçus à l'étranger ne sont que gâchis et sans intérêt […]. Ils
transforment l'environnement et créent parfois d'autres habitudes, mais souvent n'apportent pas des
solutions aux problèmes pour lesquels ils sont conçus" Fidèle Dianzinga cité par Dreyfus J (1986).
26

La limite d'auto financement constitue également l'autre handicape des villes des
PED. Dans ces pays, bien que 60% du PIB soit crédité au monde urbain (qui ne
concerne qu'en moyenne un tiers de la population totale), les communes urbaines
collectent à peine 1% du PIB urbain ce qui correspond en moyenne à 6 à 8 dollars par
habitant (FarvacqueV. C. et al, 1997). L'investissement pour les travaux
d'assainissement dépend donc fortement de l'aide et des prêts extérieurs. Selon une
étude de la banque mondiale 4 , en Afrique 90% de l'investissement utilisé dans le
service urbain vient aujourd'hui d'aides extérieures. Cette précarité budgétaire limite
ainsi les ressources nécessaires pour assurer le fonctionnement des ouvrages. Cette
question se pose pourtant depuis longtemps, mais les actions concrètes pour gérer les
équipements réalisés ne sont pas encore au rendez-vous.
Par conséquent, les villes présentent un métabolisme de l'eau incomplet ou inexistant
plus ou moins important selon la valeur économique (rente foncière) des espaces. A
cette situation technique très précaire et vulnérable s'ajoute la médiocrité de
l'organisation et de moyens destinés à la gestion de crise.
Les conséquences sont très connues avec les inondations dévastatrices fréquentes et
un cadre de vie urbain désagréable en permanence. Les taux de morbidité et les
affections intestinales doublent dans le cas de Conakry (10,3% et 14%
respectivement) en saison de pluie favorisés par le vecteur "ruissellement" (Morel à
l'Huissier, 1998). Les événements pluvieux exceptionnels sont de plus en plus
catastrophiques comme nous avons vu dans les dernières décennies. Les pluies
diluviennes du mois d'avril 1989 avait causé à Djibouti 150 000 sans abris et 8 morts 5 .
La Venezuela a connu en décembre 1999 environ 30 000 morts et 150 000 sans abris 6 .
Et récemment, le monde entier a constaté ce qui est arrivé au Mozambique.
Certes, ces pluies étaient des pluies exceptionnelles qui ne pouvaient être gérées par
des procédés classiques. La seule solution était de minimiser les dégâts. Pour cela une
bonne organisation et une logistique de gestion de crise sont nécessaire mais celles-ci
manquent cruellement dans ces pays pauvres.
4 (FarvacqueV. C. et Godin L (1997). L'avenir des villes africaines : enjeux et priorités du
développement urbain, Banque mondiale, pp. 5 et 17.
5 Le Monde, mardi 11 avril 1989
27

3.2 un secteur ignoré (peu de préoccupation)
Malgré ces effets dévastateurs, l'assainissement pluvial est le service le plus ignoré en
Afrique et dans les PED en général. Cela s'explique essentiellement par le caractère
collectif et saisonnier et par sa considération comme préoccupation non - pressante
(non-urgente). Face au manque de mesure suffisante d'intervention publique, les
citadins comme des ONG se mobilisent pour rendre plus vivable le cadre de vie
urbain bien que ces interventions restent très insuffisantes et parfois mal cordonnées.
Ce manque d'intérêt est aussi visible dans la littérature et au travers la politique
internationale, nationale et locale.
Dans la décennie internationale de l'eau et de l'assainissement des années 1980, ni le
thème de l'assainissement ni le thème de l'eau n'ont suffisamment abordé le problème
de la gestion des eaux pluviale urbaines. Le premier thème se focalisait sur les eaux
vannes et les déchets tandis que le deuxième thème ne concernait pratiquement que
l'adduction en eaux.
Sur le plan de la recherche les travaux sont peu abondants 7 : "Very few studies have
been completed regarding alternative solutions for urban water management in
African cities" (Bouvier et al, 1990).
Les efforts menés par des organismes internationaux comme l'ORSTOM et FRIEND
Group (Flow Regimes from International Experimental and Network Data) sont
essentiels pour l'émergence et le développement de la recherche. Ils restent cependant
limités. Les travaux locaux doivent se renforcer et doivent être encouragés pour
aboutir à un avancement substantiel et durable.
Dans cette perspective, il nous semble indispensable de mener une réflexion sur
chaque terrain car entre les pays en développement, il existe beaucoup de différences
et de spécificités fondamentales qui sont souvent ignorées. On peut imaginer la
différence qui peut exister entre Mexico et Addis Abéba où l'ampleur de la pauvreté,
l'état de l'urbanisation et la culture de l'organisation sont loin d'être identiques. A
6 CNN. Flood ravaged Venezuela, focuses on avoiding epidemics, December 21 1999.
28

partir de ces spécificités, un partage d'expérience peut surgir et enrichir la recherche
des solutions adaptées à chaque cas.
Cette thèse portant sur la ville d'Addis Abéba s'inscrit dans cette perspective : une
ville très spécifique par sa configuration urbaine et son organisation institutionnelle
mais confrontée à un problème connu dans d'autres villes africaines.
4 METHODOLOGIE
4.1 Approches
La problématique que nous avons développée et les questions que nous nous sommes
posées nécessitent une approche globale et intégrée de la gestion des eaux pluviales et
de la gestion urbaine, avec une considération spécifique sur l'organisation de l'espace
et des acteurs. Nous avons donc adopté à cette fin trois approches : l'approche
systémique, l'approche typologique et une approche que nous avons nommée "trois
pôles".
3.1.a Approche à trois pôles : Eaux-Espace-Homme
Il s'agit de considérer les trois éléments Espace, Eau et Homme comme trois piliers du
système de gestion des eaux pluviales urbaines. L'espace intègre les caractéristiques
hydrologiques et urbaine (structure, équipement, propreté, etc.) du bassin versant.
L'Homme constitue l'acteur actif et passif. L'eau désigne la ressource et le risque
(inondation et vecteur de la pollution).
7 on n'ignore pas les travaux précieux de CIEH (Comité InterAfricain d'Etude hydraulique), de
l'ORSTOM et de quelques université européennes (Paris 12-ENPC, London Imperial college of science
& medicine , etc.) et africaines.
29

Eaux pluv.
.
Homme
Perception, Outil
Responsabilité,
Organisation, etc.
Temps
Risque,
ressource
Espace
Occupation, rivière
réseaux, structure
Mutation, écologie
Organisation, etc.
Figure 1 :
Approche à trois pôles : Eau-Espace-homme.
Le fonctionnement des ouvrages de l’assainissement et des rivières urbaines (deux
éléments supports de la gestion des eaux pluviales urbaines) dépend de l’organisation
de l’espace où ils s’inscrivent. Cette organisation est réalisée par l'acte (intentionnel
ou non, direct ou indirect, organisé ou non) de l’Homme. La cause principale du
dysfonctionnement et de la fragilité urbaine liée à l’eau pluviale est l’oubli de ces
dimensions spatiales et humaines. Les deux aspects de l’eau pluviale source de vie et
origine de risque résultent non seulement de l’interaction eau pluviale - espace mais
aussi de l’organisation de l’homme bien que celle-ci se traduise souvent dans l’espace.
3.1.b L'approche systémique
Nous avons utilisé l'approche systémique 8 notamment dans l'analyse interne et externe
du SGEPU (Système de Gestion des Eaux Pluviales Urbaines). Les trois concepts de
cette approche - totalité, interaction et rétroaction – permettent d'étudier un
phénomène, une organisation dans sa globalité, avec son environnement et dans sa
composition, malgré ses limites simplificatrices et complexifiant (Dortier J.F, 1999).
‘‘ L’expérience montre que la théorie des systèmes est féconde (et, du même coup,
pertinente) pour l’étude des objets physiques complexes’’ 9 .
8 L'approche systémique est née à la fin des années 1940s d'un milieu pluridisciplinaire en partant de
dilemme annoncé par Pascal "Je tiens pour impossible de connaître les parties sans connaître le tous
ainsi que de connaître le tout sans connaître particulièrement chacune des parties". Le système urbain
fait l'une des premiers domaines d'application avec les travaux de J.W. Forrester (urban dynamism) l'un
des pères fondateur de la systémique (Dortier J.F, 1999), L'approche systémique des organisations. In
L'organisation. Etat des savoirs. Auxerre : Sciences Humaines Editions. pp.101-105.
30

3.1.c Approche typologique
Nous avons adopté cette approche dans l'analyse de l'état existant et dans la
formulation des éléments de réponse pour se baser sur les spécificités de chaque
espace type en terme de morphologie, d'usage, d'urbanisation et de risque.
4.2 Méthodes de collecte des données
La collecte de données est effectuée en majorité par des entretiens, enquêtes et visites
compte tenu du manque accru des informations dans ce domaine et de la nécessité
d'avoir des données locales. Ce travail de terrain a été mené en quatre phases pour
intégrer les changements et les évolutions importants de la ville ces dernières années
sur les plans institutionnel et opérationnel.
Des données ont été collectées sur la ville de Diré Dawa, la seconde grande ville de
l'Ethiopie, pour enrichir et comparer l'analyse. Des comparaisons ont été aussi faites
avec une agglomération européenne de superficie comparable, le Grand Lyon (500
km² , Addis Abéba 540km²) pour avoir une idée générale du service urbain bien que
les deux villes restent incomparables sur les plans financier, historique, urbain et
social. Les quatre principales méthodes de collectes de données sont développées cidessous.
La consultation des articles de presse était également très utile pour notre
travail comme indicateur et source d'information.
3.2.a Entretiens
Les entretiens concernent la collecte de données auprès des acteurs institutionnels et
des ONG ainsi que des organismes de recherche. Nous avons consulté 90 personnes
dans 37 institutions et 61 divisions 10 . Ils ont été réalisés aux différents niveaux pour
comprendre l'organisation, les moyens et les relations des acteurs qui participent ou
qui pourraient participer de loin ou de près à la gestion des eaux pluviales.
9 J.L. Le MOIGNE, « Systèmes (Epistémologie), in Encyclopédie Universalis, 1989, pp. 1029-1037.
10 La liste des institutions consultées est présentée après la bibliographie de cet ouvrage.
31

Tableau 1 :
Acteurs consultés dans le cadre de cette thèse
Acteurs Institutions division Personnes /experts/
Addis Abéba 15 33 55
Dire Dawa 2 4 4
Niveau national 10 14 19
ONG 1 1 1
Université /centre de 9 9 11
recherche
Total 37 61 90
3.2.b Enquête socio-technique
L'objectif de cette enquête est de produire des données pour comprendre le vécu et le
perçu (la perception, la demande, la participation, la volonté, les pratiques) de la
population dans la gestion des eaux pluviales et des déchets.
Déroulement
L'enquête a été réalisée de novembre 1998 à janvier 1999. Elle s'est déroulée sans
aucun problème et la population était très intéressée. Cela est sans doute dû à deux
éléments auxquels nous avons accordé une attention particulière au-delà de
l'anonymat du ménage interrogé :
- L’objectif et l’intérêt de l’enquête ont été expliqués en
soulignant l'importance de leur point de vue pour éviter la
réticence, très fréquente dans les enquêtes sociales,
- Nous avons adapté le questionnement au langage et au niveau
des personnes interrogées afin d'être compréhensible notamment
pour les termes techniques
Il s’agissait donc de poser la question avec explications et d'écouter la personne
interrogée : tout ce qu'il a envie de nous dire. Conscients, dans la plupart des cas, de
l’ampleur du problème et de son aggravation, ils nous ont répondu, fait visiter leurs
locaux et expliqué leurs problèmes, rôles, aspirations et perceptions.
32

Organisation des questions
Le dossier d'enquête socio-technique est composé d'une fiche technique (information
sur le site : localisation, activité, pente, type de voirie, type et état du réseau
d’assainissement et observations générales) et d'une fiche d'enquête de 24 questions
(cf. annexe 1). Ces dernières traitent :
- les problèmes liés à l’assainissement pluvial (et leurs
causes) au niveau de la parcelle, du quartier et de la
ville ;
- l'information sur le réseau, perception, appropriation ;
- le rôle des habitants, aspirations et contributions ;
- la gestion des ordures ménagères ;
- l’alimentation en eau et la pratique de “ water
harvesting ”: "recueil" des eaux pluviales à l'échelle de
la parcelle.
Le questionnaire a été conçu pour minimiser l'erreur ou l'absence de réponse. Comme
il est possible dans une enquête que la personne interrogée, pour diverses raisons
(oubli, méfiance, timidité), ne donne pas la bonne réponse, les questions de
vérification sont reposées pour vérifier et affirmer les réponses. Ces questions sont à
"double cible" car elles permettent à la fois d’avoir une information pour une question
et de vérifier l’exactitude des réponses données aux questions précédentes 11 .
Cette méthode nous a permis de faire la correction sur place dans quelques cas où les
réponses étaient incompatibles ou imprécises et de vérifier les réponses lors de
l’exploitation. Ces cas restent cependant rares ce qui explique l’intérêt de la
population pour cette enquête.
11 C’est le cas :
- des questions 14 et 16 pour les questions 3, 4 et 5 sur le problème lié à l'assainissement pluvial et
leurs causes;
- de la question 12, qui expose les circonstances favorables (manque de bennes, etc.) au rejet sauvage
de déchets dans la rue ou dans le réseau, et qui est utilisée aussi pour vérifier la question 11,
- de la question 20 utilisée pour vérifier les questions 7 et 8 sur la construction et l'entretien du réseau
riverain (Cf. annexe 1).
33

Échantillonnage
Les 27 woredas urbains ont été enquêtés à raison de 10 à 20 enquêtes par woreda 12 .
Le critère de choix des quartiers était basé sur la typologie urbaine (dense, moins
dense, structuré, non structuré, ancien, lotissement, etc.) et l'activité (résidentielle,
commerciale, administrative, mixte). Au sein du quartier choisi, les ménages à
enquêter sont désignés selon la hiérarchie de la voirie (primaire, secondaire, tertiaire,
desserte).
Tableau 2 :
Profil socio-éducatif des personnes interrogées
Echantillon Tranche d’age Niveau d’étude
Jeune adulte âgé PR illettré Messeretetemehert
< et = 7 à 12 12+ PR
6
Nombre 297 153 94 42 8 3 19 37 131 44 62
En % 100% 51,5 31,6 14,1 2,7 1,0 6,4 12,5 44,1 14,8 21,2
PR : pas de réponse ; Messerete–temehert : enseignement de la campagne d'alphabétisation
Résultat
Cette enquête nous a permis d'apporter des connaissances sur la relation entre les eaux
pluviales d'une part et l'espace vécu et technique d'autre part. Entre autres :
- taux d'équipement en fonction de la typologie urbaine
- problème perçu et vécu par la population
- gestion de déchet
- souhait et contribution de la population, etc.
3.2.c Enquêtes - techniques
Il s'agit de collecter des données sur le réseau pluvial souterrain et sur son
fonctionnement afin de construire une base de connaissances. Nous avons réalisé deux
enquêtes : sans ouverture de regards (enquête technique 2) et avec ouverture (enquête
technique 1). Dans ce dernier cas, il s'agissait de constater l'état intérieur du réseau à
travers les regards (environ 40 points visités), le réseau étant non visitable (faible
section ou impraticabilité des grandes sections à cause des déchets et du manque de
repère).
12 La différence du nombre entre les woredas est liée à la révision à la baisse du nombre d’échantillons
due à la contrainte du temps et à la ressemblance des réponses dans un quartier
34

L'enquête n° 2 est lancée à partir des constats généraux de la première enquête et des
visites de la ville. Il s'agit de collecter les informations sur l'état des regards et des
avaloirs pour évaluer les causes et les impacts de leur dégradation. Cette enquête était
menée sur 1 265 points (regards et avaloirs) en 13 rues et avenues sur une longueur
totale de 50 km.
Dans les deux enquêtes, les critères de sélection étaient la hiérarchie de la voirie,
l'activité et la typologie urbaine. Ces enquêtes ont fourni des informations croisées
entre l'état du réseau et l'activité des zones.
3.2.d Visite de terrain
Les visites de terrain ont été menées pendant les saisons de pluies et pendant les
saisons sèches. Elles devaient permettre de comprendre :
- l'état et la fonctionnalité des rivières et de leurs espaces ;
- la ville par temps de pluie ;
- l'état et le débordement du réseau par temps de pluie et par
temps sec ;
- les différentes typologies urbaines.
35

PREMIERE PARTIE
CADRE ET CONTEXTE DE LA GESTION DE L’ESPACE
URBAIN A ADDIS ABEBA : IMPACT SUR LA GESTION
DES EAUX PLUVIALES
37

INTRODUCTION
L'état du développement d’une ville est le reflet des politiques urbaines et des
pratiques de gestion menées ainsi que des moyens mobilisés au fil du temps. Elle est
aussi le reflet des conjonctures économiques sur les plans national et international.
Comprendre une ville est donc comprendre ces éléments clés qui constituent les
facteurs déterminants de son fonctionnement.
L’objectif de cette première partie est d’analyser sous divers angles (historique,
urbanistique, économique, socioculturel, politique, organisationnel et technique) les
contextes du développement urbain et de la gestion de l’espace en mettant au centre la
gestion des eaux pluviales. Il s'agit de comprendre et d'identifier :
- les logiques de développement de la ville, ses spécificités et ses
morphologies actuelles et projetées
- le système de gouvernance et le contexte socio-économique de la ville :
contraintes, acquis, contribution à une gestion durable des eaux pluviales
- les facteurs des dysfonctionnements de la ville (planification, gestion des
réseaux technique, gestion foncière) et son impact sur le système de
gestions des eaux pluviales urbaines.
39

I.1 URBANISATION ET DEVELOPPEMENT URBAIN EN ETHIOPIE
I.1.1 Présentation générale de l’Ethiopie
L’Ethiopie, pays de corne de l’Afrique et connu sous le nom d’Abyssinie avec son
histoire de trois millénaires, se situe sous les tropiques entre 3° et 15° de latitude Nord
et 33° et 48 de longitude Est. C'est le troisième pays le plus peuplé, après le Nigeria et
l’Egypte, du continent africain avec une population de 59, 882, 000 d’habitants 1 et
une croissance annuelle de 2.92% (faible comparée au taux africain, 5 à 7%/an).
Le pays s’étend sur une superficie de 1.14 millions km² (le double de la France) avec
usages et paysages très ruraux : 85.5% de la population éthiopienne est rurale.
Seulement 14.8 % de la superficie totale est cultivé, 3.6% est couvert de forêt (40% au
début du XX ème siècle) et 51% est utilisé pour le pâturage de ses bétails les plus
nombreux de l’Afrique 2 .
Le paysage topographique éthiopien est très diversifié. Il s’est constitué par les hauts
plateaux, plaines, profondes vallées et montagnes déchiquetées. Le relief varie de 100
mètres au-dessous de la mer dans la dépression Dallole à 4620 m au-dessus de la mer
dans le mont Ras Dashen. Cette variation de relief donne trois zones climatiques
traditionnellement classées dega (haut plateau tempéré), kola (les plaines chaudes) et
wineadéga (zone intermédiaire). Le déga correspond aux zones tempérées de haute
altitude et reçoit une précipitation abondante. Le wineadega correspond à la zone subtropicale
et de climat très agréable. Cette zone couvre la plupart du haut plateau
éthiopien. Le kola est une zone tropicale confrontée souvent au déficit de pluie. Le
tableau n° 1 récapitule les caractéristiques climatiques du pays. Addis Abéba se situe
dans les zones de déga et winadéga avec une pluviométrie relativement élevée.
1 selon l’estimation de CSA de 1998
2 Avec 31 millions de bovins (47% de l’Afrique en totale), 23 millions de moutons, 18 millions de
chèvres et 53 millions de poulets l'Ethiopie occupe le 9ème rang mondial (WIC, Country profile of
Ethiopia. [On-line]. Addis Ababa : Walta Information Centre, non-daté [05/01/2000]. Available from
internet: ).
40

Tableau 3 :
Caractéristiques climatiques de l’Ethiopie
Zones Altitude
(en mètres)
Précipitation annuelle
(en mm.)
température
moyenne annuelle
Déga > 2440 1270-1780 16°C
Winadéga 1830 - 2400 510-1525 22°C
Kola

d'hectares (soit 4.6%) sont actuellement irrigués 4 . Ainsi, l’agriculture reste très
dépendante de la précipitation et par conséquent vulnérable à la sécheresse.
I.1.2 Urbanisation et développement urbain
1.1.2.a Concept et état d’urbanisation
L’urbanisation de l’Ethiopie ancienne se caractérise par un concept très endogène.
Elle n’a pas connu dans la plupart des cas d’influences externes (à l’exception des
villes comme Gondar et Harar). A l’origine il s’agissait souvent d'agglomérations
autour des palais des empereurs et de leurs chefs de guerres (ou dignitaires) ainsi
qu'autour des églises (Lalibela par exemple). Elles se situaient souvent sur les
montagnes des hauts plateaux pour des raisons militaires et stratégiques 5 .
Cette urbanisation à l’éthiopienne est lisible actuellement à la fois sur les villes
médiévales mais aussi sur les villes contemporaines. Elle s’explique par l’histoire
indépendante, non colonisée, de l’Ethiopie et par son repli sur elle-même pendant des
siècles. « Entourés de tous les côtés par des ennemis de leur religion, les Ethiopiens
s’endormaient près de mille ans, oubliant complètement le monde qui les avait
également oubliés » Edward Gibbon 6 . En réalité le monde n’avait pas oublié
l’Ethiopie et de nombreuses tentatives de relations ont eu lieu à travers les
missionnaires et les ambassadeurs. Presque toutes ont échoué avec l’interdiction
d’accès, l’expulsion immédiate ou la mise à mort notamment des missionnaires 7 .
La première tentative de relation, proposée en 1868 par l’Empereur Tewodros (affamé
des progrès techniques) à la Grand Bretagne, s’etait terminée par la guerre et par des
pillages d'objets historiques, des tonnes de livres manuscrits ainsi que de sacrilèges
4 WIC, déjà cité..
5 Toutes les capitales éthiopiennes se situaient sur une altitude minimum de 2000 m : Axum (2000m),
Lalibela (2600m), Gondar (2000m), Debre-Tabor (3000m), Ankober (2760m), Entoto (3000m), Addis
Ababa (2400m)
6 « Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire Romain », Edward Gibbon, 1909, cité par
(Kifle-Sélassié Béséat, 1982)
7 Le Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, qualifie ces tentatives comme des
« missions fantômes », (Aubert R et al, 1963), pp. 1176-1181.
42

des églises 8 . L’adhésion de l’Ethiopie en 1923 à la SDN (Société Des Nations) ne l'a
pas sauvé de la tentative de colonisation italienne, de massacres et de pillages de
monuments historiques (l’obélisque d’Axum est un exemple parmi d'autres).
Cette « enfermement » n’etait donc pas sans raison et il a permis à l’Ethiopie de
garder son indépendance et de forger elle-même sa civilisation. Cependant, il n’est
pas sans conséquences sur la modernisation du pays et de ses villes.
L’urbanisation moderne est un phénomène récent pour le pays. Elle l’a connu durant
le faible laps de temps au XX ème siècle. L’immigration constituait dans les années
1960-70 un des facteurs de la croissance urbaine des villes et représentait, de 40% à
71% de leur population (constat établi dans les 10 premières villes 9 ). Ainsi les
citadins, qui avaient une culture et un mode de vie plutôt ruraux, s’adaptaient à la vie
urbaine. Cette situation reste aujourd'hui encore vraie pour la majorité des villes
éthiopiennes incluant Addis Abéba.
L'Ethiopie reste cependant l’un des pays les moins urbanisés de l’Afrique juste devant
le Rwanda et l'Ouganda. En 1998, la population urbaine nationale est estimée à 8.7
millions et représente seulement 14.5% de la population totale : taux deux fois plus
faible que la moyenne africaine (32% en 1990). Le taux annuel de la croissance
urbaine est de 5.4% (taux deux fois important que le taux national) dont 3%
correspondent au solde migratoire (Paulos E., 1994).
L’urbanisation est marquée par une forte concentration dans la capitale (29% de la
population urbaine nationale est à Addis Abéba) et par une forte et persistante
primauté d'Addis Abéba. Dire-dawa, la deuxième grande ville de l'Ethiopie, est 12
fois moins peuplée qu’Addis Abéba 10 . En 1994, il existait 309 agglomérations
8 R. Pankurst, « The Question of the Return of Cultural Property: The story of Maqdala, and its loot ».
Addis tribune, 28/01/2000.
9 - Constat basé sur les données de (Alula Abate, 1988) « internal migration and urbanisation in
Ethiopia », cité par Tegegne G., 1996, pp.9.
10 Cf. annexe 5.
43

urbaines de plus de 2000 habitants 11
urbains de moins de 10 000 habitants.
dont 61% correspondent aux petits centres
Cette urbanisation récente est peu fondée sur un développement planifié du fait de
l'absence, de l'impertinence ou du manque de l'application rigoureuse des documents
prévisionnels. Parmi les 309 villes de plus 2000 habitants seulement 174 villes (soit
56%) ont un document de planification (dans la plupart des cas des schémas directeurs
sans plans détaillés) (Tesfay, 1994). Il reste donc beaucoup à faire pour mener une
urbanisation planifiée et guidée par des outils appropriés. Le manque et la violation
des documents de planification sont à l’origine de développement urbain anarchique
et engendrent une multitude de problèmes urbains complexes et enchevêtrés très
difficile à régler.
1.1.2.b Les infrastructures et la gestion urbaine
Les villes éthiopiennes, comme d’autres villes du tiers mondes, sont confrontées non
seulement à l’insuffisance des services urbains et de l’habitat mais aussi au problème
de gestion, et de contrôle de leur espace urbain : occupation illégale, déchets, taxes
non collectées, etc. L’insolvabilité des citadins, dans la plupart vivant en dessous du
seuil de pauvreté, limite l’utilisation optimale et le développement, par économie
d’échelle, des services existants.
Selon le recensement national de 1994, 18.3% des logements urbains 12 se servaient
encore de rivières, lacs, étangs, puits et sources non protégés pour l’alimentation en
eau. 73% sont desservis par l’eau du robinet. Toutefois seulement 26.7% ont de l’eau
dans leurs parcelles.
11 La définition d’une agglomération urbaine varie d’un pays à l’autre de 200 habitants en Suède à 30
000 au japon (Tesfay D., 1994). L’Ethiopie a adopté en 1981 une définition basée sur plusieurs
critères :
- population de plus de 2000 habitants
- situation géographique favorable au développement
- plus de 50% de la population active employée dans les activités économique de la ville
- capacité pour l’établissement des infrastructures socio-économique nécessaire et assurance d’autogestion
et de développement durable
- présence des agences gouvernementales. (Paulos E., 1994)
12 Nous préférons utiliser le terme « logement urbain » que « ménages urbains » car un logement peut
abriter plusieurs ménages.
44

Le taux national de la population desservie par l’eau du robinet chute à 13% et la
rivière constitue la source principale utilisée par 42% de la population. Quelques
améliorations peuvent être obtenues avec les projets « eau propre» (en cours et
achevés) du Ministère de ressources en eau et des régions 13 .
Le problème est encore très préoccupant et grave en ce qui concerne l’assainissement
et la gestion des déchets. En 1994, presque la moitié du parc des logements urbains
(42.3%) n'a pas de toilettes appropriées ce qui aggrave le problème de santé dans les
villes et dans les zones rurales en aval 14 . On estimait en 1990 que l'Ethiopie avait
besoin de 9 millions de latrines sur l'ensemble de son territoire 15 . La typhoïde et le
typhus étaient des maladies fréquentes des années 1990.
L’assainissement pluvial reste pratiquement le problème de tous les centres urbains
éthiopiens bien que la topographie soit souvent favorable à une évacuation rapide des
eaux ruisselées. Il est estimé que seulement ¼ des logements urbains se situent dans
les quartiers équipés par l’infrastructure de drainage. 16 D’après nos visites des
principales villes (Addis Abéba, Dire-Dawa, Dessie, Nazareth, Harar, Mekele, Bahardar)
les réseaux de drainage sont confrontés aux dysfonctionnements fréquents à
cause notamment de leur capacité et du manque d’entretien.
La quantité d'ordures ménagères est très faible (Dire Dawa : 0.05m3/jour/habitant,
Addis Abéba : 0.17kg/jour/habitat 17 , etc.) comparé à celle de l’Europe (en France,
1kg/jour/habitat). Le recyclage et la récupération contribuent également à la
minimisation de déchets à gérer par la collectivité. Cependant la limite de la capacité
13 - Selon le Ministère des ressources en eaux grâce à ces projets 1.1 million personnes vont
bénéficier du projet "clean water" dans les régions d'Amhara, Oromia, Tigray, Gambella,
Somalia, Afar, Southern Ethiopian Peoples State, cité par ENA [on line], 21/03/200.
- dans la région de tigrai, le taux d’adduction en eau est passé de 4% à 23% entre 1992et
1998. Addis tribune 27/03/98.
14 Le système utilisé est le système autonome (fossé à vidanger). Aucune ville, sauf quelques
logements à Addis Abéba, ne possède du réseau d’égout pour l’évacuation d’eaux usée. La
seule ville éthiopienne bien équipée de réseau d’égout était Asmara, la capitale de l’Erythrée
indépendant depuis 1993.
15 CRDA workshop, water and sanitation in rural & urban development project, nov.15-16,
1990, cité par Sheferaw A., 1994.
16 Description de Solomon Kassaye, directeur général de NUPI, dans le workshop« Integrated
strategic planning by urban local authorities in eastern and southern Africa », 3 June 1999.
Ethiopian News Agency, cité par WIC,
http://www.telecom.net.et/~walta/...jun/ed030699/html/newsitem_6.html.
17 Diredawa Administrative Council, 1997 ; Addis Ababa Health Bureau, 1997.
45

de collecte, l’inaccessibilité des espaces urbains non structurés ainsi que le manque de
nettoyage régulier de la voirie laissent en permanence l’espace urbain insalubre avec
toutes les conséquences hygiéniques, esthétiques et écologiques. Par exemple, à Dire
Dawa 41% et à Addis Abéba 45% de déchets ne sont pas collectés.
La voirie, réseau vital 18 de transport utilisé pour plus de 90% des déplacements de
passagers et du fret, est peu développée aux niveaux intra urbain, interurbain et ruralurbain.
L’Ethiopie possède environ 24 000 km de réseau de voirie, la plus basse
densité de voirie en Afrique sud-saharienne (21km/1000km²) dont seulement 20% est
en bon état 19 .
Les efforts récents du gouvernement central (par l'ERA 20 ) et des régions ainsi que des
ONG ont permis d’améliorer le réseau de voirie à travers le pays. Dans le budget de
l'année fiscale 1998/99, la voirie consomme toute seule 49.8% du budget de l’Etat qui
était de 11.16 milliards de birrs 21 . L’ERA envisage 22 , dans le cadre de son programme
décennal 1997-2007, d'augmenter la densité de la voirie à 38km/1000km². En outre, la
création des autorités régionales de voirie et les travaux des Associations Régionales
de Développement (ADA, TDA, etc.) ont joué un rôle important notamment dans la
construction des voiries qui relient le monde rural (où plus de trois quarts des
éthiopiens vivent) aux centres urbains. Malgré ces efforts, le réseau reste limité en
terme de qualité et de quantité. La voirie urbaine est caractérisée par un souséquipement
notamment avec le manque de système d’assainissement.
18 Bolton J. (1995) décrit ainsi la vitalité de la voirie pour les Ethiopiens : « The more we travelled the
more I realised that the ‘road’ was the artery, the life blood, of people. All facets of life center around
the road. …every one walks along the road… coming or going on town ». Bolton J. (1995). Coffee
without compromise and much more. [On-line] 1995 [03/03/2000], 7p. Available from internet :

1.1.2.c L’habitat illégal
L’occupation illégale de terrain urbain est généralement un phénomène très récent
(dernière décennie 23 ) et touche toutes les grandes villes éthiopiennes. Elle est
essentiellement due à l’incapacité du pouvoir public de répondre à la demande de
l’habitat et du logement notamment depuis la fin des années 1980. Par exemple, en
1998/99, la municipalité d’Awassa (capitale de la région "Southern Nations,
nationalities and people ") a répondu seulement à 20% (800 parcelles) de la demande
qui était de 4654 parcelles 24 .
Pour prendre quelques exemples, on recensait dans la ville de Nazareth plus de 5000
logements illégaux construits entre 1991 et 1996 25 . A Dire Dawa, on estime qu’il
existe plus 10 000 logements construits illégalement même sur les sites inaccessibles
comme sur le versant de montagne (Dire Dawa Administrative Council, 1997). Cette
occupation illégale reste néanmoins relativement moins importante et plus contrôlée
avec des "mesures bulldozers" prises durant les 4 dernières années.
1.1.2.d Les causes
Les causes principales qui sont à l’origine et à la complication des problèmes des
villes sont nombreuses. Parmi celles-ci :
- l'urbanisation, à l’origine et à l’évolution, spontanée et non planifiée ;
- le manque et l'insuffisance des moyens (financier, technique, réglementaires,
matériel, personnel, etc.)
- la mauvaise gestion de moyens existants (manque d'appropriation,
corruption 26 , importance des taxes non collectées 27 etc.), le laxisme et
l'incompétence.
23 Sauf quelques villes comme DireDawa où ce type d’habitat existait déjà dans les années 1960.
24 Awassa municipality, cité par Hargamo Hamamo, june 1999.
25 Addis Lessan, Yekatit 11/1990E.C (19/02/ 1998).
26 Un rapport du Vice-ministre de la justice révélait qu'entre septembre 1994 et août 1997 (1987- 1989
E.C) 352 importantes corruptions étaient commises avec une disparition de 82, 363, 816 birrs. Cité par
Addis Magazine septembre 1999.
27 par exemple dans le cas des 10 municipalités de la Région de Tigraie en moyenne environ 1/3 de
recettes n’est pas collectée dans les années fiscales de 1994/95 à 1997/98. Ce taux (de taxe non -
collectées) atteint jusqu'à 50% à Mekelle, capitale de la région du Tigraie (Source : Rapport annuel du
Bureau des travaux public et développement de la région de Tigrai, pp.58, cité par Alemu B., 1999).
47

Un développement urbain durable des villes ne peut être obtenu que si l’ensemble de
ces causes est traité pour trouver des solutions nécessaires à la fois urgentes et
pérennes.
I.1.3 Gouvernance et politique urbaine
L'Ethiopie est l'un des rares pays africains avec une structure et une culture étatiques
anciennes et indépendantes. Cet acquis capital a été renforcé par la révolution qui a
introduit en 1975 une décentralisation pyramidale et locale tant dans le monde rural
que dans le monde urbain :
- Le kebele, administration locale (des quartiers) composé d'environ 250
familles dans les campagnes et 500 familles dans les villes ;
- Le kefetegna ou woreda, administration supra kebeles ;
- La municipalité, supra kebeles ou keftegnas.
Cette décentralisation est renforcée par le système fédéral que l'Ethiopie a adopté
depuis 1995. Le pays se compose actuellement 9 gouvernements régionaux
(découpages principalement ethniques) et de 2 régions administratives (Addis Abéba
city Administration et Dire-Dawa Administrative council). Le découpage des régions
donne 66 zones et 550 woredas pour l'ensemble du pays sans inclure le niveau
kebele 28 .
28 Banque mondiale. Le développement au seuil du XXIe siècle : rapport sur le développement dans le
monde, 1999-2000. Editions ESKA, pp.123.
48

Régions
Zones
Figure 2 :
Découpages administratifs de l’Ethiopie Fédérale
Les gouvernements régionaux sont des régions autonomes dotées de pouvoir
législatif, exécutif et judiciaire attribués respectivement au Conseil régional, au
président de la région et au tribunal. Ils sont responsables de l’administration, du
développement, des services et de la protection des ressources naturelles de leurs
régions 29 . Ils possèdent une autonomie financière avec des recettes issues des taxes et
d'aides de l'Etat.
Par le pouvoir que la Constitution leur a conféré, les gouvernements régionaux ont
créé les Bureaux et les administrations locales et ils ont défini leurs fonctions. Les
Bureaux sont l’équivalent au niveau régional des ministères et des commissions à
l’exception des domaines réservés au gouvernement fédéral (Affaires étrangères et
29 - « The Federal Government and the States shall respectively bear all financial expenditures
necessary to carry out all responsibilities and functions assigned to them by law » Constitution de
FDRE, Article 94 .
- Voir également Constitutions Régionales : exemple article 49, 52, 62 de la « Constitution of Amhara
National Regional State », Bahardar, 1995, 40p.
49

Défense). La décentralisation des régions est basée sur trois échelons administratifs
appelés : Zone, Woreda (district), et Kebele dans l’ordre décroissant.
Gouvernement
Fédé l
Gouvernement Régional
Zones
(Zone, zones spéciales, etc.)
Woredas
(woreda, urban woreda, woreda
Kebeles /tabias
Municipalité
Figure 3 :
Forme de la décentralisation de l’Ethiopie Fédérale
La relation entre les acteurs fédéraux (ministères) et régionaux (bureaux) en matière
de développement urbain comme dans d’autres domaines est plutôt consultative. Les
bureaux régionaux sont indépendants de leurs équivalents fédéraux.
L’un des traits principaux qui caractérise la politique urbaine en Ethiopie est
l’appropriation collective du foncier. Avec la nationalisation de terrain et de
l'immobilier de 1974 la terre à la fois urbaine et rurale est devenue un bien public. En
outre, l’ensemble des activités du développement urbain est confié à la collectivité
publique laissant peu de place à d’autres acteurs notamment privés. Le changement
récent de la politique économique a permis l’intervention des acteurs privés dans le
domaine de l'assainissement des eaux usées (service de vidange) et de la production
des logements (Ayat, etc.).
50

I.1.4 Contexte socio-économique
L’Ethiopie est l’un des pays les plus pauvres du monde et de l'Afrique avec un PIB
moyen de 238$ /habitat (pour les années fiscales 30 de 1993/94 à 1996/97) : 6 fois plus
faible que la moyenne africaine qui était en 1993 de 1523 $/habitat 31 . Comme le
montre le tableau 4, le pays présente des revenus et des dépenses insignifiantes 32 et
un bilan déficitaire, malgré l’accroissement significatif du revenu intérieur qui a
doublé entre 1993 et 1997. En outre de ce faible budget du Gouvernement, les
évènements douleurs du pays, notamment la guerre, limitaient l’effort à consacrer au
développement et détruisaient ce qui existait. Selon une enquête 33 , 40 à 50% de
dépenses des années 1970 et plus de 30% des années 1980 correspondaient aux
dépenses militaires.
L’Ethiopie a adopté depuis 1992 une politique économique libérale (market based
economy) après avoir vécu pendant 15 ans (du gouvernement précédent) une politique
économique dite "dirigiste" (planifiée) d’un Etat providence.
Cette réforme économique a été faite dans le cadre du programme d’ajustement
structurel (SAP), supporté par la Banque mondiale, le FMI et d'autres donateurs. Cette
réforme affichait comme objectif d'amener une stabilité macro économique, de
déclencher le développement économique et de créer des conditions favorables à la
participation du secteur privé. Elle envisageait que le secteur privé devienne l’acteur
principal du secteur productif tandis que l'acteur public se concentre aux secteurs
sociaux et au développement des infrastructures (UNDP, 1996).
Cette reforme a permis au pays d'avoir de l'aide et des prêts notamment de la banque
mondiale pour mener le projet de développement de ces dernières années. Pour
l'année 1998, l'Ethiopie était le premier grand emprunteur de la banque mondiale en
Afrique et parmi les dix dans le monde 34 .
30 L’année fiscale éthiopienne commence le 8 juillet.
31 Béguin M. & Pumain D. « la représentation des données géographiques »
32 Pour montrer l’écart de budget entre les deux pays certes incomparables sur le plan économique mais
comparables sur le plan démographique, la France avait en 1997 un revenu de 1,288,130 millions et
une dépense de 1,564,017millions de franc (The Europa World Book 1999).
33 « UN World Economic and Social Survey », 1997, Cité par Selam Eshetu « Economic reform and
development in Ethiopia ». [On line]. Addis Ababa : WIC, 19/06/99 [23/06/99]. Available from
internet :
34 Addis tribune, 30/10/98.
51

Tableau 4 : Indicateurs économiques de l’Ethiopie (en birr) entre 1986 et 1997.
Année fiscale 87/88 88/89 89/90 90/91 91/92 92/93 93/94 94/95 95/96 96/97 99/2000 35
PIB 36 (en 10.9 11.0 11.4 10.9 10.5 11.8 12.0 12.6 14.0 14.8
milliards
PIB (par habitat 249.4 240.8 243.1 223.4 210.7 227.4 223.0 229.3 245.4 253.4
PNB*(enUS$
100
par habitat)
Recette totale
(en milliard) 4.02 4.54 3.55 3.17 2.75 3.66 4.93 6.87 7.85 9.25
Recette locale 3.39 3.74 3.09 2.71 2.21 3.19 3.94 5.84 6.84 7.78 8.6
Aide extérieure 0.63 0.80 0.46 0.46 0.54 0.47 0.99 1.03 1.01 1.47 3.5
Dépense totale 4.32 5.09 4.99 4.85 4.21 5.22 7.09 8.30 9.83 9.89 13.9
(en milliards)
Dépenses 1.23 1.50 1.14 1.21 0.95 1.78 2.69 3.28 3.63 4.53
d’investissement
Dépenses de
fonctionnement
3.07 3.59 3.83 3.64 3.25 3.43 4.4 5.02 5.15 5.35
Déficit(milliard -0.29 -1.35 -1.42 -1.68 -1.45 -1.56 -2.17 -1.42 -1.98 -0.63 -1.6
Dette (milliards 9.2
Taux d’inflation 2.2 9.6 5.2 20.9 21.0 10.0 1.2 13.4 0.9 -6.4
[Source : - tableau élaboré à partir des données de « Addis Ababa Chamber of Commerce », 1998 ;
* « world tables, 1995 », ** Addis tribune, 21/08/98].
L’économie dépend fortement de l’agriculture qui couvre 50% du PIB (sans
pratiquement aucun changement dans les 15 dernières années), 90% du profit
d’exportation et 85% de l’emploi. Le café et l’élevage sont les deux principaux
composants de ce secteur. Le café apporte 67% du profit total d’exportation.
L’élevage constitue 15% du PIB total et 33% du PIB secteur agricole 37 . Malgré son
importance en terme d’économie et de ressources, l’agriculture (la culture et
l’élevage) est peu exploitée, très artisanale et tributaire de la pluie, l'irrigation étant
35 Budget approuvé, source : Le Ministère de Finance, WIC. [On line]. Addis Ababa : WIC, [17/07/99].
Available from internet : et
Addis Tribune 09/07/99.
36 GDP at 1973 E.C.Y constant factor cost which is the sum of income accruing from the production of
goods and services. It differs from GDP at market price by the amount equal to indirect taxes less of
subsidies.
52

peu développée (4,6% de terrain "irrigable"). Ce secteur a connu dans les 5 dernières
années une croissance annuelle de 3.8% 38 .
L’industrie moderne est relativement récente (à partir des années1950) et elle apporte
en moyenne 11% du PIB (pour les années de 1993/94 à 1996/97). La part du secteur
des mines est moins de 1% malgré l'existence des ressources minérales (Or, tantale,
potasse, nickel, platine, charbon, pétrole 39 , etc.) qui font actuellement l’objet de
plusieurs explorations 40 .
Le tourisme, qui a connu dans ces dernières années un développement encourageant 41 ,
reste encore peu développé comparé au grand potentiel du pays (historique,
archéologique, culturel, scénique, etc.). Le frein au développement de ce secteur ne
vient pas seulement du niveau de développement du pays (infrastructures, services,
etc.) mais aussi de son image extérieure (image de famine et de guerre 42 ). Or l’image
d’un espace est devenue dans la logique actuelle des villes, le facteur clé de leur
attractivité et de leur développement. Les villes éthiopiennes, malgré leur richesse
touristique, n’ont pas pu profiter beaucoup de ce secteur pour assurer leur
développement et pour préserver leurs monuments historiques classés souvent par
l’UNESCO patrimoine mondial (Lalibela, Axum, Gondar, Harar).
37 Addis Tribune , 02/10/98 & 30/10/98, Addis Abéba. WIC, Country Profile of Ethiopia
38 Ministère de l’Agriculture, cité par ENA, 28/10/2000.
39 Exemple à Gembela , il est estimé qu’il existe 100 à 200 million de barrels de pétrole selon l’étude de
Shrevron Petroleum Enterprise, ENA, 26/02/2000.
40 WIC, déjà cité.
41 Ce secteur a apporté 240 millions de birr en 1998 six fois plus qu'en 1991 (moins de 40 millions de
birr, Rapport de « Tourism commission » devant l’Assemble Nationale, Ethiopian News Agency,
23/02/99
42 On trouve ainsi décrit le symbole de l’Ethiopie "Once it was a great pride to say I am
Ethiopian…….. What if you say today I am Ethiopian? You are a symbol of hunger, terror and
tragedy » (Asrat B.,1990).
53

Cette situation économique se traduit par des indicateurs socio-économiques très
précaires. La moitié de la population éthiopienne vit en dessous du seuil de pauvreté
d'un dollar par jour 43 . En 1992, la population urbaine pauvre était estimée à 4,6
millions (soit 66% de la population urbaine éthiopienne) dont 2 millions dans une
pauvreté chronique 44 . Le taux d’alphabétisation a chuté en 1994 à 23.4% (notamment
à cause de la guerre et de l’arrêt de la campagne d’alphabétisation) après avoir passé
de 10% à 77.2% entre 1974 et 1990. Le nombre de sans abris, notamment jeunes,
s’accroît chaque année dans les centres urbains. La mortalité infantile est l’une des
plus élevée du monde : 105 % 0 en 1993 (Ministry of health, 1994). En 1992, une
étude de l'UNICEF estime qu’il existe en Ethiopie 100 000 enfants des rues 45 .
I.2 ADDIS ABEBA : HIER ET AUJOURD’HUI
I.2.1 Naissance et évolution
Addis Abéba ("la nouvelle fleur" en Amharique), est une ville récente fondée en 1887
par le roi Ménélik II. Au moment où les capitales des pays anciennes commencent à
se moderniser, l’Ethiopie entama la création de sa centième capitale 46 . La fin du
XIX ème siècle correspond aussi à la période de naissance de nombreuses capitales
africaines (colonisées) : Abidjan en 1897, Nairobi en 1899, Tunis 1880, Lomé en
1897, Conakry en 1890. Ces villes récentes, comparées aux capitales des pays
industrialisés, sont en plus le lieu d'une urbanisation anarchique et galopante.
Deux décennies après sa fondation le petit hameau de Finfine, qui était
essentiellement occupé par les casernes militaires, s’est transformé en une véritable
ville qui constitue le centre économique, politique et militaire de l’Ethiopie. En 1907,
lors de la création de la municipalité d’Addis Abéba, la ville s’étendait sur une
superficie de 3 300 hectares et elle comptait déjà 60 000 habitants 47 .
43 Nyambi S . UNDP Représentant en Ethiopie, cité par Addis Tribune23/10/98.
44 « Ethiopia, Towards poverty alleviation and social action program », AEOD, 1992, cité par (Paulos,
1994)
45 Cité par Addis, magazine, septembre 1997 (Mesekerem 1990E.C)
46 Dans son histoire de trois milles ans l’Ethiopie a connu plusieurs capitales (princières et royales) qui
se déplaçaient sans cesse(généralement dans le sens du nord vers le sud) d’un endroit à l’autre. Berlain
(1963) dénombre cents capitales entre Axum et Addis Ababa .
54

Cette explosion urbaine a continué de s’amplifier au cours du XX ème siècle et
notamment entre 1965 et 1975, période d'apogée de l’exode rural. L’image attractive
d’Addis donnait et donne toujours, chez la population rurale et provinciale l’espoir de
trouver un emploi et de la modernité. Ainsi presque la moitié (47%) de la population
actuelle de la ville est originaire des autres régions de l’Ethiopie. Ce pourcentage
montait à 75% pour la population adulte dans les années 1970. Outre l’attractivité de
la capitale, les événements douloureux du pays (la guerre civile des années 1980) ont
contribué à la montée spectaculaire de la démographie d'Addis Abéba. Ainsi la
population a presque doublé entre1984 et 1994 en passant de 1.2 à 2.12 millions et le
CSA estimait en 1998 la population d’Addis Abéba à 2.43 millions.
Tableau 5 :
Evolution démographique centenaire de la ville d’Addis Abéba
Année 1897 1916 1935 1946 1964 1978 1984 1994 2000
Population 0.03 0.07 0.1 0.18 0.65 1.17 1.4 2.12 2.63
(en million)
[Source : (Berlain, 1963) et CSA].
La ville s’est dotée d’une dimension internationale avec le siège de l’OUA, UNECA
et autres organisations de recherche (ILCA, ALERTE, etc). Elle concentre également
la partie importante (65%) des activités industrielles du pays.
47 Le premier recensement (partiel) a eu lieu en 1938 suivi par un autre récencessement partiel de1950.
Le recensement complet et officiel est fait à partir de 1961. Les chiffres antérieurs à ces campagnes de
rcencessement sont souvent des estimations des voyageurs étrangers (Berlain, 1963).
55

0
2.5km
Lé g e n d e
Espace urbanisé en 1975
Espace urbanisé en 1995
Figure 4 : L’évolution urbaine entre 1975 et 1995 48
48 Carte élaborée par l'auteur à partir de l'image satellite de SPOT Image, CNES, 1995 (1: 40 000)
56

1.2.2 Caractéristiques géographiques
Addis Abéba, située dans le haut plateau central et au cœur de l’Ethiopie, s’étend sur
une superficie administrative 49 d'environ de 520 km² et une zone urbanisée de
184km². A la périphérie, il existe quelques zones rurales (23 kebeles ruraux) de
superficies totales de 18km² et de 28 149 habitants.
L’altitude varie de 3000 à 2100 de l’extrémité nord à l’extrémité sud sur une distance
de 28 kilomètres. La ville était connue pour sa forêt d'eucalyptus actuellement en
déforestation rapide 50 .
I.2.3 Caractéristiques socio-économiques
I.2.3.a Aspect socioculturel
La population Addis Abébienne se caractérise par une tranche d’âge très jeune. Selon
le recensement du CSA de 1994, 70% de la population est âgée moins de 30 ans et
91% est âgée de moins 50 ans. Le taux de croissance annuelle est de 4% pour la
période entre 1984 et 1994 plus faible que le taux national urbain (5.4%) mais plus
important que la période précédente (3 %) (1978-84).
La population est composée de toutes les ethnies éthiopiennes (on compte environ 60
ethnies dans le recensement du CSA (1994)). Ainsi Addis Abéba constitue la
mosaïque ethnique de l’Ethiopie. Il n’existe aucune forme de ségrégation ethnique ou
de problèmes interethniques. Il y a cependant dans certains quartiers anciens une
composition relativement importante de la population originaire d’une même région
qui s’explique essentiellement par l’immigration et la solidarité familiale ou
49 Il s'agit du résultat de notre calcul pour éviter les différentes estimations : 510 km² par JICA et al.,
(1997) et 540km² la ville(AACG, 1997b).
50 L’eucalyptus, qui est à l’origine et à la pérennité de la vile, a beaucoup contribué au développement
urbain (ressources pour la construction, l’énergie). Il a marqué (et marque) le paysage de la ville ce qui
lui avait valu des surnoms « ville forêt » et « eucalyptopolis ». 10 millions arbres venus d’outre-mer
(d’Australie) couveraient le site déboisé d’Addis Abéba au début du siècle (Berlain, 1963). La
sylviculture avait connu une période très propice notamment dans les années 1960. Elle couvrait, en
1964, une surface de 45 km² autour de la ville comme une ceinture verte avant de connaître son déclin
après la loi de nationalisation (Horvath, 1969).
57

amicale 51 . Cela n’a aucun effet de ségrégation et a, au contraire, renforcé la
découverte des cultures et modes de vie de la société éthiopienne. La ville se
caractérise par une forte cohésion sociale, une solidarité de voisinage et par une
population en quasi-totalité croyante (Orthodoxe : 82% et Musulmans : 13%).
Sur le plan de l'éducation, le taux des illettrés est en moyenne relativement faible
(17,4% pour la population âgée plus de 10 ans) mais il atteint 23,5% pour la
population féminine.
Tableau 6 :
Alphabétisation et Niveau d’étude de la population Addis Abébienne
et éthiopienne
Population âgée Illettré Niveau 52 d’étude(en pourcentage) Non
plus de 10 ans (en %)

Les activités informelles contribuent beaucoup à la survie de la population sansemploi
ou avec un emploi à faible revenu. 30% de la population sans-emploi est
engagé dans le commerce informel de subsistance et vend deux ou trois objets dans la
rue (cigarettes, loterie, nourriture, bois, cirage des chaussures, etc.). Cette activité
engage beaucoup de femmes qui passent leur journée au petit marché du quartier
(gulete) et au bord de la rue pour gagner leur pain quotidien familial. Il n’existe
pratiquement aucun système d’aide à la population sans-emploi, invalide ou démunie.
La sécurité sociale existe seulement pour la retraite et son montant est insignifiant.
Revenu
Les connaissances sur les revenus des ménages sont très approximatives, bien qu'on
connaisse l'importance de ménages pauvres 54 . Ceci est principalement dû au manque
d’information centralisée, aux revenus informels et aux réticences des ménages. Les
nombreuses estimations faites dans les 15 dernières années montrent néanmoins que
plus que la moitié des ménages d’Addis Abéba ne gagne pas le minimum nécessaire
pour couvrir les dépenses vitales.
Tableau 7 :
Revenu mensuel des ménages et son évolution
Revenu mensuel 1984* en % 1990** Revenu mensuel 1996***
en birrs
en birrs
1050 17.2
Moyenne en birr 280 birr 390
Médian en birr 150 birr 200
Coût Minimum de vie 124 birr 55 250birr 56 450 birr
[Source : Tableau élaboré à partir des données, *(AAMPPO 1986); ** (AAWSA et al., 1993b), *** (CSA, 1998)]
54 Un recensement (pas encore publié) sur le revenu et les dépenses des ménages d'Addis Abéba est
lancé en juin 1999 par le CSA.
55 AAWSAet al 1993b, pp.39.
59

Il est difficile de dessiner une carte des revenus des ménages avec la forte mixité
socio-économique de la ville. Néanmoins on peut établir quelques corrélation entre le
mode de possession de logement et la typologie urbaine d’une part et le niveau de
revenu des ménages d’autre part. Cette corrélation est développée dans la
caractérisation des différentes typologies urbaines avec des ménages plus aisés.
Pauvreté
La pauvreté absolue est définie comme la situation dans laquelle une population ou
une de ses parties est incapable de subvenir au minimum nécessaire à sa subsistance
en nourritures, habits et abris afin de maintenir un niveau de vie minimum 57
La montée et la persistance de la pauvreté se traduisent par l’augmentation du nombre
de sans abris, de la crise sociale et de la mendicité ainsi que par un développement
urbain précaire et inégalitaire. Ceci est la réalité quotidienne de tous les pays pauvres
ce qui a propulsé, depuis longtemps, le sujet de la « la pauvreté » au cœur des débats
internationaux, nationaux et régionaux. Malheureusement les résultats restent plutôt
négatifs puisque la paupérisation ne cesse d’augmenter.
La ville d’Addis Abéba compte aujourd’hui 40 000 (2671 en 1978 58 ) sans abris qui
vivent dans la rue et autour des églises ainsi que 93 402 personnes âgées non aidées
(quelques centaines seulement sont aidés par les maisons de retraite de l’Etat) 59 . Nous
avons vu également que 60% des ménages vivent au-dessous du seuil de pauvreté.
Cette précarité nous montre la limite d’une participation financière pour les services
urbains en général et pour l’assainissement pluvial en particulier. Lors de la
préparation du schéma directeur des eaux usées de l’AAWSA, les études
sociologiques concluaient déjà que les ménages ayant un revenu mensuel inférieur à
200 birrs ne pouvaient pas contribuer à la construction et à la rénovation de leur fosse
(AAWSA et al. 1993b).
56 AAWSAet al 1993b, pp. 40
57 Maurice Parele, « Farewell or poverty », 1935, cité par Mulugeta A, 1994
58 Bekele & al. (1984).
59 Cité par Addis Lessane, 6/12/97 (Hedar 27/1990E.C), source non indiquée.
60

I.2.3.c Formes d’organisation culturelle et leur rôle dans le développement
urbain
Il existe trois formes d’organisation culturelle qui réunissent les habitants d’un ou de
plusieurs quartiers au moment du deuil ou des fêtes. Ce sont l’Edir, le Mahebere et
l’Ekoub.
L’Ekoub est une forme d'associations d'épargnants (tontine) qui fonctionne avec un
versement régulier et un tirage au sort. Il n’est pas pérenne (souvent un an) et il n'est
pas utilisé dans les projets de développement urbain.
Le Mahebere est une association généralement à but festif et religieux. Il est composé
de 20 à 30 personnes. Sa fonction est d’organiser une fête une fois par mois, à tour de
rôle, au nom de Dieu, de la Sainte Vierge Marie ou d’un autre saint. Mehabere est une
association pérenne, avec des règlements internes, mais sans reconnaissance juridique
et il ne joue pratiquement aucun rôle actif dans le développement urbain. Cependant
son rôle de lieu de rencontre et de solidarité permet, notamment aux femmes, de
s’informer et de discuter. Ceci peut être une potentialité à exploiter notamment dans la
sensibilisation et l’information.
L’Edir
L’Edir est une association dont l’objectif est l’inter aide lors d’un deuil. Le nombre de
membres varie d’une dizaine de personnes à plus de 1000. Il est basé sur une
cotisation mensuelle. Il a son règlement interne et le statut d’une personne morale.
Quand il y a un décès dans une famille membre, l’Edir donne à la famille l’argent et le
matériel (tentes, chaises et autres) nécessaire au bon déroulement des cérémonies
d’enterrement et de recueillement qui dureront au moins trois jours.
L’Edir n’a pas un territoire facile à identifier. Il s’organise souvent autour de zone
d’influence d’une paroisse avec des tailles et des types variés : grand Edir des
hommes, petit Edir des hommes, petit Edir des femmes. L’Edir est l’un des
principaux éléments de solidarité et de cohésion sociale dans les villes éthiopiennes,
notamment à Addis Abéba. Il est ouvert à toute personne qui respecte ses lois.
61

Grâce à ses rôles sociaux très appréciés, l’Edir est de plus en plus sollicité depuis
quelques années dans le domaine du développement et de la gestion urbaine. Les
Edirs interviennent par exemple dans les projets de développement urbain et social
notamment comme partenaire local des ONG.
A titre d’exemple, dans un atelier de discussion, organisé par CARE-Ethiopia (une
ONG étrangère) autour de la question de gestion des ouvrages réalisés par cette ONG,
l’Edir est désigné comme un acteur principal pour assurer la collecte de l’argent
(0.25centimes/mois) nécessaire à l’entretien et à la maintenance des latrines et des
fossés. Cependant, la plupart des Edirs n’ont pas pu assumer cette responsabilité 60 à
cause, il nous semble, de leurs territoires diffus qui ne correspondent pas aux
territoires du projet. En revanche, l’Edir joue un rôle important dans les projets de
restructuration comme médiateur pour convaincre et faire accepter l’intérêt général de
ce type de projet qui nécessite parfois la démolition de clôtures ou d’une partie des
maisons sur le tracé de voirie.
La ville comptait également sur le soutien de cette structure sociale pour réduire le
problème de logement. Dans son programme quinquennal, la ville a annoncé qu'elle
encouragera et soutiendra les Edirs qui prêtent de l'argent à leurs membres pour la
construction des latrines 61 .
60 Entretien, Urban Food-For-Work Project, CARE-Ethiopia, Addis Ababa, 30/11/98.
61 (AACG, 1997b), p.68.
62

1.3 MORPHOLOGIE ET TYPOLOGIE URBAINES
1.3.1 Forme et tissu urbains
Le terme « forme urbaine » désigne ici, en simplifiant son caractère polysémique 62 ,
l’organisation spatiale de la ville et de son évolution. Quant au tissu urbain, il désigne,
au sens textile et organique 63 , la structure, l’occupation, l’usage d’une entité urbaine :
notamment la densité et l'accessibilité. La combinaison de ces deux concepts nous
permettra de saisir les composantes et l’intégralité de la ville ainsi que ses spécificités.
Celles-ci sont indispensables pour avoir une vision réelle de la ville masquée souvent
par la généralisation.
1.3.1.a Originalité, origine et évolution
La forme urbaine de la ville est indigène et représente une originalité par rapport à
celle de la plupart des villes africaines. Cette forme, qui peut être qualifiée à l’origine
de multi–noyaux, héritée du mode d’appropriation de l’espace de l’Ethiopie
Impériale.
La ville s’est développée d’abord essentiellement par agrandissement et
rapprochement des foyers (noyaux) urbains, appelés localement sefer, fondés par des
dignitaires et des chefs de guerres d’une manière dispersée réservant le centre au
palais (Guebi) 64 .
Hirsch B. et Perret M. décrivaient ainsi la ville d’Addis Abéba dans les années 1930
avec une comparaison interne (le concept éthiopien) et externe (les modèles
classiques) : « A première vue la ville paraît désordonnée, anarchique, insaisissable :
une nébuleuse. Mais l’histoire explique fort bien que sa structure originelle, très
62 Comme Merlain P et al. (1988) l'ont expliqué à travers les différents travaux des urbanistes, des
architectes et des sociologiques, le concept forme (morphologie) urbaine porte plusieurs sens selon le
domaine, le temps et la question posée.
63 Pour utiliser l'expression de Calenge C, "De la nature de la ville", Les annales de la recherche
urbaine. Mars 1997.
64 Selon Berlain E. (1963) la ville se composait à la fin des années 1880 du palais de Ménélik au centre
entouré à distance par les guebis (résidences) des Ras (dignitaires) : au nord le guebi de Ras Mekonen
et le palais d’Abune (Archevêque) ; à l’est le guebi et le camp militaire de Ras Mikael, les résidences
d’Afe-Negus et du ras Darguié ; au sud ouest la résidences de Lique –mekausse Nadewe et de
Dejazemache Tessema ; à l’ouest résidences de Ras W/Giorgisse et Fetawerrari Habte-Giorgiss ; au
nord-ouest les résidences des Dejazmaches Wubé et Biru.
63

éloignée des modèles urbains étrangers, européens ou musulmans, comme des villes
coloniales qui surgissent au même moment. Création impériale, comme jadis Gondar,
elle connaît un plus grand développement à cause de l’expansion de l’empire et du
nouvel environnement économique et politique, mais elle garde la même structure que
les anciennes capitales princières et royales : c’est le camp militaire figé au sol,
autour duquel s’agglomèrent le marché et les services » (Hirsch B et al, 1989).
La construction du premier pont en 1930 sur la rivière Ketchene et des voiries
(asphaltées dans les années 1910) 65 ont facilité l’articulation des différents foyers
urbains. Par la suite, la densification, structuration et extension ont pris le relais
notamment à partir de l’occupation italienne (1936-41).
Cependant malgré plusieurs efforts, l’urbanisation ne respectait pas la planification.
Le premier plan était réalisé au début du XX ème siècle et il est connu sous le nom du
plan de Taitu et Ménélik. Ce plan indiquait la répartition de terrain et le zonage par
sefer de chaque dignitaire propriétaire. Il servait donc plutôt comme un cadastre.
Puis, de nombreux plans (7 en 50 ans) essentiellement des Master plans (schémas
directeurs) ont été réalisés tout au long du siècle dernier dans lesquels des architectes
et urbanistes étrangers de renommée internationale ont proposé des plans
schématiques pour guider le développement de la ville : Le Corbusier en 1936 ; Guidi
et Valle en 1937 ; P. Abercombie en 1956 ; Bolton, Hennsy et Parteners en 1959 ;
L.H. De Mariene en 1965, C.K. Polonyi en 1975 ; le NUPI en 1986 (Techeste A.,
1986). Comme le montrent les intervalles de temps qui les séparent, ces plans
n’étaient pas appliqués pour trois principales raisons :
- Plans non appropriés et non applicables : la plupart (4 sur 6) de ces
plans a été réalisée souvent sans prendre en compte le contexte
local et est basée sur des expériences européennes (Les Champs
Elysées de L.H. De Mariene, la ceinture verte d’Abercombie). Par
exemple le plan de Le Corbusier a été élaboré à Rome sous la
demande de Mussolini sans avoir des connaissances du site ou de
l’environnement socio-économique de la ville. Ce plan, comme
65 (Boubé P. 1986), Berlain E, 1963, pp71.
64

celui de Guidi et Valle, étaient basés sur des zonages selon la race,
la religion et le niveau social. Ces deux plans ont été abandonnés
après la libération ;
- Manque de cadre juridique et institutionnel ;
- Monopole privé du foncier urbain par les dignitaires qui avaient
plus de pouvoir que les techniciens de la municipalité pour
construire n’importe où et n’importe comment. Avant 1974, la
quasi-totalité (95%) des terrains appartenait à 5% de la population
de la ville 66 .
Cette évolution urbaine a abouti dans les quartiers anciens (d’avant 1970) à une
morphologie urbaine très dense, non structurée et parfois inaccessible. On trouve ces
quartiers aussi bien au centre qu’à la périphérie. On les trouve dans les zones
d’administration et dans le CBD derrière les beaux bâtiments qui longent les voiries
primaires et secondaires. Berlain (1963) s’étonnait ainsi du désordre et de
l’urbanisation anarchique du quartier de Fete-ber en plein centre ville à coté du
Palais : «…des îlots ont été distribués à des soldats et fonctionnaires ; chacun a bâti
selon ses goûts et ses moyens ; il s’est constitué là, en plein centre de la ville, quelque
chose qui ressemble à la plus désordonnée des banlieues. » 67 . Ce quartier se trouve
aujourd’hui dans un état plus dégradé : un vrai bidonville. Cette coexistence et ce
mélange au centre ville des constructions modernes et de l’habitat traditionnel sont
appréciés par le master plan (actuel et en révision) comme image duale de la ville
qu’il cherche à préserver.
Les zones d’urbanisation récente sont à la périphérie et elles sont souvent structurées,
moins denses et relativement bien accessibles. Bien que la ville possède un tissu
urbain et social très hétérogène, il existe une disparité économique du cadre de vie et
entre les zones anciennes et celles d’urbanisation récente. Malgré cette mixité assez
marquante, on voit donc une tendance vers la ségrégation avec des périphéries plus
aisées. Or cette hétérogénéité est la source d'équilibres social, économique et urbain
de la ville. Elle doit être donc maintenue à travers des programmes d’attribution de
parcelles et de construction de logement social.
66 Messfin Wolde-Mariam, 1966, cité par (Assefa Wolde-Mariam, 1996).
65

Par sa composition socio-spatiale, la ville d'Addis Abéba se distingue donc de la
plupart des villes africaines. Celles-ci présentent dans la plupart des cas une forme
urbaine ségréguée, héritée de l’époque coloniale, qui peut être schématisée avec trois
zones : le centre administratif (CBD) au centre, les quartiers résidentiels de
lotissements récents à la deuxième couronne et l’habitat spontané à la périphérie (UM
Bayiha, 1996). Dans l’abondante littérature sur les villes du tiers monde, le péri urbain
est souvent un bidonville très dense abritant la population défavorisée et une part
considérable de la population urbaine (jusqu’au 50%).
A Addis Abéba, les teneurs de terrain féodaux, d’avant 1974 et le foncier strictement
public d’après 1974, ont évité le développement de cet habitat spontané à la
périphérie.
Cependant, l’incapacité de la ville à répondre à la demande de logement et de parcelle
a conduit depuis les années 1980 à une urbanisation par densification non planifié qui
s’opérait par l’élargissement des maisons et des parcelles notamment dans le cas des
maisons nationalisées, connues sous le nom de « maisons de kebeles ». La loi de
nationalisation des terrains et des maisons urbaines avait mis sous le contrôle de l’Etat
environ 2/3 du parc de l’habitat (Groupe Huit et al., 1988). Actuellement parmi
374 742 logements recensés en 1994, 142 095 logements (soit 38%) sont loués par les
kebeles.
1.3.1.b Densité et accessibilité.
La densité brute moyenne est de 112 habitants par hectare avec une grande disparité
qui varie de 750 pour un district central à moins 50 pour un district périphérique.
Dans le quartier de Tekelhaymanmot, la densité est estimée à 1000 habitants par
hectare 68 . On voit bien l'ampleur de l'entassement urbain quand on fait la comparaison
avec la densité de Paris 69 (200 habitants par hectare avec des constructions
majoritairement en hauteur). Or, à Addis Abéba, 97.2 % des logements sont sans
étages ce qui donne une densité "réelle" très forte (voir figure 6).
67 Berlain E. 1963, pp.161.
68 Murade H., 1997, p. 31.
69 IAURF, 1987
66

La ville, notamment dans sa partie ancienne, est caractérisée par une forte congestion
urbaine. 38% de la population habite dans les districts (11 woredas) de densité
supérieure à 200 habitants par hectare 70 .
Cette forte densité est accompagnée par l’inaccessibilité. On définit ici
l’inaccessibilité comme le manque de liaison appropriée entre une parcelle et le réseau
de voirie du quartier et de la ville. Comme le montre le tableau 8, ¼ des logements de
la ville n’ont pas d'accès direct à une voie propre. Ce taux monte à 56%, 47 % et 51 %
respectivement pour les woredas 25, 11 et 13 (woredas anciens et à la périphérie). Le
taux d’inaccessibilité le plus faible se trouve dans le woreda 17 (Bolé) où sont situés
les quartiers les plus aisés de la ville.
Tableau 8 :
Logements (parcelles) inaccessibles par Woreda.
Woreda
Logements
inaccessibles
Woreda
Logements
inaccessibles
Woreda
Logements
inaccessibles (en
%)
nombre (en %) nombre (en %) nombre (en %)
1 3368 37.49 11 6309 50.67 21 3188 22.72
2 3492 39.03 12 1327 14.93 22 1093 18.39
3 4746 33.55 13 4960 47.02 23 2029 13.21
4 2950 25.87 14 3036 29.27 24 2851 14
5 2839 14 15 2604 24.57 25 6938 56.5
6 1630 14.37 16 2426 22.93 26 1927 27.29
7 3677 29.3 17 874 4.35 27 2162 22.57
8 3314 27.96 18 2008 21.16 28 1076 10.77
9 1791 22.22 19 2374 13.95 Total 80 018 24.26
10 2952 26.08 20 2077 18.66
[ Source : tableau élaboré à partir des données d’Information Lemate-ketema collectées en 1996]
70 Le Groupe huit estimait en 1988 que 70% de logements sont dans une zone de forte congestion
67

Légende
10-50 hab/ha.
(woreda 17, 22, 27, 28)
51-100 hab/ha.
(woreda 12, 23, 24, 26)
101-200 hab/ha
(woreda 8, 10, 11, 13,15,16,18,20,25
201-250 hab/ha.
(woreda 2, 9, 14, 21)
251-400 hab/ha.
(woreda 1, 3, 4, 6)
401-750 hab/ha.
(woreda 5 7 19)
(a) Densité démographique
Légende
0 - 20 bâtiment
/ha.
(woreda 12, 17, 22,
23, 24, 25, 26, 27,
28)
21- 40 bâtiment
/ha.
(woreda 8, 9, 10,
11, 13, 15, 16, 18,
20)
41 - 50 bâtiment
(b) Densité du cadre bâti
Figure 5 : Densité démographique et densité du cadre bâti à Addis Abéba 71
71 cartes adaptées à partir (AA RADIUS, 1999)
68

L’inaccessibilité des maisons est le handicap majeur de la gestion urbaine de la ville
et la cause principale de l’insalubrité et des problèmes d’assainissement urbain. Dans
ces quartiers sans voirie la collecte des ordures ménagères, la vidange des fosses, la
construction d’équipement d’assainissement ou l’intervention rapide lors d’incendie et
d’inondation sont pratiquement impossibles. Répondre aux problèmes de ces quartiers
passe certainement par l’accessibilité.
L’une des causes principales de l’entassement urbain et de la densification (illégale ou
légale) des parcelles est liée à l’impertinence de la politique foncière et de son
application (la corruption, l’incapacité à viabiliser des terrains). Les efforts
d'attribution de terrain après la révolution se sont affaiblis à la fin des années 1980 à
cause de la lourdeur des procédures, du manque de techniciens et surtout de la
corruption et ensuite du blocage de terrain pendant environ 5 ans. Entre 1988 et 1992,
la demande de terrain (parcelle) était de 63 388 et l'offre ne couvrait que 10% avec
6 260 parcelles attribués 72 .
1.3.1.c Habitat
L’habitat se caractérise à Addis Abéba par un mélange de maisons traditionnelles et
modernes. Les maisons traditionnelles sont construites en bois et en terre. Le parc de
logement de la ville se caractérise à la fois par une forte précarité et une insuffisance.
On a recensé en 1996 moins de 238 000 logements face à 460 000 ménages, ce qui
donne plus de 200 000 ménages sans logements propres vivant dans les annexes et
pièces très précaires et exiguës. Déjà en 1988, plus de 44 000 habitats étaient dans une
situation irrécupérable et 70 000 nécessitaient une réparation importante 73 . Ainsi, la
ville est considérée par de nombreux observateurs comme un bidonville. Une étude
des Nations Unies 74 classe d'ailleurs Addis Abéba comme la ville la plus confrontée à
la précarité de l’habitat : 79% de la population vit dans les logements sous "normes".
Ce taux est précédé de celui de Jakarta (54%) et de Bogota (50%).
72 Selewegen A. Shelter provision in Addis Ababa in the period between 1974-1990, ESAU, 1993
73 Groupe huit, 1988
74 UN Department of Public Information. Habitat II: city summit to forge the future of human
settlements in an urbanising world. Vil. XXXIII, n° 1, spring 1996.
69

Il existe trois principaux modes d’appropriation de logement qui résultent de la loi de
nationalisation 47/1975. Cette loi, rappelons-le, a mis sous le contrôle de l’Etat
environ 2/3 75 du parc de l’habitat de l’époque. Elle a confié aux kebeles la gestion des
maisons dont le loyer mensuel est inférieur à 100 birrs et au RHA celles dont le loyer
est supérieur à 100 birrs. Avec l’autorisation de l’investissement privé, quelques
promoteurs immobiliers ont construit des maisons de location à la périphérie de la
ville.
Tableau 9 :
Typologies du parc de logement à Addis Abéba
Type de propriété Pourcentage 76 Caractéristiques dominantes
Propriétaire 33% - sans étage et séparé
- en majorité en bon état
- en terre ou en dur
Location par le Kebele 38% - mauvais état
- exiguë et surpeuplé
- en rang (attaché) et sans étage
- en terre
Location par le privé 16% - en majorité très précaire
Location par le RHA et 0.3% - souvent en étage
autres
- en dur
Location gratuite 0.8% - en majorité très précaire
Habitat des promoteurs Données nondisponibles
- en construction
immobiliers
- matériaux en
dur
Les logements les plus précaires, à la fois en termes de leur état et de leurs
équipements (cuisines, toilettes), sont les maisons de kebeles à cause de leur âge, des
matériaux de construction moins pérennes (95% en terre 77 ), du manque d’entretien et
de la pauvreté des ménages. Il s’agit de véritables logements sociaux avec un loyer
faible (en moyenne 4-10 birrs / mois) qui n’a jamais été majoré durant ces 25
dernières années.
75 Groupe huit, 1987.
76 Source : (CSA, 1995)
77 Groupe huit et al. 1988, p.17.
70

Le programme quinquennal de la ville envisageait en 1997 de réduire le manque de
logement d’un tiers. Les mesures avancées consistent à combiner les interventions
privées et publiques 78 .
1.3.2 Les typologies urbaines et leurs caractéristiques techniques et socioéconomiques
Le Dictionnaire Robert définit la typologie comme « l’élaboration des types facilitant
l’analyse d’une réalité complète et la classification ». L’approche par typologie nous
permettra d’avoir une classification homogène de l’hétérogène espace urbain d’Addis
Abéba. Cela constitue une base pour la compréhension des différentes composantes
de l’espace urbain et de son intégralité ainsi que pour la construction des éléments de
réponse.
Notre classification typologique est basée sur :
- l’accessibilité des parcelles et la densité de construction
- la structure de la trame viaire des mailles
- l’étendue de l’espace et ses activités.
- la densité de l’habitat et de la voirie
- la légalité de l’occupation
Nous n’avons pas pu intégrer dans cette classification le revenu des ménages pour les
raisons suivantes :
- On ne dispose actuellement pas de données précises 79 sur le revenu
total des ménages (revenu formel, informel) car le système de
déclaration n’existe pas ;
78 Il s'agit :
- de mettre des terrains viabilisés à la disposition des ménages capables de construire leurs logements
- d'attribuer le terrain nécessaire aux promoteurs immobiliers et de les encourager par la baisse des
baux
- de construire des maisons à faible coût destinées à la population à faible revenu. La ville envisage,
pour une meilleure appropriation, l’accès de ces ménages à la propriété soit en construisant eux même
leur logement soit en payant le coût de construction sous forme de loyer.
79 Le CSA a lancé en juin 1999 dans quelques kebeles une campagne de recensement
sur le revenu et la dépense des ménages d’Addis Abéba. Le résultat n’et pas encore
disponible.
71

- La mixité socioprofessionnelle dans un espace ne permet pas une
classification homogène en fonction du revenu.
- L’estimation à partir de l’état de l’habitat donne des résultats
parfois très loin de la réalité 80 .
La structure de la trame viaire permet de saisir l’accessibilité. La densité de la
construction réfère ici à l’état, serré ou lâche, du tissu urbain de l’espace considéré (cf.
figure 5). Ces indicateurs sont d’une grande importance dans la mesure où ils
permettent de mesurer la complexité des problèmes à identifier et à définir les champs
d’actions nécessaires. L’assainissement de certains quartiers nécessitent des mesures,
comme la restructuration, qui dépassent le simple secteur de l’assainissement.
Nous distinguons cinq typologies urbaines qui représentent les traits prédominants de
l'espace urbain. Il s'agit d'espace :
- Structuré dense (de tissu serré) [SD]
- Structuré moins dense(de tissu lâche) [SMD]
- Non-structuré - Dense [NSD]
- Non structuré moins dense [NSMD]
- Zone d'administration et de service [ZAS]
Une zone est dite structurée si les îlots et les parcelles de l’espace considéré sont
accessibles et si elle est planifiée. Les espaces en périphérie qui peuvent répondre au
critère d’accessibilité grâce à leur tissu très lâche mais qui n’ont pas été réalisés
suivant une planification sont considérés comme espace non structuré.
Les zones typologiques sont présentées dans la figure 6 que nous avons élaborée à
partir des plans de base NORTEC de 1994 et des visites de terrain. Pour chacune des
ces zones, des tissus urbains représentatifs sont présentés dans la figure 7.
80 Parmi les ménages classés à faible revenu par des techniciens en se basant l’état de maison ; on en a
trouvé certains qui se classent dans la catégorie moyenne (Geothert R. et al 1998). Il n’est pas rare de
trouver des ménages aisés occupant les maisons de kebele dans les quartiers dits généralement pauvres.
72

Figure 6 :
Les zones typologiques de l'espace urbain d'Addis Abéba
73

CBD (administrations, commerces,
Structuré - Dense
Non structuré - Dense
0 100 metres
Structuré – Moins dense
Non structuré – Moins dense
Figure 7 :
Les différents types morphologiques de l'espace urbain d'Addis Abéba
74

1.3.2.a Espace structuré et dense
Cette zone concerne la partie centrale et ancienne de la ville. Il s’agit des quartiers
d’habitation (Addis ketema, kuas-meda, Mesalemi, et le quartier entre Mercato et
Ammanuel) et de la zone commerciale (Mercato).
Le mode de possession de l’habitat est majoritairement public (kebele) dans les
quartiers résidentiels. Cette zone se trouve dans les woredas 5, 6 et 7 où en moyenne
64% du parc d’habitat est géré par le kebele. Il s’agit dans la plupart des cas des
maisons anciennes et traditionnelles en mauvais état. La population de cette zone est
majoritairement pauvre : un revenu moyen de 200 birrs par mois et 50% sont
inférieurs à 125 birrs 81 .
La zone est relativement bien équipée en voiries qui, en revanche, sont peu
entretenues. Elle produit énormément de déchets, comparée aux autres zones, à cause
de sa forte densité et de ses activités commerciales. Une quantité relativement faible
de ces déchets est collectée. Cette zone n’est pas desservie par le réseau des eaux
usées. Le système d’évacuation est constitué de fosses septiques. Toutefois le
raccordement sauvage de ces eaux au réseau d’eaux pluviales est très fréquent, ce qui
aggrave évidemment son dysfonctionnement et ses impacts.
Cette zone est la zone la mieux équipée en assainissement pluvial. Des réseaux
enterrés sont présents même au niveau de la voirie tertiaire. Il y a également des
ouvrages d’importante section mais souvent hors usage et méconnus. La zone
n’échappe cependant pas complètement au problème de stagnation et d’inondation
urbaine. Par exemple, la rue Dej. Mekonen Demissew (voirie secondaire), équipée des
deux cotés, devient une sorte de torrent avec le débordement fréquent de son réseau
bouché constamment par les déchets.
81 Calculé à partir des données (Groupe Huit et al, 1988).
75

1.3.2.b Mercato : une ville dans la ville ?
Mercato est un vaste espace de marché quotidien situé au centre de la ville dans la
zone d’espace structuré et dense. Il est né pendant la période de l’occupation comme
place de marché pour les indigènes dans le cadre de la politique de ségrégation raciale
des fascistes italiens 82 .
Dans notre classification, nous avons considéré Mercato comme une zone spécifique
par l’importance de :
- ses caractéristiques urbanistiques (taille, densité, infrastructure)
- ses activités (commerce, artisanat, marché en détail)
- son programme de développement.
Mercato s’étend aujourd’hui sur l’intégralité du woreda 5 et quelques parties des
woredas voisins (woredas 6 et 7). Il couvre environ 110 hectares sans inclure les
zones d’expansion éventuelle (mixtes : commerciales et autres) qui entourent le
marché. Il est donc le plus grand marché de l’Afrique, 6 fois plus grand que Dantokpa
(18 ha), marché central de Cotonou (Bénin), réputé, par manque de connaissance,
pour être le plus grand de l’Afrique Subsaharienne 83 . Le futur Mercato s'élargira sur le
woreda 3 selon son projet de développement, en phase d’étude, dont l’objectif est de
convertir ce marché traditionnel en un centre commercial moderne 84 .
Mercato rassemble chaque jour des dizaines de milliers de personne venant d’Addis
Abéba et de l’Ethiopie avec une pointe le samedi. Dans les années 1960 on estimait
déjà à 100 000 personnes le flux du samedi dont 40 0000 venant de la campagne
(Berlain E., 1963). En 1991, on estimait à 50 000 le nombre de vendeurs et acheteurs
qui se rencontrent chaque samedi à Mercato (Getachew, 1991).
82 Le marché ancien de saint George (situé sur le site actuel de la municipalité) était réservé aux
étrangers et aux Italiens ; et il a été transféré à Mercato après la libération.
83 Paulais T., (1998). Le marché dans la ville d’Afrique noire. Les Annales de la recherche urbaine n°
80-81, 1998. pp.35
84 Mercato redevelopment project improves community’s socio-economic life: Ali
Abdo, WIC, 10/02/2000, sur le site web de WIC.
76

On y trouve de tout. L’activité économique du pays se pratique essentiellement à
Mercato. Le marché se compose de boutiques et de vendeurs à l'étalage. Mercato
assure une double fonction de résidence (49% du parc immobilier) et de commerce
(51%) 85 . Le commerce concerne 80% du parc immobilier dans la partie centrale du
Mercato.
La forte concentration des activités et des personnes produit une quantité importante
de déchets de diverses natures. Il est estimé 86 que chaque jour 8400 tonnes de déchets
sont produites à Mercato. Le service mobilisé pour la collecte est très insignifiant, par
conséquent seulement 30% des déchets sont collectés contre 60% pour l’ensemble de
la ville. Une bonne partie des déchets finit donc dans le réseau d’assainissement et
dans les rivières.
A cela s'ajoute le manque et l'insuffisance des toilettes publiques dans cet espace
d’échange permanent de grande dimension.
Les rues sont quasiment bitumées au niveau de la chaussé et du trottoir. Elles sont
souvent envahies par des déchets et peu entretenues.
L’assainissement et les déchets constituent le problème majeur de cette zone. Le
problème de l’assainissement pluvial correspond plus à une défaillance de l’entretien.
En effet, la zone est équipée depuis sa création d’un réseau enterré. Mais
malheureusement, ce réseau ne fonctionne pratiquement pas, il est obstrué par des
déchets solides et reçoit des connexions illégales d’eaux usées.
Ainsi, l’impact de cette zone est désastreux sur le fonctionnement du réseau et de
l’espace (rivière, urbain, rural) en aval. D’après notre enquête socio-technique, cet
impact est très ressenti par la population en aval qui subit des problèmes venant d’un
espace économiquement riche.
85 D'après notre calcul basé sur les données d'Information Lemate-Ketema, 1996.
86 (Tefera S., 1997), pp.40
77

1.3.2.c Espace structuré et moins dense
Cette typologie concerne :
- les zones d’administration, de services et d’affaires au centre et à la
couronne intermédiaire ;
- les zones d’habitation relativement récente : à la périphérie et à la
couronne intermédiaire.
Zone d'Administration, commerce et service
Elle concerne les zones d'activité du centre ville et les zones industrielles situées au
sud de la ville. Cette zone est la mieux équipée en assainissement pluvial. Certains
quartiers sont même desservis par le réseau d’eaux usées.
Cependant, elle n’échappe pas au problème de l’assainissement pluvial
principalement dû au manque d’entretien et à l’insuffisance de la capacité du réseau.
On peut citer deux exemples illustratifs : la stagnation permanente des eaux pluviales
lors de la saison de pluie sur l’avenue d’Adewa et l’avenue Churchil qui se
transforment en torrent empêchant toute circulation. Le manque d’entretien, le
raccordement illégal des eaux usées sur le réseau pluvial ainsi que le dépôt de déchet
solide dans les regards sont les causes majeures du dysfonctionnement du réseau de
cette zone.
Zone d’habitation
Cette zone couvre la partie importante (avec 44% de l'espace urbanisé) de l'espace
urbain. Il s'agit principalement des zones résidentielles récentes des lotissements de
l’après révolution : Bolé, Besrate-Gebrel, Keranyo, kotebe, Gerge, Asko, Nefas-selike,
Shegole, sur la route de Gojam, etc. Il s’agit de maisons individuelles construites dans
le cadre des coopératives. Le mode de possession est donc majoritairement privé.
C’est la partie de la ville qui est réalisée avec une planification. Cette typologie inclut
également les grands sites résidentiels en cours de construction et d’attribution
notamment les sites de Bolé-Bilbula, Kotebe, Keranyo, Saris, Asko, Lafto, etc.
78

Cet espace a relativement moins de problème de gestion urbaine grâce à son tissu aéré
et à sa population relativement aisée. Cependant des disparités économiques sont
visibles dans cette zone au travers les équipements urbains implantés (entre Bolé et les
autres quartiers par exemple).
Le réseau de voirie tertiaire est en majorité non bitumé à l’exception de quelques
quartiers de Bolé. Le ramassage des ordures ménagères est plus faible par rapport aux
typologies précédentes (à l’exception des quartiers relativement proches du centre et
dont les voiries sont asphaltées comme Bolé). La partie sud–est est desservie par le
réseau d’égout mais avec très peu de maisons raccordées. C’est donc le système
autonome des fosses à vidanger qui domine également dans cette zone.
L’équipement en assainissement pluvial est relativement insuffisant. Il s’agit souvent
de fossé (en terre ou en maçonnerie) très peu entretenu. Selon notre enquête et nos
visites de terrain, l’assainissement pluvial occupe le premier rang des problèmes
signalés à cause notamment de l’ampleur du problème inhérent : la stagnation dans les
points bas, les impacts amont-aval, etc.
1.3.2.d Espace non- structuré et dense
Cette typologie concerne les quartiers anciens et se situe principalement au centre et à
la deuxième couronne. Il s’agit des quartiers avec des maisons traditionnelles et
précaires construites sans plan avant la révolution. Le mode de possession est
majoritairement public avec des maisons gérées par le kebeles. La population est en
majorité à faible revenu.
Selon l’enquête de CARE 87 menée en 1994, 74% des maisons enquêtées sont
administrées par le kebele, 35% des ménages ont un revenu mensuel inférieur à 50
birrs, 51% inférieur à 100 birrs, 74% inférieur à 200 birrs. On peut imaginer la
précarité (bien que la véracité des réponses des ménages puisse être faible) quand on
compare ces chiffres au coût de vie minimum (300-350 birrs/mois pour un ménage de
87 CARE-Ethiopia, « Urban Food for work preliminary survey results , Woreda 22 kebele 02 »,
February 1994.
79

5 personnes). Une autre enquête 88 de 1997 sur le même kebele, donne un revenu plus
élevé : supérieur à 300birrs/mois pour 72% des 203 ménages interrogés et inférieur à
100 birrs pour 1% d’entre eux. On trouve le même niveau de revenu dans les woredas
3 et 4 dans lesquels plus de 80% de la population gagnait moins de 200 birrs au début
des années 1990 89 .
Parmi les principaux quartiers de cette typologie, on trouve les quartiers Arada, Fitebère,
Tekelhayamnot, Aware, Irie-bekentu, Lideta, Kirkos, Aba Korane, Chewe-
Beranda, Kolfé, Lukanda, etc. Ces quartiers sont à l’intérieur ou à côté du CBD et par
conséquent ils peuvent subir des mutations importantes par l’état de leur habitat et par
leur potentiel à usage économique.
La congestion urbaine est très forte dans cette typologie comme le montrent le faible
taux de voirie et la densité des constructions. Par conséquent, c'est la zone où la
gestion urbaine est la plus complexe et la moins menée. Les conditions de vie sont
très alarmantes avec l’insalubrité, la précarité de l’habitat et la pauvreté des habitants
comme il a été le cas de villes européennes du XIX et au début XX eme siècle. Friedrich
Engels 90 décrivait ainsi le cadre de vie de certains quartiers londoniens : « The streets
are generally unpaved, rough, dirty, filled with vegetable and animal refuse without
sewers or gutters but supplied with foul, stagnant pools instead…Heap of garbage
and ashes lie in all direction…. Here lives the poorest of the poor ».
La majorité des parcelles contient plusieurs maisons nationalisées habitées souvent
par la population à faible revenu. La construction et l’entretien (notamment le vidange
des fosses) est une affaire collective des habitants dans une ou plusieurs parcelles. Le
manque d’organisation, de moyens, d’appropriation et de responsabilité maintient en
mauvais état les toilettes communes avec toutes les conséquences hygiéniques et
esthétiques.
88 Calculé à partir des données d’enquête de Tefera Seleshi, ESAU, 1997.
89 AAWSA(1993). Master plan study for the development of wastewater facilities for the city of Addis
Ababa: existing situation and design criteria report. August 1993, p. 44.
90 The condition of working class in England, cité par (Mulugeta, 1993)
80

La collecte des déchets est pratiquement impossible à l’intérieur de ces zones
inaccessibles. Ils sont donc jetés dans l’espace disponible : fossé, rue, rivière, etc.
La complication et l’insuffisance de la gestion urbaine aggravent dans ce quartier le
problème de l’assainissement pluvial plus que dans d’autres quartiers. Les
équipements d’assainissement sont souvent des fossés en terre à géométrie variable
avec une végétation sauvage (herbes) et des déchets. Les eaux de ruissellement sont
drainées parfois à traverse les pièces des maisons et elles posent ainsi de véritables
problèmes pour la vie quotidienne.
1.3.2.e Espace non structuré et moins dense
Cette zone concerne notamment les parties anciennes de la ville urbanisées avant la
révolution, dans les années 50 et 60, par les « féodaux » (propriétaires foncières) :
Kechene, Lameberet, Gulele, Saris, Alerte, Asko, Entoto, Yeka, etc. Comme nous
l'avons indiqué dans la partie précédente, cette urbanisation n’a pas connu de
planification appropriée et les propriétaires de terrain construisaient à leur guise. Il
s’agit des maisons traditionnelles construites en bois et en terre (boue paille)
actuellement en très mauvais état. La population de cette typologie est
majoritairement à faible ou à moyen revenu.
Comme la zone précédente, cette zone est aussi marquée par l’insuffisance et le
manque de la gestion urbaine. Le réseau de voirie à l’intérieur des quartiers est en
matériaux sélectionnés ou en terre. La collecte des déchets est pratiquement
inexistante. Par conséquent, les déchets ménagers sont souvent jetés sur les espaces
vacants, voirie, fossé et rivières. L’assainissement pluvial se caractérise dans cette
typologie plus par le manque d'équipement de drainage.
1.3.2.f Zone d’habitat irrégulier
L'espace concerné par ces établissements irréguliers est estimé à 1500 hectares. Elle
se situe à la périphérie le long des axes de voiries nationales comme le montre la
figure 8. Il s’agit d’établissements récents émergés à l’occasion d’instabilité politique
(donc du peu de contrôle) à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Ils
81

sont connus localement sous le nom « Yechereka-bet » ce qui signifie « la maison de
la lune » pour désigner la construction nocturne (souvent en une seule nuit). Dans ces
zones le coût de terrain était insignifiant comparé au prix exorbitant du terrain urbain
et le contrôle était relativement faible (moins visible).
Légende
Zone
d'habitat
irrégulier
Source : AAMPRPO &
Agence d'Urbanisme de
Lyon
Figure 8 :
Les zones d'habitat irrégulier à Addis Abéba
Il s’agit des espaces non structurés de tissu très lâche avec des maisons en bon et très
bon état construites avec des matériaux appropriés. Ces établissements, qui ont
échappé à la vague de démolition des années 95/96, sont recensés et cadastrés dans le
cadre de projet de LIS (Land Information System). Les taxes d’habitation sont
également collectées. Toutefois, il n’y a pas une reconnaissance explicite pour les
régulariser.
82

La catégorie socioprofessionnelle de cette zone montre un niveau relativement élevé :
42% des professions libérales (chauffeurs, menuisiers, maçons, ouvriers), 41% des
fonctionnaires, 13% des commerçants, 4% des paysans. La majorité des ménages était
originaire de la ville d’Addis Abéba (Tewodros, 1991).
Les habitats irréguliers d’Addis Abéba ont peu de problème d’infrastructure comparés
à ce type d’établissement des villes de PED 91 . Cela est dû essentiellement à la forte
solidarité des résidents (occupants) et à la semi-reconnaissance (permis pour avoir
accès aux services urbains) de ces quartiers par les autorités de la ville. Leurs
emplacements justes à la périphérie et le long des grands axes des voiries nationales a
favorisé également la connexion à l'eau, à l'électricité et au téléphone. A cause de
l’irrégularité de ces quartiers, le coût d’infrastructure est couvert par la population.
Par exemple, dans le cas du site de Worku Sefer (au nom de l’attributeur illégal M.
Worku), les résidents ont couvert les coûts hors site, et de raccordements de
l’électricité et de réseau d'eau potable (Tewodros, 1991).
Le manque de planification pose des problèmes d’assainissement notamment liés aux
points bas, parfois à l’inaccessibilité et à la pente de la voirie et du réseau
d’assainissement. Le réseau de voirie étant souvent en terre, la stagnation dans les
dépressions est fréquente, et gêne la circulation.
L’habitat irrégulier d’Addis Abéba se distingue donc nettement des bidonvilles
classiques des PED pour trois raisons principales :
- Il ne s’agit pas des bidonvilles mais des construction solides assez
espacées et équipées ;
- Le caractère socioprofessionnel des occupants : population assez
aisée et citadine : il ne s’agit pas des immigrants ruraux sans travail
- La faiblesse de l'ampleur et l'importance du contrôle.
91 Dans d'autres pays (africains ou autres), le phénomène est assez ancien et important : par exemple, à
Dar Es-Salaam (Tanzanie) et Manille (Philippines) 1/3 de la population de ces deux capitales vivait
déjà dans l'habitat irrégulier.(HCS, Aspects of human settelement planning, 1983).
83

De cette présentation typologique, nous retenons pour chaque type d'espace les
problèmes "types" et les caractéristiques dominantes (techniques et économiques).
Ceux-ci sont récapitulés dans le tableau 10.
Tableau 10 :
Tableau récapitulatif des caractéristiques des typologies urbaines
d’Addis Abéba
Typologie Superficie Habitat
majoritaireme
nt
en km² en % privé kebele
SD 4,6 3% X
(62%)
-dont
1,1 X
mercato
(67%)
Revenu
majoritairement
Causes
majeures de
problème
d’assainissem
ent
Nombre
parcelle/ha
92 .
faible entretien
capacité
192
Elevé - >> >>
moyenne
SMD - ACI 37,1 21% >>
SMDhabitat
79,3 44% X Elevé -moyen Absence 10-30
entretien
NSD 20,6 11% X faible Absence 50
accessibilité
NSMD 38,8 21% X >> Absence, 12
entretien
-habitat
1.5 X >> absence >>
irrégulier
Total 180,5 100%
1.4 LA GOUVERNANCE URBAINE
Dans cette partie nous allons aborder la structure d’administration et de gestion ainsi
que les rôles et les moyens des principaux acteurs du développement. La notion de
gouvernance sera abordée, en tant que concept, dans la troisième partie de ce travail
avec les concepts organisationnels.
I.4.1 Evolution
La municipalité d’Addis Abéba a été créée en 1909 sous le nom Yeketema Mahiber
Bet (la maison de l’association de la ville) et la nomination de Kentiba (maire)
remonte à 1900 (Eshetu,1986). Cependant, la municipalité avait peu de pouvoir dans
le système féodal à l’époque où chaque dignitaire était le chef de son Sefer (quartier)
92 Source d'information de cette colonne : (Geothert et al., 1998).
84

et le gouvernement central se mêlait de tout. « It is said that most of those foreigners
who had owned chartered lands were reluctant to pays lands taxes. Municipality of
Addis Ababa did not have the power to force them to do so because they enjoyed
special court privileges…The same was true of the big dignitaries who owned
chartered land in the capital » (Eshetu A., 1986). Cette anarchie, avec le manque de
budget 93 et de personnels locaux qualifiés, avait réduit pendant longtemps l'efficience
de la municipalité. Dans les années 1960, celle-ci avait seulement 2000 employés
(Berlain, 1963).
Les lois se sont succédées après les années 1940 pour définir les rôles et les
compétences des municipalités. Celle d’Addis Abéba est restée sous le contrôle du
gouvernement central 94 . En 1954, la ville a obtenu un statut semi-autonome appelé en
anglais « Charter » avec la Notice Générale N° 172 qui lui a donné un peu plus de
compétence et d’autonomie de décision. « Charter » désigne le statut d’une
municipalité subordonnée au gouvernement central et qui reçoit de la part de ce
dernier une délégation de pouvoir pour administrer la ville 95 . Cependant le Ministère
de l’Intérieur avait toujours le pouvoir de revoir les décisions et le budget arrêtés par
le conseil municipal. Ce dernier était composé des 20 élus (2 par arrondissements) et
de 8 officiers représentant les différents ministères. Le maire était nommé par
l’empereur (PAS, 1984)
Cette subordination a continué après la révolution avec plus de souplesse mais
toujours l’approbation exigée. Le maire était nommé par le gouvernement central
(parmi les 3 candidats proposés par le conseil municipal 96 ).
Cependant avec la révolution, un changement profond est opéré dans la gouvernance
urbaine éthiopienne avec les proclamations N° 47/1975, 104/1976, et 206/1981.
93 La municipalité fonctionnait seulement avec des maigres revenus venant essentiellement de taxes et
ne recevait pas de subvention du gouvernement central. Le revenu annuel de la municipalité était de
373, 502 MTD (Mère Teresa Dollar) en 1924 et de 500 700 MTD en 1926 (Eshetu A., 1986, pp82, 91).
94
(décret n° 1/1942 intitulé « Administration Regulation » et la proclamation n° 74/1945
« proclamation to provide for the control of municipalities and townships ».
95 Définition donnée par Proclamation N° 104/1976, article 2-11 « Charter shall mean a delegation of
power to a municipality to administer the urban center in which it is established being directly
responsible to the central government". Negarite Gazeta N° 5, 9/10/76.
96 « Urban Dwellers’ Associations Consolidation and Municipalities Proclamation », articles 42-5 &
48-1.
85

Celles-ci ont introduit la décentralisation de l’administration urbaine et ont précisé les
rôles des Associations des Résidents Urbains. Ces lois sont actuellement en vigueur et
elles constituent aujourd’hui la pierre angulaire de la gouvernance urbaine de la ville
de nouveau dotée d’un statut dit « charter » par la proclamation n° 87/1997.
I.4.2 Structure, acteurs et répartition de rôle
1.4.2.a AACG et ses structures
Addis Abéba s'est doté en 1992 d'une administration autonome et d'une constitution,
en 1993 97 , sous le nom de "Region 14 Administration" instaurée par la loi n°7/1992 98 .
Elle est nommée AACG (Addis Ababa City Government) par le décret 87/1997 qui a
confirmé le statut de "charter" de la ville tel qu’il était déjà prévu dans l'article 49 de
l'actuelle constitution éthiopienne.
L’AACG est subordonné au gouvernement central au titre de capitale fédérale 99 . Il
gouverne les zones urbaines et rurales (23 kebeles ruraux). Aujourd'hui, la
compétence de la ville est élargie en tant que gouvernement régional et dépasse le rôle
d'une simple municipalité. L'AACG est doté d’un pouvoir exécutif ainsi que, pour la
première fois, d’un pouvoir législatif sur certains domaines définis par le charter 100 .
L’AACG est administré par le conseil régional (municipal) dont les membres (138
sièges 101 ) sont élus tous les 5 ans par les résidents de la ville. Il est représenté au
niveau fédéral par ses 23 députés qui siègent au parlement. Le président 102 est élu par
le conseil et il est subordonné au conseil régional et au Premier ministre 103 .
97 Befekadu (1994). The Legal framework for fiscal decentralisation in Ethiopia during the transition
period. In: Fiscal decentralisation in Ethiopia by Eshetu C. (edit.), Addis Ababa, p. 64.
98 Establishment of national/regional self-governments proclamation.
99 Article 49, Proc. N° 1/1995 « Proclamation of the constitution of the Federal Democratic Republic of
Ethiopia »Negarit Gazeta, N°1, 21/08/1995.
100 La compétence d'AACG est résumée en annexe 6.
101 Avec l'élection de mai 2000, 3 parties politiques partages les 138 siéges de la ville : Ethiopian
Peoples’ Revolutionary Democratic Front (EPRDF) 101 siéges, the Ethiopia Democratic Party (EDP)
15 siéges and the All-Amhara People’s Democratic Party (AAPO) 19 sièges (Addis tribune,
19/05/200).
102 Il est plus que maire car il s'agit d'une région autonome. Le président actuel est le 25ème maire de la
ville depuis 1900.
103 Article6 &12 Proclamation N° 87/1997 « proclamation to provide for the charter of the Addis
Ababa city government ». Negarit Gazetta, N° 52, 7/71997.
86

Légende
Kebele
Woreda
Figure 9 :
Découpage administratif de la ville d'Addis Abéba
87

FDRE parlement
AACG
Audit
Audit service
Vice-président
Secrétaire général
Secteur Economique Secteur Social Office
Secteur administratif
d’administration
d’AACG
Autorités et
Offices Bureaux Bureaux
-
-Travaux
- Santé
AAWS
publics
-Affaire
A
-
Sociale
-
Environnemen -Education
AACRA
t
- culture et
-PIO
-Agriculture sport
-Transport
Id ti
Services et Divisions
Office
des
Police
Bureaux
- Informatio
n
J ti
Administrations
Zonales
Administration
des Woredas
Figure 9bis : Structure organisationnelle de la ville d'Addis Abéba
88

Le rôle de l'Etat est très limité dans ce système fédéral ou le maximum de
compétences est donné aux régions. L'intervention de l'Etat se limite aux
subventions qu'il accorde à la ville comme à d'autres régions du pays.
Structure
La ville d’Addis Abéba est administrée par 3 échelons (reconnus par la législation)
administratifs très décentralisés. Il s'agit de :
- l’administration centrale (City Government)
- Le Woreda (l’arrondissement)
- Le kebele (le quartier).
AACG
bureau
6
28 Woredas
328 Kebeles
Figure 10 :
Echellons d'Administration et de gestion à Addis Abéba
Chacun de ces échelons a son assemblée dont les membres sont directement élus par
les résidents correspondants.
La gestion urbaine de la ville, quant à elle, s'effectue à 4 échelons avec donc un
échelon supplémentaire, : la "zone", qui se situe entre le woreda et l’administration
centrale.
89

Tableau 11 :
Caractéristiques générales des niveaux d'administration et de gestion
de la ville.
Niveau Nombre composition Population
Kebele 328 (dont 23
ruraux)
1230 logements en
moyenne
1469 à 21 904
(7000 en moyenne)
Woreda 28 6 à18 kebeles 36 722 à 130 249
Zone 6 2 à 7 woredas 94 786 à 461 313
AACG - - 2.5million
La gestion urbaine s'effectue à travers les différents bureaux qui constituent
l’équivalent des ministères au niveau régional. Les services techniques municipaux
sont assurés en régie par les acteurs relativement autonomes appelés "authorities" et
"project office".
1.4.2.b Les bureaux
Les bureaux sont introduits pour la première fois en janvier 1993 (le décret 26/1993)
avec la création des régions autonomes en Ethiopie. Parmi les 19 bureaux (dès 1994)
trois bureaux intéressent notre étude : le Bureau des Travaux publics et du
Développement Urbain (PWUDB), le Bureau de la Santé et le Bureau de la Protection
Environnementale. Ce dernier fait selon notre classification partie des acteurs "eaux"
et sera abordé dans la deuxième partie.
Bureau des Travaux Publics et de du Développement Urbain
Ce bureau se compose de deux grands secteurs : opérationnel et planification. Le
secteur « Urban Development Operation » est chargé de la gestion foncière et de
l’habitat 104 . Il était chargé également de la voirie et de l’assainissement pluvial avant
la création de l’AARA. Le secteur « Urban development planning and inspection »
est chargé de l’application du schéma directeur, des études et de suivis des travaux
d’ingénierie et de la gestion des mines et de l’énergie.
104 Cf. les rôles détaillés de ce bureau en annexe 6.
90

Le secteur opérationnel de ce bureau est décentralisé au niveau de la zone et du
woreda (cf. figure 12) pour pouvoir disposer d’un champ de vision, d’action et de
contrôle plus rapproché de l’administration et de la gestion urbaine : litige, permis de
réhabilitation, contrôle d’occupation illégale, etc.
PWUDB
Secteur opérationnel
Office de coordination des zones et woredas et
PWUD (coordination au niveau de la ville)
6 Zones PWUD offices
28 woredas PWUD offices
Figure 11 : Décentralisation du Bureau des travaux public et du
développement urbain 105
L'Office Woreda des travaux publics et du développement urbain est créé en 1998
dans 28 woredas de la ville 106 . Les activités de ces entités sont dirigées et coordonnées
au niveau de la ville par l'office de coordination des offices de PWUD. Son rôle
consiste essentiellement à veiller sur la légalité des constructions, à accorder des
permis pour des travaux mineurs et à centraliser les informations pour la Base de
données cadastrales. 107
Bureau de Santé
Le bureau de la santé est chargé de la prévention et du contrôle des maladies et de
l’hygiène environnementale. Sous le département « Environmental Health » 108 , il
assure par l'équipe « service de propreté » les tâches suivantes :
- le ramassage des ordures
- le nettoyage de la voirie
105 Selon l’information obtenue de l’office de coordination des Zones, 23 décembre 1999.
106 Rapport du bureau de développement urbain et des travaux publics : juillet 1998–mars 1999,
PWUDB, avril 1999, p.36.
107 Cf. rôle détaillé en annexe 6.
108 Cf. Organigramme du bureau de la santé en annexe 6.
91

- la gestion des toilettes publiques.
Le service est décentralisé au niveau des zones. Le groupe « service de propreté » au
niveau du bureau assure la direction, la coordination et le contrôle des activités
zonales. Avant la création du bureau, la collecte était organisée au niveau des
woredas.
Le règlement régional n°1/1994 donne à ce bureau des compétences et un cadre
d’actions précis pour exercer sa fonction afin d’assurer la santé publique. Le bureau
joue un rôle (direct et indirect) important dans le domaine de l’assainissement et de
l’environnement car il est responsable (tout du moins chargé) :
- de la construction des toilettes publiques
- de la collecte et de la gestion des déchets
- du contrôle des rejets de déchets dans les espaces publics ou
naturels
- de mener les campagnes d’information sur la protection de
l’environnement et de la santé publique.
Bureau de la protection environnementale
Le bureau de la protection environnementale est créé en 1995. Son rôle principal est
de définir des stratégies et de mener un contrôle pour préserver l’eau, le sol et l’air
contre la pollution, et les animaux et les plantes contre la disparition. En collaboration
avec des acteurs plus opérationnels (Bureau de santé, etc.) et des organismes de
recherche (AAU, ESTC), il mène des études sur la gestion des déchets, sur la
pollution environnementale, notamment des eaux de surface, sur l’érosion, etc. Pour
son rôle éducatif, le bureau s’appuie sur les « Clubs pour la Protection de
l’Environnement » créés au niveau des écoles : en février 1998 on recensait 30
clubs 109 . Le bureau aura son laboratoire, actuellement en projet, pour l’analyse du sol,
de l’eau et de l’air.
Le bureau mène également des « études d’impacts » pour les nouvelles constructions
avant d'accorder, avec le bureau de la santé, l’approbation nécessaire autorisant la
construction 110 .
109 Addis Lesane, yekatit 14 1990E.C.
110 Entretien, Bureau de la protection de l'environnement, Octobre 1998.
92

1.4.2.c Les autorités
Les autorités sont une forme de délégation par la ville par création d'un organisme
autonome. C'est l'équivalent des régies directes. L'autorité est administrée par un
comité sous l’égide du président de l'AACG. Il existe à Addis Abéba deux autorités
l’AAWSA et l’AACRA.
AAWSA
L’AAWSA (Addis Ababa Water and Sewerage Authority) est un établissement public
créé en 1971 par l’ordre N° 68/71 pour gérer en régie directe l'eau potable et
l’assainissement des eaux usées de la ville ainsi que pour assurer la protection de l’eau
souterraine contre la pollution et le gaspillage 111 . Ce rôle est conservé après la
création de la région administrative d’Addis Abéba par le règlement n° 5/1995.
L'autorité est décentralisée en 6 zones (qui ne correspondent pas au zonage
administratif).
AACRA
L’AACRA (Addis Ababa City Roads Authority) est créé en 1998 par le décret régional
N°7/1998 pour administrer et gérer la voirie de la ville et de ses composantes (pont,
réseaux de drainage, signalisations, arbres de terres pleins). Il est doté d'une large
compétence : définition de stratégies et des normes, formation, études et conception,
production des matériaux de construction, réalisation, maintenance. Son statut
d’autorité lui permet d'avoir une ressource financière sous forme de paiement du
service rendu, d'emprunt local (du pays) et d'aide 112 .
1.4.3 Les institutions décentralisées et locales
L'administration et la gestion de la ville sont décentralisées sur trois niveaux
institutionnalisés : zone, woreda et kebele. Cette décentralisation éthiopienne fait
partie des rares expériences anciennes de la gouvernance urbaine dans le monde.
Cependant cet acquis organisationnel n’est pas assez bien utilisé pour une bonne
gestion de la ville et le rôle des kebeles et woredas restent essentiellement
administratif. Ces dernières années une décentralisation intensive de la gestion
111 Article 5 & 8, ordre n° 68/1971 « An order to provide for the establishment of the Addis Ababa
water and Sewerage Authority », Negarit Gazeta, 26 février 1971.
93

urbaine a eu lieu avec la création des offices du développement urbain au niveau des
woredas.
1.4.3.a Kebele
Le kebele a été instauré pour la première fois sous le nom de « société coopérative des
résidents urbains » par le décret 47/1975 qui a nationalisé le terrain urbain et les
maisons locatives de toute l’Ethiopie. Le kebele, considéré comme un appareil pour la
réussite de la révolution, était chargé d'une part d'assurer une administration et une
présence de l'Etat au niveau du quartier et d'autre part de faire participer la population
au développement de son quartier. Il avait donc deux rôles : politique et de gestion.
Rôle et image
Deux proclamations, 104/76 et 206/81, ont succédé au décret 47/1975, pour préciser
et élargir le rôle des « Associations des Résidents Urbains ».
Selon la dernière loi (206/81), dont la plupart des clauses est encore en vigueur, les
rôles attribués aux kebeles étaient très larges et touchent tous les secteurs :
développement urbain, environnement, sécurité, éducation, administration, etc. Si on
s’intéresse uniquement à ses rôles dans le domaine du développement urbain et de
l’environnement, le kebele est chargé de (article 9) :
- gérer les maisons nationalisées : administration et réparation ;
- créer et coordonner les services d’éducation, de santé, de marché,
de lieu de recréation ainsi que mener la construction de voiries et de
logements sociaux, avec l’approbation et la consultation de
kefetegna (aujourd'hui woreda)
- préserver la forêt dans son territoire et éviter l’érosion en plantant
des arbres
- mener des activités éducatives en matières d’hygiène et de propreté
et prendre des mesures nécessaires pour assurer la propreté du
kebele
- mener la campagne d’alphabétisation
- contrôler et enlever les obstacles sur voiries
112 Article7, décret n°7/1998, The Addis Ababa City Roads Authority Establishment Regulations",
Addis Negari Gazeta, 15 mars 1998.
94

- assurer le service de la poste
- coopérer avec les acteurs concernés pour la collecte des taxes
Ces rôles ainsi que les pouvoirs du kebele ont diminué avec la chute du régime de
"Derge 113 " en 1991. Le charter ne donne aucune spécification du rôle du kebele et
indique dans son article 23 que ce rôle sera défini par le règlement de l’AACG qui
n'est pas encore arrêté.
Néanmoins, nous constatons une diminution nette du rôle et du pouvoir des kebeles
après 1991. Le juge local est supprimé ; la campagne d'alphabétisation n'existe plus.
Un des acquis de cette évolution est le désarmement des kebeles de leur pouvoir
dictatorial (les réunions et travaux forcés, les répressions, etc.). Par conséquent, la
perception de la population de ce niveau d'administration était (est encore dans
certaine mesure) plutôt négative. Cela masque le rôle positif et social qu'il a joué et
qu’il joue encore 114 .
Aujourd'hui, l'incrédibilité est aussi présente notamment avec la prolifération de la
corruption dans l'administration des kebeles 115 .
Or le kebele constitue, par sa structure et sa proximité, un atout important pour une
gestion participative et de proximité. Il est donc nécessaire d'améliorer son image et
de le rendre plus rassurant.
Aujourd'hui, le rôle du kebele est plus focalisé sur le développement urbain à travers
son administration et son Comité Local de Développement. Parmi ses principales
activités, nous pouvons citer :
- le contrôle des constructions illégales
- le partenaire pour les ONG
113 Derge est un mot "gueeze"(langue racine des langues sémitiques éthiopienne) qui désigne l'union. Il
est habituellement utilisé pour désigner l'ancien gouvernement "Provisional Military Administrative
Council".
114 Un article intitulé "On n'a pas de chance pour avoir les élus corrects", publié par Addis (magasine de
AACG de février 1998), recense les différentes perceptions des kebeles d'aujourd'hui (négatives et
positives) par les citadins.
115 Addis, magazine février 1998, p.29.
95

- l'initiation des projets de développement urbain avec l'aide de la
ville et la participation de la population
- la structure de base de collecte de données pour le LIS (land
information system), etc.
Organisations et moyens
Le kebele est le niveau d'administration institutionnalisé le plus local. Depuis son
instauration, il est toujours administré par des personnes directement élues par la
population. Dans l’ancien régime les élus travaillaient sans rémunération 3 aprèsmidis
par semaine et parfois le dimanche.
Aujourd'hui le personnel des kebeles est moins nombreux mais il est employé à plein
temps. Il est composé de 1 781 employés 116 à l’échelle de la ville soit 5 à 6 personnes
par kebele.
Le point faible et très frappant dans l'organisation des kebeles est le décalage entre
leurs larges compétences et les moyens dont ils disposent :
- l’absence de ressources financières pour réaliser les projets de
développement et réhabiliter leurs parcs d'habitat
- l’absence de techniciens et de services techniques pour la
conception des projets et la gestion de leurs territoires (notamment
la maintenance)
- une faible autonomie due au poids de la hiérarchie
Vu ces faiblesses financières et administratives, le kebele est parfois plus spectateur
qu’acteur. Cette situation est bien ressentie par la population, comme nous avons pu le
voir lors de notre enquête socio-technique.
Boubé P. remarquait déjà dans les années 1980 (époque où les kebeles possédaient
davantage de pouvoir et d'activité) cette carence organisationnelle : "Confronté à une
volonté centralisatrice du gouvernement militaire comme à la persistance de
pratiques endogènes et bureaucratiques des services centraux de la municipalité, les
116 Addis Lessane, May 10/1999.
96

kebeles n'ont pu obtenir ni les moyens techniques et humains, ni les ressources
financières, ni même l'autonomie d'initiative nécessaire au plein exercice de
prérogatives légitimement octroyées par les proclamations révolutionnaires" 117 .
Aujourd'hui, la diminution, voire la disparition, de quelques ressources financières
(boutique, bar, vente de bois, etc.) ne laisse aucune marge de manœuvre face à
l'accumulation des problèmes d'infrastructure et la dégradation du parc de logement.
Par conséquent, les travaux de réparation et de construction des maisons et des
toilettes financés par le kebele ont pratiquement disparus. Les loyers collectés par
chaque kebele sont estimés en moyenne à 6 100 birrs par mois dont plus de 60% sont
payés aux anciens propriétaires comme pension et environ 13% seulement consacrés à
la maintenance 118 .
1.4.3.b Woreda
Le Woreda est un niveau d'administration supra kebeles. Il est instauré par le décret
47/1975 sous le nom de kefetegna qui signifie littéralement supérieur. Son rôle, tel
qu'il était défini par le décret 206/1981, est essentiellement la coordination et le
soutien de ses kebeles. Les kefetegnas sont renommés Woredas au début des années
1990.
Chaque Woreda est administré par une assemblée (Woreda council) composé de
membres (30 à 70) élus directement par les habitants du woreda pour un mandat de 5
ans. Le rôle et les compétences des woredas sont devenus plus importants avec
l'autonomie régionale. Le Woreda est principalement chargé 119 :
- de définir les plans de développement socio-économiques et de les
exécuter après l'approbation par l'assemblée régionale
- d'identifier ses sources de revenus et de les faire approuver par
l’AACG
- d'appliquer les politiques de la ville dans son territoire
117 Boubé P. (1986). Développement autocentré et gestion des déchets ménagers, Addis Abéba-
Ethiopie, Municipalité d'Addis Abéba/ IAURIF, novembre 1986.
118 Selewegen A., 1993. Shelter provision in the period between 1974-1990. College of Urban
Planning, p.26.
119 Article 17, 19, 20, proclamation n° 87/1997, Op. Cit.
97

- de diriger, coordonner et contrôler les activités des différents
secteurs
- de former des comités
- de préserver l'environnement
Par sa proximité et sa taille raisonnable, le woreda est de plus en plus sollicité pour la
gestion urbaine (finance, police, travaux publics, etc.) comme nous l'avons vu par
exemple avec le cas des travaux publics.
1.4.3.c Zone
Dans le cas d’Addis Abéba, la « Zone » n’est pas définie comme un niveau
d’administration reconnu par la législation. Par conséquent on ne trouve ce niveau ni
dans les lois des collectivités locales du régime précédent (47/75, 104/76, 206/81) ni
dans le charter actuel (87/1997).
Ce niveau est introduit en 1983 avec la proposition d'un comité d’étude créé par le
gouvernement central pour revoir et rendre plus efficace la loi des municipalités de
1981. En se basant sur cette étude la ville a été divisée en 5 zones (PAS, 1993).
Aujourd’hui la ville est divisée en 6 zones avec une population moyenne de 400 000
habitants par zone. Une zone regroupe en moyenne 4 woredas et 60 kebeles.
Plusieurs services techniques sont décentralisés à ce niveau comme:
- le service de propreté qui gère les affaires et les litiges liées à
l'hygiène publique.
- L'office zonal du bureau de "Travaux Public et du Développement
Urbain chargé de i) l’autorisation de réparation et de réhabilitation
ii) le contrôle des constructions illégales et la transmission des
informations au woreda et à l’AACG qui sont compétents pour
prendre la décision de la démolition iii) de régler le problème de
litige de voisinage
98

Pour l’assainissement pluvial et la voirie, il n’existe pas de décentralisation au niveau
de la zone. Cependant, la décentralisation de l’AACRA est envisagée, au niveau de
zone, même si aucune procédure officielle n’est lancée pour l’instant.
I.4.4 Aspects financiers de l'AACG
1.4.4.a Evolution
L'aspect financier est un point faible depuis la création de la municipalité. Les
nombreux constats, du début et de la fin de siècle, sont pratiquement identiques. Ils
attribuent l'échec du développement à la faiblesse du budget municipal : "In spites of
many efforts made to improve the institution (municipality) and its services in the
1920's, chronic financial stringency aborted different schemes." (Eshetu A. 1987). En
1996, on se plaignait encore de la même chose : "Les projets indispensables, urgents
et cruciaux pour l'amélioration du cadre de vie des citadins de la ville sont en attente à
cause de la faible capacité de financement de la ville" 120 . Le budget de la vile était
toujours l'un des plus faible du monde. En 1960, le budget annuel était de 4.5 millions
de dollars éthiopiens pour Addis Abéba, 11 millions pour Dakar, 21 millions pour
Nairobi 121 . L'évolution était très lente avec 13 millions de birrs en 1970, une trentaine
de million dans les années 1980 et une soixantaine de millions en 1990. Le budget a
pu franchir la barre des cent millions dans les années 1990 grâce à l'élargissement des
compétences de la ville en matière de fiscalité, à l'effort de collecte des taxes, à l'aide
et aux subventions. Celles-ci étaient insignifiantes dans les années 1970 et 80 avec
environ 0.2 millions de birrs venant du gouvernement. L'aide extérieure était absente.
I.4.4.b Recettes et dépenses de l'AACG
Le budget de la ville des deux dernières années est d'environ 1.2 milliards de birrs (1
million de francs). Cependant, le bilan financier reste toujours dépendant des
subventions et aides bien que ceci soit en régression depuis 1993. La comparaison
avec le budget du Grand Lyon (7 177millions de francs pour l'année 2000) permet de
voir le handicap financier d'Addis Abéba dans la gestion de son territoire. En 2000, le
120 Addis, revue, février 1998.
121 Berlain, 1963, p. 144.
99

udget par habitant est respectivement de 6187 et 300 francs par an pour Grand Lyon
et Addis Abéba.
Tableau 12 : Recettes et dépenses de l'AACG (en millions de birrs) de 1993-2000
Année fiscale 93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 98/99 99/2000
Recette totale 321.5 417.2 475.8 583.32 688.52 1,262.68 1,125.8
- Revenu de la ville 184.7 262.3 348.8 450.0 537.0 936 936.0
- subvention de l'Etat 114.1 86.59 45.4 116
- Fond federal des routes 10
- Prêt de l'Etat/local 8.17 3.67 0 12.72
- Prêt extérieur 83.3 122.05 175.84
- Aide extérieure (en
37.3 29.46 121.76 49
argent)
- autres (caution, 6.76 1.58 43.48 19.08 24.8
contribution, organisation,
etc.)
- de l'année précédente 0.78 63.05 38.16
Dépense totale 321.5 417.1 475.8 583.32 688.52 1,262.67 1,177
- fonctionnement 166.1 223.3 277.9 286.18 332.0 408.25 413.0
- investissement (projets) 91.81 155.5 153.78 298.14 356.52 854.42 562.7
- prêt aux personnels 0.564 0.174 7.2
- autres / réserve(99/2000) 21.47 201.3
- différence 63.01 38.16 15.4
Revenu ville / dépense 57.4% 62.9% 73.3% 77.1% 78% 74.1% 83.1%
[Source : tableau élaboré à partir des données collectées (par l'auteur) des archives du Bureau des finances (93-96) et des
journaux officiels (96-99) ].
Les recettes propres de la ville viennent en majeure partie des taxes directes et
indirectes ainsi que des services publics à caractère commercial (22 –38%) : abattoir,
théâtre, cinéma, boutiques, etc.
I.4.4.c Système de taxation inadapté
Les causes de la déficience du revenu sont nombreux et dérivent principalement :
- de la faible capacité de collecte
- du système de taxation obsolète : manque de données sur les
revenus des contribuables et corruption
- de l’importance des activités non déclarées
100

- du manque et de l’insuffisance des ressources (taxes) spécifiques
aux services urbains et de l’importance des subventions pour ceuxci
122 .
La taxe pourrait apporter plus de revenu si la ville arrivait à optimiser et à augmenter
sa capacité de collecte ainsi qu'à adapter son système de taxation à la réalité. En 1997,
il existait à Addis Abéba environ 13 milliards de birrs de taxes non collectées (sans
compter les activités non déclarées qui représentent 60% 123 ) dont 4.3 milliards
reviendraient à la ville ce qui correspond à son budget sur 3 ans ! Ainsi les activités
commerciales qui se servent plus des infrastructures comme la voirie et qui produisent
plus de déchets ne sont pas suffisamment, ou pas du tout, taxées. Par ailleurs, la
capacité de collecte de taxes reste encore très faible bien que son taux ait connu une
amélioration significative ces dernières années en passant de 66% en 93/94 à 102% en
97/98 (par rapport à l'objectif fixé).
La collecte de taxes se fait d'une façon très décentralisée sur 4 échelons
administratifs : 70% au niveau de la zone (taxe d'activité et de commerce) et 30% au
niveau des 3 autres échelons administratifs (ville (lease office, etc.), woreda(taxe
foncière et d'habitation, de propreté, de licence) et Kebele (taxe de location)) 124 .
Le système de taxation du pays est dans la plupart des cas inadapté et parfois obsolète,
ce qui a suscité ces dernières années la nécessite des reformes aux niveaux fédéral et
régional 125 . Pour les taxes sur le revenu, le système se basait essentiellement jusqu'à
1996 sur la loi n° 173 arrêté en 1953 dont les articles ont été modifiés 13 fois. Cette
dernière loi a été remplacée par la loi n° 36/1996 qui fixe à 35% la taxe sur le revenu.
Cela ne résout pas le problème, bien que la loi soit mise à jour, car il n'existe pas de
système d'évaluation du revenu dans le pays, la circulation d'argent s'opère moins par
le biais des banques 126 .
122 Le service de vidange est subventionné à 451 birrs par vidange ; le bus à 26centimes par trajet, l'eau
potable à 4 birrs/m3, (AACG, 1997 b).
123 l'ILK (1996) a recensé 57 839
124 Entretien avec Ato ketema, Finance Bureau AACG, février 1998 ; entrtien avec Ato Zeru
G/Selassie (finance Bureau) par Addis Lessane, Sene 27/1990 (4/07/98) et Meyazia 10/1990EC.
125 Le ministre des Finances avouait, lors "5 th Constitutional Symposium of the House of federation"
que l'Ethiopie est l'un des pays les moins performants dans collecte de taxes dans le monde et il a
souligné la nécessité de réviser et d'adapter le système de taxation, décembre 1999.
126 Le bureau de finance d'Addis Abéba a récemment (1999) réalisé une étude pour avoir un système de
taxation des commerçants basé sur leur revenu annuel, Addis Lessane, Hedar 12/1991 (nov. 1999).
101

En Ethiopie, le système de taxation des municipalités reste encore inadapté. Le taux
de taxation appliqué à Addis Abéba repose dans la plupart des cas sur les
réglementations des années 1940 et 1950. Le règlement en vigueur est le Legal notice
n° 255/1954 ("Addis Ababa municipal tax and business license rules") 127 . On peut
imaginer le caractère obsolète du tarif avec l'inflation de 5 décennies 128 . L'étude de
PAS (1984) recommandait déjà une augmentation du taux de taxation afin de
multiplier par deux la capacité financière de la ville. Mais celle-ci n'a jamais été
réalisée.
La taxe foncière et la taxe d'habitation se basent essentiellement sur la loi 80/1976 (la
réglementation 36/1976 arrêtée pour Addis Abéba) modifié par la loi n°161/1971.
Le tarif de la taxe foncière est insignifiant et il varie pour les 3 zones de tarification
de 2 à 16 centimes par mètre carré. A la faiblesse du tarif s'ajoute le faible taux des
ménages concernés, seulement les propriétaires privés (environ 34% de ménages de la
ville). Les institutions publiques et civiques ainsi que les locataires de maisons de
kebeles sont exonérés. Le loyer actuel des maisons des kebeles est plus symbolique :
dans 60% des cas il est inférieur à 10 birrs et dans 88% des cas inférieur à 30 birrs par
mois. Le taux d'effort du loyer pour 70% des locataires est inférieur à 8%. Il est
inférieur à 15.4% pour 90% des locataires 129 .
La ville comptait beaucoup sur la recette d'attribution (vente) de terrain par lease (bail
emphytéotique) pour augmenter ses capacités d'investissement. Cependant le résultat
n'est pas à la hauteur de ce qui est espéré : seulement 380 millions de birrs obtenus de
1995 à 1999 130 .
127 Entretien et consultation de document avec Ato Muluneh Woredofa, chef du service légal de
"Finance Bureau", février 1998.
128 Exemple, la taxe d'inflation entre 1974 et 1979 était de 17% et entre 92et 94 de 10% (Galaup, 1994),
p.66.
129 Groupe huit, 1987, p.43-45.
130 Addis, magazine, meskerem 1992EC(septembre 1999).
102

I.4.4.d Ressources spécifiques des services publics
Les taxes spécifiques des services techniques urbains concernent seulement et en
partie la voirie et la propreté. La loi de lease policy n°80/1993 (article 12) oblige les
régions gouvernementales à consacrer au minimum 90% des recettes issues de ces
baux emphytéotiques à la construction des infrastructures et de logements à loyer
modéré.
La taxe relative à la voirie instaurée depuis 3 ans, a pour objectif la constitution d’un
fond pour la maintenance de voirie. Elle porte sur le carburant et est collectée au
niveau fédéral. Addis Abéba reçoit sa part sous le nom de fond des routes. Il y a
également la vignette des voitures facturée à 44 birrs par an et collectée par le bureau
de transport de la ville. Il n'existe pas de taxe spécifique à l'assainissement.
La taxe relative à la propreté qui s'appliquait à toute habitation et activité de la ville a
été supprimée après la révolution. Actuellement, elle ne concerne que les activités
(commerce, entreprise et industrie) qui sont déclarées (AACG, 1997b). Une taxe
supplémentaire est ajoutée sur la vente du tchat destinée à la collecte des déchets
conséquents.
Les recettes des taxes et des amendes de propreté sont d'environ 1.5 millions de birrs
par an. Elles ne couvrent que 19% des dépenses totales du service de propreté qui est
de 8 millions de birrs par an 131 . Une étude du Bureau de la santé préconise une taxe (1
à 3% du loyer) abordable qui permet de générer un fond d'environ 3.1 millions
de birrs par an (EHD, 1997).
131 Addis, magazine, yekatit 1988EC (février 1996).
103

I.5 POLITIQUE ET PRATIQUES DE LA PLANIFICATION ET DE LA
GESTION DE L’ESPACE
La politique urbaine, exprimée sous forme de loi et documents prévisionnels, devrait a
priori constituer le fil directeur du développement d'une ville. L'analyse de la politique
urbaine et de son application devient donc un élément clé pour comprendre le
mécanisme de pilotage qui guide le développement et la gestion de l'espace urbain.
Ces éléments, bien qu'il semble de 2 nd degré pour la gestion des eaux, apportent à la
problématique d'Addis Abéba des éléments de clarification et des réponses
notamment sur le plan préventif. Nous examinerons ici l'adaptabilité des outils
prévisionnels et du cadre d'intervention opérationnelle et leur impact sur la gestion des
eaux pluviales.
I.5.1 Planification urbaine
I.5.1.a Les outils de la planification urbaine en Ethiopie
La mise en vigueur de procédure de planification est très récente en Ethiopie. C'est en
1987 que la loi a défini les documents de planification à réaliser et les acteurs
compétents pour la préparation et l'application 132 . Il s'agit, de 5 types de plans par
ordre du plus général au plus spécifique : Plan régional d'urbanisation, Plan
métropolitain, Master plan (Schéma directeur), Plans détaillés, Plan de zonage (POS).
Les contenus et les processus de réalisation de ces documents sont présentés en
annexe 7.
Tous les plans, à l'exception de quelques cas de plans détaillés, sont réalisés par le
NUPI (National Urban Planning Institute) créé par la loi 317/1997. Dans cette
démarche très centralisée, la participation des acteurs locaux à la planification est très
faible ce qui pose de problème au niveau de l'application. En plus, il n'existe aucune
démarche d'enquête publique prévue par la loi ce qui peut expliquer en partie la
difficulté de leur application.
132 - Proclamation n° 315/1987, "A proclamation to provide for the preparation and implementation of
urban lands" ;
- Proclamation n° 316/1987, " A proclamation to provide for urban zoning and building permit";
- Proclamation n° 317/1987, " A proclamation to provide for the establishment of National Urban
Planning Institute". Negarit Gazeta, 13 June 1987.
104

En ce qui concerne la prévision du risque, ces procédures de planification restent
également muettes. Elles ne donnent pas d'indications explicites.
I.5.1.b Le schéma directeur d'Addis Abéba et son application
Le Schéma directeur actuel, élaboré pour la période 1986-2006, a offert pour la
première fois un outil relativement complet composé de 7 plans principaux : plan
structurel (zones urbanisées, à urbaniser, structure de la ville), plan de zonage (cf.
figure 37), plan d'intervention, plan de hiérarchisation des services, plan de
hiérarchisation de la voirie, plan des espaces verts et plan des sites historiques.
Sur le plan opérationnel, deux périodes de réalisation étaient envisagées. La première
décennie était dédiée à la préparation technique et financière afin de pouvoir réaliser
par la suite les programmes d'intervention (réhabilitation et rénovation urbaine) ainsi
que le développement des infrastructures 133 .
Le bilan du schéma directeur s'avère aujourd'hui, lors de sa révision, plutôt négatif.
D'abord il n’est approuvé que 8 ans plus tard (en 1994) bien que son application
"informelle" ait déjà bien commencé. Le planning opérationnel est ainsi dérégulé avec
un bilan pratiquement nul de la première période. A ce retard s'ajoute un manque
d'imposabilité et de faisabilité dus à des facteurs intrinsèques (par exemple les
questions des acteurs, du financement et des infrastructures étaient peu travaillées) et
extrinsèques (changement de la politique foncière et économique, absence de structure
d'application, etc.).
133 AAMPPO, 1986, pp. 7.1-7.2
105

L'étude d'infrastructure était moins approfondie et le schéma directeur proposait plutôt
des copies de normes (notamment pour la voirie) qui ne correspondent à la réalité des
terrains des quartiers non structurés. L'assainissement est pratiquement inaperçu
comme on le verra dans la deuxième partie de ce travail 134 .
Toutefois, dans la deuxième décennie le schéma directeur a servi à l'élaboration de
quelques plans détaillés pour le développement de certaines zones de la ville :
Quartier d'ECA, Sheraton, les sites d'expansion urbaine (Karnyo, Bolé –Bulbula,
Mekanissa, Kotebe).
I.5.1.c La révision du Schéma directeur
La révision est engagée depuis 1998 par Addis Ababa Master Plan Revision Office
pour adapter le schéma directeur au changement politique, et socio-économique
(économie libérale). Elle vise, selon le programme, à élaborer pour une période de 12
ans un outil prévisionnel plus souple que le master plan ainsi qu'un cadre opérationnel
(stratégie d'action, institution, projet pilote). L'approche adoptée repose sur deux
concepts de la planification urbaine : Structural planning and Action oriented
strategic planning. Les concepts et les objectifs de cette révision sont présentés en
annexe 8.
Cette révision repose sur le principe de conserver l'image duale de la ville : habitat
traditionnel et moderne au centre ville. Au-delà du souhait, il nous semble
indispensable de définir une ligne directrice de l'aménagement des quartiers non
structurés.
134 Ce point de vue est aussi partagé par des urbanistes en application du schéma directeur et d'autres
observateurs : "The proposals incorporate zoning and road systems with little emphasis on the other
urban services." (Bekele T., 1994)
106

I.5.2 Politique et pratique de la gestion foncière
1.5.2.a Mode d'appropriation foncière
La politique foncière éthiopienne est basée sur l'appropriation collective de terrain
introduite par les lois de nationalisation du foncier urbain et rural 135 . Ces lois sont
confirmées par la nouvelle constitution de 1995 qui souligne dans son article 40 /3
cette appropriation : "The right to ownership of rural and urban land, as well as of all
natural resources, is exclusively vested in the State and in the peoples of Ethiopia.
Land is a common property of the Nations, nationalities and peoples of Ethiopia and
shall not subjected to sale or to other means of exchange".
La terre appartient donc à l'Etat, et c'est seulement un droit d'usage qu’il donne
lorsqu’il attribue un terrain urbain. Cette appropriation publique de terrain est un
grand acquis pour la ville pour réaliser, à un coût raisonnable, les projets d'intérêt
public comme par exemple la libération des lits mineurs et des zones inondables. Elle
a été encore plus renforcée dans les villes par l'introduction en 1993 du bail
emphytéotique (Lease).
I.5.2.b Lease policy (bail emphytéotique)
Le Lease policy est introduit au niveau national par la loi n°80/1993 et à Addis Abéba
par le décret régional n° 2/1994, remplacé quelques mois plus tard par le décret
régional n° 3/1994. Ses objectifs sont de donner une valeur à la rente foncière et de
développer ainsi la recette et la capacité financière des municipalités. Le principe est
fondé sur une attribution de terrain par un bail emphytéotique qui varie selon l'usage
de terrain : 99 ans pour un terrain résidentiel privé, 60 ans pour l’industrie, 90 ans
pour un service public, etc.
Un des objectifs de cette politique était de faire disposer les municipalités des
ressources financières pour le développement des infrastructures. L'efficacité de ce
135 "….all urban lands shall be the property of the Government. No person, family or organisation shall
hold urban land in private ownership", Article 7/loi 47//1975.
107

ail est très critiquée à cause du manque de compréhension 136 et de la lourdeur des
procédures d'application. Ainsi le revenu n'est pas à la hauteur de ce qui était espéré.
Par conséquent, l'effort pour résoudre le problème du développement urbain, prévu
par la loi, reste très limité.
L'apport de ce système foncier pour freiner et résorber l'entassement urbain reste
également très limité car il ne favorise pas l'accès à la propriété des ménages à faible
revenu. A part les terrains attribués en 1998 à raison de 11 familles par kebele,
l'attribution de logements se fait plus en faveur de la population la plus aisée avec des
typologies d'habitat plus modernes et une caution de 8 à 16 mille birrs. Cette somme
est bien évidemment non abordable par la majorité des jeunes ménages qui veulent
accéder à la propriété privée avec une ferveur ardente malgré le peu de moyens dont
ils disposent. Il faudrait exploiter cette motivation pour soulager la demande de
logements qui a atteint, en 1997, 220 000 137 . Il nous semble indispensable d'adapter ce
système foncier actuel au contexte réel de la ville pour améliorer d'une manière
significative le cadre de vie urbaine.
I.5.2.c Occupation illégale d'espace publique et des espaces réservés
L'occupation illégale s'opère par l'expansion des parcelles et de l'habitat irrégulier. Ce
dernier est relativement mieux contrôlé comme on l'a déjà développé.
En revanche, l'expansion de parcelles sur l'emprise de la voirie et sur les berges des
cours d'eaux est d'ampleur importante. Elle concerne, sans exagération, pratiquement
la majorité des parcelles d'Addis Abéba. Dans le cas de maison de kebele, les
anciennes limites de parcelles ne sont pas respectées. Dans le cas de propriété privée,
les clôtures des parcelles sont poussées dans la limite du possible sur l'espace
normalement réservé à la rue. Cela est aussi vrai pour les parcelles anciennes que pour
les parcelles récentes attribuées après l'élaboration du schéma directeur. Cette pratique
illégale aggrave le problème d'accessibilité et la vulnérabilité de la ville.
136 La terminologie anglaise "Lease" utilisé directement dans la langue amharique n'est pas du tout
compréhensible par le grand public et même par les élites par conséquent il a été longtemps vu de
travers.
137 AACG, 1997 b, p. 20.
108

Cette occupation anarchique est favorisée par deux lacunes :
- la faiblesse de la législation ;
- le manque d'une procédure de contrôle et de conformité.
Législation imprécise et laxiste
La législation n'est ni claire ni ferme dans ce domaine où l'ampleur des problèmes est
très préoccupante. Il n’y a pas de mesures d'interdiction précises contre l'occupation
illégale ni dans la loi de nationalisation, ni dans les lois anciennes de collectivité
locales (74/1945, 47/1975, 104/1976, 206/1981) ni dans les lois foncières récentes.
Les lois spécifiques à la construction (loi 292/1986 & 316/1987 138 ) se limitent
également aux procédures de permis de construction sans aucune interdiction précise
sur l'occupation illégale de terrain.
La ville est très embarrassée par la question de l'occupation illégale. Elle a déjà
montré quelques signes d'acceptation et de légalisation en intégrant dans ses taxes
foncières les cas des terrains illégalement occupés.
Ce problème mérite à notre avis une prise de position avec des décrets clairs et
médiatisés.
Manque de contrôle de conformité
La ville ne dispose pratiquement pas d'un système de contrôle pour vérifier le respect
des plans pour lesquels elle délivre le permis sauf à l'occasion de changement de
propriétaire, de litige ou lorsque des faits sont observés par le kebele ou le woreda. Le
certificat de conformité n’existe pas.
I.5.2.d Le nouveau système cadastral et ses apports
Malgré sa préoccupation très ancienne qui remonte à 1909 avec l'introduction de
travaux cadastraux 139 , la ville ne possédait pas un système de gestion foncière
performant permettant de suivre la mutation urbaine légale ou illégale.
138 - Construction and use of urban houses proclamation - Proclamation to provide for urban zoning
and building permit
139 Pankhurst R, 1967. Menelik and the utilisation of foreign skills in Ethiopia". Journal of Ethiopian
Studies, Addis Ababa, Vol. V, n° 1, p.65.
109

Depuis 1996, un cadastre informatisé est mis en place par des experts locaux. Il
apporte déjà une amélioration significative pour la gestion urbaine. Cette base de
données de type SIG est d'intérêt capital pour la construction de base de donnés sur
les réseaux d'assainissement.
I.5.3 Expansion et mutation urbaines
La ville connaît actuellement des projets d’expansion urbaine et de mutation de
quelques quartiers centraux. Cette tendance sera probablement très forte dans les
prochaines années compte tenu de la demande de logements (estimé à 220 000 en
1997) et des programmes de développement des quartiers anciens. Cette
transformation a déjà commencé avec quelques projets réalisés, engagés ou projetés.
La transformation du centre ville et l’expansion urbaine constituent des occasions
importantes à saisir pour résoudre durablement le problème lié aux eaux pluviales et
améliorer la gestion urbaine en général. En pratique, la question de l'assainissement
n'a pas profité de l'expérience du passé. Les erreurs se répètent aussi bien par
l’occupation de l’espace que dans la conception des équipements.
I.5.3.a L’expansion urbaine et l’assainissement pluvial.
L’expansion urbaine a connu ces dernières années une ampleur importante après avoir
traversé une période creuse au début des années 1990. La ville a lancé depuis 1997
son projet d’attribution de 20 000 parcelles à Mékanissa, Keranyo et Bolé-Bulbula
ainsi qu'à Kotebe 140 (voir figure 12). La construction de logements à faible coût est
également entreprise par la ville bien que leur nombre soit insuffisant et leur
réalisation lente.
140 8 mille parcelles selon le coordinateur du projet “compensation et relogement”, Addis Lesanne,
Hedar 17/1992EC (novembre 26/1999)
110

Légende
Projets en cours
Projets en étude
Projets hypothétiques
Zone d'expansion urbaine en construction
Projet d'afforestation
Source : AAMPRPO et Agence d'Urbanisme de Lyon
Figure 12 :
Expansion et mutation urbaines à Addis Abéba
111

Les promoteurs immobiliers privés (par exemple Ayat, voir figure 12, avec un projet
de 25 000 logements 141 ) ont aussi commencé à produire du logement à la périphérie
de la ville sur une superficie très considérable. D’autres constructions sont amorcées
par des investisseurs pour des activités autres que résidentielle. Pour l’ensemble de
ces projets d’investissement privé, 600 terrains de surface totale de 2.6 km² ont été
attribués en une seule année fiscale 1997/1998 142 .
Un projet de ville satellite, de 64 km² de superficie et de 200 000 logements, est aussi
envisagé à la périphérie de la ville 143 .
Ces projets d'expansion urbaine doivent faire l'objet de suivi et de contrôle pour
obtenir un développement urbain équipé et légal.
La viabilisation de terrain
La production de terrain viabilisé a toujours été difficile pour la ville qui a été l'acteur
unique de la production de terrain pendant 17 ans. Elle reste aujourd'hui un acteur
principal même après la loi d'investissement privé.
La viabilisation se limite à dégager la voie d'accès au site. Les voiries locales et
l'assainissement sont souvent construits petit à petit par la population après la
construction des maisons.
L’analyse du plan détaillé des projets de lotissements et de leur réalisation nous
montre encore le manque d’attention dans la conception et la réalisation des ouvrages
d’assainissement. Aucune étude spécifique basée sur la connaissance des phénomènes
de précipitation et du ruissellement n’est faite. Les sections des ouvrages sont fixées
par estimation.
141 Addis, magazine, juillet 1997, p.10.
142 AACG Lease office, cité par Addis Lessane, Hamle 8/1990EC.(Juillet 1998).
143 L’investisseur malais Adorna Shebele a signé le contrat avec l’AACG pour construire 200 000
logements et des activités (industrie, commerce, service public). Il a été même précisé qu’il y aura un
112

Ce manque d’attention entraîne d'une part des conséquences dévastatrices dans
l’immédiat. Il empêche d'autre part l’élaboration des solutions qui peuvent être
intéressantes et faisables dans ces zones d'expansions de faible densité. Le cas de site
de Mekanissa nous semble un exemple illustratif. Les fossés en terre creusés le long
des voiries sont immédiatement érodés avec la forte vitesse d'écoulement et les
caractéristiques du sol (gonflant) du site. Ces deux facteurs n'ont pas été pris en
compte intégralement. Certaines canalisations (Φ 800) installées sous la voirie sont
également cassées à cause de la faible couverture de sol, non adaptée aux poids
lourds 144 . On ne peut attribuer cette lacune qu'à une négligence dans la mesure où la
ville possède un service d’ingénierie et un personnel qualifié (urbanistes, ingénieurs et
techniciens).
1.5.3.b Les programmes du schéma directeur et la mutation du centre urbain
Le schéma directeur avait prévu un programme d’intervention lourde pour améliorer
le cadre de vie de la ville par deux biais : la rénovation urbaine et la réhabilitation.
Parmi les 210 km² de surface urbanisée en 1986, 19 km² était concernés par la
rénovation et 24 km² par la réhabilitation urbaine. Celle-ci concerne environ 179 000
logements soit presque la moitié du parc de logements de la ville.
1.5.3.c Réhabilitation urbaine et la pérennité de l'amélioration
Les différents projets de réhabilitation urbaine sont actuellement menés par l’EDPO,
les comités de développement des kebeles et les ONG dans plusieurs quartiers de la
ville.
Ces interventions manquent d'une vision globale et d’un cadre d’action centralisé à
l'échelle de la ville. Il s’agit, en effet, plus de mesure de soulagement que de
réhabilitation lourde. Les travaux concernent essentiellement la construction de voirie,
de réseau d’assainissement et de toilettes. Ils ont permis d’obtenir quelques
améliorations du cadre de vie dans la majorité des quartiers de la ville.
réseau d’assainissement souterrain ce qui montre l’engouement à cet équipement Ethiopian Investment
Authority, cité par Addis Tribune, 24/09/99.
144 Entretien, office de l’étude des projets détaillés, novembre 1998 et décembre 1999.
113

Cependant, ces interventions n’apportent toujours pas de remède pérenne car leur
durée de vie est limitée vu le manque d’appropriation et de gestion. Le rapport
d’évaluation du projet de réhabilitation de Tekelhaymanot (réalisé dans les années
1980 sur 102ha.) liste, entre autres, de nombreux défauts concernant l’assainissement
pluvial et la voirie (manque d’alignement, défaut de conception, absence du drainage
sur la voie tertiaire, etc.). L’absence d’une structure de gestion après la réalisation
était une des causes de l'échec du projet : "it is evident that no arrangements have
been made for maintenance of roads and ditches!. The ditches are literally become
garbage dumping areas and open latrines. The kebele do not seem to be aware that
maintenance is necessary" 145 .
La réhabilitation urbaine de grande envergure est aussi parmi les projets de la ville
comme la zone qui s'étend entre Senegatera, Churchil et la gare sur une superficie de
51 hectares pour la quelle l'étude est déjà réalisée 146 .
1.5.3.d Rénovation urbaine et la question du relogement
Le programme de rénovation urbaine peut concerner davantage d’espace par rapport
au programme du schéma directeur de 1986 pour deux principales raisons :
- La dégradation des maisons et des quartiers classés en réhabilitation
pendant les 15 dernières années ;
- La politique foncière plus favorable au projet d’investissement au centre
ville
De nombreux projets de re-développement du centre ville sont déposés par des
investisseurs auprès de la ville pour l’obtention de terrain en centre ville. Par
conséquent, des études détaillées sont engagées et des travaux ont commencé dans
certains quartiers de la ville : quartier ECA en projet, projet autour du Sheraton en
étude, Mercato, etc.
145 SWHP-NUPI (1988). Review of Tekele-haymanot World Bank Upgrading Project: Urban I, draft
report, November 1988.
146 Addis Lessane, tekemet 25/1991EC (5/11/1998).
114

L'expérience en relogement
Les expériences de relogement dans le cas de rénovation urbaine sont très peu
nombreuses et en général pas assez bien organisées, sauf le cas du Sheraton 147 .
Il a été constaté dans les années 1980 que certains relogés des riverains des rivières se
sont de nouveau installés sur le même site à risque après avoir vendu les terrains que
la ville leur a attribués.
Dans le cas de la construction du boulevard périphérique (ring road) l’organisation
défaillante du relogement a exposé les ménages qui habitaient dans les maisons de
kebele à des difficultés. Ces locataires devraient trouver un logement, avec les 1200
birrs (par an et par famille) avancés par la ville, dans un contexte marqué par la
pénurie de logement.
Cela reflète le manque terrible d'une vision générale du développement urbain. Avec
cette approche, le problème n’est pas résolu, il est plutôt déplacé.
1.5.3.e Absence d’un cadre d’urbanisme opérationnel pour la mutation urbaine
Vu la complexité de la question du relogement, la transformation du centre urbain
nécessite une attention particulière dans un cadre d’urbanisme opérationnel muni de
moyens institutionnels, méthodologiques et financiers. Or, depuis la fin de
l’élaboration du schéma directeur jusqu’à présent, il n’existe pas de cadre officiel
d’intervention. Les projets de réhabilitation légère avec quelques travaux de
restructuration sont opérés par les acteurs non spécialisés et divers notamment des
ONG et le PIO.
147 Selon l'enquête de Murad (1997), le relogement de Sheraton est fait dans des conditions
généralement appréciées par les relogés concernant la qualité de l’habitat (plus grand, matériaux
pérennes, accessible et mieux équipé avec l’électricité, l’eau, la cuisine et les toilette individuelles).
Cependant l’éloignement par rapport au site ancien (10 km) et la conservation du statut de cohabitation
atténuent cette satisfaction.
115

La mutation urbaine nécessite un effort conjugué des acteurs publics et privés vu
l’importance des fonds nécessaires et la dimension socio-politique de ces projets. Le
montage institutionnel doit prendre en compte cette dualité.
Les acteurs les plus proches et les plus implicitement concernés sont le bureau de
développement urbain et des travaux publics et le Lease office, qui ne disposent ni de
moyens ni de compétences spécifiques pour assurer ce rôle (Ayalew, 1997)..
Une politique claire et complète pour définir les modalités d’intervention manque
également. Ceci est indispensable pour attirer les investisseurs potentiels et pour
éviter des interventions peu réfléchies avec des conséquences néfastes. La
transformation du centre urbain ne doit pas être guidée seulement par la demande. La
révision du master plan doit donc être une occasion pour apporter des éléments de
réponse stratégiques et institutionnels.
116

I.6 INTERACTION ET IMPACT DE LA GESTION DES EAUX PLUVIALES AU
SEIN DU SYSTEME URBAIN : UNE APPROCHE SYSTEMIQUE
I.6.1 Le système urbain et le SGEPU
La ville est un système complexe composé de sous- systèmes en interaction (sur les plans
technique, social, politique, etc.). Nous nous intéressons ici aux réseaux techniques urbains en
mettant au centre le sous-système gestion des eaux pluviales.
Le système de gestion des eaux pluviales urbaines (SGEPU) désigne l’ensemble des éléments
organisé par l’Homme et offerts par la nature (relief) pour réguler la sollicitation de la pluie
dans un espace donné. Il se compose de deux éléments principaux : le système technicohydrographique
(réseaux, rivières, espace) et le système organisationnel.
Le SGEPU a souvent une dimension spatiale (territoire technique) plus large que l'espace
urbain comme nous l'avons schématisé dans la figure 13. Cette dimension est à l’origine,
parmi d’autres (par exemple l’économie d’échelle), de différentes formes de coopérations
intercommunales pratiquées notamment dans les villes des pays développés. Par exemple en
France, 63% des communes (rurales et urbaines confondues) appartiennent à l'une des 16
regroupements intercommunaux instaurés par la loi 148 .
Territoire
technique
Figure 13 :
Interaction au sein du système urbain
148 (Wondimu A. 1995), p.15.
117

Dans l'interaction et l'interdépendance du système urbain, le SGEPU subit des contraintes
venant des systèmes de collecte des déchets et de la voirie. Cette partie est donc consacrée à
l'analyse détaillée des éléments techniques de la gestion de l'espace ayant un impact important
sur le SGEPU. Il s'agit d'identifier les limites, les contraintes et les impacts. Nous nous
sommes également intéressés à la politique de la ville en matière d'amélioration de ces
services urbains.
I.6.2 Gestion des déchets
La gestion des déchets est devenue une préoccupation importante de la ville d'aujourd'hui
avec l’augmentation de la quantité et de la toxicité. Notre planète produit 720 milliards de
tonnes par an dont 440 dans les pays développés 149 . Les pays en développement se trouvent
confrontés au problème de gestion de déchets qu’ils produisent.
1.6.2.a Nature des déchets et mode de gestion
La ville d’Addis Abéba produit 1 385 m3 par jour (0.17 kg. par habitat et par jour) 150 . La
quantité est donc très faible comparée à celle d'autres villes : 0.3 à Bamako, 0.5 au Caire, 1.8
à New York, 1.06 dans les villes du Moyen Orient 151 , 1 en Europe. Cela est dû d’une part au
mode et au niveau de vie et d’autre part au tri et au recyclage qui concernent environ 10% des
déchets 152 . Cette revalorisation de déchets joue un grand rôle non pas seulement dans la
réduction des quantités de déchet mais aussi dans la fabrication d’objets réutilisables et à
faible coût. Cependant cette activité de tri est basée sur le seul motif économique et elle
n’intègre pas actuellement le motif environnemental.
L’origine des déchets est essentiellement domestique (76%) et commerciale (17%) 153 . La
composition est dominée par des cendres et fines qui représente 60% du poids et par des
herbes et des feuilles qui sont de 22.6% (EHD, 1997).
149 UNDP, 1991.
150 (Health Bureau, 1996).
151 Pour Bamako : calculé à partir de données de l'Afrique Municipale n° 7/1996. Pour le reste (EHD,1997).
152 (EHD, 1997), p.39 ; Addis Magazine, février, 1996 (Yekatite 1988EC.) pp.31
153 EHD, 1997, p.87
118

La capacité de collecte couvre aujourd'hui seulement 60 % de déchets bien qu’on voie une
nette amélioration comparée au taux de la décennie précédente (37% en 1982 154 ). La collecte
se fait en grande partie (70%) par des bennes métalliques situées au milieu d’un quartier
(rayon de 0.5 à 1 km) : en moyenne une benne pour 6 000 habitants et 2 à 3 par kebele 155 . La
collecte de porte à porte ne concerne que 30% des déchets collectés (Health Bureau, 1996).
Les déchets non collectés sont jetés dans les rivières, rues, espaces publics, fossés et regards
du réseau. Selon les résultats de notre enquête, présentés dans le tableau 13, 29% des ménages
interrogés déposent leurs ordures dans les rivières et 14% sur l’espace public (voirie, réseau et
terrain vide). Le taux réel peut être plus important dans la mesure où la véracité des réponses
à cette question est discutable.
Tableau 13 : Mode de dépôt des ordures ménagères en fonction de la hiérarchie de voirie :
Pourcentages des réponses sur le lieu de dépôt à Addis Abéba
Voirie camion benne rivière Brûlé ou voirie réseau terrain total
enterré
vide
Primaire 19% 50% 15% 4% 4% 4% 4% 100%
Secondaire 14% 39% 23% 10% 7% 4% 2% 100%
Tertiaire 22% 37% 13% 11% 8% 7% 2% 100%
Accès 13% 35% 28% 12% 6% 4% 3% 100%
Moyenne 17% 40% 20% 9% 6% 5% 3% 100%
Le nombre de bennes et leur fréquence de ramassage étant très limitée, la benne déborde et la
voirie et le réseau proche sont envahis par les déchets comme le montre la photo 1. Le
paysage de la ville est ainsi défiguré et pollué. La situation est très critique dans les zones
centrales et commerciales bien que les deux systèmes de collecte (benne et camion) y soient
concentrés. Les zones périphériques et les zones centrales non structurées sont dans la plupart
des cas sans aucun équipement de collecte.
154 NORCUNSULT, 1982.
155 (EHD, 1997), p. 15.
119

a) Benne à ordure mal placée et mal utilisée b) Déchets dans la rivière kurtumé : Mercato
c) Déchets urbains et absence de nettoiement d) Fossé engorgé d'eaux usées
Photo 1 : Insuffisance de la gestion des déchets et impacts sur le réseau d’assainissement et les
cours d’eau
120

La décharge de la ville se situe à Rebi, dans le bassin versant d’Akaki Ouest (Lafto) à 13 km
environ au sud ouest et à l’aval du centre ville. Elle est à ciel ouvert et sans clôture et reçoit
depuis 30 ans un mélange de déchets collectés de toutes natures (domestique, hôpitaux,
hôtels, etc.). Les déchets ne sont pas incinérés, cette solution étant financièrement non
abordable. Ce site pose un véritable problème environnemental (notamment pour les cours
d’eau et les quartiers résidentiels avoisinants).
1.6.2.b Acteurs et moyens
Malgré la quantité relativement faible de déchet, la ville n’est pas arrivée à maîtriser sa
gestion et à rendre propre son espace. Le service est géré en régie directe par le bureau de la
santé. Il est décentralisé au niveau des 6 zones et la décentralisation supposée au niveau des
kebeles semble être abandonnée.
Le service se sent dépassé 156 par l’ampleur du problème et justifie la défaillance par le
manque de moyens. Le budget de fonctionnement consacré à la gestion des ordures est
d’environ 4.4 millions de birrs (pour les années 1993-96) 157 . Cela donne environ 8 francs par
an et par kilogramme de déchet produit. Ce handicap financier est plus visible quand on
compare avec le cas du grand Lyon pour lequel le budget de fonctionnement est de 750 francs
par an et par kilogramme de déchet produit 158 (90 fois plus important que le cas d'Addis
Abéba).
La logistique utilisée actuellement est à la fois insuffisante, non-optimisée et inadaptée. La
quantité des équipements est dérisoire en quantité : pour environ 400 000 ménages, la ville
possède seulement 1700 bennes, 30 camions de collecte et 38 camions de ramassage de
bennes. Ainsi la fréquence de ramassage des bennes atteint 2 à 3 mois. La situation est
aggravée par les pannes fréquentes des camions et les longs délais des réparations (dus
principalement au manque de pièces de rechange). En novembre 1999, 23 camions (soit un
quart du parc du Service) étaient en panne ; et en novembre 1998 50 % des camions en pannes
étaient dans le garage du Bureau de la Santé depuis 6 mois à 2 ans 159 . Le tableau 14 résume
les moyens du service
156 Addis Lessane, journal, Hedar 10 1992EC.
157 -Rapport annuel du Bureau de la santé, cité par (EHD, 1997), p.45
- Addis Magazine, février 1996, pp30.
158 Calculé à partir des donnés obtenues de "Budget 2000 du Grand Lyon"
159 Interview des responsables de “Environmental Health Department, Health bureau”. In : Addis Lessane ,
journal n° 392, nov.15/1998 (hedar 5 1991).
121

Tableau 14 :
La logistique de collecte de déchets de la ville d’Addis Abéba
Matériels
nombre
Benne de 8 m3 512
Benne de 1.1 m3 1200
Camion 38
Camion de ramassage de benne 8m3 26
Camion de ramassage de benne 1.1m3 4
Camion en panne (en 23
Personnel de terrain 500
Chauffeurs 43
Éboueur (balayeur) 450
Contrôleurs 160 7
Budget annuel
4 409 226 birrs
[Source : AACA Service de propreté, Division d’information 161 ]
1.6.2.c Impact sur le SGEPU
Les déchets solides sont la première cause de dysfonctionnement du SGEPU à Addis Abéba.
Comme notre enquête le montre, le réseau et les rivières sont utilisés comme lieu de décharge
directe par au moins 25% des ménages interrogés. Cela veut dire qu’avec une estimation très
conservatrice, environ 30 tonnes de déchets sont rejetés dans le réseau hydrographique. Il faut
également ajouter les déchets d’autres activités (commerce, etc.) ainsi que ceux qui sont
transportés vers le réseau par le ruissellement sur des espaces urbains peu entretenus.
Ainsi, la capacité du réseau peut être réduite de 50% à 100% avec des détritus qui bloquent le
système notamment au niveau des avaloirs et des regards. Dans la composition des déchets,
on trouve le ketema et le tchat redoutés à la fois par les gestionnaires et par les habitants. Le
ketema est une herbe fine et longue (50 à 60 cm) qui est répandue (parfois en grande quantité)
sur le sol des maisons généralement les jours de fête et / ou avec la cérémonie de café comme
signe de prospérité et de fête. Le tchat est une plante (un stupéfiant) dont les branches (avec
160 Il s’agit d’une personne par zone chargée du suivi des bennes qui signale quand les bennes sont pleines.
161 Rapport rédigé à notre demande par Metuma Temtemé, novembre 1999.
122

des feuilles) sont vendues aux «brouteurs ». Les tchat et ketema utilisés, jetés souvent
n’importe où, posent de véritable problème d’obstruction des regards, avaloirs et conduites.
La branche du tchat ne se dégradant pas facilement constitue une véritable armature de déchet
dans le réseau. Ce problème ne peut être résolu que par des combinaisons des mesures :
comme la sensibilisation, la réglementation, le renforcement de la collecte, la conception du
réseau adapté à ces contraintes, etc.
L’impact sur la capacité hydraulique est aussi important pour les rivières avec une réduction
substantielle de la section. On peut citer l’exemple de Kurtumé où on trouve dans son tronçon
près de Mercato des tas de déchets qui occupent jusqu’à la moitié de sa section.
Les déchets toxiques provenant des industries et des hôpitaux ne reçoivent aucun traitement
particulier ni dans la collecte ni dans la décharge. Le réseau et les rivières sont aussi les
principaux lieux de dépôt des cadavres des animaux (chien, chat, poulet, etc.).
L’état actuel de gestion de déchets nous incite à nous poser la question suivante : Est-il
possible d’apporter une amélioration substantielle au SGEPU et de lui donner un
fonctionnement pérenne sans résoudre le problème des déchets ?
1.6.2.d Préoccupation et perspectives
L’ampleur et la gravité du problème sont ressentis par la population et les gestionnaires. Le
service concerné reçoit chaque jour des plaintes venant des habitants, des institutions locales
et internationales. En se basant sur son Règlement n° 1/1994, des meures punitives ont été
lancées contre la décharge sauvage : des agents sanitaires qui sont payés en pourcentage des
amendes. D’après notre enquête cette mesure est mal perçue et peu acceptée par la population
qui se plaigne de ne pas avoir de benne à proximité ou de camion de collecte fréquent.
123

Le problème de gestion des ordures a fait l’objet, ces dernières années, de plusieurs articles
dans la presse (notamment Addis Lessane et Addis magazine) et de nombreuses conférences
qui soulignent en conclusion les idées suivantes :
- nécessité d’un service autonome des déchets avec un budget suffisant
- participation des investisseurs privés
- encouragement des activités de récupération
- sensibilisation, participation et citoyenneté des citadins
- coordination entre différents acteurs du secteur.
Les investisseurs privés ne semblent pas être attirés par ce secteur à cause de son caractère
non industriel (en tout cas actuellement) et du manque de politique claire de la part de la ville.
1.6.3 La gestion des eaux usées
La gestion des eaux usées intègre théoriquement la gestion des eaux vannes (toilettes), des
eaux domestiques (eaux grises) et des eaux usées industrielles. A Addis Abéba, comme dans
d’autres villes pauvres, le système de gestion ne concerne que les eaux vannes avec une
capacité de collecte et de traitement très limitée.
Les eaux ménagères et industrielles ne sont pratiquement pas gérées et une partie considérable
(35%) 162 des eaux vannes est également perdue dans la nature.
La situation est donc alarmante et grave en ce qui concerne la santé et la pollution de l’espace
urbain et naturel.
1.6.3. a Eaux vannes et mode de gestion
Les eaux vannes sont gérées à Addis Abéba de 4 manières :
- Les réseaux d’égout séparatif
- Les fosses à vidanger
- Les fosses "perdues"
- Les fosses connectées aux rivières et au réseau pluvial a priori séparatif.
162 AACG, 1997b, pp 12.
124

Tableau 15 :
Equipements des eaux vannes des logements à Addis Abéba
Année Réseau
d'égout
chasse
d’eau
Fosse
privée
Fosse
partagée
Sans
équipement
Non
spécifié
1978 10.1% 12.3% 53% 19.9 4.7%
1984 10% 15.8% 43.8% 29.2% 1.2%
1994 0.5% 12% 18.1% 45% 23.9% 1%
1996 32%
[source : CSA, 1974, 1984, 1994 ; Lemate ketema, 1996]
Réseaux
Le réseau d’égout est un système séparatif de 110 km construit en deux phases (en 1976 et
1983). Il est connecté à la station d'épuration de Kaliti dont la capacité maximale est de
200 000 équivalent - habitants (AAWSA & al, 1993c). Sa capacité est donc limitée et ne peut
assainir que moins de 10% de la population actuelle. De plus, il est actuellement sous utilisé
avec seulement 1600 raccordements qui concernent 0.5% des citadins et quelques
institutions 163 . Il est estimé que 52% 164 environ des maisons raccordables ne sont pas
raccordées pour diverses raisons comme le manque d’information ou le coût élevé. Le
système couvre 33 kebeles dont 12 totalement et 21 partiellement. A cause de la défaillance
de la maintenance et du suivi, le système présente quelques dégradations et des
dysfonctionnements (AAWSA, 1993c).
En réalité les ménages connectés au réseau sont plus nombreux notamment dans le centre
ville où le réseau pluvial est utilisé comme un réseau unitaire. Selon le recensement de 1996
d’Informations Lemate-ketema, il existe 19 497 ménages (soit 5.5%) connectés au réseau dans
tous les woredas de la ville avec une forte proportion dans les woredas non-équipés en réseau
d’eaux usées : 3149 connections dans le woreda 5 ; 1013 dans le woreda 1 ; 837 dans le
woreda 7, etc. Cela signifie l’existence de dizaines de milliers de raccordements illégaux au
réseau pluvial et le rejet direct des eaux vannes dans les cours d’eau de la ville.
Les typologies équipées par le réseau d’eaux usées sont des espaces résidentiels structurés
moins denses au sud, au sud-est et au sud-ouest de la ville ainsi qu’une partie du CBD
(Aratkilo, Sidist Killo, Mexico, Stadium, Churchill, etc.). Ceci correspond à la population de
revenu moyen à élevé.
163 (AACG, 1997a) ; AAWSA cité par Addis Lessane, Tahessas 18 1990 E.C. (décembre 28 1997).
164 Fujiyama T. (1994), Op, Cit., p.49
125

Station
d'épuration
Figure 14 :
Le réseau unitaire des eaux usées
Assainissement autonome
C’est le système principal de gestion des eaux vannes de la ville. Il s’agit de fosses à vidanger
de différents types et qualités selon le niveau de vie des ménages et le mode de possession de
l'habitat. Il s’agit essentiellement des fosses non étanches (pit latrine) et parfois de puits
perdus (fosse à remblayer). Selon le recensement d’ILK 165 , 76,5% des ménages ont des fosses
ordinaires non étanches (pit latrine) et seulement 19.6% utilisent des fosses septiques. Dans
l’espace non structuré et dense, le taux est plus élevé comme le kebele 02, Woreda 22 où 93%
des ménages utilisent des fosses ordinaires et 2% les fosses septiques 166 .
Dans le cas des maisons individuelles (typologies structurées), la fosse est généralement
privée, en bon état (bien construite et bien maintenue) et est régulièrement vidangée.
165 ILK (Information Lemate Ketema), résultat de recensement réalisé par la ville en 1996.
166 Enquête de (Tefera, 1997)
126

Dans le cas des maisons de kebele, les toilettes sont souvent partagées entre plusieurs
familles. Elles peuvent être situées dans une parcelle (latrines communes) ou au milieu de
plusieurs parcelles (latrines collectives).
Les latrines communes se trouvent souvent en mauvais état à cause de :
- L'absence de vidange régulière due aux contraintes financières et d’accessibilité :
selon le règlements de l’AAWSA la fosse doit être à 40 mètres au maximum loin
du lieu d’accessibilité du camion
- la mauvaise qualité de construction (dalle non bétonnée, fosse non maçonnée) qui
favorise le débordement lors de pluie et la pollution de l’environnement
Les toilettes communes sont le moyen le plus utilisé dans les quartiers non structurés. Dans le
cas du kebele 02 du woreda 22, elles concernent 72% des ménages 167 .
Dans le cas des latrines collectives, la construction est souvent en "dur" (de bonne qualité) et
elles sont situées sur des terrains plus accessibles. Toutefois une fois construites, soit par des
ONG soit par la ville, elles sont souvent laissées sans le moindre cadre de gestion 168 . Malgré
l’effort des usagers, on constate souvent le dysfonctionnement voire même l’abandon
principalement pour des raisons suivantes :
- absence d’entretien quotidien
- remplissage rapide
- absence de modalité de financement pour la vidange
- casse intentionnelle (vandalisme) par les habitants à proximité qui craignent la
mauvaise gestion et qui se plaignent de la mauvaise odeur.
Les maisons des kebeles et les quartiers inaccessibles et denses constituent le problème
majeur de gestion des eaux usées de la ville par son ampleur et ses contraintes. Le kebele,
reçoit un maigre loyer et ne peut pas assumer la construction des toilettes pour son parc de
logements. La population se dit dépourvue de moyens et d’espace pour assurer la
construction. Une réflexion intégrant les différents aspects (technique, espace,
organisationnel) doit se mettre en place pour apporter une solution durable.
167 Enquête de (Tefera, 1997).
168 Néanmoins, il existe quelques ONG (Naccid, IHA, Concern et Oxfam) 168 qui assurent également le service de
vidange pour une petite partie de la population défavorisée.
127

Une enquête réalisée en 1996, dans quelques quartiers de Tekelhaymanot et de Piazza (zones
denses et non structurées), indique que 60% des toilettes sont en très mauvais état, seulement
30% sont vidangées, 48% sont connectées aux rivières, 22% débordent. Concernant les causes
de dysfonctionnement, 48% des ménages interrogés donne des raisons financières, 34% des
problèmes d'entente entre usagers et 18 % des raisons techniques (accessibilité, espace, etc.).
Le problème d’usage approprié apparaît également parmi les raisons majeures de
dysfonctionnement et de remplissage fréquent : 63% des ménages interrogés répondent
« oui » à la question « est ce que vous jetez des déchets solides dans la fosse? »
(Bertelomewos et al 1996). Cela est aussi confirmé par les vidangeurs qui se plaignent des
déchets solides qui obstruent la pompe de vidange.
L’acteur principal de ce secteur est l’AAWSA qui gère le réseau d’égout et offre un service de
vidange de fosses à un tarif abordable (49 birrs pour les ménages, 130 birrs pour les
commerces et les institutions 169 ). Mais la file d’attente décourage les habitants. Il existe
également depuis 1995 des vidangeurs privés (5 en 1997) qui proposent un service de vidange
rapide pour un tarif plus élevé (130 birrs) peu abordable par la population défavorisée.
« Sans équipement »
La population sans équipement est répartie sur tous les woredas. Le taux varie pour les
woredas urbains de 11,3% (woreda 2) à 36.4% (woreda 23). Dans les woredas avec des
kebeles ruraux (26 & 27) ce taux atteint à plus de 50% .
La situation s’aggrave de décennie en décennie pour ces ménages. Dans les années 1960 ce
taux était de 7% 170 dans le quartier défavorisé de Tekelahaymanot aujourd’hui la moyenne
pour le même woreda est de 17% .
169 Article 7, Règlement n°5/1995 “Addis Ababa water Supply and Sewerage Services Regulations”, Addis
Negari Gazeta, 20 mai 1995.
170 Berlain, E., 1963, p.176.
128

Les Toilettes publiques
A Addis Abéba, les toilettes publiques jouent un rôle important, dans cette ville où on compte
beaucoup de sans abris et de population non équipée. Au-delà de ses utilisateurs habituels, les
toilettes publiques constituent le seul moyen pour 14 792 ménages 171 (soit 4.13%) vivant à
proximité. Il s'agit d'un service gratuit mais insuffisant en nombre.
On dénombrait en 1997, 72 toilettes publiques (48 en 1984) gérées par le bureau de la santé
reparties dans tous les woredas à l’exception des woredas 17 (Bolé) et 24. Le woreda 5
(Mercato) en possédait 13, mais ce nombre est insuffisant comparé au nombre d'usagers. On
peut constater leur fréquentation au travers la fréquence de remplissage : une vidange en
moyenne (par camion de 8000 litres) une fois tous les 2 à 3 jours. Il n'y a qu’une unité (des
toilettes publiques) connectée au réseau d’égout, 34 sont à vidanger et 37 sont connectées au
réseau d’eaux pluviales. Le Bureau dispose seulement de 5 camions de vidange avec des
pannes fréquentes 172 .
En outre, malgré leur faible nombre, il n’est pas rare de trouver des toilettes publiques
fermées pour des semaines voire même des mois.
1.6.3.b Traitement des eaux usées
Effluent urbain partiellement traité
La quantité d'eaux usées traitée est insignifiante. La station d’épuration 173 traite seulement les
effluents acheminés par le réseau. Les eaux usées vidangées par les camions sont rejetées dans
la nature sans aucun traitement sur le site de Kaliti où elles rejoignent la rivière Akaki. Cette
rivière est utilisée quelques kilomètre en aval comme une source d’alimentation par la
population rurale. Le schéma directeur des eaux usées prévoit à long terme 3 solutions
alternatives pour avoir un système de décharge raisonnable sur le plan environnemental :
traitement en anaérobie, lagunage, épandage (AAWSA, 1993b).
171 ILK, 1996, Op., Cit.
172 Entretien, Expert des toilettes publiques, Addis Ababa Health Bureau, février 1997.
173 Il y a seulement une station d’épuration à Kaliti dont la capacité est très faible. Elle a été conçue pour une
capacité de traitement de 30 000 m3/jour. La première phase, déjà réalisée, correspond à une capacité de
7 500m3/jour avec une charge de BDO de 3 500kg/jour. Le type de traitement est l’oxydation des eaux usées
dans des bassins de lagunage (AAWSA & al, 1993c), p.1.3-3
129

Effluent industriel rejeté dans la nature
Addis Abéba concentre une partie importante (65%) du parc industriel du pays. En 1997, on
recensait 2 610 industries installées essentiellement le long des cours d’eau 174 . La quasitotalité
de ces industries ne sont pas équipées de système d’épuration. Ainsi 96% d’entre elles
rejettent leurs effluents directement dans les rivières sans aucun traitement (Gebere-Amauel
T, 1993).
Il existe depuis 3 ans une loi (loi 67/97 et règlement 14/97) qui permet au bureau de la santé
de vérifier l’existence et la conformité aux normes du système d’épuration avant que le
bureau d’industries accorde le permis de construire à usage industriel 175 .
1.6.3.c Impacts sur le SGEPU
L’impact de l’absence et du dysfonctionnement du système de gestion des eaux usées sur le
SGEPU est double : impact environnemental et impact hydraulique. Lors de notre visite du
réseau, nous avons trouvé plusieurs regards notamment dans le district de Mercato remplis par
les eaux usées vannes et domestiques. Ces raccordements illégaux bouchent le réseau,
entraînent sa mise en charge, et rendent son entretien difficile. En décembre 1999, en pleine
saison sèche, nous avons recensé une dizaine de débordements du réseau pluvial.
L'impact sur la qualité des rivières et sur leurs fonctionnalités est aussi très considérable. Il
sera abordé dans la deuxième partie de cette thèse
1.6.3.d Politique de la ville : objectifs et stratégies
La politique de la ville, telle qu’elle est définie dans son programme quinquennal (1997-2002)
et dans le schéma directeur des eaux, renforce l’assainissement autonome et la régie directe,
complétée par une petite intervention privée. Il s’agit :
- d’augmenter le réseau existant de 50% : la ville construira 5 km par an de réseau
secondaire, et avec l’aide extérieure 50 km, de réseau primaire ;
- d’optimiser le rendement des réseaux existants à 60-70% avec le raccordement
obligatoire des maisons raccordables.
174 Addis RADIUS, 1999, p. 16 & AACG, 1997a, p.38.
175 Entretien avec le responsable du département de permis, Bureau d’industrie, du tourisme et de commerce,
février 1998.
130

- d’augmenter à 100% la capacité de vidange qui est actuellement à 65%e en achetant
(AAWSA) en 2 ans des camions nécessaires et en encourageant les investisseurs
privés dans le domaine de vidange 176 .
Cependant, on ne voit pas une préoccupation spécifique et pragmatique pour résoudre le
problème de la population à faible (ou sans) revenu sans équipement adéquat notamment dans
les espaces non structurés. Dans ces zones où les contraintes d’espace, de moyens et de
gestion sont fortes et réunies, l'implication du pouvoir public est incontournable. Le problème
de cette population constitue le noyau central du problème sanitaire de la ville. Il faut donc
que la ville ait une attention particulière à ce problème et une méthode pérenne pour obtenir
une amélioration substantielle du cadre de vie de ses habitants. Cela nécessitera certainement
une aide financière pour la construction des systèmes sanitaires.
Il est vrai que les acteurs comme l’EDPO et les ONG interviennent, dans le cadre et en
complémentarité du programme quinquennal, dans les kebeles prioritaires, même si leurs
actions sont très limitées comparées à l’ampleur du problème.
1.6.4 La voirie
La voirie est le réseau structurant de l’espace urbain et du système de drainage. Les
connaissances de son état et de son usage sont donc nécessaires pour mieux comprendre le
problème d'assainissement de la ville.
1.6.4.a L'état existant
Bien qu’on ait commencé à asphalter et à paver des rues dès 1917 177 , le développement et la
restructuration de la voirie étaient très limités aboutissant aujourd’hui à un taux de voirie très
bas et d’une qualité très médiocre.
176 AACG, 1997a pp. 12 &1997b.
177 Hirsch et al., pp.33, 58.
131

Le service de voirie ne dispose pas pour l’instant 178 de données détaillées sur son patrimoine.
Selon une estimation de l’AACG, la ville possède environ 400 (450 179 ) km de voirie bitumée
et 960 km des voiries pavées et en matériaux sélectionnés. L’estimation ne donne pas la part
des voiries en terre battue qui n’est pas négligeable à Addis Abéba.
Selon des données approximatives de la ville, le taux de voirie à Addis Abéba est de 5.4% de
la surface urbanisée (plus faible que celui de Bangkok (9%) qualifié comme étant un des plus
bas du monde). Sans vouloir comparer, on peut voir l’importance de la voirie dans la ville
avec le taux de New York où un quart (24%) de la surface urbanisée est occupée par la
voirie 180 .
L’état des voiries (bitumées ou non) est dans la majorité des cas très médiocre. En plein centre
ville on trouve des voies asphaltées très dégradées. La voirie en matériaux sélectionnés, qui
concerne environ 70% de réseau, pose souvent de problème de circulation dans les saisons de
pluies. La surface assez compacte et accidentée de ce type de voirie ne favorise ni le
ruissellement ni l’infiltration ce qui produit la stagnation.
Parmi les causes de dégradation, on peut citer :
- la mauvaise qualité de construction et de conception (non-respect du cahier de
charge) ;
- l'absence, ou le dysfonctionnement, du système de drainage entraînant ainsi
l’érosion et l’affaissement ;
- l'affaissement causé par les poids lourds pour lesquels la voirie n’est pas conçue
- le manque de coordination et de réparation après une intervention : on estimait au
début des années 1990 que chaque année environ plus de 50km 181 de voirie sont
creusés pour l'intervention sur les réseaux d’eau ou du téléphone. La remise en état
ne se fait pas dans l’immédiat, ou ne se fait du tout, bien que la municipalité
reçoive quelquefois un payement de la part de l’intervenant pour la réparation.
178 Le Nouveau Addis Ababa City Roads Authority avait eu une idée dès sa création en 1998 de construire une
base de données de type SIG intitulée "Management Information System" et une sorte de manuel pour la voirie et
l’assainissement. Ce projet n’est pas encore formalisé.
179 On se doute de la fiabilité des données de (AACG, 1997b) car déjà deux études (Essayas Ayele, 1993 et un
article intitulé “Addis Ababa and its infrastructures”) estimaient au début des années 1990 à 450km le réseau de
voirie bitumée de la ville.
180 (Pigeon P., 1994) Pp. 61-62.
181 En 1997/98, seulement 29.77% des programmes sont réalisé concernant la réparation de ces voies avec un
budget 126 910 birrs (Addis Ababa and its infrastructure, auteur inconnu, 1990).
132

Parmi les contrariantes les plus citées, on trouve l’insuffisance du budget, le manque de
personnel qualifié et motivé. Pour l’année budgétaire 1998/99, environ 52 millions de birrs
(dont la moitié est financée par la ville et le fond des routes) ont été dédiés à la construction et
à la réparation des voiries en asphalte. Il faut également ajouter le projet du boulevard
périphérique pour lequel 196 millions de birrs ont été attribués. On voit un grand effort
malgré la précarité des ressources et une nette amélioration du budget comparé aux années
1980 pendant lesquelles le budget ne dépassait pas 8 millions de birrs 182 .
L’effort de ces dernières années des multiples acteurs publics (AARA, EDPO, PIO) et des
ONG ont apporté une amélioration considérable et la tendance est encourageante pour les
prochaines années 183 .
Tableau 16 :
La voirie bitumée et pavée à Addis Abéba
Revêtement de la
voirie
Asphalte
équipement
Logeurs Pourcentage
(km)
Asphalte total 354.7 27%
Avec terre pleine central et trottoir 58.8 4.3%
Avec trottoir et réseau sans terre
plein central
62.2 5%
sans terre pleine central ni trottoir 233 17.7%
960 73%
En matériaux
sélectionnés et pavée
Bitumée, pavée 1360
[Source : Addis Radius et al, 1999).
1.6.4.b Rôle multiple (socio-économique) de la voirie
Le rôle de la voirie est multiple et dépasse largement la fonction de circulation à laquelle elle
est souvent réduite. Elle est en effet un espace public par excellence. Ce rôle est d’autant plus
important quand le territoire individuel (maison, parcelle) est exigu. On peut citer l’exemple
de tentes dressées dans la rue pendant 4 ou 5 jours pour le deuil, le mariage et les fêtes
notamment dans les espaces non structurés. Les matériaux de construction sont déchargés sur
la rue bloquant et dégradant ainsi la voirie et son réseau d’assainissement.
182 Shebeshi G., (1988).Tertiary road’s study in Addis Ababa. Bsc thesis, College of urban planning, Addis
Ababa, p. 43
183 Entre 1993 et 1996, l’ancien département de la voirie (sous PWUDB ) avait construit 5.62 km et réparé 86.82
km de voirie bitumée. Il a également réalisé 122km de voirie en matériaux sélectionnés
133

C’est aussi un terrain de foot pour les gamins qui ne disposent pas d’espace dans les zones
non structurées et denses. Elle est également le seul lieu libre de résidence pour les sans abris
dont le nombre augmente de jour en jour.
Le rôle le plus important concerne le commerce informel et les petits métiers qui occupent de
plus en plus l’espace de la voirie dans le CBD. Il est important de prendre en compte cette
évolution du rôle de la voirie. Les activités de la rue attirent de plus en plus des gens et
produisent des déchets. Ceci nécessite par exemple une augmentation des toilettes publiques,
l’installation de poubelles et un balayage régulier.
1.6.4.c Acteurs
L’acteur principal est l’AACRA chargé de la construction et de la gestion de l'ensemble des
réseaux de voirie et d'assainissement de la ville. En pratique, le rôle de l’AACRA se limite
aux voiries principales en asphalte et aux zones de nouvelle expansion pour des raisons
financières et techniques.
Il y a des interventions de plusieurs acteurs publics et des ONG. Le PIO menait quelques
projets de construction et de maintenance de voirie dans le cadre d'aide de la banque
mondiale. L’EDPO et les ONG, notamment CARE, interviennent avec la participation de la
population dans les constructions des voiries tertiaires et d’accès.
Dans cet éparpillement de compétences et d’actions, il existe un grand problème de
coordination et d’appropriation.
1.6.4.d Programme et perspective
Il existe une grande préoccupation tant au niveau national que local (ville) pour le
développement de la voirie considérée comme élément clé pour la réussite du développement
économique : attirer les investisseurs, créer des emplois, etc. La ville l’a intégré dans son
programme quinquennal (1997-2002). Ce programme repose sur la valorisation (optimisation)
de la voirie existante et des projets importants de nouvelles constructions.
134

Les stratégies adoptées pour réaliser cet objectif ambitieux en 5 ans sont :
- La construction de voirie (en asphalte et en matériaux sélectionnés) dans les zones
d’expansion ;
- La réalisation du boulevard périphérique et d’autres voiries de liaison pour
optimiser le réseau existant ;
- L'élargissement des voiries surchargées (en trafic) ;
- Une campagne intensive de réparation
- La construction en matériaux sélectionnés de toutes les voiries tertiaires et d’accès
nécessaires à la ville (à raison de 328 km par an) (AACG, 1997b).
La faisabilité de ce programme nécessite un effort continu de la ville et surtout une capacité
financière importante. Quand on analyse la première année, on devient moins optimiste. De
septembre 1998 jusqu’en mai 1999, la ville a pu faire la maintenance et la réhabilitation de
15.8 km de voirie bitumée, et la construction de 46 km de nouvelle voirie avec un taux de
réalisation faible (68%) comparé aux 67.5 km programmés 184 .
1.6.5 Alimentation en eau
L’adduction d’eau est introduite à Addis Abéba en 1894 avec l’installation de la première
canalisation qui amenait l’eau de la colline d’Entoto au palais de Menelik. Un siècle après, la
ville est en quasi-totalité (97.7%) alimenté en eau potable. C’est le service le plus égalitaire,
relativement accessible par des branchements individuels ou des bornes fontaines à un prix
abordable (0.5birr/m3, 1centimes le seau dans le cas de borne fontaine).
L’alimentation à partir des puits et rivières concerne environ 42 000 personnes dont seulement
30% utilisent des sources protégées. Ceci concerne essentiellement la population rurale
d’Addis Abéba : dans la partie sud de la ville, celle-ci utilise directement l’eau de la rivière
Akaki contaminée par toutes sortes de déchets. Cette population est, par conséquent, victime
de nombreuses maladies (typhoïde, typhus, malaria, etc.).
184 Rapport du président d’AACG devant l’assemblée nationale, cité par Addis Tribune, 04/06/99.
135

Tableau 17 : Mode d’alimentation en eau à Addis Abéba en 1994
Mode
d'alimentation
Pourcentage
de l'habitat
[Source : CSA, 1994]
Robinet dans la
parcelle
Robinet en
dehors
de la parcelle
Puits /source
protégée
Puits/ source
nonprotégée
Rivière/
lac/étang
Non
spécifié
52,4% 45,3% 0,7% 1,1% 0,3% 0,2%
La ville est alimentée par trois barrages, de nombreux puits notamment artésiens (en projet) et
des sources avec un débit total de captage de 302 970 m3 par jour.
Tableau 18 :
Les différentes sources d’alimentation existantes et projetées
Source
Année de
construction
Localisation
par rapport
au centre
Capacité
(m3/jour)
Remarque
COUT
ESTIME
EN BIRR
Barrage de 1941 18km NW 25 000
Gefersa
Barrage de 1964 34 km E 150 000
Legedadi
Barrage de Diré 1996-98 40km NE 42 000 Alimente 264 662 383
Legedadi
25 puits artésiens
d’Akaki
I : 1995-97
II : 98-2000
34 km S 72 000 390 292
881
Projets d’urgence
18 puits et 6
sources
1995-1998 13970 16 772 203
Total existant 302 970
En Projet 677 000
-Barrage de Gerbi 2001-2004 77 000 708 700 000
et tunnel d’Entoto
-Sibilu I & II I : 2001-2008
II : 2012-2015
600 000 1423 820
000
[Source : AACG, 1997a &1997b ; AAWSA 1999(in RADIUS 1999) ; Berlain, 1963]
Les barrages se situent en amont de la ville à l’ouest (à Gefersa) et à l’est (Legedadi et Diré) à
l’abri donc de la pollution urbaine. Les 25 puits artésiens se trouvent au sud de la ville dans le
district d’Akaki. Il y a également 18 puits et 6 sources dispersés dans la ville (Addis Radius,
1999) gérés par l’AAWSA. En outre, il existe des nombreux (175 puits 185 ) de puits privés
notamment des institutions et des industries.
185 (IAURIF, 1986)
136

L’acteur principal de ce secteur est l’AAWSA qui assure en régie directe le traitement et la
distribution de l’eau. Il y a également d’autres acteurs comme le bureau de la santé et des
ONG qui interviennent dans les projets d’alimentation à partir des puits dans les kebeles
ruraux d’Addis Abéba : zone 6 (ekoué chefé, kilnto, etc.)
Depuis quelques années, la ville mène de grands projets d’eau avec un objectif de faire face à
la demande croissante qui dépassait, en 1997, de 40% la capacité de production de l’AAWSA
sans compter les fuites du réseau estimé à 30 à 40% 186 . L’achèvement du barrage de Diré et
d’une partie des puits artésiens d’Akaki a permis aujourd’hui d’améliorer la capacité de
distribution de la ville. Cependant, la ressource en eau devient de plus en plus insuffisante, ce
qui nécessite une réflexion assez large sur une gestion durable et intégrée des bassins versants
concernés.
I.6.6 L’interaction et la nécessité d’ajustement du champ de vision et d’action
L’analyse du fonctionnement des techniques urbaines et de leurs impacts nous a montré
l’importance des perturbations réciproques et cycliques induites par l’insuffisance de gestion
des déchets et de la voirie sur le SGEPU et vice versa. Cette interdépendance et
l'élargissement de champs d'action qu'elle induit sont schématisés dans la figure 15. Il est
donc nécessaire de réguler cette perturbation pour avoir une gestion urbaine optimisée,
efficace et durable. Une bonne gestion d’ordures apportera une amélioration significative à
l’assainissement pluvial. Une gestion renforcée des eaux usées diminuera l’impact sanitaire
des rivières. L’amélioration du SGEUP, acquise par la diminution de perturbation, contribuera
au bon fonctionnement des voiries et des latrines évitant leur dégradation
Cette dernière dimension que nous qualifions de dimension externe du SGEPU constitue un
élément important pour son fonctionnement car elle détermine son autonomie au sein du
système urbain. Vu cette interdépendance, la régulation d'un sous système ne peut pas être
réduite seulement par une régulation interne. La régulation externe pour maintenir l'équilibre
est aussi nécessaire.
186 AACG, 1997b
137

Déchet
transport
transport
Eaux usées
-
obstacle
Suppor
t
réseaux
pollutio
Facteur
sur l'état
et
SGEPU
rivières
Suppor
t
-
Ressource
Eau potable
Voirie
-Aléa
-
occupatio
- draine
- structure
-
inondatio
Espace et
Env mt .
-
Ressource
-pollution
Habitat
Légende
Interaction technique
Relation
Relation de flux
Champs
d' ti
Impact
reçu
Figure 15 : Interaction de SGEPU avec les éléments techniques urbains et le champs d'action
à considérer : le cas d'Addis Abéba
138

Ce raisonnement ne remet pas en cause l'existence de services spécialisés qui sont
indispensables pour gérer les différents éléments de la ville. Il s'agit de montrer les zones de
régulation et la nécessité d’une vision globale pour assurer la cohérence et l'efficacité en
renforçant l'autonomie du fonctionnement du SGEPU. L'élargissement du champ d'actions et
de vision implique l'existence de deux niveaux d'action :
- au niveau du SGEPU : actions intégrées des acteurs
d'assainissement et des rivières que nous appelons acteurs du
premier ordre
- au niveau de système urbain : codécision, coordination des
actions menées pour la gestion de l'espace (avec les acteurs de
second ordre).
I.7 CONCLUSION
De l'analyse de la gestion de l'espace vis à vis de la gestion des eaux pluviales urbaines, nous
retenons quatre constats principaux :
- l'importance de l'impact des dysfonctionnements extrinsèques du SGEPU (induit
par l'insuffisance de la gestion foncière et des servies urbains)
- des potentialités à exploiter notamment sur le plan organisationnel
- des contraintes notamment financières
- la nécessité d'une sensibilisation pour une gestion citoyenne et participative
La gouvernance urbaine, qui se caractérise par une décentralisation très locale et des acteurs
de la société civile (Edir, etc.) possède un atout capital pour une gestion locale dans un
contexte financier très limité de la municipalité et des habitants (60% dans la pauvreté
chronique). Cette question de financement des projets d'assainissement peut s'appuyer sur ces
potentialités mais aussi sur la mixité "socio-économique" et sur la solidarité.
139

La gestion des eaux pluviales subit quatre contraintes majeures provenant de la gestion de
l'espace urbain :
- le non-respect des documents d'urbanisme (occupation des lits majeurs et mineurs
des cours d'eaux ainsi que l'emprise des voiries ) ;
- une morphologie urbaine non structurée (qui concerne un tiers de l'espace urbain
et la moitié du parc de l'habitat) où l'écoulement des eaux pluviales se fait parfois
à travers des pièces d'habitation ;
- une expansion urbaine qui intègre peu la question de l'assainissement ;
- une perturbation du réseau par les déchets (eaux usées, ordures, etc.) qui constitue
une cause majeure de dysfonctionnements comme on le verra en détail dans la
deuxième partie.
La résolution de ces quatre familles de contraintes sont des conditions préalables pour donner
au réseau hydrographique (naturel, artificiel) une autonomie de fonctionnement.
140

DEUXIEME PARTIE
ANALYSE DES PHENOMENES ET DU SYSTEME DE
GESTION DES EAUX PLUVIALES URBAINES DE LA VILLE
D’ADDIS ABEBA
141

141

142

II.1 INTRODUCTION
Cette partie est consacrée à la connaissance des phénomènes et des diverses dimensions du
système de gestion des eaux pluviales (technique, hydrographique, organisationnelle et
opérationnelle, politique et pratique, etc.).
Il s'agit d'abord de représenter et d'analyser le phénomène pluie-débit et les caractéristiques
principaux des bassins versants.
Par la suite, nous nous intéressons à l'histoire et à la connaissance du réseau ainsi qu'à sa
conception, à son état de fonctionnement et à sa gestion. Cette analyse est fondée sur
l'approche typologique pour avoir une vision représentative de l'équipement en ouvrages de
drainage et de son état en fonction des typologies urbaines et de la hiérarchie de la voirie.
Elle s'appuie sur le travail de terrain déjà annoncé dans la méthodologie (enquêtes, visites de
terrain, analyses de la qualité des cours d'eau).
L'analyse des cours d'eau portera sur les différentes fonctionnalités des rivières, sur leurs
qualités et images ainsi que sur l'usage et l'appropriation de l'espace rivière (lits mineur et
majeur).
Nous procéderons par la suite à l'analyse des différents phénomènes et impacts dus au
dysfonctionnement ou à l'insuffisance ainsi qu'au risque potentiel notamment avec la
déforestation de la colline d'Entoto.
L'un des points importants de cette partie est l'analyse des rôles, moyens et pérennité des
nombreux acteurs intervenant dans le drainage urbain et dans la gestion des cours d'eau. Cette
analyse inclut les acteurs de gestion de crise et des acteurs d'espace forestier. Nous essayons
également d'analyser la politique et les pratiques de gestion des eaux pluviales de la ville à
travers les documents prévisionnels et le cadre législatif.
143

II.2 LA PLUIE
Notre zone d’étude se caractérise par un climat chaud et tempéré de montagne tropicale : une
température assez élevée, une variation annuelle relativement faible et une variation
journalière importante. Il se distingue donc de la plupart des climats africains, dominés au
nord par le désert, et au centre et au sud par des zones humides et sub-humides chaudes
d’importante précipitation (cf. annexe 4).
La ville se trouve parmi les zones qui reçoivent des précipitations relativement abondantes en
Ethiopie : une moyenne annuelle de 1257 mm et environ 120 jours de pluie par an. La
moyenne nationale est de 938 mm (Abebe, 1989).
Tableau 19 :
Indicateurs climatiques de la ville d'Addis Abéba
Maximum annuel
Minimum annuel
Humidité 79% en août 49% en décembre
Température 24°c en mars 8.6°C
en novembre - décembre
Evaporation (total annuel) 251 mm en mars 66 mm en août
[Source : National Meterological Service Agency]
Il y a deux saisons de pluies, keremet et belge (tesedie). La première, qui constitue la
principale saison de pluie (70% des précipitations), se déroule de juin à septembre. Elle est
précédée par une petite saison de pluie de mars à juin.
350
précipitation mensuelle en mm
300
250
200
150
100
50
0
Janvier
Feverier
mars
Avril
May
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Decembre
Figure 16 :
Répartition mensuelle de la précipitation à Addis Abéba à la Station OBS
(1900-1992)
144

II.2.1 Mesures pluviométriques
Les mesures pluviométriques ont commencé en Ethiopie au début du XX ème siècle : à Addis
Abéba (1902), à Asmara (1903), à Gumbella (1905). Sur le site d'Addis Abéba, nous avons
recensé 6 stations pluviométriques dont deux équipées d'enregistreurs automatiques
(pluviomètres à augets basculeurs). Il s'agit de la station OBS (observatoire dans le centre
météorologique) et de la station Bolé (aéroport d'Addis Abéba) : cf. localisation dans la figure
131.
Tableau 20 :
Stations pluviométriques à Addis Abéba et leurs caractéristiques
Station
Altitude
(en m)
précipitation
moyenne
annuelle
(mm)
Type
d’enregistrement
Type de données
dépouillées
disponibles
Données
consultées
Entoto 2900 1340 manuel maximale 1989-1996
journalière.
AAU 2460 1150 manuel maximale 1990-1992
journalière.
OBS 2408 1257 Automatique 10, 20, 30, 60mn 1960-1985
1989-1997
ILCA 2380 1099 manuel max. journalière. 1987-1992
BOLE 2350 1056 automatique 10, 20, 30, 60mn 1971-1997
Données
complétées
1986 et 1987
Akaki 2070 manuel max. journalière. 1988-1997
Le dépouillement des données par le NMSA (national meteorological service agency) ne
concerne que les stations équipées d’enregistreurs automatiques. Pour les années 1986 et
1987, les données n'étaient cependant pas dépouillées pour la station OBS et nous l'avons fait
à partir de graphiques pour compléter nos informations. Pour la station Bolé, depuis 1985, le
dépouillement ne concerne que l'intensité de durée 1 heure : on ne dispose pas de données sur
les intensités relatives aux durées de 10, 20 ou 30 minutes.
La station OBS constitue la station la plus représentative de la précipitation de la ville grâce à
son altitude moyenne et à ses données relativement complètes. L'épicentre de la pluie d'Addis
Abéba se situe également dans les environs de cette station (BCEOM, 1980).
145

II.2.2 Représentation
II.2.2.a Courbe IDF(Intensité Durée Fréquence)
Nous avons construit 1 les courbes IDF pour les stations OBS et Bolé (cf. figure 17 et annexe
10). Dans le cas d’OBS nous avons utilisé des données de plusieurs années : 37 ans pour les
intensités d'une heure et 28 ans pour les intensités 10, 20 et 30 minutes. Par contre dans le cas
de Bolé, les données disponibles sont très peu nombreuses notamment pour les faibles durées:
13 ans pour les durées de 10, 20 & 30 minutes et 26 ans pour la durée d’une heure.
Tableau 21 :
Estimation de hauteur d'eau (en mm) pour la station OBS
Période de retour
Hauteurs d'eau en mm
10 minutes 20 minutes 30 minutes 60 minutes
2 13,58 20,06 25,35 28,65
5 18,28 26,74 34,04 39,93
10 21,31 31,03 39,63 47,2
20 24,42 35,45 45,38 54,67
30 26,46 38,34 49,15 59,56
50 28,24 40,87 52,44 63,84
100 31,02 44,82 57,58 70,52
Nous avons ajusté la courbe par une loi de type Montana, I=at b , pour les deux stations OBS et
Bolé avec un coefficient de corrélation de 99%.
II.2.2.b Pluies historiques
Les pluies historiques permettent de voir les formes et la nature des pluies fortes et la réaction
du bassin versant. Nous avons présenté, dans la figure 18, les pluies qui ont provoqué des
dégâts importants.
1 Nous avons utilisé la méthode des valeurs extrêmes de Gumbel et la loi de Montana,
146

Courbe IDF- Station OBS (Addis Abéba)
300,00
250,00
Intensité (mm/hr)
200,00
150,00
2ans
5ans
10ans
20ans
30ans
50ans
100ans
100,00
50,00
0,00
0 20 40 60 80 100 120
Durée (mn)
Courbe ajustée par la loi de Type Montana I=at b
T 2ans 5ans 10ans 20ans 30ans 50ans 100ans
a 271,70 358,34 414,35 471,66 509,35 542,13 593,36
b -0,51 -0,51 -0,50 -0,50 -0,50 -0,50 -0,50
Coefficient de
corrélation
0.987 0.990 0.991 0.992 0.993 0.993 0.994
Figure 17 :
Courbe IDF à la station OBS
147

Pluie de 19 Août 1978 à l'OBS
20
hauteur (mm)
15
10
5
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180
Duré e (m n)
Pluie du 26 Août 1994 à l'OBS
Précipitation (en mm)
10
8
6
4
2
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Durée (mn)
Pluie de 08 août 1995 à l'OBS
précipitation (en mm)
20
15
10
5
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180
Duré e (m n)
Figure 18 :
Pluies historiques observées à la station OBS d'Addis Abéba
148

II.2.2.c Caractéristiques de la pluie
La pluie de notre zone d'étude se caractérise par :
- une régularité dans l'espace due à son origine orographique avec un gradient vertical de
pluviosité annuelle assez élevé (jp = 0.47 mm/m>0.1mm/m, entre Entoto et OBS et
Entoto et Bolé) 2 .
- Une forte intensité sur une courte durée. Nous remarquons sur la figure 19, représentant
les pluies exceptionnelles, que la moitié de la précipitation tombe en moyenne les 30
premières minutes et que 90% ont lieu les premières 60 minutes. L'intensité de pluie de
100mm/h de durée 15 minutes correspond à une période de retour de 2 à 5 ans dans le cas
d'Addis Abéba et 10 ans dans le cas des régions méditerranéennes en Europe 3 .
- La partie intense de la précipitation arrive tôt comme le montrent les campagnes de
mesure du BCEOM (1982).
Concentration temporelle des pluies exceptionelles à l'OBS
Pourcentage cuulé de la précipitation
120%
100%
80%
60%
40%
20%
0%
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180
Durée (mn)
19/08/78
26/08/94
08/08/95
moyenne
Figure 19 :
Concentration temporelle des précipitations des pluies exceptionnelles à la
station OBS
2 Le gradient vertical de pluviosité (le gradient pluviométrique) est l'augmentation de la hauteur d'eau moyenne
précipitée par mètre d'altitude supplémentaire (Chocat, 1997). On parle de front orographique lorsque le gradient
(j = dp/dz) est >0.1mm/m (Lambert, 1996), pp. 93.
3 Commentaire de M. Desbordes in (BCEOM, 1982).
149

II.3. LES BASSINS VERSANTS ET LA TRANSFORMATION PLUIE-DEBIT
II.3.1 Délimitation des bassins versants
Nous avons délimité les bassins versants d'Addis Abéba à partir du plan topographique
1:50 000 et 1:2 000 selon leurs caractéristiques physiques, urbaines et administratives.
La ville d'Addis Abéba s'inscrit dans deux bassins versants, West-Akaki et East-Akaki, qui la
coupent symétriquement en deux (cf. figure 20). Ces deux bassins versants se situent dans le
bassin versant de la rivière Awash : la plus grande (1200km) et la plus exploitée pour
l’irrigation en Ethiopie. Nous avons subdivisé ces deux bassins versants en 10 sous-bassins
selon la densité ainsi que l'importance (en termes de risque et de débit) du réseau
hydrographique (naturel et artificiel) et de l'urbanisation.
Tableau 22 :
Caractéristiques des bassins versants d’Addis Abéba
Bassin versant Superficie
(en km²)
Pente
moyenne
Espace urbanisé en
1995
Espace rural en
1995
(en km²) (en %) (en km²) (en %)
West-Akaki(WA) 358,8 km² 2,5% 79,92 22% 278,88 78%
-Petit Akaki (LA) 31,5 5,4% 25,8 82% 5,7 18%
-Grand Akaki (GA) 171 2,2% 23 13% 148 87%
-Lafto (LT) 90,2 6,3% 10,2 11% 80 89%
- West-Akaki aval 66,1 1,5% 20,2 31% 45,9 69%
East-Akaki (EA) 688,4 3,2% 87,75 km² 13% 600,65 87%
-Kurtumé (KU) 10,5 6,8% 9,75 93% 0,75 7%
-kechené (KC) 14,6 7,5% 10,9 75% 3,7 25%
-Bantyeketu (BY) 5,4 3,9% 5,4 100% 0 0%
-Kebena (KB) 67,3 5,3% 25,3 38% 42 62%
-Hanku (HN) 57,6 6,0% 26,3 46% 31,3 54%
-East-Akaki aval 533 3,2% 10,1 2% 522,9 98%
Total 1047.2 km² 167 km² 879,53
150

Kechené
Little Akaki
Kurtumé
Kebena
Grand Akaki
Hanku
East Akaki
Lafto
Banteyeketu
West Akaki
Figure 20 :
Les bassins versants d'Addis Abéba
II.3.2 Les caractéristiques physiques et urbaines des bassins versants
II.3.2.a La topographie
La topographie du bassin d'Addis Abéba est très accidentée avec des espaces pentus et plats
qui se côtoient ainsi qu'avec de nombreux torrents qui traversent la ville. Comme nous montre
la figure 21 presque 3/4 de la surface étudiée a une pente > à 5 % et la moitié possède une
pente > à 10%. La ville est entourée d’une chaîne de montagne.
151

Cette forte pente, avec la nature et la couverture du sol, accélère le ruissellement en surface
(direct) mais aussi l'écoulement hypodermique dans le sol.
Figure 21 :
La topographie d'Addis Abéba
152

II.3.2.b Pédologie
La pédologie de notre bassin est dominée par les sols argileux rouges et noirs. Le sol est en
général très peu perméable avec un taux de sable très faible (2 à 5%). Cette constitution de sol
est assez épaisse. Elle repose en plus sur une stratification argileuse expansive.
Roche sol colluvial
Roche +sol résiduel3m
Sol argileux noir 3m et
6m
Figure 22 :
La pédologie d''Addis Abéba
Tableau 23 :
Type de sol
Lacustre
(sol argileux noir ou
Black cotton soil)
Composition du sol d'Addis Abéba
Argile
(

Notre bassin se caractérise donc par une faible capacité d'infiltration ce qui peut constituer
une contrainte pour l'application de certaines techniques alternatives. L'argile bien, qu'elle soit
physiquement poreuse, est imperméable (conductivité hydraulique de 10 -7 à 10 -9 m/s).
Il existe toutefois quelques zones étroites (au sud et au sud ouest d'Addis Abéba) où la le taux
de sable est plus élevé mais sans amélioration substantielle de la perméabilité à cause de leur
teneur en argile et en limon : le long des rivières East-Akaki et Kebena 4 .
Le sol lacustre (black cotton soil) qui couvre la majorité de l'espace est un sol très expansif
qui se gonfle rapidement en contact avec l'eau et se rétrécit avec la déshydratation. Cette
caractéristique pose des problèmes de stabilité pour les réseaux d'assainissement enterrés.
II.3.2.c Usage des espaces : urbanisés et non urbanisés
Les deux grands bassins versants sont encore essentiellement ruraux avec un taux
d'urbanisation de 22% pour Akaki-Ouest et 13% pour Akaki-Est (cf. tableau 22).
Espace urbanisé
Malgré la forte densification de la ville, il existe encore des espaces verts de diverses tailles et
fonctions (parc, zone maraîchère, etc.) et de différents statuts (privé ou public) au sein de
l'espace urbanisé (figure 23). Il existe dix parcs publics de recréation de surface totale de 114
hectares situés dans la plupart des cas le long des rivières (JICA, 1997). On trouve également
le long des rivières (notamment dans le West-Akaki) de nombreux sites maraîchers et de la
ripisylve.
La prise en compte de ces espaces dans la gestion des eaux pluviales urbaines est importante
dans la mesure où la ville est très dense et que leur emplacement près des rivières permet
d'avoir un champ d'inondation plus large.
4 (AAWSA, 1993).
154

a) L'occupation des sols (existant)
Légende
Espaces verts
et vacants
Espace
urbanisé
b) les espaces verts et vacants dans l'espace urbanisé
Source : (A.A. RADIUS, 1999)
Figure 23 :
L'usage des sols à Addis Abéba
155

Espace non urbanisé
Les surfaces non urbanisées se composent de l'espace boisé, des champs de culture, de
pâturage et des espaces vacants.
L'espace boisé concerne notamment les parties nord et ouest de la ville. Il s'agit
essentiellement des forêts d’eucalyptus, qui ont connu dans les deux dernières décennies une
forte déforestation malgré les multiples mesures de préservation. L'espace boisé d'Addis
Abéba est estimée à 1373 ha 5 , soit moins de 4 % de l'espace non urbanisé. Ce taux est
pratiquement le même, 7%, pour la région Oromyia 6 où s'inscrit la moitié du bassin d'Addis
Abéba.
L'eucalyptus et son rôle en hydrologie
Il est communément admis que la forêt accroît la précipitation annuelle, la capacité
d'emmagasinement du bassin versant et les pertes par évapotranspiration. Elle diminue les
précipitations réelles au sol notamment par interception. La couverture forestière contribue
donc à la lutte contre les crues (Lambert, 1996).
Cependant, le rôle de l'eucalyptus dans la lutte contre l'érosion et la rétention du ruissellement
s'avère très limité. Cet arbre ne favorise pas le développement des herbes et des broussailles
par l’effet allelopathique de ses feuilles et par ses racines qui pompent beaucoup d'eau.
L'eucalyptus épuise la nappe notamment dans les plantations denses et extensives.
Dans ces zones boisées, la rétention est donc limitée et le sol non enherbé favorise le
ruissellement. Les résultats de l’étude hydrologique du BCEOM à Addis confirment ce
constat. L'analyse de la transformation pluie-débit a révélé des coefficients de ruissellement
très importants (55 à 70%) pour les zones non urbanisées des bassins situés au nord d'Addis
Abéba : plus élevés que les coefficients des espaces urbanisés estimés à 40 - 55% (BCEOM,
1982). Bien que la topographie de ces zones constitue également un facteur du ruissellement,
et les résultats des calculs soient un peu majorés 7 , la nature de la couverture du sol n'est pas
sans effet majeur.
5 Bureau d'agriculture d'Addis Abéba, entretien, Addis Magazine, Hamele 1989EC (juillet 1998)
6 Ormyia agriculture bureau, WIC, 21/02/200.
7 Commentaires de Desbordes M., (BCEOM, 1982).
156

II.3.2.d Typologie des bassins versants
Nous distinguons à Addis Abéba trois typologies des bassins versants selon leur état
d'urbanisation et leur vulnérabilité.
- Les bassins versants fortement urbanisés et densifiés sans contrainte exceptionnelle :
Kurtumé, Petit Akaki, Bantyketu
- les bassins versants moyennement et fortement urbanisés sous le pied de la colline
d'Entoto : Kéchene, Kebena.
- Les bassins versants moyennement et faiblement urbanisés : Hanku, Lafto, grand Akaki,
East-Akaki aval et West-Akaki aval.
II.3.3 La transformation pluie-débit
II.3.3.a Observations et connaissance des phénomènes
Il n'existe pas de système d'observation continue et permanente pour mieux connaître la
réaction des bassins versants face à des événements pluvieux et à l'urbanisation. Le peu de
données dont on dispose reposent sur des travaux ponctuels (deux études ([BCEOM, 1982],
[JICA, 1997]) et quelques observations générales du Ministère des ressources en eau). Les
types de mesures, essentiellement limnimétriques (sauf celles du BCEOM), limitent leur
intérêt pour approfondir la connaissance de la nature de l'écoulement et de ses impacts
(l’érosion par exemple).
Les données du BCEOM sont issues de la campagne de mesures pluviométriques et
débimétriques menée en 1979 et en 1980. Elle a concerné les quatre bassins versant les plus
urbanisés (Kebena , Petit Akaki, Kurtumé et Kechene) et elle comprenait 9 stations
pluviométriques et 4 stations de débimétrie (limnimétrie et moulinet). A partir de ces mesures,
des pluies de projet et des hydrogrammes de projet ont été construits 8 .
Les mesures du JICA ont été réalisées dans le cadre de l'élaboration du schéma directeur des
rivières d'Addis Abéba. Bien que ces mesures soient récentes, elles ne sont pas assez riches
car elles ne concernent que quelques mesures limnimétriques.
8 Cf. synthèse de l'étude hydrologique (BCEOM ) en annexe 11
157

Le ministère des ressources en eau effectue à Addis Abéba des mesures de débits journaliers à
deux stations à Addis Abéba dans le cadre du grand bassin versant d'Awash. Il s'agit de la
station d'Akaki (à l'exutoire du bassin East-Akaki) et de la station grand Akaki. Depuis
septembre 1998, deux stations supplémentaires sont installées sur la rivière Kebena (pont
Urael) et à l'aval de la rivière Grand Akaki (Arequé fabrica).
II.3.3.b Evolution du ruissellement
L'expansion urbaine et la densification des zones urbanisées des deux dernières décennies ont
certainement augmenté la quantité de ruissellement. Les données précises manquent
cependant pour confirmer ce propos. Pour le bassin versant d’East-Akaki, nous avons élaboré
à partir des données du ministère des ressources en eau le graphe 24 pour voir l'impact de la
déforestation et de l'urbanisation sur la montée de la crue. Ce graphe ne permet pas de
dégager une tendance claire. Ceci est probablement dû à l'imprécision des données et aux
changements climatiques (sécheresse ou pluie abondante).
700
600
Evolution à la station de jaugeage Akaki Est (38°47E, 8°52'30"N)
entre 1981 et 1997
Qmax(m3/s)
500
volume total
ruisselé en million
m3
Débit/Volume
400
300
200
100
0
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998
Années
Figure 24 :
Evolution de débit à l'exutoire du bassin kaki Est
158

II.3.3.c Réponse des bassins versants
L'analyse des observations du BCEOM, montre une montée brutale en un temps court (en
moyenne 30 minutes pour Kebena, Kurtumé, et Kechene). Cette brutalité est due à la
conjonction d’une pluie courte et intense et aux caractéristiques du bassin versant qui
accélèrent son arrivée dans les rivières. Celles-ci comprennent :
- la forte pente
- la forme, plutôt en peuplier (couloir), des bassins versants qui favorise le rejet
immédiat dans la rivière (faible temps de concentration et faible stockage)
- la forte imperméabilité des sols
- la faible couverture végétale tant dans la zone urbanisée que dans la forêt
d'eucalyptus
- la faible maillage du réseau artificiel (peu de stockage)
Cependant, le faible taux d'imperméabilisation et la nature du système de collecte (stagnation
sur la voirie, réseau peu dense) favorisent tout de même le stockage dans les dépressions, sur
la voirie et dans les zones assez plates et réduisent ainsi la pointe. Le coefficient de
ruissellement a été estimé en 1980 entre 0.52 et 0.58 pour les bassins versants Kebene, Little
Akaki, Kurumé, Kechene et Bantyiketu, les plus urbanisés de l'époque (BCEOM, 1982).
Le bassin Little Akaki se caractérise par une montée plus allongée et un temps de réponse
long (entre 1 et 2 heures). Ceci peut s'expliquer essentiellement par sa topographie (moins
pentue) et les caractéristiques de son réseau hydrographique naturel ; l'état de l'urbanisation et
de la couverture de sol étant relativement semblable à ceux des bassins dont la montée est
rapide.
159

II.4 DIAGNOSTIC DU RESEAU HYDROGRAPHIQUE : ETAT,
FONCTIONNEMENT ET GESTION
Le réseau hydrographique désigne l'ensemble des réseaux artificiels et cours d'eau qui
drainent la ville du nord au sud. Ces réseaux naturels et artificiels seront abordés dans les
deux sections suivantes d'une manière séparée afin de mieux saisir leur fonctionnement et
leurs spécificités.
II.4.1 Le réseau
Le réseau pluvial d'assainissement se compose de deux types d'ouvrages : le réseau enterré et
le réseau à ciel ouvert (fossé en maçonnerie ou en terre). Il est théoriquement séparatif bien
que des eaux usées y soient fortement présentes.
II.4.1.a Historique et Connaissance
Le réseau enterré le plus ancien est supposé être construit au début du XXème siècle à
l'époque de Ménélik II (on ne connaît pas précisément l'année contrairement à d'autres
réseaux, voirie, eau potable et téléphone, dont la date d'installation était symbolique et mieux
connue). Des travaux importants ont continué pendant l'occupation italienne et ont permis à la
ville de se doter d’un patrimoine important notamment dans la partie centrale et plate : le
quartier du stade, le Piazza, l’Aratkilo. Les grands projets d'infrastructure des années 1970-80
ont permis la réalisation de réseaux enterrés notamment sur les grands axes de voirie comme
les rues Arbeynoch (patriotes), Belaye Zeleke et Entoto.
Le service d'assainissement de la ville ne dispose d'aucune information détaillée sur son
patrimoine. Notre recherche historique n'a pas abouti à grand-chose dans la mesure où la
culture et les pratiques d'archivage n'existent pratiquement pas dans ce domaine.
La seule référence est l'étude du BCEOM (1982) qui a bâti des connaissances générales sur le
réseau enterré construit avant les années 1980. A notre grand étonnement, le service
d'assainissement actuel ne dispose pas de ce document.
160

Cette étude estimait au début des années 1980, à partir des rares informations (plans des
sections qui datent de 1938 et de 1954 et actuellement non disponibles) et de visites de
terrain, que la ville possédait environ 77 km de réseaux enterrés dont environ 16% (12.5km)
datent d'avant 1950. Ce réseau couvre environ 40% des voiries principales de la zone étudiée
par le BCEOM en 1980. Il concerne essentiellement la partie centrale (CBD) de la ville
comme il est schématiquement présenté par la seule référence cartographique d'une manière
assez estimative 9 (cf. figure 25).
Capacité
suffisante à
Q10
Q5
Q2
Source : BCEOM, (1982)
Déficient
fréquente
Figure 25 :
1980
Schéma général du réseau d'assainissement pluvial au début des années
9 Les informations concernant 20% du réseau correspondent à des présomptions sur l'existence ou sur ses
dimensions.
161

Dans les 20 dernières années de nombreux travaux ont été réalisés notamment des fossés, très
répandus depuis les années 1990, mais aucun document synthétique n'est élaboré. Selon une
estimation donnée par la ville, sans source d'ailleurs, il existe 193 km de réseaux
d'assainissement (enterrés ou superficiels) le long des voiries bitumées, estimées à 355 km 10 .
II.4.1.b Acquisition des données et méthode d’investigation
L'absence des données précise sur la couverture spatiale, l'état et le fonctionnement des
réseaux nous ont conduit à entreprendre un travail de terrain (enquêtes, visites, réunions) dont
la méthodologie est déjà développée. Ce travail est basé sur des sites représentatifs de la
configuration urbaine et des problèmes posés. Il nous a permis de bâtir des connaissances
types pour représenter et aborder la situation dans l'ensemble de la ville. Ceci nous semble
indispensable à la formulation stratégique des solutions selon la typologie urbaine et la
hiérarchie des voiries.
II.4.1.c L’espace du réseau : territorialisation par type et par équipement
La "territorialisation" du réseau de la ville se caractérise par :
- un équipement important avec des réseaux enterrés dans le centre et la deuxième
couronne ;
- une variation du type et de taux d'équipement avec la hiérarchie de la voirie tant au centre
qu’à la périphérie.
La partie centrale de la ville possède des réseaux de grande taille malheureusement nonrépertoriés.
Les découvertes «accidentelles » ont révélé des grandes canalisations dans les
quartiers centraux et anciens de la ville.
D'après les résultats de notre enquête socio-technique, présentés dans les tableaux 24 et 25,
32% des 290 cas de voirie étudiés sont équipés par un réseau de conduites avec un écart
important entre voirie primaire (74%) et voie d'accès (2%). Le taux d'équipement varie
fortement selon la typologie urbaine : 45% dans les zones structurées et denses, moins de1%
dans les zones non structurées et moins denses 11 .
10 (AACG, 1997b) & (Addis Radius, 1999).
11 A titre de comparaison des ordres de grandeur, l'agglomération du Grand Lyon (France) possède de 2600 km
de réseaux sur un bassin versant de 600 km² sans inclure les 22 bassins de rétention et autres ouvrages
(techniques alternatives). Ce service est en régie directe et dispose de 600 agents pour assurer la construction,
l'exploitation et la gestion du système d'assainissement unitaire.
162

Le fossé est l’ouvrage le plus utilisé : 44% des voiries étudiées en sont équipées (la moitié en
terre et l’autre moitié en maçonnerie). Le fossé en terre est beaucoup utilisé dans les zones
d’urbanisation récente, dans la couronne intermédiaire et à la périphérie de la ville.
L'autre résultat important de cette enquête est l'importance du taux de voiries sans équipement
d'assainissement. Il concerne 1/4 de l'ensemble des réseaux viaires étudiés. Ce taux s'élève à
63% dans le cas des voies d'accès et à 54% dans le cas des zones non structurées et moins
denses.
Tableau 24 :
L'équipement d'assainissement pluvial selon la hiérarchie de la voirie
Voirie Conduite Fossé en fossé en aucun total Nombre
maçonnerie terre
primaire 74% 12% 6% 8% 100% 38
secondaire 49% 25% 7% 19% 100% 82
tertiaire 23% 29% 37% 11% 100% 107
accès 2% 16% 19% 63% 100% 63
Moyenne 32% 21% 23% 24% 100% 290
Tableau 25 :
L'équipement d'assainissement selon la typologie urbaine
Typologie* Conduite Fossé en
maçonnerie
fossé en
terre
aucun total Nb Nb. de
sites
NSD 37% 24% 10% 29% 100% 145 14
SMD 29% 8% 49% 15% 100% 87 8
NSMD 0% 15% 31% 54% 100% 13 1
NSMD+SMD 29% 24% 24% 23% 100% 34 2
SD 45% 45% (0?)1% 9% 100% 11 1
Moyenne 32% 21% 23% 24% 100% 290
*NSD : Non structuré et dense ; SD : structuré et dense ; NSMD : non structuré moins dense
SMD : structuré moins dense ; ACIV : Administration, commerce, industrie, espace vert
163

II.4.1.d Capacité, état et fonctionnement
On distingue trois types d’équipements : les gros ouvrages, les conduites et les fossés (en
maçonnerie et en terre).
Les gros ouvrages anciens
Il s'agit de la partie de réseaux située dans les centres anciens (Piazza, Stadium, Mexico, la
gare, etc.) réalisée en majorité avant 1950. Leur section, plutôt rectangulaire (cf. figure 26),
varie de 1m² à 7.5 m² (à côté du stade). Une faible partie de ce réseau peut être théoriquement
visitable mais ne l’est pas en pratique à cause des déchets jamais ou rarement nettoyés, et le
manque de connaissance précises sur le tracé des ouvrages. Ce manque d'entretien dégrade le
réseau d'année en année. La capacité d'évacuation est aussi substantiellement réduite ce qui
produit des débordements même pour les sections importantes (sous la rue la rue Ras
Mekonen par exemple) lors des événements pluvieux courants.
Avenue Ras Desta Dametew
Avenue Ras Mekonnen
Avenue Ras Mekonnen
Source : BCEOM, (1982)
Figure 26 :
Section du réseau ancien dans le quartier du stadium
164

Le tableau 26 récapitule les différentes dimensions approximatives de ces ouvrages recensés
en 1980. Ces chiffres sont largement valables aujourd'hui dans la mesure où la construction
des réseaux de section supérieure ou égale à 1m² est pratiquement négligeable depuis
longtemps et notamment après les années 1980 comme le service de voirie et d'assainissement
nous l’a confirmé.
Tableau 26 :
Dimension des grosses canalisations en mètre et en pourcentage
Bassin versant φ1 mètre 1 x1 mètre 1,2x1,5 mètres
à 1,5x1,8 mètres
1,8x1,8 mètres
à 2,7x2,8 mètres
(en m.) en % (en m.) en % (en m.) en % (en m.) en %
Kechne 1300 15% 1100 13% 1600 18%
kurtume 750 9%
Bantiyketu 650 7% 1500 17% 600 7%
Little Akaki 600 7%
Kebena 350 4% 350 4%
Total 1300 15% 3450 39% 3450 39% 600 7%
8800 (100%)
[Source : (BCEOM, 1982)]
L'espace drainé par ce réseau est aussi confronté au problème de l'assainissement pluvial
comme on voit par exemple sur la photo 7c. Il s'agit là d’un problème lié d'une part au
blocage des avaloirs et des regards et d'autre part à l’obstruction de la section par des déchets.
Les conduites
Cette partie du réseau concerne les canalisations de diamètre inférieur ou égal à 800 mm.
Elles sont essentiellement construites après les années 1950. En 1980 on estimait à environ
68km les réseaux de diamètres φ 600 et 800 (BCEOM, 1992) ce qui représentait 88% du
réseau enterré recensé.
Ce réseau se caractérise par un état majoritairement dégradé et de capacité limitée comme le
montrent les résultats de nos deux enquêtes techniques sur l'état intérieur et extérieur du
réseau (cf. tableau 27-31).
D'après notre enquête sur les 29 cas représentatifs (ancien, récent, centre, périphérie, pente,
tissu et densité urbaine), les conduites de φ300 à φ500 constituent 20% du réseau visité (cf.
tableau 27).
165

Tableau 27 :
Dimension pourcentage
φ 300 3,5%
φ 400 14%
φ 500 3,5%
φ 600 34%
φ 800 45%
Total 100%
Pourcentages de typologies de réseaux de conduite
Le sous dimensionnement est dans certains endroit la cause principale de débordement et de
stagnation comme le cas de l'avenue Africa (φ 400). Les estimations préliminaires du
BCEOM, classaient déjà en 1980 une partie du réseau de l'époque comme insuffisant pour les
pluies de fréquence inférieure à deux ans (cf. figure25). Bien que les travaux de remplacement
aient permis d'améliorer cette capacité dans beaucoup de zones, la question se pose encore
avec des débordements fréquents liés principalement au sous-dimensionnement.
L'encrassement par les déchets constitue un facteur important du dysfonctionnement. Selon
nos enquêtes environ la moitié du réseau étudié a une section bouchée à plus que 50 % par les
déchets (cf. tableau 28 et 29). Leur nature est diverse : fines, eaux vannes, cadavres des
animaux, khat, ordures ménagères, etc.
Tableau 28 :
Etat intérieur des regards visibles : regards fermés et visibles à travers
leurs avaloirs , regards avec fermetures cassées ou enlevées)
Nombre de
regards visibles
état de remplissage par les déchets ou les
débris
a b c d
En nombre 406 84 132 20 169
Pourcentage
moyen
100% 21% 32% 5% 42%
a : presque entièrement
c : plutôt peu
b : la moitié de la section du regard
d: négligeable ou propre
166

Tableau 29 :
Type
Tampon métallique
Etat du réseau au niveau des regards en fonction du type de fermeture
pourcentage déchet> 30 cm * remarque
22% 67% plutôt eau vanne
78% 42% 74% fermé
Dalles de béton
Total 100% 46%
* 30 cm déchet occupe la moitié de la section car une bonne partie (55%) du réseau étudié a une section ≤ 60 cm
Ces dépôts sauvages sont favorisés par l’absence de fermeture des regards (environ 15% des
cas étudiés). L'absence de fermeture des regards cause également des problèmes de sécurité
pour les piétons avec des accidents graves et parfois mortels (exemple place d'Adewa à
Megenagna).
Tableau 30 :
distance
(en km)
Etat de fermeture des regards
nombre de
regards visités
Fermeture* de regards par dalles de béton ou tampons
: fermé à
0% 100% 80%
(4/5)
75%
(3/4)
67%
(2/3)
50%
(1/2)
33%
(1/3)
Total 49,41 1218 80 1035 11 9 19 60 4
Pourcentage
moyenne
100% 6,6% 85,0% 0,9% 0,7% 1,6% 4,9% 0,3%
* le pourcentage exprime le taux de fermeture d'un regard notamment en fonction du nombre de dalles de béton présentes.
Les avaloirs constituent également des points vulnérables du système. Selon notre enquête,
44% des avaloirs étudiés sont bouchés (cf. tableau 31). 11% le sont délibérément par des
riverains qui se plaignent de la mauvaise odeur et du débordement. La photo 2e illustre bien, à
la fois, ce mécontentement et l'anarchie de la gestion urbaine. Un autre exemple plus frappant
concerne le réseau de la rue de chewe-berenda, construit en 1997, où 34 des 87 avaloirs
étudiés (soit 40% ) sont délibérément bouchés.
167

Tableau 31 :
Etat des avaloirs
nombre d’
bouchés non bouchés enterrés
avaloirs visités
e f g
Nombre 1197 132 214 131 677 43
Pourcentage
moyen
100% 11% 18% 11% 56% 4%
e: délibérément obstrué par pierre, béton, etc.
f : par les fines et les cailloux
g : par les déchets
La dégradation du réseau et les causes d'encrassement varient selon les zones. Dans les zones
d'activité comme Mercato, le taux d'encrassement s'approche de 100%. Parmi les 11 regards
visités dans la rue Habte-Géorgis, 7 étaient entièrement remplis par les déchets et le reste était
à moitié bouché. Deux regards, avec tampon métallique (choisis au hasard) étaient gorgés
d’eaux usées (vannes et grises).
Tableau 32 :
Activité
(nombre)
Etat des regards et des avaloirs selon l’activité (l’occupation des sols)
riveraine
* % des regards
non fermés**
pourcentage des regards
visibles bouchés ou à
moitié bouchés
avaloirs
bouchés
avaloirs
enterrés
Résidence nb 46 50 79 9
[217] % 21% 57% 37% 4%
Commerce nb 76 93 252 20
[595] % 13% 54% 43% 3%
Administration nb 63 76 141 12
et service % 16% 54% 35% 3%
[406]
Total total 1218 400 1191 1191
[1218] nb 185 219 472 41
% 15% 55% 40% 3%
* nombre et pourcentage au sein de chaque type d’activité
** regards non fermés partiellement ou entièrement
168

a) Regard endommagé (Fileweha : centre ville)
b) Regard sans fermeture et bouché par déchets (à
côté de la municipalité)
c) Réseau bouché par déchets domestiques (tchat, etc) :
Zone résidentielle et commerciale, Addisu Gebeya
d) Avaloir bouché avec ketema : Piazza
e) Avaloir délibérément fermé par les riverains pour se
protéger des phénomènes de débordement : Rue Déj.
Balcha Aba Nefso (près de Mercato)
f) Avaloirs bouchés par des fines : Rue Ras Desta
Damtewe
Photo 2 : Quelques exemples représentatifs de l'état des regards et avaloirs
169

Le fossé
Dans les projets de ces 5 dernières années, le fossé en maçonnerie constitue l'ouvrage
d'assainissement le plus réalisé dans la ville. L'intérêt de cet ouvrage réside dans sa facilité
d'entretien. La différence de coût par rapport aux conduites n'est pas importante mais non
négligeable : pour une section comparable, les coûts par mètre linéaire d'un fossé en
maçonnerie et d'une conduite φ 600 sont estimés respectivement à 140 birrs et 160 birrs 12 .
Les sections types des fossés sont relativement faible (cf. figure 27) et leur fonction consiste
souvent à assurer le drainage local (un ou deux îlots).
80cm
60cm
80cm
40cm
60cm
(a) fossé type A
40cm
(b) Fossé type B
Figure 27 : Section type de fossé en maçonnerie utilisée dans les projets de PIO et
EDPO
Malgré sa facilité d'entretien et de réparation, cet ouvrage est aussi confronté au même type de
dysfonctionnement que les ouvrages précédents : encombrement par les déchets et
dégradation rapide. En plus, la non qualité de la réalisation et l'absence de maintenance
favorisent l’apparition de mauvaises herbes qui réduisent la section et détériorent l'ouvrage.
A cause de leurs impacts sanitaires, ces ouvrages sont parfois considérés par la population
comme non appropriés notamment dans les parties centrales et denses de la ville. Des
interventions de dallage des fossés sont menées dans certains endroits par les résidants
(exemple le cas du fossé réalisé par le PIO dans le woreda 1 kebele 07).
12 Coût de l'EDPO.
170

II.4.1.e Conception et réalisation
L'une des difficultés actuelles du réseau est due à sa phase de conception et de réalisation. La
phase de conception est soit inexistante soit trop estimative. Le processus de conception se
limite souvent à une simple visite de terrain et au choix d’une section type, à l'exception rare
des grands chantiers comme le boulevard périphérique. Il n'existe pour l'instant aucun manuel
de conception (même au niveau national) 13 et les caractéristiques hydrologiques précises du
bassin versant ne sont pas étudiées. La notion de niveau de protection n'est donc pas intégrée
lors du choix des dimensions des ouvrages à réaliser. La ville manque de cadre de conception
bien organisé et les bureaux d'études extérieurs (comme TCDE) sont peu sollicités.
Avec cette estimation grossière, une conception adaptée à la particularité de chaque site est
facilement ignorée. L'exemple du réseau sous les rues de Haile-Melkot et de Chewe Bernda
réalisé en 1997 illustre bien cette lacune. Les avaloirs sont réalisés avec des tuyaux de φ 100
et φ150 et captent peu d'eaux ruisselées à cause de leur taille et position mal adaptées à la
forte pente de ces voiries (cf. figure 28a).
a) avaloir perpendiculaire non ou peu captant b) avaloir adapté à la pente de voirie
Figure 28 :
Position des regards dans la voirie pentue et capacité de captage
13 Les acteurs les plus concernés au niveau national comme TCDE (Transport Construction Design Entreprise)
et l'ERA (Ethiopian Road Autority) ne possédaient pas un manuel basé sur les caractéristiques hydrologiques du
pays et de ces différentes zones. Ils utilisent le manuel américain AASHTO, Sud africain ou Kenyan. Un manuel
national (standard - design) pour la voirie et drainage est en préparation par l’ERA avec l'expertise étrangère
(Louis BERGER Int.) pour un coût de 994 000 $US.
171

II.4.1.f Gestion et appropriation
La ville dispose d'un équipement d'assainissement assez important qui augmente de plus en
plus avec les projets de ces dernières années. Cependant, les problèmes liés à l'assainissement
pluvial ne sont pas pour autant résolus.
Pour l'ensemble du réseau et quelque soit le réalisateur, il n'existe aucune modalité de gestion
établie clairement avec une affectation spécifique d'un service et d'un budget. Les
interventions d'entretien programmées sont pratiquement inexistantes. Les travaux d'entretien
du service d'assainissement concernent plus les interventions urgentes pour le nettoyage des
réseaux les plus critiques lors des débordements inévitables tant en saison sèche qu’en saison
de pluie.
En plus de ce manque quasi général de gestion, le manque d'appropriation des ouvrages
constitue un autre facteur de dysfonctionnement : dépôt des déchets, casse, etc. Pourtant, le
règlement est très clair. Le décret régional n° 1/1994 interdit le rejet de détritus sur la voirie,
espace public et dans les réseaux d'assainissement et considère comme responsables, le cas
échéant, les habitants situés à 20 m de la décharge. Cette mesure punitive, rappelons-le, est
très contestée par la population qui se plaigne du manque de dispositif de collecte des déchets
mis à sa disposition.
Bien que l'amélioration ne soit pas visible, cette mesure a certainement permis la diminution
des rejets sur la voirie et dans le réseau ainsi qu’à la sensibilisation à l'illégalité de cet acte.
Cependant, comme elle est limitée dans l'espace, dans l'efficacité et dans la légitimité, elle
apporte pour l'instant très peu pour la protection du réseau contre le dépôt sauvage des
déchets.
La question fondamentale relative aux déchets vis à vis du réseau d'assainissement concerne
d’une part l'amélioration des moyens de collecte et d’autre part une appropriation de la ville
par ses citadins. Cette dernière ne peut exister qu’avec un sens et acte de citoyenneté et de
responsabilisation.
172

Le cas des fossés au niveau des quartiers nous semble un exemple illustratif. Contrairement
au réseau qui est théoriquement la propriété du service de voirie, les fossés des voies tertiaires
et des accès manquent de propriétaire dans leur mode actuel d'appropriation collective, flou et
contradictoire :
- la loi désigne l'AACRA comme propriétaire de tous les ouvrages de la ville ;
- l'activité et la capacité de l’AACRA se limitent, en pratique, seulement aux
réseaux des voiries asphaltées;
- les contrats de réalisation des projets de développement des quartiers désignent la
communauté bénéficiaire et le kebele comme responsables de gestion.
Dans cette situation, le réseau appartient à la fois à tout le monde et à personne. Il est donc
facile de déceler l'absence de motivation pour assurer la pérennité du réseau pourtant financé
en partie par la population (10% de financement).
Il devient donc nécessaire de développer une conscience d'appropriation chez les habitants en
mettant en valeur l'importance de leur rôle. Il faudrait également rendre le réseau
"appropriable" en minimisant la nuisance pour éviter certaines interventions individuelles et
individualistes des riverains.
Dans notre enquête socio-technique, la propriété collective du réseau d'assainissement est
largement exprimée par les habitants (cf. figure 29) malgré le constat frappant du manque
d'appropriation. Parmi les 168 réponses retenues pour l'analyse, 58 % des ménages pensent
que le réseau appartient aux citadins ou à la population du quartier. L'appartenance à la
municipalité et kebele est exprimée seulement par 35% et 5% des ménages respectivement.
Au-delà d’une considération patrimoniale publique du réseau, ce fort sentiment
d'appropriation des habitants peut s'expliquer par deux facteurs :
- l’absence de la municipalité pour la gestion
- l'importance des travaux réalisés par la population et par les ONG.
173

70%
60%
54%
60%
58%
pourcentage de réponse
50%
40%
30%
20%
10%
0%
42%
35%
30%
9%
4%
5%
0%
0%
Conduite Fossé moyenne
2%
Municipalité
kebele
population
Muni. et pop.
Type de réseau
Figure 29 :
Perception des habitants sur la propriété du réseau
II.4.2 Les rivières
La ville est traversée par des cours d’eau de très faible débit d’étiage (150-400 litres/ seconde)
mais qui se remplissent et se vident vite avec la pluie. Dix rivières drainent nos deux bassins
versants d'étude avec leurs affluents dans le sens nord sud (cf. figure 20). La morphologie de
la ville est ainsi découpée avec des gorges fréquentes. Dans la contiguïté immédiate entre
rivières et occupation du sol, plusieurs zones sont exposées au risque d’inondation et les
rivières sont utilisées comme décharge et comme égout à ciel ouvert.
II.4.2.a Caractéristiques des cours d'eau
Les caractéristiques générales du réseau hydrographique naturel sont résumées dans le
tableau 33. La section des rivières (gorge profonde, étroite, torrent étendu) comme la géologie
du lit mineur (rocheux, sol) varient d'un endroit à l'autre pour la même rivière (cf. photos 5).
174

Tableau 33 :
Rivière
pente
(en %)
Les réseaux hydrographiques et leurs capacités
largeur(m) longueur
(en km)
Bassin
versant
capacité
(en
capacité
(en période
min max
(km 2 )* m 3 /s) de retour)
6 10 9.3 10.5 200-250 10ans
Kurtumé 5%-
2%
Kechne 5%-
2%
Banteyeketu 1% 10 20 4.5 5.4
30.5
7.5 15 11.2 14.6 100-150 10ans
remarques
Quelques
sections
< à 10ans
450 30 ans
[Source : JICA et al (1997) sauf *]
La topographie assez pentue permet en général une vitesse d’écoulement relativement
importante et évite la stagnation sauf dans quelques endroits de dépression. Les rivières n’ont
pas subi d'intervention de re-calibrage dans la plupart des cas. Elles ne sont pas canalisées à
l'exception de Kurtumé (environ 300m. sous la poste). Cependant, certaines parties des petits
ruisseaux (fossé naturel) sont de plus en plus canalisés notamment avec la densification
urbaine. Cela pose des problèmes parfois graves dans les points bas avec le blocage des
sections. Le cas du quartier de l'ESAU est le plus illustratif. Le petit ruisseau, qui traverse les
quartiers denses non structurés des woredas 15 et 16, est canalisé sur une longueur de moins
de 100 mètres juste en amont de l'ESAU. Avec les déchets et les fines, qui bloquent en
permanence trois quart de la section, le site est confronté à l'inondation. Le quartier subit
ainsi à chaque évènement pluvieux des dégâts matériels et de la pollution (cf. photos 3).
175

L'érosion des lits et l'effondrement de berges constituent également des problèmes liés aux
cours des cours d'eau. Ces phénomènes sont aggravés par le manque des travaux et de gestion:
extraction sauvage et illégale des pierres, gravité de la pollution (qui dégrade la couverture
végétale de sol), etc.
a) Débordement d'un ruisseau canalisé b) Impact sanitaire et blocage sur la voie de l'ESAU
Photo 3 : Débordement d'un ruisseau canalisé en amont de l'ESAU et ses impacts
II.4.2.b Fonctionnalité et qualité
Les usages des rivières sont nombreux malgré leur faible débit et l’absence de gestion. Nous
les avons recensés par des visites systématiques de l'ensemble du réseau hydrographique
naturel.
Fonctionnalité et usage
Les rivières d'Addis Abéba n'assurent pas seulement une fonction hydraulique (réseau
principal de drainage des eaux pluviales). Elles sont également utilisées pour d'autres usages
comme l'irrigation, l’alimentation (boisson, baignade, lessive, usage industriel et artisanal).
Ces usages sont présents à la fois dans les parties urbaines et rurales comme le montrent les
photos 4. Les usages pour la boisson et pêche concernent la partie aval du bassin versant
notamment dans le lac Aba-Samuel exutoire de l'East-Akaki et de l’West-Akaki (comme les
villages Dewara tino, Indode Merno).
176

Les cours d'eau sont utilisés comme lieu de décharge des déchets et d'évacuation des eaux
usées. Pour l'ensemble de la ville, on peut dire que le réseau hydrographique sert en temps sec
et en temps de pluie comme un égout à ciel ouvert. La plupart des riverains y connecte leurs
fosses directement. Les boues vidangées des fosses sont directement rejetées dans la rivière
West-Akaki sans aucun traitement. Les rivières sont également un lieu d'aisance pour une
partie considérable de la population sans équipement sanitaire estimée à 24% en 1994.
L'exemple de la rivière Kurtumé, l'une des plus polluées, nous montre la diversité de ces
usages dominés par l’évacuation des déchets : 70% des riverains interrogées avouent
l'utilisation des cours d'eaux comme lieux de décharge d'ordures et d'évacuations des eaux
vannes(cf. figure 30) 14 .
45%
42%
40%
35%
30%
25%
20%
15%
10%
5%
0%
28%
evacuation
des eaux
vannes
dépôt
d'ordures
4%
irrigation
8%
lessive et se
laver
2% 1%
14%
abreuvoir artisanal aucun
Figure 30 :
Les usages de la rivière Kurtumé
14 Enquête menée en 1990 par Abdi Y., Bede B. & Wondimu A. ESAU, Addis Abéba.
177

a) Lessive et baignade sur Kechene
b) Irrigation : Little Akaki
c) Rivière très polluée en temps de pluie : Little Akaki d) Chercheur d’or sur Kurtumé : près de Mercato
e) Déversement des eaux usées vannes
sans traitement sur la rivière West-Akaki
f) Rivière West-Akaki : très polluée, eau consommée en aval
pour la boisson
Photo 4 : Qualité et usages des cours d'eau d'Addis Abéba
178

Qualité des cours d'eau
L'analyse que nous avons menée sur la qualité des rivières, en se basant sur nos propres
observations (1990 et 1998) et sur les données historiques collectées, nous montrent
l'ancienneté et la gravité de la pollution de l'ensemble des rivières de la ville 15 .
Nous avons croisé les résultats de ces analyses avec les caractéristiques et fonctionnalités de
l'espace- rivière en amont et en aval du point d'échantillonnage. Pour évaluer la conformité
sanitaire des différents usages des cours d'eau, nous nous sommes également intéressés aux
différentes normes et à une analyse des indicateurs de la pollution : caractéristiques, causes,
conséquences et fonctions affectées (cf. Annexe 12).
Les normes considérées sont, sauf indication spécifique, des valeurs « impératives »
(maximales) qui sont parfois 20 fois plus grandes que des valeurs guides. Par exemple pour
les eaux destinées à l’usage de baignade, la directive européenne du 8 décembre 1975 donne
500 coliformes totaux et 100 coliformes termotolérants (E. Coli) par 100 ml comme norme
guide et 10 000 coliformes totaux et 2000 coliformes thermotolérants par 100ml comme
norme impérative. Avec ces valeurs impératives, le risque peut être déjà existant.
Comme le montrent quelques exemples du tableau 34, tous les usages des rivières (à
l'exception de la fonctionnalité hydraulique) sont potentiellement dangereux pour la santé
publique. Sans parler de boisson ou de baignade où l'impact est direct, l'usage de l'irrigation
est aussi normalement compromis. Les légumes comme la tomate et la salade, cultivés à
grande échelle par des horticulteurs dans la partie aval de Little Akaki (l'une des rivières les
plus polluées), sont arrosés avec l'eau de cette rivière tant en saison sèche qu’en saison de
pluie. Il est important de rappeler que le choléra de 1970 à Jérusalem est causé par des
légumes arrosés avec des usées brutes non traitées (Shuval H.I., 1977).
15 46 points d'analyse pour l'ensemble des rivières de 1977-1998.
179

Paramètres Bactériologiques Chimiques (en mg/l) Physiques Urbanistiques
Rivière et
Date
Little Akaki
28/2/97
15/7/97
Little Akaki
20/3/97
28/7/97
Grand Akaki
24/3/97
31/7/97
East-Akaki
21/10/98
Lac aba samuel
4/4/97
7/8/97
localisation
pont prés
de l’école
Medhanalem
100 m en aval
du pont
prés de
l’abattoir
parc
Behere tsege
7.5 km en amont
du lac Aba
Samuel
à la sortie du
lac
Coliforme
(MPN/
100ml)
50
7804
E. Coli
(MPN/
100ml
8
360
DBO DCO OD Cl alk. PO 4 pH Temp.
(°C)
8
11
1*10 6
(21/3/97)
3*10 8 Nil
2.4*10 8 394
58
1*10 5 Nil 32
2.4*10 7 2.4*10 7 15
33
(3300/
100ml)
5*10 5
4*10 5 nil
23
(2300/
100ml)
20
2*10 5 1
22
48
393
244
58
84
8.1
6.7
nil
6.6
1.2
5.4
40.5
7.4
117
45
97
35
139
68
402
112
340
114
0.395
0.24
32.62
2.07
11
0.41
8.1
7.33
7.6
7.61
7.9
7.85
21
15.5
18.5
15.5
21
17
MES
(mg/l)
78.4
223
348
1414.9
24
1307.6
typologie urbaine et
sociale en amont
- dense et
non structuré
- revenue faible et
moyenne
- très dense et
non structuré
- revenue faible et
moyenne
- forêt
- peu dense et
structuré
39 48 5.3 - - - 7.84 19 124 Cf l’ensemble de
bassin versant
Akaki-Est
17
4
6.7
7.8
57.5
25
226
108
0.624
0.69
7.8
7.82
16
13
9.8
25.3
lac**
Fonctionnalité
en amont et en aval
- baignade (se laver)
- lessive
- abreuvoir
- irrigation
- abreuvoir
- Parc
- boisson
- pêche
- baignade
- boisson
- pêche
- baignade
Normes < à Fonctionnalité
Boisson et usage domestique. 10/100ml Nil impossible
(Ethiopie)
Baignade (et lessive)
10 4 /100ml < 2000
impossible
(encyclopédie, 1997)
(100/ml) (20/ml)
Irrigation
10 3 /100
>2 Impossible
(Cairncross et al, 1993)
ml(10/ml)
[ Sources des données : (EPB, 1998) & (Agizew, 1999]
Tableau 34 :
Quelques exemples illustrant la qualité dégradée des rivières d'Addis Abéba par temps de pluie et par temps sec.
181

L'état de la pollution est plus préoccupant dans les rivières fortement urbanisées comme
Kurtumé, Kechene , Bantiyketu. Selon l'analyse bactériologique de 1990 de la rivière
Kurtumé, le nombre de bactéries (comme klebsiella sp., E.coli, pseudomonas, entrobacter
spp.et citrobacter spp) passe de 21*10 3 organismes /ml au pont yigezu (enkulale fabrica) à
311*10 4 organismes /ml à 3 km en aval après la traversée des zones denses et non structurées
de Mercato.
La pollution par des métaux lourds et des produits de synthèse (phénols, détergents, dioxines
etc.) peut être également importante bien qu'on ne dispose pas de résultat pour ces
indicateurs 16 . L'impact direct et bio-accumulatif (avec l'abreuvage et la pêche) est donc
préoccupant.
La concentration de la pollution est plus importante par temps de pluie que par temps sec
(comme on voit par exemple avec le cas de Little Akaki - tableau 34) ce qui s'explique par
l'importance des déchets issus de l'espace urbain.
II.4.2.c L’espace riverain et le lit majeur : usage et appropriation
Les visites systématiques des rivières nous ont permis de relever les différents états et usages
du lit majeur dans la partie urbanisée d'Addis Abéba. On constate une différence extrême
(voir photos 5) au sein d'une même rivière, difficile à corréler à la typologie de l'espace
urbain. On trouve ainsi :
- Une occupation résidentielle importante souvent jusqu'au pied du lit mineur ;
- Une occupation industrielle avec la majorité des installations à côté des rivières ;
- Une horticulture occupant un espace relativement important 17 dans la partie centrale et
aval des rivières Kebena, Grand Akaki, Petit Akaki ;
- Des marchés (exemples Agoza gebeya (Kebena), Taiwan (en amont de Petit Akaki)) ;
- Une ripisylve tant au centre qu’à la périphérie ;
- Un lit majeur vacant sans usage spécifique.
Ces usages des lits mineurs et majeurs ne sont pas toujours légaux notamment dans le cas des
zones résidentielles. Les espaces laissés d'une manière arbitraire par la municipalité comme
champs d'inondation sont souvent investis illégalement par des riverains.
16 Le deux laboratoires existants (Institut pasteur et labo d'AAWSSA) ne font pas ces analyses.
17 L'ensemble d'espace utilisé par l’horticulture couvre environ 15 km² et il est exploité par 5 coopératives.
182

L'autre caractéristique du lit majeur est la précarité des constructions résidentielles, qui
aggrave le risque, et la pauvreté des résidants (ressort habituel des bas lieux). Selon l'enquête
de JICA et al, (1997), 87% des 98 ménages riverains interrogés vivent dans des maisons en
chika (paille et boue) et 3% dans des baraques temporaires. Les constructions en dur
concernent seulement 10% des logements enquêtés.
II.4.2.d Intégration dans l’espace urbain et image
Les rivières sont mal intégrées dans l'ensemble de l'espace urbain. On peut dire que la ville
leur tourne le dos. Cet enclavement et leur qualité insalubre donnent une image d'insécurité
(même en temps sec, elles sont considérées comme refuge de voleurs) et de "mauvais esprit"
(notamment à cause de leur impact sanitaire : fièvre, influenza).
Deux tiers des 92 ménages riverains de la rivière Kurtumé interrogés ne sont pas contents de
vivre à côté de la rivière pour deux raisons principales : sécurité et insalubrité (respectivement
42 et 35% des raisons avancées). Ce mécontentement concerne notamment la partie de la
rivière traversant des quartiers denses et non structurés. La présence de paysages agréables et
surtout la possibilité d'évacuation des eaux vannes font que 29% des ménages interrogés sont
satisfaits de leur localisation 18 .
18 Enquête menée en 1990 par Abdi Y., Bede B. & Wondimu A. ESAU, Addis Abéba
183

a) "Espace- rivière" boisé : kebena
b) lit mineur rocheux et encombré : Little Akaki en amont
(w 8/ k 06)
c) Lit mineur avec occupation résidentielle : kurtumé
d) Riverain industriel : little Akaki
e) Lit majeur cultivé (champ de maïs) : Kebena
f) Marché d'Agoza sur la rive de Kebena
Photo 5 : Etat et usages de "l'espace-rivière" à Addis Abéba
184

II.5 LES PHENOMENES D’INSUFFISANCE ET DE
DYSFONCTIONNEMENT DU SYSTEME EXISTANT ET LES RISQUES
INHERENTS
D'après notre enquête qui s'est intéressée, par des sites représentatifs, à tous les
woredas urbains, l'ensemble de la ville est concerné par le problème d'assainissement
pluvial bien que l'ampleur varie selon la typologie urbaine.
II.5.1 Phénomènes et impacts
La faiblesse du système existant tant sur le plan technique qu’organisationnel produit
à Addis Abéba de nombreux phénomènes endommageant et fréquents qui ne se
limitent pas à la saison de pluie. Nous les classons en trois catégories :
- Inondations dues aux crues torrentielles
- Inondations et stagnation dans l'espace urbain
- Pollution de l'environnement urbain et du milieu naturel
II.5.1.a Inondations dues aux crues torrentielles
Le peu d'informations disponibles dans les archives du NSMA et des études de la ville
nous montre la gravité de l'impact de la montée de crue des rivières. Nous avons
récapitulé dans le tableau 35 les dégâts causés par trois pluies qui ont touché plusieurs
parties de la ville (cf. figure 131).
Tableau 35 :
Les dégâts socio-économiques des inondations dues à la crue
torrentielle à Addis Abéba
Date
Précipitation
journalière à
l’OBS
(en mm)
Population
sinistrée
maisons
détruites et
endommagées
Personnes
tuées
Personnes
devenues
sans abris
Coût estimé de
dégâts matériels
(en million de
Birrs)
93.5 6000 1255 12 2
19/08/78
(1million US$)
25.44 7655 954 3 2 880 15.4
26/08/94
(2.5million US$)
8/08/95 85.3 (la plus
32 détruites 9
forte de l’année)
[Sources : (BCEOM, 1982); (Dyer M.J., 1994) ; (NMSA,1995 1 )]
1 Annual Climate Bulletin , 1995
185

Légende
Woreda15/kebele 23
107 propriétés sinistrées par la crue de /
/1978
Woreda 22 /kebele 02
33 107 propriétés sinistrées par la crue de
/ /1994
D’autres zones très vulnérables
Figure 31 :
Zones sinistrées par les crues de 1978 et 1994 et zones vulnérables
186

a) L'une des maisons démolies sur la rivière Kebena b) Pollution et dégradation : Kechene
c) Rivière Ginflé (tributaire de
Kebena)
d) Rivière Kechene
e) Rivière Ferja (tributaire
de Little Akaki)
Photo 6 : Quelques exemples de l’impact de crue sur les occupations riveraines à Addis Abéba
187

Les rivières les plus affectées par les trois événements recensés sont Little Akaki,
Kurtumé, Kechne et Bantiyketu qui se caractérisent par de faible capacité hydraulique
(période de retour

Tableau 36 :
Inondation des maisons selon les événements pluvieux.
Type de l'événement 2
Hauteur d'inondation fort Moyen Faible Non total
(en centimètre)
spécifié
Peu (100 6% 1% 2% 1% 10%
Non spécifié 1% 1% 0% 0% 2%
Total maisons inondées 26% 5% 4% 2% 37%
Maisons non-inondées 63%
Total 100%
Ce phénomène d'inondation se corrèle avec la typologie du réseau : 35% dans le cas
des conduites contre 27% dans le cas des fossés (cf. figure 32).
poucentage
80%
60%
40%
20%
27%
73%
35%
65%
56%
44%
35%
65%
oui
non
0%
conduite fossé aucun moyenne
réseau riverain
Figure 32 :
Inondation des logements selon la typologie du réseau riverain
2 La classification de la pluie -forte, moyenne et faible- est pour faciliter l'enquête.
189

Tableau 37 :
Impact du dysfonctionnement du système de drainage Urbain
au niveau des parcelles selon la typologie de l’ouvrage riverain.
Impact au niveau des parcelles
Ouvrage a b c d e f total
Conduite 2% 16% 12% 5% 16% 48% 100%
Fossé 13% 14% 10% 7% 13% 44% 100%
Aucun 9% 18% 14% 8% 19% 32% 100%
Moyenne 8% 16% 12% 7% 15% 42% 100%
a : démolir la maison (souvent cuisine) b : dégrader la maison
c : abîmer les propriétés et les biens
e : entraîner des déchets ou la mauvaise odeur
d : faire déborder la fosse
f : aucun
Le problème ne se limite pas à la saison de pluie. Nous avons repéré en pleine saison
sèche (janvier 1999) 10 sites où le réseau déborde comme il est illustré avec quelques
exemples dans la photo 8. Il s'agit de débordement des eaux usées (vanne et grise) des
raccordements illégaux comme nous l'avons déjà développé dans la section I.6.3.
Les conséquences sont nombreuses et très visibles sur le réseau de voirie. Au-delà du
coût de réparation des chaussées, l'impact sur les pannes et les accidents de voiture ne
doit pas être négligé. D'ailleurs, L'Ethiopie est l'un des pays où le nombre de tués sur
la route est très élevé comparé au taux de motorisation : 138 décès /10 000 véhicules
en 1984 (cf. figure suivante), 150 décès/10 000 véhicules aujourd'hui (le double du
Kenya ou de la Tanzanie) 3 . A Addis Abéba, 9 714 accidents (avec 300 morts) ont été
enregistrés dans l'année fiscale 1997/98 malgré le faible taux de motorisation 4 .
3 Ministère du transport & de la communication, cité par Addis Tribune, 28/01/2000.
4 Addis Ababa Traffic control and Inspection Office, cité par Addis Tribune, 24/07/98.
190

Source : Transport & Road Research Laboratory, Uk. Cité par Ville-Horizons 2000Vol. 14, n° 6 juillet 1996.
L'impact économique de cette dégradation de la voirie, due principalement au manque
de drainage, concerne également la durée de circulation et le coût de fonctionnement
des voitures (auquel il faut ajouter celui des devises nécessaires à l'importation des
pièces de rechange). Une étude menée par la Banque Africaine du Développement
montre l'importance du coût supplémentaire de fonctionnement des voitures engendré
par la dégradation de la chaussée (cf. tableau 38).
Tableau 38 :
Etat de la
Coût de fonctionnement des voitures par kilomètre parcouru
selon l'état de la voirie
Coût de fonctionnement en franc CFA /km
Voirie voiture camionnette bus Poids lourd Semi-Remorque
Voirie entretenue 177.40 178.20 484.80 795.90 1327.19
Voirie dégradée 260.50 274.80 784.95 1468.00 2266.60
Coût supplémentaire 83.10 96.60 300.15 672.10 939.41
[Source : ADB, cité par Municipal Africa, n° 9, 1997]
191

a) et b) : Stagnation des eaux pluviales et problème de circulation dans les quartiers non équipés
Stagnation dans les quartiers équipés : Stadium ( c ) et Flieweha (d)
e) et f) Drainage relativement en bon fonctionnement de l'avenue Africa (bole road)
Photo 7 : Phénomènes en temps de pluie ( photos prises environ 2 heures après un événement pluvieux
non-exceptionnel du 9 octobre 1998).
192

a) Rue Smuts (Ledeta) b) Quartier de Kuasméda
C) et d) Place Mexico
e) Rue Arebegnoche (à coté de l’église Yohanesse)
f) Avenue Churchil
Photo 8 : Débordement du réseau pluvial séparatif en temps sec (photos prises le 06/01/1999)
193

II.5.1.c Pollution de l’environnement urbain et du milieu naturel
L'analyse de la qualité des rivières nous a montré l'importance de la dégradation de la
qualité des cours d'eau. La pollution véhiculée et déposée par le ruissellement dans
l'espace urbain pose de plus en plus de problème de santé dans la ville. Les maladies
de typhoïde et typhus qui ont marqué la ville dans les années 1990 en sont une
illustration. Les conséquences de cette pollution sont dramatiques et cycliques sur la
vie humaine, sur la productivité des habitants, sur l'économie nationale ainsi que sur
la dégradation des ressources naturelles.
II.5.2 Les risques potentiels : la déforestation et les coulés de boues ?
La déforestation massive de certaines parties de la colline d'Entoto (cf. photo 9b) nous
a amené à nous interroger sur le risque de coulées des boues. Il s'agit d'une évaluation
rapide pour mettre en évidence les enjeux de l'aménagement de cet espace.
Nous avons utilisé trois paramètres d'évaluation : la topographie, la géologie et la
pédologie.
La topographie est le facteur principal des coulées de boue dans toutes les
circonstances. C’est donc un paramètre important pour justifier notre question.
L’extrême nord de la ville est quasiment dominée par un relief dont la pente est
supérieure à 20% (cf. figure 21). Dans ces conditions le risque peut être important si
d'autres conditions défavorables comme la déforestation et la nature meuble du sol
sont réunies. Au pied de cette colline la ville s'étend avec un relief relativement plat
variant de 0 à 10%.
La géologie de la colline d'Entoto et d'une grande partie de l'extrémité nord de la ville
se caractérisent par une miocente faible qui correspond à une époque géologique très
ancienne (cf. annexe13). Il s'agit de Rhyolte & Trachyte, roches volcaniques de forte
résistance. Cependant, avec leur âge elles ont subi une altération chimique qui a
diminué leur résistance mécanique et a donné lieu à une formation de sol colluvial en
surface.
194

La pédologie de l'extrémité nord de la ville est ainsi dominée par un sol colluvial et le
pied de colline par un sol résiduel (cf. figure 22 ). Ces sols sont très meubles et
peuvent être facilement emportés lors de forte précipitation vue la forte pente de la
colline.
Les caractéristiques géo-pédologiques et topographiques de la zone en question (la
colline et ses pieds) sont donc vulnérables vis à vis des événements qui peuvent
provoquer un ravinement et une déstabilisation du terrain.
Cette zone (Entoto) est classée, par le schéma directeur (actuellement en révision),
comme espace boisé à conserver (cf. figure 37 ). Elle n'est donc pas a priori
urbanisable. Dans le cas d’une déforestation massive sans urbanisation, le terrain nu
sera exposé à un ravinement et à des coulées de boue. Ceci peut être plus ou moins
important selon les bassins versants et l'état de la déforestation.
La conservation de cette zone boisée sera donc indispensable pour un développement
durable de la ville tant sur le plan de la prévention de risque que sur le plan de la
conservation des ressources écologiques.
a) Zone boisée en eucalyptus dans le bassin de
Little Akaki
b) L’une des collines d’Entoto en déforestation : bassin
de kebena
Photo 9 : La colline d'Entoto en déforestation
195

II.6 ORGANISATION, COORDINATION, PERFORMANCE ET MOYENS
DES ACTEURS DE LA GESTION DES EAUX PLUVIALES URBAINES
La gestion des eaux pluviales urbaines de la ville d’Addis Abéba est menée par de
nombreux acteurs : institutionnels, ONG, habitants, etc. Depuis trois ans la ville a
théoriquement et juridiquement confié cette tâche à deux organismes autonomes :
- l’AACRA pour le drainage urbain
- l’AAFCPO pour la gestion des crues et des rivières
En réalité, dans le cas du drainage urbain, les acteurs sont encore nombreux car la
capacité de l’AACRA reste très insuffisante. A présent il n’intervient que sur les
réseaux de voirie bitumée (qui ne concernent qu’environ 20% du réseau de voirie).
Les acteurs intervenant sur la voirie non-bitumée sont nombreux et souvent
éphémères. Cette multiplicité d’acteurs nous amène à se poser les questions
suivantes : Quels sont leurs rôles et leurs contributions ? Qui assure la gestion après
les travaux ? Quel est le rôle des habitants ? Comment sont coordonnées ces diverses
interventions ?
II.6.1 Evolution : prise de conscience récente
L’assainissement pluvial urbain et la protection contre les crues n’ont pas eu la
considération nécessaire pendant longtemps, ce qui explique le retard accumulé. Ceci
est perceptible sur les plans organisationnel et financier.
Jusqu’à la fin des années 1980, le service de drainage n’était qu’une unité de la
section «Construction et maintenance des routes » (une division du département
«routes et bâtiments »).
En 1987, afin de permettre une gestion intégrée de l’assainissement pluvial et des
crues, une division spécifique avait été créée dans le département de voirie : Division
de drainage et de contrôle des crues. La division avait 189 employés, permanents et
non permanents, dont 6 sont techniciens, 16 contremaîtres et 133 ouvriers mais aucun
ingénieur (Essayas A, 1993).
196

Les inondations de 1994 et 1995 ont incité la ville à se poser la question de la gestion
de crue. Par conséquent un service autonome, nommé “Addis Ababa Flood Control &
prevention project office” est créé en 1996.
Le budget accordé aux projets de drainage pour l’année 1996/97 était de 318 162 birrs
soit 16% de ce qui était demandé (environ 2 millions de birrs). Le budget total du
département de la voirie était de 12 millions de birrs pour l'année 95/96 et de 27.5
millions pour 1996/97. Ce budget était le plus important de tous les départements. Il
était estimé suffisant, selon les responsables du service, par rapport à la capacité de
réalisation du département 5 mais très faible par rapport aux travaux nécessaires à la
ville dans ce domaine (voirie et drainage).
La réorganisation de voirie au niveau de l’autorité (création de l'AACRA en 1998) n’a
pas permis à l'assainissement pluvial d’avoir un département spécifique malgré
l’importance du patrimoine à gérer et des mesures nécessaires. Il est encore une
division du département de “Road construction & maintenance”. Cependant, nous
remarquons une considération progressive du drainage tant dans le programme,
discours et actions des autorités de la ville que dans la mobilisation de la population.
II.6.2 Acteur des rivières
La gestion des rivières concerne à Addis Abéba trois acteurs. Il s'agit, par ordre
d'importance de compétence, de l'AAFCPO, du bureau de protection de
l'environnement et de l'Agence du bassin Awash.
5 Entretien et Source : Road construction & maintenance department, fev.1997.
197

II.6.2.a AAFCPO (Addis Ababa Flood Control and Prevention Project Office)
Organisation et réorganisation
L'AAFCPO est rattaché au secteur économique, parmi les trois secteurs de la ville,
comme l’AACRA et la plupart des institutions du développement urbain (cf. figure
9bis).
Il est actuellement chargé de :
- la préparation du schéma directeur pour le contrôle des crues
- la réalisation des travaux d'urgence pour soulager les problèmes avec
notamment la construction de murs de soutènement
- l'intervention dans le drainage urbain dans les zones inondables de bassin
Banteyketu 6 .
L'AAFCPO se compose de 2 départements : Conception des projets et Construction
(cf. figure 33). Bien que des divisions environnementales figurent dans
l’organigramme actuel, la préoccupation de l’office dans ce domaine reste très limitée
pour ne pas dire inexistante. Ceci est visible au travers du schéma directeur de crue
où la rivière n’est étudiée que dans son aspect hydraulique. L'AAFCPO fonctionne
actuellement avec un effectif de 17 personnes dont seulement 2 ingénieurs et 3
techniciens. Ce nombre est considéré comme très insuffisant par les responsables du
service qui se plaignent également de l’insuffisance du budget 7 .
Une nouvelle réorganisation, en attente d’approbation, est proposée par le schéma
directeur des cours d'eau, pour donner à l’actuel project office un statut d’autorité
«l'Autorité de gestion des rivières d’Addis Abéba».
Travaux et projet
L'AAFCPO mène depuis deux ans quelques travaux de protection des rivières avec
des murs de soutènement (w. 20 k 28, w23-k 29, w21 k.19 &20 w15-k34, etc.) et de
déviation de flux (ex. Woreda 23 kebele 08).
6 Entretien avec les responsables de l’AAFCPO, 31/01/98.
7 Idem, 01/12/1998.
198

Des travaux plus importants sont envisagés dans les 5 prochaines années, avec un
budget de 104 millions de birrs accordé par le gouvernement fédéral et par la
coopération japonaise. Il s’agit essentiellement de la construction des murs de
soutènement ainsi que du relogement des ménages (238 familles) des zones à risque
sur les rivières Bulubula, Kebena, Koster et Little Akaki 8 .
AAFCPO
Audit
Relations
internationales
Administration et finance
Département d’Etude et de conception
Division de l’environnement et du
développement du lit majeur
Division du contrôle du flux des rivières
Division évaluation des infrastructures
Division de l’habitat et du relogement
Département de la construction
Division de l’habitat et
du relogement
Division Contrôle et de
supervision
Division évaluation des
infrastructures
[Source : JICA et al, 1997]
Figure 33 :
Organigramme actuel d’AAFCPO
II.6.2. b Bureau de protection de l’environnement
Ce bureau est chargé, parmi ces compétences, de veiller à la protection des rivières
contre la pollution et la dégradation. Ses activités portent plus sur les études (qualité
des rivières, forêt, érosion) en vue de construire une base des données. Sur le plan
opérationnel, le bureau intervient dans l'instruction du permis de construire pour
vérifier la conformité des effluents. Ce contrôle reste cependant arbitraire et pas assez
ferme dans l'absence des normes précises.
8 AAFCPO, cité par WIC, 23/12/1999.
199

II.6.2.c L’Agence du bassin d’Awash (Awash basin Water Resources
Administration Agency)
L'agence du bassin d'Awash, instaurée en 1998, succède à Awash valley authority
créé en 1962 pour favoriser et développer l’irrigation dans le bassin. Elle est chargée
de coordonner, d’administrer, d’accorder des permis et de réguler l’utilisation des
eaux de surface dans le bassin d'Awash où se situent les deux bassins versants d'Addis
Abéba. Elle est rattachée au ministère des ressources en eau et dispose des recettes
propres collectées auprès des utilisateurs de l'eau (notamment de la rivière Awash) 9 .
Le domaine d'intervention de l'agence concerne l’irrigation et son impact sur les
ressources en eau (salinité, etc). Son intervention dans le domaine de la pollution
urbaine est très limitée puisque la compétence en matière d’administration et de
gestion de sol revient aux régions.
II.6.3 L’AACRA : acteur officiel de l'assainissement urbain
II.6.3.a Organisation et réorganisation
Le décret régional n°7/1998 donne à l’AACRA des compétences assez larges de la
conception à la gestion de toutes les voiries de la ville et de leurs composantes.
Cependant le service étant encore en phase de formation, il n’assume pas pleinement
le rôle qu’il lui a été conféré. Jusqu’à présent, il n’intervient que sur les voiries
bitumées (primaires et secondaires).
La décentralisation de l'autorité est envisagée au niveau de 6 zones. Les rôles
principaux d’une zone office seront 10 :
- de proposer les travaux de construction et de maintenance
- de réaliser les travaux de construction autorisés
- de contrôler l’usage et la propreté des voiries ainsi que les interventions
sur ces espaces
- de collecter les redevances du service rendu
9 Décret 129/1998 : A Proclamation to provide for the establishment of the Awash basin water
resources administration Agency.
200

Chacun des 6 offices zonaux aura, selon le programme, 49 employés dont 5
ingénieurs civils. Cela doit permettre aux autorités d'être plus près du terrain et
d'élargir ses champs de visions et d'actions actuellement très réduits. Il nous semble
nécessaire cependant de poser la question de cette décentralisation en termes des
niveaux pertinents pour obtenir plus d'efficacité et de légitimité.
L’AACRA est administré par un conseil dans lequel le gouvernement fédéral, les
principaux acteurs du développement urbain et les scientifiques sont représentés 11 . Ce
système d'administration devrait permettre une véritable gestion intégrée, compte tenu
de sa composition, qui est loin d'être acquise actuellement.
Le budget annuel de l'autorité était d'environ 163 millions de birrs pour l'année fiscale
1997/98. Il est essentiellement financé par les recettes de la ville (cf. tableau 39).
L’importance du budget de ces dernières années est due au projet du boulevard
périphérique pour lequel 83% du budget est consacré.
Tableau 39 : Budget de l’AACRA de 1997à 1999
Année fiscale 1997/98 1998/99
Dépenses totales (en birrs) 162 762 121
- fonctionnement 12 635 786
- investissement 150 126 365 224 971 000
- dont ring road project 122 355116 188 862 000
Source pour l’investissement
- Recettes de la ville 139 249 295 123 886 000
- fonds de la route 3 828 687 10 000 000
- Prêt 91 085 000
[Source : tableau élaboré à partir des données obtenues de l’AACRA, janvier 1999].
10 AACG, 1998. Etude d’organisation de l’autorité de Voirie de la ville d’Addis Abéba. Volume 2, en
amharique, mai 1998.
11 Article 14/décret régional n°7/1998.
201

Conseil de direction (Management Bord)
Directeur général
Service de loi
Service de contrôle de qualité et de la recherche
Service d’administration et des finances
Audit
Service de planning et étude
Service management et de formation
Service de relation publique
Secteur technique
(vice directeur général)
Secteur opérationnel
(vice directeur général)
Département de
l’ingénierie
Département des matériaux de
construction et de logistique
Département de construction
et de maintenance de la voirie
Branches offices
Équipe de conception
Équipe de passion de marché
Équipe de
gestion de voirie
et du trafic
Division de la production
Acquisition de matériaux de
construction et "store"
Équipe logistique
Équipe de réparation
Équipe de construction de la
voirie
Équipe de maintenance de la
voirie
Équipe de l’opération du trafic
Équipe de drainage et des ponts
Zone 1
Zone 4
Zone 2
Zone 5
Zone 3 Zone 6
Figure 33 bis : Organigramme de l'AACRA
202

Parmi les composantes de l'AACRA, nous nous intéressons à 3 équipes qui sont
concernées par le drainage urbain : l'Equipe de drainage et des ponts, l'Equipe de
conception et le Service de contrôle de qualité et de la recherche.
II.6.3.b Equipe de drainage et des ponts
Cette équipe est chargée des travaux techniques (construction et maintenance) du
réseau d’assainissement pluvial et des ponts de la ville. Le rôle de conception est
affecté au secteur technique et plus spécifiquement à l’équipe de conception. Le
contrôle des déchets sur la voirie et le réseau est à la charge de l’équipe de gestion de
la voirie et du trafic.
A présent, cette équipe intervient seulement dans le drainage des voiries asphaltées
bien que sa compétence concerne tout l’assainissement pluvial de la ville.
Le manque de personnel qualifié et de moyens techniques constitue le handicap
majeur de cette équipe : 40 employés permanents dont 2 techniciens supérieurs mais
sans spécialisation en assainissement 12 . Cependant, il est important de souligner
l’efficacité et la multitude de tâches assurées par des égoutiers grâce à leur expérience
et leur connaissance du terrain. L'exploitation et la reconnaissance de cette expérience
nous semblent capitales pour l'élaboration de bases de donnés sur le réseau.
Equipement
Depuis 1996, le problème de logistique de cette équipe a été en partie résolu avec une
aide obtenue de la coopération nipponne. Cependant l’équipement reste encore très
insuffisant et cela freine l'activité du service. Dans la plupart des cas, les travaux
(excavation, nettoyage, etc.) sont menés sans le matériel nécessaire et adapté ce qui
retarde le temps de réalisation et la performance. L’intervention sur un réseau débordé
se fait à la main (cf. photo 8c) sans pompe ni appareil spécifique avec un risque sur la
santé du personnel et un risque de dégradation du réseau et de l’environnement. Le
seul appareil de nettoyage, « jet truck", n’est pas de grande utilité car il n’est pas
adapté à la nature des déchets des réseaux d’Addis Abéba. Les plastiques, végétaux et
fines forment de déchets assez solides difficiles à perforer avec cet engin.
12 Le programme prévoit 3 ingénieurs civils, 8 techniciens et 7 chefs de chantiers diplômés
203

Budget
Le faible budget de l’équipe est également une contrainte majeure. L’allocation de
budget se base moins sur les réalités de terrain que sur une réparation prioritaire.
L’assainissement pluvial est un service collectif pratiquement gratuit comme la taxe
d’habitation et la taxe foncière sont insignifiantes et non généralisées. La seule source
est donc le partage des maigres recettes de la ville et de l’autorité de voirie. La part du
budget pour les travaux de drainage et des ponts est de 1.6 millions de birrs soit
0.13% du budget total d’investissement de la ville.
Tableau 40 :
Année
Budget (en birr) consacré aux travaux de drainage et ponts en
1990 et 1992 E.C
Budget
demandé
Budget
accordé
%
(accordé /demandé)
% dans les dépenses
de la ville
1997/98 13 3 500 000 649 170 19% 0,09%
1998/99 14 2 400 000 1630 000 68% 0,13%
Travaux
La performance de l'équipe de drainage n'a pas connu d'amélioration significative
comparée à ses activités sous l'ancienne organisation avant la création de l'AACRA
comme les moyens n'ont pas suffisamment évolués. Il s'agit toujours des projets
d'urgence sans étude globale en attendant des interventions basées sur un projet plus
élaboré 15 .
Durant les années fiscales 1996/97 et 1997/98, respectivement 26 km et 11 km de
réseaux (canalisation et fossé confondus) ont été réalisés 16 . Dans les 4 années
précédentes, 1992-1996 (1985-1988 E C ), des travaux de construction et de
maintenance ont été réalisés sur 35 km de linéaire de réseau à un coût de 5 millions
de birrs (AACG, 1997b).
13 AACRA, équipe drainage et ponts, fev.1998
14 AACRA, Plan & study department, janvier 1999.
15 idem
16 AACRA, équipe drainage et ponts, fev.1998
204

II.6.3.c L’équipe de conception
Cette équipe est chargée de mener les études nécessaires à la construction et à la
maintenance de réseaux de voiries et de ses accessoires (ponts, drainage, équipement
de régulation du trafic). D'après le programme d’organisation, cette équipe disposera à
terme de 22 personnes: 4 ingénieurs civils, 11 topographes, 3 dessinateurs, 2 métreurs
et 2 ingénieurs électroniques. En 1999, l’équipe n’avait qu’un technicien chargé de
l’étude d’assainissement. Au niveau du budget également, c’est l’un des services les
moins favorisés : l’année fiscale 1998/99, par exemple, 852 000 de birrs ont été
accordés contre 3.35 millions (25%) demandés 17 .
II.6.3.d Service de contrôle de qualité et de la recherche
La création de ce service est une nouvelle initiative pour le secteur de la voirie et de
l’assainissement où les travaux se faisaient sans aucun contrôle de qualité des
matériaux et sans recours à des nouvelles techniques. Ce service est chargé de :
- contrôler la qualité des matériaux de construction et des travaux réalisés ;
- réaliser des études pédologiques et géologiques ;
- mener la recherche pour des techniques plus adaptées ;
- favoriser et suivre l’application des nouvelles techniques ;
Cette initiative attend cependant de mesures plus concrètes avec des travaux de
recherche et opérationnels.
II.6.4 Les acteurs du développement urbain
De nombreux acteurs sont créés par la ville dans la dernière décennie pour contribuer
à l'amélioration du cadre de vie urbaine au niveau des quartiers avec des projets de
multiples composantes : voirie, drainage, assainissement eaux usées, déchets. Il s'agit
de l'EDPO, l'ESRDF, le PIO, le Fond de woreda, qui s'inscrivent dans les
programmes d'urgence du développement urbain. Leur rôle dans l'assainissement est
très important comme nous le verrons dans les sections suivantes.
17 AACRA- service de planning, Budget d’AACRA pour l’année fiscale 1998/99, janvier 1999.
205

II.6.4.a L'EDPO (Environmental Protection project Office)
L’EDPO est créé en février 1994, pour donner plus de considération au
développement des voiries non-bitumées et de leur drainage, qui représentent plus de
trois quart du réseau de voirie de la ville. Il s’agissait d’un programme « Saftey net »
d’un budget de 9 millions de birrs 18 avec un double objectif : améliorer l’état de la
voirie et du drainage et créer des emplois.
Depuis juillet 1996, l'EDPO s’est organisé au niveau du « project office » avec un
objectif plus large :
- réaliser des travaux pour résoudre d’une manière "définitive" les
problèmes liés aux voiries non bitumées et aux infrastructures au sein d’un
kebele ;
- créer des emplois de main d’œuvre dont 2/3 seront réservés aux femmes
- favoriser l’appropriation des projets grâce à la participation de la
population (conception, financement et gestion)
- évaluer l’adaptation des projets des ONG aux besoins de la population et
de les faire approuver par le comité exécutif de l’AACG 19 .
Le project office intervient au niveau des quartiers (avec la demande des kebeles
concernés) pour la construction des voiries locales (voiries non bitumées), des
réseaux de drainage, des bornes fontaine, des latrines communes, murs de
soutènement, etc.
Dans les projets de ces dernières années, l'EDPO intervient en deux modalités. Il
assure son rôle d’un agent opérationnel pour réaliser les travaux de développement
des quartiers financés à 90% par la ville et à 10% par la population bénéficiaire. Dans
ces opérations, il est porteur de projet et assure la conception, la réalisation, le
montage financier et la gestion (depuis quelques temps et rarement). Son deuxième
mode d’intervention consiste à réaliser seulement les travaux de construction du projet
"Réhabilitation des kebeles" « kebele up-grading », l’un des projets du PIO, dans le
18 (EDPO, 1998b)
19 EDPO (1998a). Projet de restructuration d’EDPO, Addis Abéba, avril 1998
206

ut d’assurer la qualité des travaux, de minimiser les coûts grâce au statut d’acteur
public et non lucratif de l’EDPO 20 .
Décentralisation
L’EDPO est organisé à trois échelons administratifs : région, zone et woreda. Au
niveau de la ville l'office dirige les projets avec un effectif de 90 personnes (dont 20
possèdent un diplôme d’études supérieures). Le "zone office", représenté avec une
personne par zone, est chargé d’études d’ingénierie et de contrôle de la réalisation des
travaux. Le woreda office assure l’aspect opérationnel des projets avec 3 personnes (1
technicien, 1 comptable et 1 gardien). Il n’y a pas de structure de l’EDPO à l’échelle
du kebele [EDPO, 1998a]. Cependant, celui-ci participe par l’intermédiaire de son
comité de développement pour collecter la contribution de 10% des habitants et pour
faire participer la population 21 .
Le budget de l’EDPO est l’un des plus élevés des institutions de la ville. De février
1994 à septembre 1998, l’EDPO a reçu 32 866 459 birrs (dont 28 955 624 birrs
utilisés ) avec un budget moyen d’environ 8 millions de birrs par an pour réaliser les
différents travaux dans 79 kebeles [EDPO, 1998].
Conception et travaux de drainage
Le drainage fait partie des travaux majeurs de l’EDPO et concerne 83% de ses kebeles
d’intervention. Tous les woredas sont concernés (sauf le woreda 11) durant ces 5
dernières années (cf. tableau 41). De février 1994 à septembre 1998, 58 km de réseau
de drainage ont été construits par l'EDPO en 81 kebeles (dans 65 kebeles comme
maître d’ouvrage et dans 16 autres comme maître d’œuvre des projets du PIO).
20 Entretien, EDPO, section ingénierie, 14 janvier 1998.
21 entretien, EDPO février 1997.
207

Tableau 41 :
Travaux de drainage réalisés par l’EDPO de février 1994 à
septembre 1998
Projets EDPO
Kebele up-grading (projet PIO)
Woreda Kebele en ml. en % kebele en ml en %
1 8 3 0,01% 7 393 2,3%
1(zone 4) 3 432 1,06%
2 06, 12 51 0,12%
3 32, 33 1651 4,04%
4 39 958 2,34% 28 150 0,9%
5 23 390 0,95% 22 2716 15,6%
6 02, 04, 12, 13, 420 1,03% 8 1246 7,2%
7 17, 20, 26 2560 6,26% 30, 31, 32, 33 8553 49,1%
8 2, 5, 14 955 2,34% 0,0%
9 06, 11 2856 6,99% 20 230 1,3%
10 1 189 0,46%
11 pas de travaux 0,00% pas de travaux
12 07, 11, 12, 1685 4,12%
13 0,00% 10 288 1,7%
14 7? 74 0,18%
14 17? 480 1,17%
15 31 62 0,15% 32 367 2,1%
16 05, 07, 09, 10, 11 1242 3,04%
17 20, 25 124 0,30%
18 06, 17, 18, 27, 33, 34, 6447 15,78%
41
19 55, 57, 58, 59 434 1,06%
20 40, 42, 45, 52 9263 22,67%
21 09, 22, 23, 24, 31 3197 7,82% 20, 22
22 04, 07 4766 11,66%
23 13, 14 619 1,51%
24 15 153 0,37%
25 01, 03, 04, 06 875 2,14%
26 0,00% 4 1328 7,6%
27 0,00% 10 690 4,0%
28 02, 04 976 2,39% 1 1460 8,4%
Total 65 40862 16 17421
40862+17421 = 58 283 mètres
linéaires
[Source : Tableau élaboré à partir de (EDPO, 1998)]
208

Ces travaux de drainage consistent à la construction des fossés en maçonnerie. Leur
conception reste très locale (site de projet) et n'inclut pas souvent l'effet amont -
aval 22 . Cette lacune est à l'origine de nombreux problèmes. C’est par exemple le cas
de la rue Tessema Aba kemaw (quartier de Tekelehaymant) où l’EDPO avait utilisé le
réseau de cette rue comme exutoire sans évaluer sa capacité. Cela a causé la saturation
et l’inondation de la voirie pendant plus d’un mois en mai 1996 en attendant le
remplacement de la canalisation φ 600 par un φ 800. Le même problème s’est encore
répété à Addis Ketema où le raccordement au réseau bouché avait causé des
débordements dans le quartier 23 .
Dans les projets de l'EDPO, l’accompagnement de la voirie par l'équipement de
drainage est loin d’être systématique notamment dans le cas des voiries en matériaux
sélectionnés. Durant les 5 années de projets de l’EDPO (1994-98) environ 41 km de
réseaux de drainage ont été construits pour environ 240 km de voirie en matériaux
sélectionnés, ce qui donne un taux d'accompagnement de 8 à 17% 24 .
Maintenance et Gestion
La question de la maintenance et de la gestion reste encore un point de confusion dans
la mesure où la répartition des rôles est floue et non-opérationnelle. Une fois les
travaux réalisés, aucune structure pour assurer la maintenance, et surtout l’entretien,
n’est désignée. Le kebele ( qui ne dispose pas de moyens) et la population en sont
théoriquement responsables mais aucun effort n'est mené à cet égard d'une manière
officielle ou organisée. Toutefois, on remarque depuis 2 ans quelques prises de
conscience de la nécessité de la gestion bien qu'elles restent encore vagues 25 .
22 Les canalisations enterrées sont utilisées seulement pour la traversée de la voirie (des buses).
23 Entretien, EDPO, Département de l'ingénierie 30 décembre 1998.
24 Selon la nécessité de réseau de drainage d'un ou deux coté de la voirie.
209

Nouvelle organisation
Le bilan quinquennal plutôt positif et apprécié (avec plus de 88% de performance de
réalisation) a pérennisé, semble-t-il, le project office. Un projet de réorganisation 26 a
été réalisé en avril 1998 pour renforcer la structure et le personnel de l’EDPO. Selon
ce projet (en attente d'approbation), il aura davantage de compétences (en conseil et
en conception) comme :
- mener des études sur les kebeles le plus défavorisés
- concevoir les plans et les réaliser
- apporter un soutien technique et logistique aux acteurs décentralisés :
Zone, woreda et kebele.
- signer des contrats avec les ONG intervenant dans le développement des
infrastructures locales et contrôler les travaux.
La nouvelle organisation, si elle est appliquée, maintiendra et renforcera la
décentralisation au niveau des zones et des woredas avec la création des divisions
"Local Road, drainage & sanitation". La restructuration prévoit un effectif de 265
personnes, 162 en plus de l’effectif existant. Sur le plan financier, les ressources
resteront les mêmes (ville, population bénéficiaire (10%de coût) avec une possibilité
d'aide des ONG et d'emprunt.
II.6.4.b PIO (Project Implementation Office)
Le PIO 27 (Housing Agency depuis juin 1999) a participé dans les la dernière décennie
aux travaux de drainage des quartiers anciens et nouveaux.
25 Dans la programmation du budget, l’EDPO reçoit une partie spécifique réservée à cette tâche à
utiliser lorsque les kebeles demandent (Entretien, EDPO, Département de l'ingénierie, 14 janvier
1998).
26 EDPO (1998a). Projet de restructuration d’EDPO, Addis Abéba, avril 1998
27 Le PIO est créé en 1990 pour réaliser le second projet de développement urbain comme successeur
au PIU (Project implementation Unit) qui a mené la réalisation du premier projet urbain avec l’aide de
la banque mondiale.
210

Dans le cadre du Deuxième Projet du Développement Urbain 28 , 4 projets concernent
le domaine de l’assainissement et des rivières :
- la réhabilitation de la voirie (Street maintenance)
- La réhabilitation de quartier (Kebele up-grading)
- L’habitat (Projet d’expansion urbaine)
- L’aménagement des rivières.
Le projet "réhabilitation des voiries", mené de 1995 à 1998, concernait la
maintenance et l'élargissement de 26 km de voirie bitumée et de leur réseau de
drainage. Le réseau de drainage était réalisé essentiellement avec des fossés en
maçonnerie et la qualité de réalisation pose aujourd’hui des problèmes de dégradation
dans certains site. C’est par exemple le cas de la rue Shegolé (du pont yegezu à
l’église Roufale) où le fossé est envahi, juste après sa réalisation par des herbes et
subit des dégradations et une réduction de la section. Dans le woreda 12, kebele 22, le
fossé réalisé par le projet PIO a été balayé par le ruissellement lors d’une pluie nonexceptionnelle.
Selon les autorités du kebele la cause principale est la non-qualité de
la réalisation et de la conception qui ne sont basées ni sur une étude approfondie ni sur
une consultation de la population 29 . Les travaux étaient concédés à une entreprise
privée et le contrôle du maître d’ouvrage était trop laxiste.
Dans le cadre de la réhabilitation des quartiers (Kebele up-grading), le PIO a financé
dans 19 kebeles 23 km de réseaux de drainage, des fossés en maçonnerie (voire
tableau 41). Il a également financé les travaux d'aménagement de la rivière Kechene
(entre les ponts Taitu et Ambassadeur) en collaboration avec l’AAFCPO.
Dans le cas des projets de l'habitat (d’Ambo, de la route de Jimma , site de Lafto &
Akaki), les travaux de PIO ont permis un équipement relativement complet comparé
aux lotissements coopératifs.
28 Le 2 nd projet de développement urbain avait 9 composantes définies par la ville & la banque
mondiale comme priorités : site and service, housing, home improvement loans, Kebele up-grading,
kebele development fund (activité économique pour créé de ressource financière), street maintenance,
sanitation, Akaki water supply, institutional support (training, assistance technique, équipement). Le
montage financier du projet s’est réalisé avec deux partenaires : la banque mondiale qui finance à 80%
(75% pour le logement) et la ville qui couvre 20%. L’UNCDF (United Nations Capital Development
Fund) a financé le projet de développement urbain du Lafto projet(logements, infrastructures).
211

II.6.4.c Addis Abéba ESRDF (Ethiopian Social Rehabilitation & Development
Fund)
L’ESRDF est instauré, comme successeur de l'ESRF (Ethiopian Social Rehabilitation
Fund), par le décret n°19/1996 avec trois objectifs qui visent l’amélioration du cadre
de vie notamment dans le monde rural éthiopien : services sociaux, infrastructures,
décentralisation participative 30 .
Il s’agit d’une institution autonome dirigée par un conseil (Board) au niveau national
dont le président est le Premier ministre ou son délégué. Il est décentralisé au niveau
régional y compris dans les régions urbaines comme Addis Abéba (1,3%) et Diré-
Dawa (70%).
Il est estimé, dans l’ensemble de l’Ethiopie, que 5.6 millions de personnes ont
bénéficié des projets de l'ESRDF avec 2 071 projets réalisés jusqu’en mai 2000 dans
les domaines de l’adduction d’eau, de la santé et de l’éducation sans compter les
2 026 projets en cours de réalisation 31 . Le montage financier de ces projets intègre
plusieurs partenaires : le gouvernement fédéral, des organismes d’aide, la contribution
de la population et des prêts de la banque mondiale 32 .
L’ESRDF a été créé pour 5 ans (1996-2001) dans le cadre du programme quinquennal
du gouvernement. Il est estimé qu’une année supplémentaire sera accordée 33 . Les
problèmes du développement urbain local et du monde rural sont cependant loin
d’être résolus.
29 Addis Lessane, Nehasse 6/1990 (le 12 Août /1998).
30 Préambule de la « Proclamation to provide for the establishment of Ethiopian Social and
Rehabilitation Development Fund », Federal Negarit Gazetta, N°7, 13 février 1996.
31 WIC, 13 mai 2000. Available from internet :

Les travaux à Addis Abéba
L’office ESRDF d’Addis Abéba a mené 76 projets de juillet 1996 à décembre 1999
dont 41 sont achevés 34 . Les domaines d’intervention concernent surtout le
développement de services sociaux locaux (écoles primaires et postes de soin). Les
projets d’infrastructure (voirie, drainage, latrines) menés sous le nom de sanitation
représentent seulement 20% de l’ensemble de projet. Parmi les 70 projets achevés ou
approuvés en décembre 1999, on trouve 10 projets portant sur le drainage des eaux
pluviales (cf. tableau 42).
Tableau 42 : Travaux de drainage financés par l’ESRDF entre juillet 1996
et décembre 1999
Kebele Travaux Coût (en birrs)
W7-K.29 Drainage 42 075,90
W15-k34 Drainage+ protection des crues 70 000,00
W13-k15 Drainage +Voirie 74 976,28
W15-k28 Drainage +Voirie 122 176,44
W13-k16 Drainage +Voirie 83 338,37
W15-k29 Drainage +Voirie 83 338,37
W15-k26 Drainage +Voirie 76 479,60
W6-k02 Drainage +Voirie 38 078,30
W13-k2 Drainage +Voirie 49 856,40
W6-k24 Drainage +Voirie 85 371,83
Total 725 691,49
[Source: élaboré à partir des données de l'ESRDF –Addis Abéba]
Démarche et montage des projets
Les projets de l’ESRDF sont basés sur une approche locale « bottom-up and
community based» et laissent ainsi un rôle important à la communauté bénéficiaire
durant toutes les phases des projets.
Les projets sont définis par la population qui doit également assurer 10% du coût ainsi
que les tâches opérationnelles : l’étude, l’appel d’offre (sauf délégation donnée à
l’ESRDF), le suivi des travaux et en principe la gestion des équipements réalisés. Les
études (plans et métrés) sont réalisées soit par des habitants ayant une formation
technique ou par le bureau de travaux publics (par exemple dans le cas de Diré-
Dawa).
34 Dossier technique d’ESRDF , décembre 1999
213

L’office de l’ESRDF mène les campagnes de promotion sur le terrain pour initier et
informer la communauté des modalités de financement et de ses domaines
d’intervention. Il examine également, avant d’approuver les 90% de financement qu’il
accorde, la légitimité, la représentativité et la pérennité des projets proposés par le
comité du développement (community project committee) créé à cette fin.
L’approche adoptée pour ces projets semble être efficace pour élaborer des solutions
adaptées aux problèmes de la population mais également pour négocier (dans le cas
des espaces non structurés et denses où des démolitions s’avèrent nécessaires). Elle
s’est en plus révélée intéressante pour la lutte contre la corruption : sur les 70 projets
d’Addis Abéba, un seul a connu un détournement de fonds 35 .
Toutefois cette approche n’est pas encore bien exploitée pour assurer la gestion des
ouvrages théoriquement laissés à la population sans modalité de gestion. La durée de
vie active du comité de quartier, qui s’engage à assurer la pérennité (apparemment
pour la formalité), se limite pratiquement à la durée de vie du projet. Par ailleurs, la
culture d’appropriation n’est pas encore acquise. On trouve par conséquent des fossés,
réalisés récemment, qui sont déjà très dégradés et abîmés.
II.6.4.d Fond du développement de Woreda (Woreda development Fund)
Le woreda, bien qu’il ne dispose pas de moyen nécessaire, a reçu des nombreuses
responsabilité dans le domaine du développement urbain.
Depuis quelques années la ville accorde à chaque woreda un budget nommé «fond des
woredas» destiné aux travaux de développement des infrastructures urbaines : voiries
locales, drainage, latrines communes, murs de soutènement, etc. Chacun des 28
woredas a reçu un million de birrs pour l’année fiscale 1997/98 et dans la
programmation de 1998/99 cette somme était de trois millions de birrs. En plus de ce
budget, les woredas collectent de la population bénéficiaire 10% du coût de projet.
35 Entretien, ESRDF-Addis Abéba, 7/12/99.
214

Le woreda est le responsable des projets et des travaux. Il demande à ses kebeles de
proposer des projets en consultant la population et il fait réaliser les travaux avec la
supervision du kebele.
L’EDPO est chargé d’aider les woredas et les kebelés dans la conception (études,
métrés) et le montage financier par l’intermédiaire de son office zonal. Il leur apporte
également une aide logistique (camion, machine d’excavation, etc.) 36 .
Ce fond de développement de woreda constitue un des premiers pas vers la
décentralisation financière et opérationnelle pour la gestion technique urbaine.
II.6.5 Les ONG
La montée spectaculaire des ONG a été un phénomène général dans les pays du sud
ces deux dernières décennies 37 . La ville, lieu de concentration de la pauvreté,
constitue un espace d’intervention privilégié des ONG locales et internationales. Elle
a été certes favorisée par la l’augmentation de la précarité et de la pauvreté mais aussi
par l’évolution de l'activité des ONG. Celles-ci sont passées de l’humanitaire assistant
à une véritable profession contractée reposant sur le nouveau concept de la
gouvernance locale. « Les métiers traditionnels de l’urbanisme ont été largement
délégués aux ONG, qui ont longtemps souffert d’un manque de professionnalisation,
qu’elles ont cherché à compenser par la participation des populations dites cibles »
(Osmont, 1998).
A Addis Abéba, l’intervention des ONG est de plus en plus élargie aux domaines du
développement urbain. On recensait, en novembre 1999, 88 ONG qui menaient des
projets de développement d'environ 63 millions de birrs. Dans le domaine de
l’assainissement et des déchets, 25 ONG (locales et internationales) 38 sont
intervenues, avec 72 projets, entre janvier 1994 et juillet 1996. 42 de ces projets
(58%) concernaient l’assainissement pluvial et 28 d’entre eux étaient réalisés par
CARE-Ethiopa (CERFE et al, 1997). Ainsi cette ONG est reconnue, aussi bien par la
36 Entretien, EDPO, 30 décembre 1998.
37 L’ampleur de ces interventions a donné même des surnoms à certains pays comme le Burkina Faso
qualifié de « ONG-land » (Dubresson et Raison, 1998).
38 Exemples : Redd Barna, NACID, Concern, IHA (Integrated olistic approche), Day, Abebech
Gobena, etc.
215

population que par la ville, comme un acteur principal pour la construction des voiries
et des réseaux d’assainissement au niveau local (dans les quartiers).
L'exemple de CARE –Ethiopia
CARE-Ethiopia, ONG financée par l’USAID (United state Aide International
Development), intervient à Addis Abéba depuis1994 dans le cadre du programme
CII/UFFW (Community Infrastructure Improvement / Urban Food-For-Work) dans
lequel l’aide alimentaire est convertie en investissement pour des projets de
développement. Ce programme s’est fixé comme objectif de suppléer la ville afin de
réduire la précarité et la pauvreté ainsi que de créer de l’emploi. Le premier projet
pilote (1994-96) a concerné 22 kebeles et l’actuel programme quinquennal (1997-
2001) vise plus de 40 kebeles (CARE, 1998).
En décembre 1998, 32 projets étaient accomplis et concernent divers travaux : accès
(voiries, ponts), drainage des eaux pluviales, murs de soutènement etc. Entre 1994 et
1998, cette ONG a réalisé 75 km de réseaux de drainage avec un taux
d'accompagnement (de voirie par équipement de drainage) plus élevé que l'EDPO (cf.
tableau 46). La conception des ouvrages d’assainissement pluvial est basée, comme
dans les cas précédents, sur des estimations et des sections types 39 .
Tableau 43 :
Les travaux de voirie et de drainage de CARE-Ethiopia à Addis
Abéba de 1994- déc. 1998
Murs de
soutènement
Voirie
Drainage pluvial
en Matériaux pavées Fossé en canalisation
sélectionnés
maçonnerie
Longueur 15.55 8.96 77.62 71.5 3.8
en km
Total 15.55 km 86,58km 75,3km
[source : tableau élaboré à partir des données de CARE-Ethiopia, décembre 1998]
216

Cadre d’intervention
Après de nombreuses années de laisser faire, le cadre d’intervention des ONG a été
défini en 1999 sous le nom de "Code de conduite des ONG en Ethiopie ". Dans son
article 1.1, ce code rappelle l’obligation morale de ces acteurs dont la raison d’être est
de répondre à la demande de la population : “we shall act in solidarity with the goals
of the communities that we work with and the priorities that our community partners
identify for themselves” 40 .
A Addis Abéba, l’intervention des ONG est guidée par l’office ONG desk créé en
1998 (sous le Secteur Social) pour faciliter, contrôler et coordonner les interventions
des ONG qui s'opéraient parfois sans connaissance et sans légalité.
Démarche et appropriation
Les projets des ONG se basent à Addis Abéba de plus en plus sur un partenariat
multiple et un accord qui intègre les institutions locales (kebeles, woredas) et les
acteurs civils (comité de développement de quartier, Edir). Ce progrès, bien qu'il soit
incomplet, est le résultat du renforcement du contrôle et de l'intérêt donné à
l'intervention des ONG.
Les projets sont conçus par l’ONG et le projet sera opérationnel après l’approbation
directe de la population bénéficiaire comme par exemple dans le cas de
CARE-Ethiopia. Cependant, ce partenariat disparaît à l’achèvement du projet : la
gestion est encore ici laissée au kebele et au comité de développement de quartier 41 .
39 entretien , CARE-Ethioipia, Addis Ababa, 30/11/99.
40 Addis Tribune, 12/03/99.
41 Dans le certificat de fin de chantier de CARE-Ethiopia, ces deux acteurs sont engagés : “It is also
agreed by all signing parties, that all aspects of future maintenance and operation of completed works
is the responsibility of kebele and multi-purpose Infrastructure Development committee”.
217

II.6.6 Les habitants
Les habitants des villes du tiers monde sont des acteurs actifs qui doivent se
débrouiller pour rendre leur environnement plus viable.
A Addis Abéba les habitants participent à présent sur le plan opérationnel sous deux
formes :
- participation non cadrée des ménages dans la construction et le nettoyage
(rarement) des fossés riverains
- participation financière (10% des coûts des projets) et décisionnelle (choix,
priorité, etc.) à travers des comités de développement local.
Ces participations sont cadrées depuis quelques années par les comités locaux qui se
créent partout dans la ville et agissent comme partenaires des acteurs institutionnels et
des ONG. Dans les lotissements, les coopératives constituent un cadre intéressant,
grâce à son statut de personne morale 42 , pour équiper ces zones notamment en voirie
et en assainissement pluvial (lorsque le comité exécutif des coopératives est motivé).
Toutefois, cette participation n'a pas pu encore induire une appropriation des
ouvrages et une gestion citoyenne des déchets. A cet égard, la pratique populaire et
quasi rituelle 43 de hedar (12 novembre 22), où chaque ménage nettoie sa zone et brûle
les déchets, doit être encouragée et mieux exploitée. Le mouvement récent des jeunes
volontaires, « rendons Addis Abéba propre », qui est intervenu récemment pour le
nettoyage de la ville, est un bon signe de prise de conscience qui doit être encouragé
et cadré. Le développement de ce type d’association est indispensable pour construire
un cadre d’expression et d'intervention des habitants.
II.6.7 Les acteurs de gestion de crise
Dans la gestion de crise deux familles d’acteurs tiennent une place importante : la
population et les pompiers.
Le rôle des pompiers est mieux accompli lorsque les quartiers sont facilement
accessibles et lorsque le service est bien équipé et organisé. Or ces deux éléments
42 Instaurés par le décret n° 138/1978 “A proclamation to provide for the establishment of cooperatives
societies”.
43 Apparemment pour chasser les maladies comme la peste qui a ravagé la ville durant ce mois au
temps de MénélikII.
218

présentent des lacunes à Addis Abéba. Cependant, la ville possède un atout capital
qui est la solidarité des habitants lors de catastrophe et d’incendie.
La Brigade des pompiers d’Addis Abéba (sous la Commission de la police régionale),
créée en 1934, est organisée en 6 stations et 267 personnes permanentes. La
consultation des rapports de cette brigade, des 10 dernières années nous montre une
vingtaine d’interventions par an liées à l’eau stagnante des sites de carrière ou à la
rivière (soit environ 10% de l’ensemble des interventions). Le taux très bas de vies
sauvées est principalement dû à l’appel tardif reçu généralement après la mort. 44
Tableau 44 :
Interventions et sauvetages liés à l’eau de la brigade des
pompiers d’Addis Abéba : de 14 septembre 1997 au 10 août 1998.
Lieu d’intervention Vie sauvée
nombre % nombre %
Rivière 13 46% 2 15%
Étang, site carrière, 15 54% 0 0
barrage
Total 28 100% 2 7%
[Source : archives d’Addis Ababa Fire Control Brigade]
II.6.8 Les acteurs de l'espace boisé
L’état de dégradation de la forêt autour d’Addis Abéba et ses enjeux pour la ville
(source d’énergie, matériaux de construction, érosion, etc.) mobilise aujourd'hui de
nombreux acteurs.
Cette préoccupation n’est pas récente. Deux grands projets forestiers, Addis-bah Fuel
wood development project et Addis Abéba fuel wood project, ont été créés
respectivement en 1985 et 1986 pour développer autour d’Addis Abéba des nouveaux
sites forestiers étatiques de 38 600 ha et pour réhabiliter 13 000 ha. Dans le cadre du
deuxième projet (Addis Ababa fuel wood project), 15 000 ha d’arbres d’eucalyptus ont
été plantés dans les montagnes de berh à aleltu (OADB, 1996). Addis–bah project a
développé environ 6 000 ha autour de la ville d’Addis Abéba de 1986/87 à 1990/91
avec des nouvelles plantations et de la réhabilitation (cf. tableau 45).
44 Entretien, Addis Ababa Fire control brigade, Division opération, octobre 1998.
219

Tableau 45 :
La sylviculture du projet Addis –bah Fuel wood development
réalisé autour d’Addis Abéba de 1986- 91
Projet
Nouveau site Réhabilitation Total (en ha)
(en ha). (en ha)
étatique 2505 2163 4668
Communautaire 257 341 598
supervisé
Communautaire 414 227 641
autonome
total 3176 2731 5907
[source : tableau élaboré à partir des données de MOA, 1992]
Le résultat de ces projets n’était pas à la hauteur de ce qui était espéré. Malgré le
contrôle sévère et répressif, l’abattement des arbres avait pris une ampleur importante.
Il faudrait donc aujourd’hui apprendre de l’expérience du passé. Les acteurs
reconnus ne devraient pas se limiter aux gestionnaires institutionnels. Ils devraient
également intégrer les utilisateurs de cette ressource notamment certains citadins qui
ramassent du bois et des feuilles mortes.
Aujourd'hui la ville s’est fixée, dans son programme quinquennal, de couvrir 180 km²
(1/3) de son territoire. Dans le bassin versant d'Addis Abéba, trois familles d'acteurs
interviennent dans le développement et la conservation des ressources forestières. Il
s'agit de :
- Deux sociétés de sylviculture, Addis Ababa Fuel Wood development and
marketing organization et Finine forestry development marketing
enterprise, qui interviennent respectivement sur 4.3 km² et 24 km² ;
- Deux bureaux régionaux d'agriculture (Addis Abéba et Oromyia ) chargés
de la protection des ressources forestières de leurs régions respectives ;
220

- Des institutions écologiques et patrimoniales (Ethiopian Wildlife and
Natural History Society, the Ethiopian Heritage Trust, Lem-Ethiopia et
Canadian physician aid & Relief) qui interviennent dans la protection et
développement de ressources forestières d'Entoto.
Le rôle de ces acteurs, développé plus en détail en annexe 14, pourrait contribuer à
une gestion durable des eaux pluviale et de l'espace : minimiser le risques (des coulées
des boues) et le ruissellement (en diversifiant la forêt d'eucalyptus avec d'autres
espèces), etc. La collaboration et la prise en compte de leurs activités nous semblent
donc porteur de l'efficacité.
II.6.9 Multiplicité d’acteurs : pérennité, compétence & inter-organisation
L’analyse de l’aspect organisationnel, développé dans la première et deuxième parties
de ce travail, nous a montré la multiplicité des acteurs qui sont, ou qui peuvent être,
concernés de près et de loin par la gestion des eaux pluviales urbaines. Nous avons vu
également une mobilisation de la ville en augmentant son effort pour l'amélioration du
cadre de vie notamment au niveau des quartiers. Cette mobilisation s’est traduite
d'une part par l’introduction de nouveaux acteurs plus décentralisés et par le
renforcement du secteur du drainage et d'autre part par la création d'un nouveau
service pour la gestion des rivières. Elle est aussi le résultat d’une participation de la
population qui constitue à la fois un acteur à part entière et un partenaire pour les
projets financés par la ville et les ONG.
221

Tableau 46 :
Les différents acteurs intervenant directement ou indirectement dans la gestion de l’eau pluviale et leur pérennité
Acteur Acteurs de 1 er ordre Acteurs de 2 nd ordre
Bassin V.
AAFCPO BPA AACRA EDPO ESRDF NGO Habitants/
CDQ
Acteur
Forêt
x
Gestionnaire
des Déchet
Agence de rivière
d’Awash
x
Ville
Zone
Woreda
Kebele
Quartier
x x x x x x x x
? x x
x
x
x x x x
Travaux annuels de
drainage (1994-98)
19km/an
(1996-98)
16km/
an
CARE
19km/an
Pérennité ? ? ?
- AAFCPO : Addis Ababa Flood Control and prevention project office; BPA : Bureau de protection de l'Environnement ; EDPO : Environmental Development Project Office ;
ESRDF : Ethiopian Social Rehabilitation and development Fund,; CDQ : Comité du développement de quartier.
223

II.6.9.a Pérennité de la multiplicité et la relation inter-organisationnelle
Dans le secteur du drainage cette multiplicité d'acteurs, qui résulte d’un constat d’échec et
d’insuffisance d’un service central, a apporté beaucoup à l’assainissement pluvial des
quartiers au travers des acteurs du développement urbain (institutionnels, ONG, comités de
quartier) bien que l’effort reste encore faible comparé au problème posé. Comme le montre le
tableau 46, les travaux de l'EDPO et du CARE sont aussi importants que ceux de l'acteur
l'officiel du drainage (AACRA). Ces importants travaux des acteurs "d'urgence" sont
cependant sans "propriétaire" et sans suivi. La multiplicité des acteurs est, dans le cas actuel,
porteuse d’éparpillement des compétences et de responsabilités. Cela induit une ambiguïté
notamment pour la gestion des ouvrages.
La gestion des eaux pluviales urbaines nécessite, par nature (unicité, bassin versant, réseau
hydrographique), une vision globale notamment dans la conception des projets. Pour cela
l’organisation des acteurs constitue un facteur important. A Addis Abéba, les relations sont
très faibles ou inexistantes au sein même des acteurs responsables de la gestion des eaux
pluviales (acteurs de premier ordre) comme nous l'avons schématisé dans la figure 34.
Figure 34 :
Le manque de relation inter-organisationelle entre acteurs
224

Il n’existe aucun cadre (groupe de travail, ordre, hiérarchie, etc.) qui permette de coordonner
et d’harmoniser les travaux des acteurs du premier ordre : AACRA, AAFCPO et acteur de
développement urbain local.
Cette lacune est surtout perceptible au sein des acteurs du drainage ; l’AACRA les acteurs du
développement urbain (EDPO, ESRDF, PIO, ONG). Ces derniers travaillent plus en
collaboration avec les institutions locales comme le woreda, le kebele et les comités de
quartier qu'avec l'AACRA.
La coordination entre les ONG et les acteurs de la ville est assurée par le NGO desk composé
de membres représentant 8 institutions de la ville : Relation extérieure, Santé, Plan,
Education, Affaire des femmes, EDPO, Création d’emploi & affaires sociales 45 . Cependant
cet effort de coordination et d’harmonisation ne concerne parfois que la phase de réalisation
des projets. Il n’existe pas de cadre de travail qui permette de concevoir les ouvrages dans le
contexte (social, physique) général de la ville.
La création de relation entre acteurs du 1er ordre est donc indispensable si la ville veut
conserver cette multiplicité d'acteurs. Ce cadre facilitera également la mise en place de
coopération entre les acteurs de 1 er et 2 nd ordre qui n'est pas facile à construire dans la
parcellisation actuelle des tâches.
II.6.9.b Le couplage " territoire technique et territoire administratif"
Les deux bassins versants d’Addis Abéba se trouvent à cheval sur deux régions autonomes
(Addis Abéba et Oromyia). La coopération de ces deux régions est donc déterminante pour
une bonne gestion de l’eau ( ressource et risque) en minimisant l'effet du conflit entre
territoires administratifs et territoire technique.
45 Entretien, NGO desk , 29/12/98.
225

Territoire
d’administration
d’AACG
Bassin versant
East-Akaki
Figure 35 :
Territoire technique et territoires administratifs de la gestion des eaux
pluviales à Addis Abéba
La partie du bassin versant qui s’étend au-delà de la limite administrative de la ville est boisée
et non urbanisée notamment à l’ouest et au nord est. La modification d’usage de sol dans ces
espaces devrait donc intégrer l’impact sur la ville.
Par ailleurs, la pollution des rivières de la ville dégrade la qualité et l’usage des ressources en
eau en aval dans la région d’Oromyia. Il faudrait également veiller à minimiser cette
dégradation avec des mesures relatives à la gestion des déchets de la ville.
226

L’existence à cette échelle d’une institution spécifique est déjà un atout capital. L’agence de
bassin d’Awash, avec sa compétence supra régionale pour la gestion des rivières, pourrait
apporter une amélioration si son rôle ne se limitait pas à la facturation des activités de
l’irrigation.
II.7 POLITIQUE ET PRATIQUE DE GESTION DES EAUX PLUVIALES URBAINES
ET LA PRISE EN COMPTE DES DIMENSIONS RISQUES ET RESSOURCES
II.7.1 outils de gestion
II.7.1.a historique : outils délaissés
La recherche historique sur la politique de l’assainissement à Addis Abéba nous apprend la
volonté ancienne de la ville de se doter d’un outil de gestion. On trouve depuis les années
1960 et environ tous les 15 ans l’élaboration de documents de planification et de gestion :
- Les plans directeurs pour l’assainissement pluvial et des eaux usées réalisés en
1966 par le BCEOM-SMUH ;
- L’étude de faisabilité de l’assainissement pluvial et de la protection contre les
crues réalisée par le BCEOM (1982)
- Le schéma directeur pour le contrôle des crues réalisé par le JICA (1997-1999).
Cette volonté était plus souvent spontanée. Elle apparaissait avec ferveur au lendemain des
événements endommageants (1978, 1994 &1995) et elle se traduit par des études urgentes.
Ces études sont peu appropriées et peu appliquées notamment pour les deux premiers
documents. Ce manque d’appropriation et d'application peut s'expliquer principalement par :
- l’impertinence économique des projets parfois très démesurés par rapport aux
moyens disponibles 46
- la méconnaissance des gestionnaires locaux de ces études, réalisées en quasi -
exclusivité par des experts étrangers
- Le manque de personnel qualifié et engagé
- L’instabilité institutionnelle des services concernés ainsi que l’absence des
pratiques d’archivage
46 Par exemple les plans directeurs d’assainissement de 1966 proposaient 980km de réseau d’eaux usées (φ200-
1200) pour l’ensemble de la ville (73km²) à un coût de 34 millions de dollars éthiopiens, une station d’épuration
de 30 millions, un réseau pluvial de 35 millions. Or le budget de la ville n’était que de 4.5millions de dollars
éthiopiens par an.
227

- Une vision de planification réduite à l’élaboration du document sans dispositifs
de mise à jour ni de formation des gestionnaires au concept et à l’outil.
Ce manque aboutit aujourd'hui à une complication de la gestion urbaine avec un système
technique d’assainissement inconnu, des lits majeurs de plus en plus occupés et
l'accroissement de la vulnérabilité de la ville vis-à-vis de l’eau pluviale.
II.7.1.b Le nouveau schéma directeur "protection contre les crues" et ses limites
Un schéma directeur est élaboré avec la coopération nippone en 1997/1998 pour la période
2000-2020. Il prévoit, dans la zone étudiée de 310 km² (qui ne couvre pas l'ensemble du
bassin versant d'Addis Abéba ) deux types de mesures : structurelles (travaux génie civil) et
non structurelles (organisation, gestion de l’espace) à réaliser pendant les 20 prochaines
années. L’ensemble de ces mesures est estimé à 763 millions de birrs, dont 750 millions de
birrs dédiés aux mesures structurelles, l’objectif étant de minimiser le plus possible le
relogement.
Ces mesures structurelles, qui constituent la principale composante de ce schéma directeur,
envisagent (cf. figure 36) :
- La construction d’un seuil en amont des rivières Kechene et Kebena ;
- L’installation de bassin de régulation dans les parties urbaines des rivières
Kurtumé et Bantiketu
- L’amélioration de la capacité hydraulique par re-calibrage, augmentation de la
profondeur et construction de murs de soutènement ;
- La déviation du flux : Little Akaki vers le Grand Akaki ;
- La construction de 1.2 km de réseau de drainage urbain dans le bassin de
Bantyiketu.
Les mesures non-structurelles envisagées portent sur une gestion administrative des rivières et
sur la gestion de crise. Il s'agit de :
- l’instauration d’une « zone rivière » qui s’étend à 5 m de part et d’autre des
rivières comme passage d’inspection
- le contrôle et l’autorisation des usages des rivières dans la "zone rivière";
- la sensibilisation de la population sur l’état des rivières et sur la crue
- la prévision du risque et les dispositifs d’alarme ;
228

- le système d’autodéfense, de lutte contre les crues au niveau local ( woreda,
kebele)
Figure 36 :
Mesures structurelles projetées par le schéma directeur de crue (source
JICA, 1997)
229

Limites du schéma directeur
Parmi les limites de ce schéma directeur figure le manque d’une vision intégrée du réseau
hydrographique et du bassin versant 47 . Les points importants comme l’intégration des rivières
dans l’espace urbain ou leur place dans la mutation urbaine ne sont pas abordés. Au-delà des
mesures structurelles envisagées avec un niveau de protection de 20 et 30 ans de période de
retour, il manque des recommandations pour les crues de fréquences plus rares qui sont plus
difficiles à gérer. Par ailleurs, les mesures structurelles ne constituent pas toujours des
solutions durables comme le montrent les expériences de certains pays. Certaines études ont
montré dans le cas des villes américaines l’effet néfaste des stratégies de gestion qui comptent
beaucoup sur les mesures structurelles : « Yet it is undeniable that structures do give shortterm
local relief and this is perhaps why they constitute significantly vulnerable point. For
protection encourages increased occupation of the flood plain, introducing the element of
future disaster that may be more serious than if nothing had been done » ( Arnold, 1975)
II.7.2 La prise en compte du risque d’inondation
Nous avons examiné la préoccupation et la prise en compte de risque d’inondation à travers
les documents de planification urbaine (SDAU, POS, etc.) et dans la législation.
II.7.2.a Les documents de planification urbaine
La loi 315 /1987, qui a instauré les documents de planifications, ne spécifie pas la prise en
compte du risque ni dans le Plan d’Urbanisation Régional, ni dans le Plan d’Aire
Métropolitaine, ni dans le Master Plan (schéma directeur). Aussi, les zones à risque ne sont
pas explicitement mentionnées dans le plan détaillé et le Plan de zonage par la loi de
316/1987. Parmi les zones spécifiées par cette loi, on trouve la «zone interdite » qui peut
sous-entendre les zones à risque. Cette loi fait référence à la sécurité en soulignant dans son
préambule l’importance du contrôle des constructions (de l’habitat urbain et des bâtiments)
pour la sécurité des personnes et des biens 48 .
47 « ….;the objectif of this study is the preparation of the master flood control master plan and is not the
preparation of drainage master plan ». JICA et al, 1998), pp.27
48 “WHEREAS, it is appropriate to supervise the construction of urban houses and buildings with view to
protecting public safety and property”
230

Ces documents prévisionnels sont centrés sur le développement urbain et économique des
territoires concernés. La question du risque naturel prévisible est presque ignorée. Ceci peut
être dû au fait que les catastrophes naturelles sont perçues comme des phénomènes rares dans
le pays. Toutefois, le cas des inondations ne peut pas être considéré comme rare ou
négligeable. Les dégâts vécus sur la vie humaine et sur les propriétés montrent la gravité du
problème.
Dans le cas précis d’Addis Abéba, les documents de planification urbaine ne sont pas non
plus explicites sur le risque d’inondation. On trouve seulement, dans le plan de zonage (du
Master plan 1986-2006), la création d’espace vert le long des rivières sous le nom "informel
green" (cf. figure 37) qui peut sous étendre une zone d'expansion des crues. Il s’agit parfois
d’un espace assez important qui s’étend de 50 à 100 m de part et d’autre des rivières mais qui
n'est pas respecté, comme nous l'avons vu, ni par la municipalité ni par les habitants. Cette
idée est en fait assez ancienne. Elle a été déjà proposée en 1955 dans le schéma directeur
d'Abercrombie. Cependant, malgré l’ancienneté du projet, la réalité du terrain se forge d’une
manière contradictoire avec les occupations des berges très anarchiques.
II.7.2.b Le cadre législatif
Le cadre législatif du domaine de l’eau était longtemps assez faible. Il n’existait pas de lois
spécifiques à l’eau sauf le décret récent n° 197/2000 (qui a rempalcé la loi 92/ 1994) insaturé
pour cadrer l’usage, l’autorisation et l’administration des ressources en eau. Les dispositifs
de cette loi concernent plus les procédures administratives que des prescriptions techniques à
respecter pour mieux gérer les ressources et les risques lié à l'eau.
Les lois des collectivités locales, apparues sous les trois régimes, n’abordent pas non plus
explicitement le risque d’inondation. La Loi 4/7/1945 « loi des municipalités, 1945" ne
spécifie que la protection contre l’incendie dans la définition des compétences des
municipalités. Les lois ultérieures n’apportent pas non plus de nouveauté sauf la loi 47/75 qui
donne une responsabilité vague et plutôt politique au kebele d’assurer la protection du bien
être et de la vie des résidants.
Cette non prise en compte de risque doit être comblée pour pouvoir prévenir, par le biais de la
responsabilisation, les dégâts plutôt que de les subir.
231

Source : Carte élaborée à partir
des plans de (Techeste, 1988) et
(AAMPPO, 1986)
Légende
Zone résidentielle limitée, résidence spéciale
Résidence en zone d’expansion et de densification
Zone résidentielle existante concernée par le
programme d’intervention
Résidence en hauteur dans les espaces vides et
Rénovation urbaine dans les espaces urbanisés
Services publics (éducation, santé, etc.), Institutions
gouvernementales,
Lieu de culte, cimetières,
Centre sportif et civique
Marché, Zone d’activités,
Terminus, Stores, Dépôts
Industries (existantes et proposées)
Ambassades, Organisations internationales,
Aviation, Zone boisée (proposées)
Zone verte informelle réservée à la sylviculture
Zone verte informelle le long des rivières,
Zone verte formelle des parcs publics
Horticulture et autres fermes
Figure 37 :
Le plan d'occupation de sol (plan de zonage) du Master plan d'Addis
Abéba (1986-2006)
232

II.7.3 Pratiques de recueil et d’utilisation de l’eau pluviale
La collecte de l’eau est une pratique très développée à Addis Abéba notamment au niveau de
la parcelle. Il s'agit de stocker l'eau ruisselée sur les toitures par des moyens du bord : seau,
vase, etc. Cette pratique concerne tant les ménages pauvres que des ménages plus aisés ainsi
que les ménages avec ou sans branchement individuel. Selon notre enquête, cette pratique
concerne en moyenne 50% des ménages interrogés. Ce taux atteint 72% pour des ménages
utilisant les bornes fontaines (cf. figure 38).
Collecte de l'eau pluviale
pourcentage des ménages
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
72%
59%
62%
49% 51%
41%
38%
28%
Robinet parcelle Robinet voisin Borne fontaine moyenne
collecte
ne collecte pas
Mode d'alementation en eau potable
Figure 38 :
Pratique de collecte des eaux pluviales selon le mode d'alimentation en eau
L'eau collectée est principalement utilisée pour faire la lessive et la vaisselle (tableau 47).
Elle est également mais rarement utilisée pour la consommation humaine ce qui nécessite une
prudence et une information à l'égard de la pollution vu la corrosion des toitures.
Cette pratique individuelle n'a pas encore fait l'écho chez les gestionnaires de la ville bien que
l'écart se creuse de plus en plus entre la disponibilité de la ressource en eaux face à la
demande croissante. Comme nous avons pu le constater lors de nos nombreux entretiens avec
les acteurs de la ville, la collecte de l'eau à différentes échelles pour des usages divers (pour
les chasses d'eau des toilettes publiques, etc.) n'est pas encore d'actualité.
233

Tableau 47 :
Mode
d'alimentation
en eau
Robinet dans la
parcelle
Robinet chez le
voisin
Les différents usages des eaux pluviales récupérées des toitures des
maisons
Usage actuel
Lessive vaisselle arrosage ménage Cuisine/ construction total
boisson
47% 27% 14% 8% 1% 3% 100%
47% 40% 7% 0% 5% 2% 100%
Borne fontaine 49% 29% 7% 2% 5% 7% 100%
Valeur
moyenne
47% 31% 11% 5% 3% 4% 100%
Cependant, au niveau national, la récupération des eaux pluviales est une pratique plus
développée notamment dans les terres basses où la pluviométrie est assez faible. C'est par
exemple le cas de Welenchiti et Nazareth où cette pratique est utilisée avec des méthodes plus
élaborées : manuels, dispositif technique (en ciment, argile, bambou ; enterrées ou non) 49 .
L'intérêt de cette pratique a attiré également l'attention des professionnels avec la création
récente de l'Association éthiopienne de recueil de l'eau pluviale (Ethiopian Rain-Water
Harvesting Association).
La récupération de l'eau pluviale a permis à certains pays en développement d'améliorer
l'adduction en eaux (boisson, usage domestique, irrigation, etc.) notamment dans les zones
rurales. C'est par exemple le cas de la Thaïlande où cette pratique a été répandue avec des
installations de 10 millions de citernes de 2 m 3 (nommées Thai-Jar avec le préfixe national)
au Nord-Est du pays en moins de 5 ans entre la fin des années 1980 et début des années 1990.
En Afrique, cette pratique avait suscité dans les années 1980 un intérêt notamment au Kenya
et au Botswana (Gould,1995).
Dans les pays développés, les enjeux environnementaux et économiques des ressources en eau
accroissent l'intérêt de la récupération et l'utilisation des eaux pluviales et le développement
des dispositifs techniques (cf. figure 39). Il est estimé dans les cas de ces pays que 45% des
consommations pour des usages (arrosage, lavage de voiture et du sol, chasse d'eau) peuvent
être remplacées par des eaux récupérées (Hilaire et al, 1998).
49 Entretien, Ministère d'agriculture, Equipe de gestion de sol et des eaux.
234

Figure 39 :
Schéma de récupération et d'usage des eaux de pluies( Source : (Hilaire et
al, 1998).
II.9. CONCLUSION
L'analyse détaillée du système de gestion de l'espace urbain et du fonctionnement du
SGEUPU nous a montré dans les deux premières parties de cette thèse la complexité et
l'ampleur des divers problèmes de la ville liés aux eaux pluviales ainsi que les acquis de la
ville notamment sur le plan organisationnel. Les origines des problèmes, auxquelles il faut
s'attaquer pour obtenir des solutions durables, sont également nombreuses. Nous avons
résumé et classé les acquis et les contraintes en quatre typologies dans le tableau 48.
235

De l'analyse croisée de ces contraintes et des acquis, il découle les questions et réflexions
suivantes.
Malgré l'importance de la tâche de gestion des eaux pluviales qui nécessite des fonds
d'investissement et de fonctionnement, les moyens du service sont limités. Comment rendre le
service d'assainissement pluvial un service satisfaisant et qui pourrait s'autofinancer ?
A partir de l'état du réseau et du système organisationnel existant, on peut déduire avec
étonnement que les réseaux sont construits pour être abandonnés. Il n'y a pas d'entretien
régulier ni de maintenance. Ceci est d'autant plus grave dans cette ville pauvre où les
problèmes de la gestion urbaine s'accumulent d'année en année. De plus, le réseau
théoriquement séparatif est en réalité unitaire. Comment assurer la durabilité des travaux en se
basant sur l'organisation décentralisée de la ville et sur la participation de la population ?
Comment valoriser le réseau et assurer son appropriation ?
D'autre part, les rivières urbaines sont mal intégrées et mal appropriées dans le tissu urbain.
Ceci est la cause principale de la perturbation de leurs fonctionnalités (hydraulique et autres).
La localisation « cachée » des cours d'eau favorise les occupations illégales de terrain, le rejet
de déchets solides et des fosses septiques et la défection. Comment valoriser l'usage et l'état
des rivières et assurer leur intégration dans l'espace urbain ?
Ces questions sont la base de la formulation des éléments de réponse et des perspectives de
recherche développés dans la troisième partie de ce document.
236

Tableau 48 :
Contrainte
Typologies des contraintes (causes de dysfonctionnement) et d'acquis du SGEPU à Addis Abéba
Financière
- budget maigre ou absent pour
la gestion
- pauvreté : insolvabilité
- manque de ressource
spécifique
Phénomène et système
techniques
- manque de connaissance des
phénomènes et du réseau
- manque de données, d’étude
et de recherche
- erreur de conception et de
réalisation
-insuffisance du support
-manque d’entretien et de suivi
Organisationnel et
institutionnel
Urbanistique et
organisation de l'espace
- organisation faible, - tissu urbain anarchique :
éparpillée, floue et basée dense, sans passage pour
sur le découpage
l’eau
administratif
- occupation des lits
- manque de coordination, majeurs
d’information interorganisationelle
- insuffisance de la gestion
urbaine : déchets
- manque de personnel - manque d’application
qualifié, motivé et stricte du POS
sensibilisé
- déforestation
- manque d’appropriation et - hétérogénéité de l’espace
de citoyenneté
urbain
- disproportion entre les - tendance : urbanisation
moyens (temps, argent) et peu consciente du risque et
l’ampleur du problème de l’assainissement
- manque d’une vision et - insuffisance des outils
structure globale
existants
Acquis
-participation financière de la
population
- mémoire des égoutiers
- réseau hydrographique
naturel dense
- centre ville bien équipée en
réseau enterré
- organisation décentralisée
- riche en formes
associatives
- participation de la
population
- l'agence de bassin
- urbanisation non
ségrégative
237

238

TROISIEME PARTIE
ELEMENTS POUR UNE GESTION DURABLE DES EAUX
PLUVIALES URBAINES A ADDIS ABEBA : REPONSES A
L’INSUFFISANCE D’AUJOURD’HUI ET A LA CROISSANCE
URBAINE DE DEMAIN
239

240

III.1 INTRODUCTION
Cette partie est consacrée à l'élaboration et à la proposition des éléments de réponse en se
basant sur les constats et les questionnements des deux parties précédentes ainsi que sur des
concepts généraux qui vont être développés.
Nous avons proposé un outil organisationnel fondé sur les notions "espace et temps" afin de
répondre à la double question : formuler des stratégies appropriées pour chaque typologie
d'espace et assurer la pérennité de la gestion des ouvrages.
Nous avons également proposé des éléments de réponse portant sur la conception de l'espace
urbain vis à vis des réseaux hydrographiques naturels et artificiels.
Pour construire un cadre d'analyse et d'évaluation, nous nous sommes intéressés aux concepts
de la gestion urbaine, comme la gouvernance et la subsidiarité. Les différentes approches
utilisées dans la gestion des eaux sont également développées.
241

III.2 ANALYSE DES CONCEPTS ET DES APPROCHES DE GESTION
III.2.1 Concepts organisationnels et environnementaux
La précarité sociale et environnementale de notre planète s'aggrave de jour en jour non
seulement à cause du manque d'équilibre entre les ressources et la démographie mais aussi à
cause du développement qui vise principalement le profit. Cette situation alarmante a placé la
question du développement au niveau mondial, vu notamment l'effet de "vases
communicants" de la précarité (immigration, guerres, pollutions). Cette question a fait surgir
quelques concepts et approches qui se construisent autour de la notion du développement
durable.
Développement
durable
Approches organisationnelles
(Gouvernace, subsidiarité,
participation des citoyens)
Approches techniques
(gestion intégrée, gestion du
risque, diversification des
ressource, etc.)
Figure 40 :
La recherche du développement durable et les approches mobilisées
Nous allons analyser dans les sections suivantes le fondement de ces concepts ainsi que leur
intérêt et application dans la gestion des eaux pluviales urbaines.
242

III.2.1.a Le principe du développement durable (soutenable)
Le développement durable
La préoccupation mondiale 1 de la seconde moitié du XXème siècle concernant
l'environnement a abouti en 1987 à la formulation du concept de développement durable 2
défini d'une manière très générale pour être consensuelle. Le rapport de la Commission
Mondiale sur l'Environnement et le Développement (Rapport de Brundtland) définit le
développement durable comme "un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs" 3 .
Ce principe de bon sens aura -t-il le même intérêt, la même interprétation et la même priorité
partout dans le monde? Dans les pays industrialisés, le développement durable, reflète une
volonté de mise en garde contre la surexploitation et la pollution des ressources, induites par
la rationalité économique et la sur-productivité. Dans les pays pauvres, la question du
développement durable semble être dominée par la préoccupation quotidienne de survie. La
réaction d'un membre de la délégation pakistanaise au sommet de Rio illustre bien la
perception et la priorité de ce principe : "L'homme qui, pour manger doit fouiller dans les
décharges, comprend mal que la protection des oiseaux soit jugée plus importante que la
préservation de sa propre personne" 4 . La déclaration de Rio (1992) a tenté, dans son premier
principe (article), de trouver une réponse au travers d'un propos plutôt idéologique : "Les êtres
humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable : ils ont droit
à une vie saine et productive en harmonie avec la nature".
1 Pour citer les principaux : conférence internationale sur la pollution et le réchauffement de la planète
Stockholm (1972), convention de CITES sur la protection de la faune et de la flore( 1973), accord international
sur les bois tropicaux (1983), Brundtland 1987, Déclaration de Dublin, Irlande (1991), Agenda 21 sur
l'environnement et le développement (Rio, 1992), Beijing (1995), Habitat II (Istanbul, 1996), Forum mondial de
l'eau (Marrakech, 1997), Hollande (2000).
2 L'idée est introduite sous le terme anglais " sustainable development" dont la traduction française donne de
nombreux équivalents comme développement durable, développement soutenable, développement viable. Nous
utilisons ici le terme développement durable dans le sens du terme anglais sustainable development.
3 -Rapport de la commission mondiale sur l'environnement et le développement, "Our common future" (notre
avenir à tous), 1987.
4 Cité par SALL M. "La conditionnalité écologiques : enjeux, forces et limites d'une nouvelle coopération
normative". In : Afrique 2000, Revue africaine de politique internationale, juillet –septembre, 1996.
243

La notion de développement durable a connu des interprétations multiples et parfois abusives
au travers des études, des projets et des déclarations. Gossé M. (1998) exprimait ainsi l'abus
de cette notion en attribuant au développement durable une qualification de faux concept :
"même les urbanistes et les architectes n'ont que cela à la bouche - le développement
durable- à défaut de l'avoir au bout du crayon".
Les applications de ce principe se veulent concrètes reposant sur les trois composants
indispensables à l'homme tant dans le présent que dans le futur : l'économie, le social et
l'environnement. Igancy Sachs (1994) donne à la durabilité cinq dimensions :
- sociale (autre croissance, autre vision de la société)
- économique (meilleure répartition et gestion des ressources, plus grande
efficacité)
- écologique (minimiser les atteintes aux systèmes naturels)
- spatiale (équilibre ville campagne, aménagement du territoire)
- culturelle (pluralité des solutions locales qui respectent la continuité culturelle 5 ).
Au-delà des ambiguïtés sémantiques et de manque de résultats concrets, le développement
durable constitue un guide général qui sert de repère dans la recherche d'un développement
équitable aujourd'hui et viable dans le futur. Il permet ainsi d’orienter la définition des
politiques mondiales, nationales 6 et locales dans le bon sens même s'il s'agit pour l'instant
plus de déclarations d'intention que d'actions concrètes. "Les Etats doivent coopérer dans un
esprit de partenariat mondial en vue de conserver, de protéger et d'établir la santé et
l'intégralité de l'écosystème terrestre" (Principe 5 déclaration de RIO, 1992).
III.2.1.b La gestion durable des eaux pluviales urbaines
Le concept de développement durable apporte beaucoup au domaine de gestion des eaux
puisque celui-ci fut à l’origine de son émergence. Dans le domaine de la gestion urbaine et
de l'eau on retient les deux définitions suivantes :
5 Cité par Soubeyran O, 1998. La ville durable, vers un renouveau des politiques urbaines : du développement
urbain à la ville durable, In : problèmes politiques et sociaux, N° 829, pp. 27-33.
6 Cf. annexe 16, l'exemple de l'application en France : les 21 entrées de développement durable.
244

- Le développement urbain est "un processus de changement dans l'environnement bâti qui
favorise le développement économique tout en conservant les ressources et en protégeant
l'intégralité des personnes, de la collectivité et de l'écosystème" 7 . Selon cette définition un
développement urbain doit permettre une urbanisation productive, non polluante et non
ségrégative.
- Dans le domaine de l'eau, on trouve la notion de "renouvelabilité" des ressources. Il s'agit de
veiller à ce que les ressources naturelles renouvelables - telles que les sols, l'eau des nappes
phréatiques et la biomasse - soient utilisées de manière à ne pas les éliminer, ne pas les
dégrader, ou tout au moins ne pas diminuer leur caractère renouvelable pour les générations
futures" (Institut des ressources mondiales, 1992).
Nous définissons la gestion durable des eaux pluviales urbaines comme un ensemble de
processus qui vise à prévenir le risque lié à l'eau pluviale, tel qu’inondation, stagnation
et pollution de l'environnement bâti et naturel, et à favoriser la réutilisation des eaux de
pluie à différentes échelles en vue de minimiser le risque et d'augmenter les ressources.
Ces processus doivent être pérennes et évolutifs de manière à assurer en permanence et
sur une base réfléchie l'interaction entre eaux pluviales et espaces. Cette recherche de
"viabilité" et de pérennité implique la nécessité de prévoir et de gérer aujourd'hui les
contraintes présentes et futures (potentielles) pour assurer la continuité de l'action et pour
préserver la ressource. La durabilité est "la possibilité de maintenir la productivité, que ce
soit d'un champ, d'une ferme ou d'une nation, face à des agressions ou à des crises" 8. .
III.2.1.c La gouvernance
Depuis une vingtaine d'années, les problématiques organisationnelles sont très marquées par
le concept de la gouvernance d'abord dans les pays développés puis dans les pays en
développement. Avec la complexité des tâches et l'insuffisance du modèle classique d'un
acteur « providence » (public, centralisé et autoritaire 9 ), la recherche d’une forme
d'organisation concertée intégrant les multiples acteurs est ainsi lancée sous le nom de la
bonne gouvernance.
7 (Richardson, 1989), villes viables, cité par Maclaren V.W, 1993, "Pour un développement urbain durable au
Canada : La mise en ouvre du concept, Volume I : Bilan
8 Conway G et Babier E (1990). After Green Revolution: Sustainable Agriculture for Development, London,
Eearthscam publication
9 pour utiliser l'expression de (Rangon F, 1996)
245

La gouvernance fait l’objet de plusieurs définitions. Nous en citons quelques-unes des plus
générales au plus fines.
- « l’exercice de l’autorité, du contrôle, de la gestion, du pouvoir de gouverner ».
Webster’s unabridged dictionary
- « méthodes de gouvernement », « pouvoir politique d’ériger les affaires d’une
nation », « une bonne administration », Banque Mondiale, Rapport sur l’Afrique,
1989.
- « la manière dont le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources économiques
et sociales d’un pays en vue de développement », La Banque mondiale, Managing
development : the governance dimension, 1991
- « la gestion impartiale, transparente, des affaires publiques, à travers la création
d’un système de règles acceptées comme constituant l’autorité légitime, dans un
but de promouvoir et de valoriser des valeurs sociétales visées pour l’individu et
les groupes », R. Charlick. Governance working paper, USAID, 1991
- "La gouvernance est un processus continu à travers lequel les intérêts conflictuels
peuvent être réglés et la coopération peut être développée. Ce processus
comprend la constitution d'institutions formelles et des régimes capables de
renforcer les allégeances ; il comprend aussi des accords informels que les
peuples et les institutions font ou envisagent de faire dans la protection de leurs
intérêts" 10 .
10 Rapport publié en 1995 par la Commission sur la gouvernance Globale, p. 2.
246

La bonne gouvernance est contextuelle et présente des significations divergentes. Par exemple
dans nombreux pays anglo-saxons 11 les administrés sont considérés non comme des citoyens
mais comme des usagers et clients du service dans une optique d'une nouvelle gestion
publique fondée sur une logique entrepreneriale (Allemend, 2000). Dans les pays en
développement, la gouvernance, introduite sous la houlette des bailleurs de fonds
internationaux comme alternative aux actions passées, à bilan négatif, sous-entend la
participation active et citoyenne des administrés pour répondre à l'insuffisance de l'acteur
central tant au niveau national que local.
La ville est le terrain le plus privilégié de l'application de la gouvernance. La « gouvernance
urbaine » est ainsi utilisée, à raison, ou par défaut, pour désigner les différentes composantes
de l’administration et des intervenants dans la gestion urbaine. La gouvernance urbaine
désigne selon Le Galès 12 "d'une part la capacité à intégrer, à donner forme aux intérêts
locaux, aux organisations, aux groupes sociaux, d'autre part la capacité à les représenter à
l'extérieur, à développer des stratégies plus ou moins unifiées en relation avec le marché,
l'Etat, les autres villes et autres niveaux de gouvernement". Il s'agit donc de construire une
organisation harmonieuse et un partenariat actif à deux niveaux (dimensions) du système
urbaine : interne et externe. Thierry Paulais 13 évalue ainsi, dans le cas du marché urbain, la
gouvernance urbaine : « On pourrait dire que la bonne gouvernace s’évalue plus à la lumière
de la capacité de maîtrise d’ouvrage municipale, qui doit mettre en œuvre les dispositions
nécessaires au fonctionnement de l’équipement considéré non pas comme une entité isolée,
mais inscrit physiquement, socialement et économiquement dans le fonctionnement de
l’agglomération »
11 « Le problème de la gouvernance urbaine peut prendre l’allure d’une organisation de la résignation grâce à
l’institution de partenariats, dit-on en Grande-Bretagne, ou d’une participation, dit-on dans les pays
francophones, dont l’objet serait d’obtenir l’assentiment des populations locales aux opérations d’aménagement
qu’elles vont subir, quitte à pratiquer de légères amodiations pour donner droit à leur revendication »
(Querrien et al. 1998).
12 Le Galès p. (1995). Du gouvernement des villes à la gouvernance urbaine, R.F.S.P., p. 57 cité par Rangeon F
(1996).
13 Thierry Paulais, Le marché dans la ville d’Afrique noire, In : Les Annales de la recherche urbaine n° 80-81,
1998. pp. 40
247

L'intérêt de cette notion, si elle est correctement appliquée, réside dans le fait qu'elle permet
de revoir d'une manière continue la forme d'une organisation afin d'intégrer les évolutions.
Ceci est d'autant plus pertinent que la ville d'aujourd'hui se caractérise par une grande
mutation.
Cette approche est cependant porteuse d’un grand défi dans la mesure où elle doit assurer
l’enjeu capital de la participation et de la responsabilisation collective. Elle doit également
prendre en compte l'intérêt des différents acteurs parfois difficilement réconciliables, ce qui
fait craindre à certains observateurs son applicabilité hasardeuse. «Contrairement aux douces
assonances qu’elle entraîne, la notion de gouvernance urbaine rencontre directement le
conflit social, qu’elle a pour mission de convertir en règles de bonne gestion, c’est à dire de
gestion durable" (Querrien et al. 1998).
III.2.1.c Gestion partagée et participation populaire
La gestion partagée implique dans le service des infrastructures trois éléments :
- une répartition des rôles entre acteurs publics notamment avec la décentralisation
- une intégration et un encouragement des investisseurs privés et
- une participation de la population.
Dans le cas de l'assainissement des pays en développement, la question se pose entre l'acteur
public (notamment la municipalité) et la population, les acteurs privés étant très rares 14 et peu
intéressés par ce domaine.
Tous les concepts de développement et d'organisation revendiquent aujourd'hui la
participation active de la population pour réussir la décentralisation, assurer une bonne
gouvernance, et tendre vers un développement durable. Cependant un écart important persiste
entre cette ambition et la réalité opérationnelle.
14 Dans les PED les infrastructures dépendent quasiment de l'investissement public (90% de leur budget ) (Blary,
1997).
248

La participation populaire désigne l'engagement de la population en vue d'accomplir un
objectif collectif formulé par elle-même ou proposé par d'autres. Elle se base donc sur la
notion d'intérêt général et parfois sur la responsabilité collective et la "mobilisation". Le mode
de participation varie selon son origine 15 (de fait, volontariat, spontanée provoquée ou
imposée) et la nature (type). Dans le cas du service urbain local (comme l’assainissement
pluvial), on peut distinguer deux formes possibles de participation :
• une autogestion du quartier : financement des travaux et gestion des ouvrages
(c'est par exemple le cas de lotissements ou de groupement de lotissements).
• Une participation à la conception, au financement, et /ou à la gestion des projets
menés par les acteurs publics ou privés ou bien par les ONG.
En Afrique, la participation populaire est une pratique assez ancienne. Elle a surgi dans les
années 1970 avec l'indépendance et la révolution. C'est par exemple le cas de la Tanzanie et
de l’Ethiopie. Par ailleurs, Le plan d'action bi-décennal pour le Développement Economique
de l'Afrique (défini à Lagos pour la période 1980-2000) comptait beaucoup sur cette
participation populaire. "A primary objective of socio-economic development is the
improvement of life for the entire population of a nation. The attainment of this objective
requires full participation of all segments of the population and all of essential services for
the enrichment of life of a community. It also requires effective programmes of social welfare,
community development, social security and mobilisation of the masses for the development
of public works and community services" 16 .
Cependant le résultat n'est pas à la hauteur de ce qui était espéré car la participation était
souvent obligée ou spontanée. C'est par exemple le cas de l'Ethiopie où la participation de la
population cadrée par le kebele se faisait dans les années 1980 sur la base d'une obligation et
au détriment des valeurs sociales. Nous pouvons citer le nettoyage de quartier, la plantation
des arbres et autres projets de développement qui se faisaient le dimanche, jour de "senbet" à
respecter pour les chrétiens éthiopiens. On trouvait ainsi des expressions "implicites" de
mécontentement comme par exemple la plantation des arbres à l'envers!
15 Selon Meister A., "participation, animation et développement", Voir également annexe 17
16 Institut for labour studies , OAU (1981). Lagos plan of action for the economic developement in Africa 1980-
2000. Geneva : Institut of Labour Studies, p. 38, cité par Senkoloto, in: ( Mondjanagni, 1994)
249

A Addis Abéba, comme dans nombreuses villes des PED, la participation de la population
apporte beaucoup pour atténuer la précarité urbaine (gestion par la population des latrines,
nettoyage des fossés, curage des réseaux pluviaux enterrés). Elle tente de compenser
l'insuffisance des services municipaux. Nous pouvons citer comme exemple le cas de des
commerçants de l'avenue Adewa à Addis Abéba qui nettoient à leurs frais les regards des
réseaux pluviaux afin d’éviter les débordements.
Aujourd'hui avec la complication de la gestion urbaine la participation populaire est
indispensable dans la lutte pour la résorption de la précarité urbaine. Les pratiques et les
expériences du passé doivent donc permettre aujourd'hui de mener une participation efficace
et concertée pour résoudre le problème de la gestion urbaine qui dépasse de plus en plus les
moyens des services municipaux. Le défi est important car il faut créer non pas une
participation spontanée et éphémère mais une implication pérenne basée sur la conviction et
sur l'appropriation.
III.2.1.d Subsidiarité
Depuis quelques années, le concept de subsidiarité est utilisé dans le thème organisationnel
des services urbains 17 au-delà de son usage habituel politique dans la commission européenne.
Dans l'union européenne le principe de subsidiarité est utilisé pour limiter l'effet centralisateur
de la communauté européenne. "Les Etats membres vont confier à des institutions communes,
conformément au principe de subsidiarité, les seules compétences nécessaires pour mener à
bien des tâches qu'elles pourront réaliser de manière plus satisfaisante que les Etats pris
isolément" 18 .
Le dictionnaire (Petit Robert) donne une définition plus explicite : la subsidiarité est un
principe "qui limite les pouvoirs de la communauté européenne considérés comme
subsidiaires 19 par rapport à ceux des Etats membres et des Régions".
17 Atelier de Poitiers "morphologie urbaine et développement durable, 1993), INGÉNU, le génie urbain entre
l'économie d'échelle et la subsidiarité, 1996.
18 Projet ( Spinelli) de traité instituant une union européenne; cité par MILLON-DELSOL (1993).
19 "Qui constitue un recours, qui doit venir à l'appui d'une chose plus importante si c'est nécessaire.",
dictionnaire Petit Robert (1993)
250

Ce principe est donc fondé sur l'idée d'attribuer davantage de pouvoir de décision et
d’exercice de responsabilité aux instances locales. On trouve donc dans le principe de
subsidiarité une notion de proximité. D'ailleurs, le sommet de Birmingham avait rebaptisé la
subsidiarité en "proximité" afin de rendre le concept plus abordable (Millon-Delsol, 1993).
Mais, ce principe organisationnel est également lié à la notion de pertinence : la répartition
des rôles entre les instances inférieures (régions, nations ) et l'instance supérieure (l’Europe).
Les défenseurs de ce principe le caractérisent comme un principe qui s'intéresse plutôt aux
répartitions de compétence qu'à l'attribution du pouvoir.
La recherche de niveaux d'intervention s'opère dans la subsidiarité, sur la base de deux
facteurs (motifs) : l'insuffisance et l'optimisation. L'optimisation repose sur le constat
d'insuffisance et sur la possibilité de faire mieux à un autre niveau (supérieur ou inférieur).
L'insuffisance, d'une instance ou d'une solution, conduit à deux types de subsidiarité :
- Lorsque l'instance supérieure se trouve éloignée et devient insuffisante pour
comprendre le problème et pour intervenir, le principe de subsidiarité accorde les
compétences nécessaires aux instances locales .
- Les instances locales deviennent insuffisantes lorsque la situation dépasse leurs
optiques de vision et moyens d'action. Dans ce cas, l'intervention d'une instance
supérieure sera nécessaire, selon le principe de subsidiarité, pour répondre d'une
manière harmonieuse aux insuffisances des instances locales. Cela peut être les cas
d'externalités, d'insuffisance avérée, de catastrophes inattendues, de concurrence
excessive, de conflit grave, de coordination (Millon-Delsol, 1993)
Subsidiarité et gestion urbaine
Le principe de subsidiarité est d’un grand intérêt pour la réflexion sur l'organisation de la
gestion urbaine. Celle-ci est marquée par la recherche d’un niveau pertinent (central ou local)
et est souvent attirée par le courant de pensée « actions de proximité ». Cette situation est très
visible dans le cas de l'assainissement urbain au travers ses problématiques récentes :
- gérer les flux au plus près de leurs sources pour éviter la pollution et
l'inondation,
251

- le développement des techniques locales comme des alternatives ou des
compléments au réseau : infiltration et stockage au niveau de la parcelle ou du
lotissement, assainissement autonome individuel ou groupé
- récupération et utilisation des eaux pluviales au niveau de la parcelle
On trouve une interprétation analogue de ce principe dans le service urbain proposé par
l'atelier de Poitiers en 1993 et développé par la suite par des recherches exploratoires animées
par INGUL 20 auxquelles nous avons participé pour le secteur de l’assainissement :
- "le principe de subsidiarité, ou plutôt sa traduction dans ce domaine, engage à
régler au plus près les problèmes qui se posent, au niveau de l'unité de voisinage, ou
d'une ville à portée de main" (Duhem et Royoux, 1993).
-"Le principe de subsidiarité peut être défini dans le service urbain (notamment en
assainissement) comme un principe permettant de gérer les flux et pollutions au plus
près ou à un niveau pertinent, de responsabiliser et de faire participer les acteurs
locaux et les usagers, et de retrouver un niveau d'intervention plus pertinent pour la
planification et la gestion technique des services à assurer." (Wondimu, 1995)
L'intérêt de ce principe réside dans le fait qu’il n'oppose pas aveuglément le central au local
comme c'est le cas de quelques dérives de la décentralisation ou centralisation. Ces dérives
sont dues au fait de doter le local ou le central de plus de pouvoir sans se soucier de la
finalité.
Ce principe est basé sur une logique de recherche du niveau pertinent en cascade en partant
de l’échelon local relatif au domaine en question. Selon l'analyse de Barraqué (1997) 21 la
recherche de ce niveau peut être soit à partir du bas soit à partir du haut. Ainsi, elle peut
partir, ou aboutir, à celui d'un individu.
20 Institut National de Génie Urbain de Lyon
21 "Dans la subsidiarité, on part de la personne, à laquelle on laisse son autonomie tant qu'elle peut l'assumer. Si
elle ne le peut pas on cherche à responsabiliser le niveau supérieur, la famille. La famille à son tour s'emboîte
dans un niveau corporatif supérieur, et l'on remonte ainsi progressivement, en cas de besoin, jusqu'à l'Etat".
252

Les deux autres intérêts de cette notion pour la gestion urbaine se trouvent dans ses volets
concernant la citoyenneté : la responsabilisation et la participation de l'usager citoyen. "Le
principe de subsidiarité en appelle à la société civile pour l'accomplissement d'une partie des
tâches d'intérêt général." (Millon-Delsol, 1993).
Ce principe nous paraît très utile pour définir un processus de gestion pertinent et citoyen.
Nous nous y appuyons dans notre démarche de construction d’un outil organisationnel. Par
ailleurs, on trouve une application du principe de subsidiarité dans la gestion des crues
proposée en Suisse pour définir les échelles de gestion et d'action 22 .
III.2.1.e Les théories de l'organisation
Les théories de l'organisation sont marquées par les problématiques des entreprises qui sont
souvent à l’origine de leur émergence et de leur développement. Ces théories se basent sur
diverses approches : économique (théorie de la firme), systémique, socio-technique,
psychosociologique, cognitives, etc.
Certaines théories récentes, issues de la sociologie organisationnelle, sont plus pertinentes
pour l'analyse de la participation populaire. On retient les notions telles que : la motivation,
les théories des conventions, le sentiment d'appartenance, l'implication, etc.
Pour l'école des relations humaines, la prise en compte de la motivation de l'individu est une
pré-condition importante pour analyser une organisation et agir sur elle (Dortier et al. 1999).
Le moteur de cette motivation pour la participation se trouve, selon (Crozier et al, 1977),
dans le fait que les individus d'un groupe trouvent leurs intérêts, "suffisamment importants
pour justifier une mobilisation de leur part". Plus cet intérêt est important et équilibré, plus il
permet à l'individu d'avoir un sentiment d'appartenance. Celui-ci, bien qu'il ne soit pas une
nécessité en soi, constitue un "moyen de garantir de part et d'autre la loyauté minimale
indispensable au bon fonctionnement de l'entreprise" ( Bellier-Michel, 1999).
22 Consuegra et Vez (1997). Régionalisation et subsidiarité : un exemple d'approche hiérarchisée de la gestion
des crues. FREIND (Flow Regimes from International Experimental and Network Data).
253

L'action collective est également porteuse d’intérêts divergents à réconcilier. Les écoles des
conventions avancent la nécessiter d'accord. "La convention permet de coordonner des
intérêts contradictoires qui relèvent de logiques opposées, mais qui ont besoin d'être
ensemble pour pouvoir être satisfaits" 23 . .
L'implication, selon l'analyse de Bellier-Michel (1999), relève dans le cas du travail en
entreprise plutôt des valeurs que l'individu en question accorde à la tâche qui lui est
attribuée : "valeur du travail".
Ces notions développées dans et pour l'organisation de l'entreprise permettent d'avoir
certaines réflexions pour expliquer et prévoir la place de l'individu (ménages) dans l'action
collective des projets de développement urbain. La différence de la nature de l'organisation
entre la ville et l’entreprise limite cependant la validité des théories dans ce domaine
III.2.2 Approches de gestion des eaux
Certaines limites de l'approche classique ont conduit depuis quelques dizaines d'années à
remettre en question le dogme de l'assainissement : évacuer le plus vite et le plus loin
possible. Cette remise en question a permis l'émergence de nombreuses approches souvent
complémentaires. La plupart de ces approches est élaborée dans le contexte des pays
développés. Nous nous intéressons aux concepts de ces approches et à leur application et
adaptabilité dans les PED en général et à Addis Abéba en particulier.
III.2.2.a L'approche réseau et sa sophistication
Le réseau d'assainissement, né avec la révolution industrielle et le mouvement hygiéniste de la
seconde moitié du XIX ème siècle, constitue aujourd'hui la technique la plus utilisée pour la
gestion des eaux pluviales urbaines. Bien que son application exclusive soit remise en cause
avec l'émergence des techniques alternatives, son usage domine toujours par les avantages
d'économie d'échelle qu'il permet et mais aussi par sa présence (valeur patrimoniale).
23 Salais Réseau (1989). "Economie des conventions", Revue économique n° 2.
254

Au fil de temps le réseau s'est spécialisé (séparation eaux usées et pluviales). Il est également
automatisé pour réduire sa vulnérabilité vis-à-vis des aléas internes et externes et pour
améliorer la qualité du milieu récepteur. Cette gestion automatisée se réalise sous deux formes
utilisées d'une manière séparée ou combinée. Il s'agit de
- la gestion automatisée des ouvrages
- la gestion automatisée des flux : gestion en temps réel.
Dans le premier cas, il s'agit de contrôler le fonctionnement des ouvrages et de gérer à
distance pour faciliter l'exploitation du réseau. La gestion en temps réel consiste à optimiser la
capacité de collecte, de stockage, de traitement et de restitution du système d'assainissement
vis-à-vis des aléas internes et externes. Cette approche repose sur l'idée essentielle selon
laquelle les intensités de pluie présentent une très grande variabilité spatio-temporelle
(Acka,1993). Cette gestion automatisée de flux permet, de suivre, analyser et contrôler le
fonctionnement du réseau avec un très faible décalage de temps afin d'intervenir rapidement
pour apporter des remèdes correctifs ou préventifs (Chocat et al., 1997).
Bien que cette technique facilite la tâche du gestionnaire, son apport réel pour éviter
l'inondation n'est pas encore visible comparé à son coût. "En effet, il reste impossible de
démontrer que des inondations auraient pu se produire ou s'avère plus grave en l'absence de
gestion temps réel" (Chocat et al., 1997).
III.2.2.b Système dual de drainage
Ce concept de gestion repose sur deux systèmes, le système mineur et le système majeur de
drainage. Le système mineur concerne le réseau classique et ses accessoires (tuyau, fossé,
avaloirs, regards). Le système majeur se compose des éléments de l'espace urbain comme la
voirie et les espaces verts qui stockent et évacuent les eaux excédantes du réseau. Cette
approche est née à la fin des années 1960 24 . Elle s'est plus développée dans les décennies
suivantes avec des travaux plus approfondis 25 .
24 Le premier travail abordant ces deux systèmes est le manuel réalisé par Wright et McLaughlin pour la ville
de Denver, intitulé "Urban storm drainage Criteria Manuel, Denver, Colorado, 1968 (Rivard G., 1998).
25 Entre autres, le travail de WEF/ASCE intitulé "Design and construction of urban storm water management
systems", American Society of civil engineers/Water and Environment Federation, New York, 1992.
255

Cette approche constitue le passage de l'assainissement à la gestion des eaux pluviales
urbaines. La conception de ce double système de drainage implique ainsi la révision de la
méthode classique et sectorielle de la conception des éléments urbains : réseau, voirie, habitat
et mobilier urbain. Parmi les dispositifs techniques de ce mode de conception, on trouve par
exemple les éléments suivants.
- Les grilles des rues doivent être conçues de façon à éviter le sur-chargement du
système mineur (en interceptant seulement le débit que le réseau est capable
d'acheminer) et comme régulateur qui limite le débit intercepté pour les pluies
rares ;
- La localisation et les dimensions des regards doivent assurer l'interception de
débit acceptable par le system mineur et majeur (Rivard , 1998) ;
- Les bâtiments doivent être aussi conçus de façon à éviter l'inondation par les
eaux du système majeur.
Dans les PED, cette approche a été utilisée par exemple dans les projets de réhabilitation
urbaine (1992-1995) des nombreux quartiers de bidonvilles de l'Indore en Inde pour
concevoir leur système de drainage (Kolsky et al, 1998).
Cette approche de conception est en principe très intéressante pour les PED dans la mesure
où elle diminue le coût d'investissement par rapport à l'approche classique "tout réseau".
Toutefois, se pose la question du devenir du flux en cas du blocage de système mineur :
situation courante dans les PED.
III.2.2.c Maîtrise du ruissellement ou contrôle à la source
Cette approche de gestion repose sur les techniques dites alternatives ou compensatoires qui
sont apparues dans la seconde moitié du XXème siècle bien que leur usage ait déjà été
observé dans des civilisations très anciennes qui les utilisaient notamment pour
l'approvisionnement en eau 26 .
256

Elle est née dans le contexte des villes des pays développés et plus spécifiquement avec les
problématiques de l'assainissement pluvial lié à l'urbanisation des zones périphériques : site
plat, exutoire éloigné, sections du réseau inabordables 27 , saturation du réseau existant, etc.
Cette émergence a été favorisée également par la montée des préoccupations écologiques et
par la reconquête de l'eau dans la ville.
Ces techniques reposent sur deux principes : stockage et infiltration, pour minimiser le
ruissellement et le sur-chargement du réseau. Elles sont utilisées à différentes échelles
d'espace - de la parcelle jusqu'à celle de la ville - avec différents types d'ouvrages : de la
simple noue à des bassins de rétention de taille importante.
Bien que ces techniques apportent une solution alternative sur le plan technique, leur apport
sur la diminution du coût n'est pas systématique. Les études du coût de ces techniques
donnent des résultats mitigés comparés aux techniques classiques (réseau) selon le site.
Cependant, ces techniques apportent d'autres avantages relatifs aux multiples usages qu'elles
offrent en plus de la diminution des flux d'eau et de polluants à gérer en aval.
Certaines de ces techniques sont consommatrices d'espace et elles nécessitent une gestion plus
renforcée : deux facteurs qui conditionnent souvent leur application en milieu urbain très
dense caractérisé par une forte pression foncière et une concentration de déchets (notamment
dans les villes des PED). L'entretien constitue le facteur déterminant pour la pérennité et le
bon fonctionnement de ces techniques.
En Afrique, l'application (plus théorique qu'opérationnelle) de techniques alternatives a
commencé dans les années 1980. On voit déjà en 1985 dans un bulletin de liaison du CIEH
des propositions d'application de ces techniques au niveau de la parcelle et sur la voirie. Une
chaussée d'infiltration a été construite comme site pilote dans la ville de Tahoua (Niger) 28 .
26 In : (Alfakih, 1991)
27 Il a été question de tuyau de 4 mètre de diamètre dans un cas d'une ville nouvelle (Dupuy et al, 1992).
257

Par leur configuration spatiale et leur densité, les villes des PED ne sont pas un terrain facile
pour l'application de ces techniques. Cependant, la réflexion, au cas par cas, sur leur apport et
pertinence est nécessaire pour trouver des solutions plus adaptées et innovantes sur les plans
financier et technique
A Addis Abéba, la plupart des techniques alternatives sont restées longtemps inconnues par
les gestionnaires. L'utilisation de bassin de rétention en amont de la ville est récemment
proposée par le schéma directeur de la protection contre les crues (2000-2020) pour minimiser
la pointe des cours d'eau dans le centre ville. Cette proposition a été déjà recommandée par le
schéma directeur de1986.
Ces techniques méritent à notre avis des réflexions notamment dans le cadre des projets
d'expansion et de rénovation urbaine même si la forte imperméabilité de sol limite déjà leur
usage extensif.
III.2.2.d Gestion intégrée ou approche "bassin versant" /watershed approach/
Cette famille de concepts a émergé dans les années 1990 marquées par les préoccupations
écologiques bien que quelques initiatives existent déjà comme le système d'agences de bassin
français créé en 1964 29 .
La gestion intégrée repose sur un principe de gestion qui tente de prendre en compte
l'ensemble des usages de l'eau et de sa qualité, les acteurs et leurs actions, les moyens et les
outils utilisés et nécessaires. Cette approche vise donc à harmoniser les décisions et les actions
entre les différents acteurs, à conjuguer l'ensemble des moyens et à inscrire la gestion de l'eau
dans un cadre plus large (économique, environnemental, national) 30 .
28 Herz R. et Maikibi M., bulletin de liaison du CIEH, n°63, 1986, cité par (Bouvier et al. 1990).
29 Selon le décret du 14 septembre 1964, les agences sont chargées de "faciliter les diverses actions d'intérêt
commun au bassin ou groupement de bassins engagés, ….., en vue d'assurer l'équilibre des ressources et des
besoins en eau, d'atteindre les objectifs de qualité fixés par les règlements…., d'améliorer et d'accroître les
ressources de la circonscription et d'assurer la protection contre l'inondation".
30 Agroud N, Cadon B & Desmet A., Les ressources en eau dans les zones semi-arides. [On-line], la bibliothèque
IGE, non-daté, consulté le [04/02/1998].
258

Le principe de la gestion intégrée repose également sur un principe "penser globalement et
agir localement". Il s'agit donc de définir de manière cohérente les orientations au niveau
global (souvent bassin versant) en se basant sur les réalités locales ; et de favoriser les
actions au plus près du terrain.
L'intérêt de cette approche est qu'elle permet de poser la question d'organisationnelle. Elle
peut donc permettre de définir les différents niveaux d'intervention nécessaires pour
accomplir une gestion à la fois cohérente (au niveau d'un bassin versant) et locale.
L'application courante de cette approche est la gestion des cours d'eau. Dans ce domaine, elle
vise à mettre en place une démarche participative des différents acteurs et des mesures
nécessaires (technique, institutionnelle, réglementaire, financière) afin d'harmoniser et
d'équilibrer les différents usages et fonctions de l'eau (Chocat et al., 1997).
Cette approche se réalise selon les pays au niveau des bassins versant des grands fleuves, au
niveau régional ou national. En France elle se réalise notamment au niveau des six bassins
(agences de l'eau) et en Angleterre au niveau national avec National Rivers Authority. En
Allemagne, le LAWA, le service du Länder est chargé de la gestion de l'eau et de déchet
(Wondimu, 1995).
L'application à l'échelle de la ville, notamment pour une gestion des eaux pluviales urbaines,
consiste à assurer une coordination des services municipaux afin d'harmoniser et de
conjuguer leurs actions pour maximiser la performance de la gestion en terme de diminution
d'incidence et d'impacts.
Dans les PED, bien que ce principe existe dans le discours et dans les rapports, son
opérationalité n'est pas encore bien assurée. "One of the major problems is the failure to
manage these urban areas in an integrated manner especially the total water management
aspects" 31 .
259

L'apport de cette approche est important pour la ville d'Addis Abéba. Comme nous avons vu
dans les parties précédentes, l'une des causes majeures de dysfonctionnement réside dans le
manque d'une vision globale au niveau du bassin versant et dans l'absence de liaison et de
coordination entre les actions menées par différents acteurs à différents échelons.
III.2.2.e Gestion du risque et le concept "hydro-système"
Le développement urbain, qui a longtemps négligé les éléments de l'espace où il s'inscrit, a
connu de surprises douloureuses liées notamment à l'eau et aux cours d'eau : inondation,
coulées de boue, pollution, pénurie, etc. Ces expériences ont conduit les gestionnaires et les
chercheurs à revoir leurs approches sectorielles de raisonner, de planifier et d'agir. Ainsi, on
voit depuis les années 1980 l'émergence et le développement des concepts qui abordent la
gestion de "l'espace rivière" dans et en tant qu'élément de l'espace urbain.
Parmi ces concepts, on trouve la gestion de risque et l'hydrosystème ainsi que leurs dérivés :
inondabilité, champ d'inondation, etc.
Gestion du risque
Le risque est défini comme un phénomène qui résulte de la rencontre entre un élément
perturbateur de nature aléatoire et un élément vulnérable (Chocat et al., 1997).
L'approche risque, est utilisé dans divers domaine pour faire face à des dangers potentiels et
aux dommages qu'ils engendrent, d'origine naturelle et /ou humaine incontrôlables et
imprévisibles. La gestion du risque est née dans l'acceptation de deux réalités :
- tout n'est pas prévisible à 100% par conséquent le risque zéro
n'existe pas
- l'Homme et ses technologies ne peuvent pas tout maîtriser.
Dans la gestion de l'eau, le risque apparaît sous forme de trois phénomènes, souvent associés.
Il s'agit de l'inondation, de la pollution mais aussi de la pénurie. L'aléa vient de la
précipitation pour le risque de l'inondation et de pénurie. Pour la pollution, il vient de
l'espace (bassin versant urbain ou rural ) et du risque d'inondation : le risque constitue donc un
aléa à son tour. Selon la vulnérabilité de l'espace ces aléas causent des phénomènes plus ou
moins catastrophiques.
31 (Gladwell et al, 1993),UNESCO, p.2.
260

L'aléa représente ce qui est imprévisible (ou peu prévisible) et dépend dans la plupart des cas
de la météorologie. La pluie possède un caractère imprévisible dont on ne maîtrise ni la
quantité ni la durée ni l'occurrence d'apparition. La vulnérabilité traduit les dommages
éventuels que peut causer l'eau, ou l'incompatibilité entre l'usage socio-économique d'un
espace et de l'eau (Gilard, 1997).
Ce concept d'analyse basé sur le risque est plus appliqué dans les cas des inondations
"fluviales" causées par les cours d'eau de bassin relativement important (environ 100km² et
plus). A cette échelle d'espace, l'interdépendance entre aléa et vulnérabilité est plus contrastée
(visibles) qu'à l'échelle de petit bassin urbain où l'interdépendance devient plus complexe.
Dans ce dernier cas l'accroissement de la vulnérabilité (causée par l'urbanisation) constitue un
facteur supplémentaire d'accroissement de l'aléa (Gilard, 1997).
L'application de la gestion du risque en assainissement urbain englobe de multiples actions :
préventive (évaluation, planification, règlement), gestion de crise (alerte, secours) et l' après
la crise (aide, assurance) (Chocat et al., 1997). Les actions doivent porter plus à minimiser la
vulnérabilité de l'espace qui est relativement maîtrisable. "La perception du risque se détache
d'une perspective fataliste ou naturelle. Dans la mesure où on considère que le risque est lié à
l'activité humaine, on peut agir sur cette activité de manière à réduire la probabilité
d'occurrence des dommages associés" (Pucci et al, 1999).
Cette approche élargit le domaine de l'hydrologie urbaine, de l'ingénierie de l'assainissement,
à une dimension plus large de la gestion de l'espace. Cet élargissement nécessite une
recomposition, ou tout au moins un ajustement, des structures de gestion existantes.
L'application de ce concept dans la gestion des crues a fait l'objet de travaux de recherche qui
portent sur les notions dérivées comme l'hydrosystème et l'inondabilité 32 (champs
d'inondation). Ces travaux reposent sur deux actions :
32 On peut citer comme exemple les travaux du CEMAGREF( qui s'intéressent avec le modèle AGREGEE à la
fréquence de 100 ans ) et les travaux de l'EDF( qui a développé le modèle GRADEX pour l'analyse de fréquence
1000ans) ( entretien avec Nicolas Gendros, CEMAGREF, 1999).
261

- définition des niveaux de protection (exprimé en terme de
période de retour) pour chaque zone en fonction des trois
éléments : aléas, vulnérabilité et tolérance ;
- l'aménagement de l'espace et du cadre bâti pour répondre à
différents niveaux de protection et de gestion du surplus : lit
majeur, lit mineur et espace de stockage.
L'un des acquis de cette approche est son utilisation dans la l'élaboration du POS ou dans
d'autres procédures de planification (spécifiques au risque ou non) pour identifier le degré
d'inondabilité des espaces urbains et pour envisager des mesures nécessaires.
L'autre point intéressant est la démarche de concertation (entre les gestionnaires, les
aménageurs, les habitants, etc.) utilisée dans la définition des niveaux de protection.
Cette démarche permet d'avoir une sensibilisation des citadins au risque et une
responsabilisation des acteurs concernés.
L'application de cette approche a déjà bien commencé dans quelques villes des PED.
Quelques travaux de recherche étaient lancés au milieu des années 1990 par l'ORSTOM à
Quito, Ouagadougou, Dakar, Niamey sous le programme RUES (Risques Urbains liés aux
Ecoulements des sols) 33 .
A Addis Abéba, l'approche risque a déjà été utilisée en 1982 dans l'étude du BCEOM.
Cette étude avait défini les degrés de sensibilité au risque d'inondation des lits majeurs
des cours d'eau en fonction du coût de dommage annuel par kebele : faible ( 30 000
birrs). Cette étude n'a été cependant jamais appliquée.
L'approche risque est d'un grand intérêt pour la ville d'Addis Abéba pour résoudre d'une
manière réfléchie et concertée le risque dans l'espace rivière (lit mineur et majeur). Au-delà de
son apport d'aide à la décision, elle permet surtout d'attirer l'attention des élus et des
occupants de ces espaces, sur le risque potentiel de chaque site. Le nouveau schéma directeur,
33 Bouvier C., Programmes RUES : Bilan 95 et perspectives, août 95.
262

éalisé récemment pour la protection contre les crues, a manqué d'élaborer cet indicateur qui
pourrait apporter des éléments solides pour l'usage des espaces rivières.
Hydrosystème
Le concept hydrosystème est utilisé pour désigner et mettre en valeur les diverses dimensions
spatiales, temporelles, systémiques et hydrauliques des cours d'eau.
Selon ce concept, les rivières ne sont pas de simples canaux unidirectionnels et se composent
de quatre dimensions :
- la dimension longitudinale (écoulement et diffusion amont-aval) ;
- la dimension transversale (lit mineur, majeur, débordement) ;
- la dimension verticale (régime hydrologique de la nappe et de
l'écoulement superficiel) ;
- la dimension temporelle : évolution des cours d'eau dans le temps
(Piégay, 1997).
Cette approche est considérée comme un outil conceptuel d'aide à la décision dans la
recherche d'une gestion intégrée et durable (Piégay, 1997).
Dans le cas de la gestion des cours d'eau urbains, cette approche met en évidence les
interactions rétroactives (occupation des sols, exploitation - gestion- inondation ) entre
l'espace urbain et ses hydrosystèmes. L'urbanisation qui occupe le lit majeur réduit d'une part
les champs d'inondation, ce qui occasionne des débordements sur place et engendre d'autre
part une augmentation de la pointe de crue en aval à cause de la réduction du stockage
hydrographique.
L'urbanisation et sa pression foncière font oublier souvent l'existence de différentes
dimensions des rivières et causent la régression des réseaux hydrographiques naturels au fil de
temps. A titre d'exemple, la ville de Nantes (France) a perdu ses petits ruisseaux en 2 siècles
(Hubert, 1990).
263

Il s'agit donc de considérer la rivière comme un système qui réagit avec le changement qu'il
subit sur son espace hydrographique (bassin versant). Cette réaction d'auto régulation, si elle
est issue de l'ignorance de l'hydrosystème, peut produire des conséquences négatives à long
et à court terme comme il est illustré dans la figure 41.
Figure 41 :
L’urbanisation dans l’hydrosystème : des ajustements naturels aux
rétroactions négatives selon (Piégay, 1997).
III.2.2.f Aspect ressources
L'eau, l'élément dominant de notre planète (71%), est en majorité inutilisable (98%) pour la
consommation ou l'irrigation à cause de sa teneur élevée en sel. La terre dispose de ressources
en eau souterraine et superficielle de 40 000 milliards m3 d'eau pour sa consommation de
plus en plus croissante (Sironneau J, 1996). La précipitation constitue la source majeure de
cette ressource accessible. La répartition inégale de l'eau dans l'espace et dans le temps, la
264

pollution liée à l'activité humaine et la croissance démographique rendent cette ressource de
plus en plus rare.
L'eau pluviale constitue ainsi partout dans le monde un enjeu majeur par sa dimension de
source de vie ou/et par sa dimension de source de risque. Ces deux dimensions sont rarement
prises en compte ou perçues intégralement. L'eau pluviale urbaine est souvent associée à
l'assainissement et à ses dogmes " évacuer le plus vite et le plus loin possible".
Or, la croissance démographique et l'urbanisation apportent de plus en plus des phénomènes
nouveaux qui se manifestent par la rareté de la ressource. La déforestation et l'urbanisation
favorisent d'une part l'augmentation du ruissellement et la montée rapide de crue.
En Afrique, dans les zones du Sahel et du Sahara, l'approvisionnement en eau a conduit au
recours à des ressources rares et coûteuses : en Libye l'exploitation de ressources nonrenouvelables,
en Egypte et en Tunisie, le recyclage des eaux de drainage et des eaux usées,
etc. 34 .
Il faut donc prendre en compte l'aspect ressource des eaux pluviales urbaines avec une vision
globale. Cette préoccupation est déjà en route depuis quelques années dans les pays
développés avec notamment le principe de la gestion intégrée et la reconquête de l'eau en
milieu urbain. Dans les PED, cette question nécessite des mesures concrètes au-delà des
déclarations d'intention pour surmonter les problèmes liés aux ressources en eaux.
Comme conclusion de l'analyse des approches de gestion, nous retenons d'une part le manque
de courants de pensées ou d'approches issues des cas des PED et d'autre part la
méconnaissance des nouvelles approches (formulées et expérimentées dans les pays
développés ) dans ces PED. Il est donc nécessaire aujourd'hui pour ces pays de développer des
stratégies et des approches qui conviennent à leur problématique et de profiter de
l'avancement scientifique et stratégique pour éviter les erreurs commises dans les pays
développés.
34 Agroud N, Cadon B & Desmet A., Les ressources en eau dans les zones semi-arides. [On-line], la bibliothèque
IGE, non-daté, consulté [04/02/1998].
265

III.3 PROPOSITION D’UNE APPROCHE ORGANISATIONNELLE POUR UNE
GESTION RESPONSABLE, PARTICIPATIVE, COORDONNEE ET DURABLE
III.3.1 Constat de départ
Dans toutes ses parties (centre, intermédiaire, périphérie), la ville d’Addis Abéba est
confrontée aux problèmes liés à l’eau pluviale qui, par inondation, stagnation et montée de
crue, nuisent à la santé, la sécurité et l’économie de la ville. La plupart de ces problèmes
nécessite des mesures urgentes à la fois pour améliorer le cadre de vie des habitants mais
aussi pour éviter la complication du problème au fil du temps.
III.3.1.a Limite du service municipal et importance des actions locales
Comme nous l'avons vu dans l'analyse des rôles des multiples acteurs engagés dans
l'assainissement et le développement local, l'effort public se trouve très limité dans l'espace
(voirie primaire et secondaire) et dans le temps (absence de gestion après la réalisation des
travaux).
La gestion urbaine et l’assainissement au niveau de la maille et de l’inter-maille sont délaissés
à la population qui, à travers des comités de développement local, des aides de la ville et des
ONG, essaie de se débrouiller pour améliorer son quartier sans se soucier parfois de l’impact
en aval. Dans l’absence de service public et avec la « débrouillardise » individuelle, le
problème s’aggrave de jour en jour.
De plus, la cause majeure du problème lié à l’eau pluviale ne vient pas seulement du manque
d’équipement mais également du manque d’entretien de celui qui existe. Là encore, les
services de collecte de déchets et de l’entretien de voiries se limitent au niveau des voiries
primaires et de quelques voiries secondaires. Au niveau des voiries tertiaires et de l’intra
maille, il n’existe aucun système d’entretien des rues. Chaque ménage nettoie de temps en
temps le fossé devant sa porte quand cela devient gênant.
266

Par ailleurs, la participation de la population est considérée comme un élément important pour
le développement durable. Sur ce point, la ville dispose, comme nous avons vu, d'un acquis
important.
Cependant, la question qu'on se pose est de savoir comment réconcilier le caractère territorial
et collectif de la gestion des eaux pluviales (lié à la notion de bassin versant) avec les
interventions ponctuelles locales et éparpillées qui s’imposent dans la réalité. La nécessité de
la participation de la population est incontournable à cause de l’insuffisance de l'organisation
centralisée. Il est cependant indispensable de prévenir et de minimiser l'effet pervers souvent
présent de l’action collective. "Toutes nos actions risquent d'aboutir au contraire de ce que
nous cherchons à réaliser : l'effet contre intuitif est au cœur même de tout effort d'action
collective" (Crozier et al, 1977).
III.3.1.b Réseau peu centralisé
L'autre constat concerne l'organisation du réseau artificiel. Celui-ci est caractérisé à Addis
Abéba par un système peu centralisé avec des points de rejets immédiats grâce à l'existence
d’un réseau hydrographique très dense. Ceci minimise l’ampleur des relations amont-aval
dans le drainage urbain. Il sera donc pris en compte dans la définition du niveau de gestion
des eaux pluviales
II.3.1.c Nécessité d'un ajustement organisationnel et de la subsidiarité
Compte tenu de l'inadéquation (ancienne, actuelle et probablement future) entre les moyens et
les tâches des acteurs centraux des eaux pluviales de la ville, il est nécessaire d'ajuster voire
de redéfinir l'organisation actuelle afin de permette une répartition des rôles basée sur la
réalité hydrologique et organisationnelle et de cadrer le rôle de la population.
L'ajustement concerne à la fois le champ de vision et d'action. Cela implique une définition
pertinente des niveaux d'intervention en partant du niveau le plus local vers le plus global et
inversement, selon le principe de subsidiarité.
267

III.3.2 Présentation générale de l'approche
En se basant sur le constat développé ci-dessus, nous avons proposé une approche
organisationnelle basée sur l'espace et le temps. La finalité visée est une gestion responsable,
participative, coordonnée et durable capable de fournir des éléments stratégiques afin de
résoudre le problème organisationnel du système de gestion des eaux pluviales urbaines.
III.3.2.a Les quatre notions fondamentales : responsabilité, participation, coordination
et durabilité
Responsabilité
La responsabilité, qui doit émerger non pas seulement par des lois mais plutôt de la
motivation et de l'implication des citadins, élus et gestionnaires habitants, doit permettre de
répondre à l'urgence et de développer chez les acteurs des rigueurs et consciences dans
l'accomplissement de leurs tâches.
La complication du problème n'est pas due seulement à l'insuffisance des moyens mais
également au manque de citoyenneté tout court. Il n'est pas rare de rencontrer des habitants
qui déchargent leurs déchets sur l'espace public ou dans le réseau, même lorsque le système
de collecte existe. Les fonctionnaires de la ville et les élus doivent se considérer comme des
citoyens de la ville. Ceci est indispensable pour minimiser (voire éviter) la corruption et
l’irresponsabilité qui réduisent substantiellement l'efficacité des moyens mobilisés, déjà très
limités. Le constat de Saint-Just 35 est encore vrai : "Depuis qu'il y a dans ces sociétés
"populaires" trop de fonctionnaires et trop peu de citoyens, le peuple y est nul". La
citoyenneté doit donc exister pour que le peuple puisse vivre dignement. La définition
pertinente des niveaux d'intervention favorisera la responsabilisation des acteurs, de l'individu
aux élus. Une définition des niveaux basée sur la réalité locale permet de désigner l'acteur
compétent qui peut être réellement responsable.
Participation
La participation de la population s'impose par défaut du service municipal et par principe de
durabilité. Deux questions se posent à cet égard : Quel rôle ? Comment harmoniser
l'élargissement (donc la complication) de l'action collective avec l'intégration de la population
dans le processus de gestion? L'un des objectifs du modèle proposé est d'apporter des
268

éléments de réponse à ces questions avec l'outil d'aide à la définition de niveaux
d'intervention.
Coordination pour codécision et coopération
La coordination est un élément indispensable à l'action collective pour assurer un
développement urbain durable en minimisant l'impact négatif des interactions ente différents
équipements ou services (cf. 1 ère partie). La coordination entre les acteurs du SGEPU
(Système de Gestion des Eaux Pluviales Urbaines) permettra
- l'harmonisation des actions,
- l'optimisation des moyens financiers, techniques et humains,
- un gain au niveau du service rendu.
La coordination doit être proposée et non pas imposée pour obtenir le sens d'appartenance et
ses effets bénéfiques. Elle doit être négociée, adoptée et adaptée par les acteurs dans une
optique d'intérêt commun et général tant au niveau national (entre la région d'Addis Abéba et
la région d'Oromiya), qu'aux niveaux régional (entre différentes institutions de la ville) et
local. Cette coordination participative et évolutive renforcera le sens de responsabilité chez les
acteurs et assurera sa propre pérennité. Nous insistons sur la pérennité car ce qui manque en
Afrique ou dans les pays pauvres n'est pas l'idée ou les tentatives d'actions. C'est la pérennité
de ce qui est entrepris enrichi du retour d'expérience. A Addis Abéba la question de la
coordination est une question ancienne (depuis au moins une vingtaine d'années) et les
tentatives éphémères ont été aussi observées notamment entre les gestionnaires des réseaux :
voirie, assainissement, eau, télécommunication. Aujourd’hui, il n'existe guère de coordination
entre ces acteurs et l'utilisation de l'emprise de la voirie est encore un point de dispute et
d'accusation réciproque 36 .
Une coordination pérenne permettra une codécision et une coopération, deux éléments
indispensables à une meilleure gestion de la ville qui constitue un système complexe par
excellence.
35 Homme politique français (1767-1794)
36 On peut citer comme exemple les débats télévisés en 1998 sur les actions et la coopération des acteurs urbains
de la ville (Bureau du Développement Urbain, Autorité de Voirie, Telecom, Eau, Electricité).
269

La durabilité
La durabilité porte ici, comme nous l'avons défini précédemment, deux notions : la pertinence
écologique (l'Homme social et agent économique étant au centre de l'écologie) et la pérennité
temporelle des moyens et des actions.
Nous avons vu, dans l'analyse du système existant, les conséquences du manque de gestion
dans la complication et l’aggravation des problèmes. La construction de réseau est considérée
comme une fin et non pas comme un moyen qui nécessite d'être suivi, régulé et corrigé. Cette
erreur de perception se répercute sur le système organisationnel dans lequel il n'existe peu, ou
pas, de structure de suivi et de maintenance. Notre approche intègre et met en valeur la
dimension temporelle des actions à mener dans chaque typologie d'espace.
III.3.2.b Objectif
L'outil organisationnel que nous proposons porte un double objectif :
- une gestion stratégique et citoyenne des eaux pluviales au sein des
bassins versants et au sein du système urbain ;
- une définition pertinente des niveaux d'intervention pour les actions
locales (menées par la communauté, les acteurs de développement
urbain, les ONG, etc.) basée sur la réalité technique et les potentialités
organisationnelles (décentralisation, initiative communautaire, forme
associative).
Cet outil fournit 4 éléments :
¾ Des éléments d'actions globales
¾ Une stratégie d'intervention opérationnelle par typologie d'espace
¾ Le choix d’un niveau local d'intervention
¾ Un processus d'intégration des actions locales et globales.
270

III.3.3 Construction du modèle pour l'organisation des actions globales et locales
III.3.3.a Architecture générale
Le modèle que nous proposons se compose de 5 étapes principales au fil desquelles les
stratégies et les actions globales se précisent au travers des actions opérationnelles selon le
contexte local. Cette définition détaillée d'actions à mener permet de définir les niveaux
d'intervention qui correspondent le mieux aux contraintes du terrain et aux moyens
disponibles. La démarche est représentée dans le schéma de la figure 42.
Politiques et stratégies globales
Définitions des Actions globales
Stratégies d'intervention : Spatialisation et
temporalisation des actions opérationnelles
Caractérisation du site
Application locale
Définition d'unités et niveaux
d'intervention
Répartition des tâches
Figure 42 :
Schéma de définition des actions et des niveaux d'intervention
271

Nous distinguons deux familles d'actions : les actions globales et les actions opérationnelles.
Cette classification n'oppose pas a priori le central et le local. L'action globale ne correspond
pas forcément et seulement à une action centralisée.
III.3.3.b Les actions globales
Il s'agit des mesures nécessaires à l’adoption des stratégies et des politiques de gestion ainsi
qu’au pilotage et à l'harmonisation des diverses actions menées par les acteurs du premier (les
acteurs "eau pluviale" ) et du second ordre (acteurs de la gestion d'espace).
Les actions globales se composent de trois volets schématisés dans la figure 43
- observation et recherche,
- définition et actualisation de la politique de gestion
- Application
Observation et recherche
Ces deux éléments sont à la base d’une gestion durable. Or il n'existe actuellement aucun
système pour assurer ces tâches. Ils ne sont pas aussi coûteux qu’on le pense et peuvent se
faire avec des moyens disponibles quitte à les améliorer au fur et à mesure. Les observations
locales peuvent se réaliser sous forme d'état des lieux au niveau local (kebele, woreda) pour
chaque typologie d'espace. La centralisation de ces données locales permet d'établir une
cartographie des situations et des problèmes au niveau de la ville. Cette étape est capitale car
elle permet de définir à ce niveau :
- les zones et les actions prioritaires ;
- une politique basée non pas sur des courants de pensée ou des
idées reçues mais plutôt sur les réalités des quartiers ;
- des stratégies globales pour chaque composant type de la
cartographie ;
- un échange d'expérience entre quartiers ou sous quartiers de
même typologie d'espace par la diffusion de documents
synthétiques et par des journées de discussion ;
- une construction de base de données.
272

Observation et recherche
♦ Etats des lieux : technique, socioéconomique,
pilotés par l’acteur
central :
¾ Elaborés au niveau pertinent
¾ Centralisés et synthétisés
¾ Cartographie au niveau de la
ville et du BV
¾ Diffusion
¾ Actualisation
♦ Connaissance scientifique et
technique de l'hydrologie locale
Politique de gestion
♦ Planification :
¾ ressources, pollution
¾ niveau ville, bassin
versant, sous-bassin versant
¾ concertation
¾ Participation à la
planification urbaine des acteurs
en charge de la gestion des eaux
♦ Elaboration / adaptation d’outils :
schéma directeur, règlement,
procédures, etc.
♦ Recherche des ressources /
modalités de financement
Mise en œuvre et suivi
♦ Stratégie d’intervention :
¾ Approches et méthodes
¾ Niveaux et acteurs
¾ programme général
♦ Coordination : Niveau (ville,
sous ville, acteurs 1 er et 2 nd ordre)
♦ Sensibilisation
Figure 43 :
Synthèse des actions globales proposées
273

Ces observations doivent s'enrichir et s'appuyer sur des travaux de recherche pour trouver des
solutions innovantes sur les plans technique, organisationnel et financier. Pour cela, la
coopération avec des instituts de l'enseignement supérieur et des centres de recherche locaux
est indispensable notamment pour :
- utiliser effectivement le "cerveau local" relativement peu
coûteux et proche de la réalité,
- la pérennisation des actions,
- l'enrichissement de l'enseignement (ingénieurs et techniciens)
qui manque actuellement de références concrètes sur le
contexte local.
Politique de gestion
Le territoire de l’eau pluviale est le bassin versant. Elle ne connaît ni les divisions
administratives ni sectorielles. Il est donc nécessaire de se doter d'une politique globale pour
mieux gérer les eaux d'un espace administratif (la ville) avec des acteurs sectoriels. Cette
politique est d'autant plus importante que la séparation de la gestion des rivières et de
l'assainissement pluvial urbain semble inéluctable par les faits et indispensable par
l'optimisation. La définition préalable de la politique de gestion des eaux facilitera largement
l’adoption d'une politique urbaine durable avec la prévention de risques des zones inondables
et la protection et la valorisation de l'eau
Il faut donc se doter d'un outil prévisionnel et réglementaire pour la gestion des eaux pour
tracer les lignes directrices et cadrer les actions à mener à différents niveaux et temps . Le
schéma directeur des rivières doit s’inscrire dans un outil (document) qui aborde d'une
manière intégrée la gestion des eaux de surface dans la ville avec le drainage urbain et les
cours d'eau.
La planification doit être un processus participatif et continu. La concertation et la codécision
faciliteront et optimiseront la mise en place des actions de la politique définie. Il est donc
nécessaire d'intégrer les acteurs du 2 nd ordre (gestionnaire d'espace boisé et vert, des déchets,
usagers des eaux pluviales et des rivières, les pompiers, etc.) dans le processus de
planification pour minimiser les conflits d'usage et garantir l'intérêt général. Il est également
nécessaire de favoriser la participation des habitants, acteurs du 1 er ordre, par l'intermédiaire
274

des associations ou des comités de développement de quartier notamment pour définir d'une
manière concertée les modalités de financement et de gestion ouvrage .
La planification doit être également un processus continu pour intégrer les mutations urbaines
et l'avancement des connaissances. La réalisation d'un schéma directeur et les cadres
juridiques ne doivent pas être perçus et conçus de manière figée.
Réalisation et suivi
Les deux composantes des actions globales que nous venons de voir permettent de
développer une stratégie pour définir les différents niveaux d'intervention, le passage des
actions globales aux actions locales et vice versa. Elle permet surtout de définir les techniques
de gestion. Les deux premiers éléments de la stratégie (actions globales et actions locales)
seront développés dans la section suivante comme composantes et résultats de notre approche.
La durabilité (temporelle et écologique) des actions menées aux différents niveaux (BV, ville,
sous-ville, quartier) nécessitent d'une part une bonne coordination et d'autre part une mise en
valeur de l'intérêt individuel et général : une sensibilisation des acteurs à leurs intérêts et
devoirs.
III.3.3.c Nécessité d'un acteur pour les actions globales : le Centre d’Observation, de
Conception et de Coordination pour la Gestion des Eaux (COCGE)
La réalisation de ces actions globales correspond à différents niveaux : du sous quartier à
l'instance interrégionale ou nationale. Ils doivent être donc pilotés par une instance centrale de
la ville chargée de la gestion des eaux. Celle-ci n'existe pas dans l'organisation actuelle de la
ville. En effet, trois autorités se partagent sans aucune coordination la gestion de l'eau pluviale
de la ville : l’AARA pour l'assainissement pluvial, l’AAFCPO pour les rivières et l’AAWSA
pour l'eau potable et eaux usées. Il est donc nécessaire d'instaurer un acteur qui peut traiter,
d'une manière intégrée, les dimensions risque et ressources des eaux pluviales. Il est aussi
nécessaire de garder l'autonomie de ces services ce qui évite la centralisation et ses effets
pervers. Avec la création de deux institutions autonomes, l’AACRA et l’AAFCPO, la
question de la répartition des tâches, qui a réuni et séparé à plusieurs reprises les services de
crue et de l'assainissement pluvial, semble être définitivement réglée. Le rattachement du
275

service d'assainissement à la voirie est indispensable et justifiable pour deux raisons
interdépendantes :
- le couplage indissociable des réseaux de voirie et
d'assainissement,
- l'économie d'échelle (comme il s'agit de service en régie
directe) lors de la réalisation des travaux mais aussi dans la
conception.
L'existence de l'Autorité des rivières est aussi nécessaire par la forte densité d'urbanisation des
lits majeurs qui nécessitent une attention particulière. La gestion des rivières relève dans le
cas d'Addis Abéba plus de l'aménagement de l'espace.
Nous suggérons donc la création d'un centre d’observation, de conception et de coordination
au niveau de la ville chargé de la planification et de l’harmonisation des actions nécessaires au
développement des ressources et à la minimisation des risques (cf. figure 44). Il s’agit ici de
proposer des fonctions dont l’organisation n’est pas figée.
COCGE
à Addis Ababa
Ressource
Risque
AAWSA AAFCPO AACRA ,
Acteurs du
Figure 44 :
Proposition d'un Centre d'observation, de conception et de coordination
des eaux à Addis Abéba
276

Cet observatoire ne réduit pas le statut autonome des services qui est indispensable pour
concentrer les efforts dans chaque secteur spécifique. Il mène d’une manière conjuguée les
actions globales telles que :
- formulation de la politique de l'eau de la ville,
- concertation, développement et approbation préalable des
stratégies de gestion de chaque secteur (assainissement, rivière,
eau potable)
- élaboration des outils .
- observation des phénomènes, recherche et innovation
- etc.
III.3.2.d Adoption d'une stratégie d'intervention : spatialisation et temporalisation des
actions opérationnelles
Les actions opérationnelles désignent ici l'ensemble des actions nécessaires à la réalisation des
travaux et à leur gestion : diagnostic de l'état d'un espace, projet, construction / aménagement,
gestion et suivi des ouvrages.
Dans une ville hétérogène comme Addis Abéba, ces actions opérationnelles varient dans
l'espace. L'ampleur et la nature du problème d'assainissement sont très différentes entre un
espace urbanisé et un espace à urbaniser. Il en est de même entre un quartier dense - non
structuré et un quartier moins dense et structuré, au sein d'un espace urbanisé.
Les actions à réaliser dans chaque typologie évoluent également dans le temps : le temps du
diagnostic, le temps des projets, le temps des travaux, le temps de la gestion. Nous insistons
sur cette dimension temporelle, souvent ignorée, car sa mise en valeur contribuera à la
pérennité des mesures à prendre. Comme nous l'avons vu dans les parties précédentes, les
dysfonctionnements des ouvrages, dus notamment à l'absence de mesures et d'acteur pour
l'entretien et la maintenance, portent préjudice à l'amélioration de l'assainissement. Un
quartier qui a bénéficié des travaux d'assainissement retombe après quelques années dans les
catégories des quartiers où il faut intervenir de nouveau.
277

Nous proposons une matrice espace / temps qui permet de définir un cadre d'actions
opérationnelles spatialisées et temporalisées selon chaque espace type et les différentes
périodes (cf. tableau 49). La matrice se compose de 4 principales typologies d'espaces
(urbanisé, rivière, à urbaniser, à protéger) qui correspondent aux familles des problématiques
de la ville (insuffisance, erreur à ne pas répéter, risque potentiel, etc.) ainsi qu’aux familles
d'acteurs concernés ou à impliquer (assainissement, rivière, environnement).
L'espace urbanisé (bâti) se décompose en sous espaces selon trois critères fondamentaux, la
structure urbaine, la densité et l'activité. Ces sous espaces correspondent aux 5 espaces types
que nous avons défini et analysés dans la première partie : espaces structuré - dense, structuré
moins dense, non structuré –dense, non structuré - moins dense, Centre d'Administration et de
Commerce .
Les actions des espaces non-structurés doivent se baser sur la restructuration des quartiers tant
dans les zones denses où elle est préalable à tout travail que dans les zones moins denses où
elle est indispensable pour éviter la complication avec la densification. Cette typologie
d'espace nécessite d'importants travaux d'assainissement par le fort état de sous équipement.
Selon notre enquête le taux des voiries sans équipement atteint respectivement, dans les zones
non structurées denses et moins denses, 29% et 54%.
L'espace structuré se compose de trois sous-espaces comme nous l’avons développé dans la
première partie : structuré et dense (Mercato), zones d'administration et d'affaires, zone
d'habitation. Les actions à mener dans les deux premières typologies sont les travaux de
gestion comme elles sont relativement bien équipées. Les zones d'habitation (les lotissements)
nécessitent quelques travaux d'assainissement pour compléter les travaux réalisés au fur et à
mesures par les résidents. L'autre mesure nécessaire à prendre est l'harmonisation des travaux
à l’échelle du bassin versant. Les initiatives individuelles de chaque lotissement manquent en
effet de vision globale ce qui pose des problèmes amont-aval.
278

L'espace rivière représente le lit mineur et le lit majeur des rivières dans la zone urbanisée de
la ville. L'espace à protéger inclut les espaces dont l’aménagement et l’usage nécessitent une
attention particulière pour éviter ou minimiser les risques potentiels. Il s'agit :
- des zones boisées dont la déforestation peut entraîner des débits
importants et un risque de coulée de boue
- des lits majeurs non bâtis dont la préservation permettra d'aérer
la ville et évitera les installations vulnérables .
Dans la "temporalisation", le T0 (cf. tableau 49) correspond au temps de reconnaissance du
terrain avec l'élaboration de l'état des lieux par chaque kebele qui va permettre de constituer
une base de données et une cartographie synthétique au niveau du woreda, de la zone et de la
ville. Cette vision générale est indispensable pour la prise de décision et l'efficacité d'actions
sur le terrain.
Le TP correspond à l'élaboration et à la réalisation des projets destinés à l'amélioration du
système de gestion des eaux pluviales. Ces projets vont être menés à différents niveaux par
différents acteurs de la communauté ( projets des quartiers) jusqu'à l'instance interrégionale
(cas d'espace à protéger).
Le TG correspond au temps de gestion et de suivi de l'ouvrage pour le maintenir et assurer
son adaptabilité aux mutations urbaines. C'est la période la moins "intense" mais la plus
longue. Dans la pratique actuelle, c'est le temps le plus ignoré comme s'il suffisait de
construire pour résoudre les problèmes qui ne dépendent pas seulement de l'absence d'ouvrage
mais également de la gestion des déchets.
Les trois échelles temporelles se caractérisent par différents laps de temps pour chaque
espace type et elles peuvent être cycliques à long terme.
279

Tableau 49 :
Spatialisation et temporalisation des actions opérationnelles : proposition d’une stratégie d’intervention et éléments pour
la définition des niveaux d’intervention pertinents
Espace Espace urbanisé Espace rivière Espace à urbaniser Espace à protéger
non structuré structuré
Problème
majeur et type
Occupation des berges
+ déchet
Sous équipement
Déforestation, etc.
Temps
To
TPT
(temps de projet
et des travaux)
TG
(Temps de
gestion)
Accès +
Sous équipement :
30 % (NSD) à 50%
(NSMD)
- Etat de lieu
- Sensibilisation /
information
- Projet (études,
concertation,
montage, etc.)
- travaux de
restructuration et
d’
assainissement
- entretien
- organisation du
service
- suivi de mutation
urbaine
Gestion des ouvrages
(SD et CAC 37 ), sous
équipement(SMD,
25%)
- Etat de lieu /
- Sensibilisation/
information
Projet (études,
concertation,
montage, etc.)
- travaux
- réhabilitation
-entretien (curage
des réseaux)
- gestion
- suivi de mutation
urbaine
- Etat de lieu - guide d'aménagement
- recensement des exutoires
(présence et capacité)
-identification - étude de l’assainissement
des zones à risques
- concertation
- travaux
et contrôle
-travaux pour les - conformité
zones à risque
- aménagement.
- libération du lit
majeur
- intégration dans le
tissu urbain
- usages, activités
- gestion
- suivi d’aménagement
ultérieur
- Etat de lieu
- recensement des acteurs
- identification des espaces
à risques (coulée de boues,
glissement.)
- aménagement éventuel
- concertation
- réglementation
-mesures protectrices
- suivi, contrôle
37 CAC : Centre d'administration et de commerce
280

L'apport de cette matrice est double :
- Au niveau de la ville et du bassin versant , elle cadre la stratégie
d'intervention avec des connaissances synthétiques des espaces
types et une base de programmation d'action à court , moyen et
long terme
- Au niveau local, elle sert comme base à la définition du niveau
d'intervention avec le développement détaillé des actions à
mener dans chaque typologie d'espace.
III.3.2. e Caractérisation d'un site et exploration des potentialités
Dans cette étape, les actions opérationnelles formulées comme guide d'une manière générale
et stratégique au niveau de la ville seront développées par l'introduction d’éléments
spécifiques à chaque site. Nous classons ces éléments de terrain en 4 familles de paramètres.
Cette étape, schématisée dans la figure 45, aboutira à la définition des types d’actions locales
(étude, projet, travaux ou entretien) cadrées par une stratégie globale.
Technico-spatial
Cette famille de paramètre consiste à intégrer les spécificités techniques et spatiales du site :
équipement, solution technique projetée, étendue du site, etc. Ce paramètre identifie et intègre
les éléments structurants du site en question : rivière, voirie, relief.
Cette étape permet également de fixer le niveau de protection en deçà duquel il faut
s'organiser pour mieux gérer le surplus. Un autre exemple est celui du choix du type de
réseau : fossé ou canalisation. Le fossé est préféré par les gestionnaires car il est
théoriquement facile à entretenir. Cependant, cette technique est rejetée dans certains endroits
notamment dans les quartiers denses à cause de l'inévitable problème de déchet. L'intégration
de ces paramètres permettra d'avoir une bonne appropriation des ouvrages.
281

Technico- spatial
¾ Entité hydrographique
¾ Equipement existant
Solution technique
¾
¾ Amont-aval
¾ Etendue
Organisationnel
¾ Entité
¾ Capacité
¾ Moyens
Contextuel
¾ programme des projets
urbains
¾ Evolution (mutation)
¾ Modalité de financement
Site
Quartier de …..
Typologie : …..
Socio-économique
¾ Souhait
¾ niveau de vie
¾ participation
Types d’actions locales
développées et concertées
Figure 45 :
Les paramètres de caractérisation d'un site et exploration des potentialités
Contextuel
Cette famille des paramètres permet d'inscrire le site dans les programmes des projets urbains
(prévus par exemple par le Schéma directeur) et des projets du développement des quartiers.
La prise en compte de ce paramètre est d'autant plus nécessaire dans la mesure où la ville est
en pleine mutation comme nous l'avons développé dans la première partie. Ainsi, des
interventions répétitives et non optimisées peuvent être évitées.
Par ailleurs, la collaboration entre les projets de développement urbain lancés dans deux ou
plusieurs kebeles (quartiers) voisins par différents acteurs est nécessaire pour éviter le
problème amont aval (insuffisance du réseau en aval) et optimiser les projets avec l'économie
282

d'échelle. Cette collaboration ouvre une voie favorable à une bonne gestion des ouvrages et
ce par la sensibilisation et la responsabilisation des habitants.
Socio-économique
Le recensement des moyens des ménages et de leur volonté de participation permet de
définir :
- les possibilités de financement des travaux d'équipement
- les autres types de participation (main d'œuvre, étude)
notamment pour la gestion des ouvrages.
L'enquête que nous avons menée confirme la volonté de la population de participer avec les
moyens dont elle dispose (Cf. tableau 50 ). Une contribution en argent est proposée par 41% des
ménages, et une participation en main d'œuvre est proposée dans la même proportion (41% des
réponses). La volonté de participation est présente aussi bien chez les ménages ayant de problème
de drainage que chez ceux qui n’en ont pas.
Tableau 50 :
pluviales
Contribution des ménages pour l'amélioration de la gestion des eaux
problème* Argent main savoir aucune total
d'œuvre
Oui 41% 42% 12% 4% 100%
non 41% 36% 15% 9% 100%
Moyenne 41% 41% 13% 5% 100%
* problème d'assainissement au niveau de la parcelle ou du quartier
Ces indicateurs, peuvent certes être revus à la baisse notamment dans le cas de contribution en
argent lors de projet réel et selon le quartier. Néanmoins, ils nous montrent les atouts dont
dispose la ville pour améliorer l'assainissement.
Organisationnel
Les paramètres organisationnels concernent toutes les formes d'organisation institutionnelle
(kebele, etc.), associative (les coopératives de logements, le comité du quartier ) et civique
(l’Edir, etc.) qui peuvent servir pour cadrer, faciliter et mener les actions opérationnelles au
niveau local.
283

L'utilisation de ces organisations pour la gestion des eaux pluviales nécessite une adaptation,
leur territoire ne correspondant pas toujours à celui des bassins versants. C'est par exemple le
cas de l'Edir, sollicité et apprécié de plus en plus dans la gestion urbaine tant par les acteurs
publics que par les ONG et les habitants. Cependant l’Edir n'a pas une territorialité homogène
ce qui limite sa pertinence. Néanmoins, l'intérêt de l'Edir réside dans sa pérennité et dans son
influence sociale contrairement au comité de développement local qui disparaît après les
travaux. La coopérative de logement, qui concerne l'espace structuré situé en périphérie, est
une structure associative dotée d’un statut juridique. Son territoire -une ou plusieurs maillesconstitue
un élément de départ pour la recherche du niveau pertinent.
Le kebele possède des caractéristiques intéressantes, par sa taille et son découpage. Sa
proximité permet de suivre les phénomènes de plus près et de stimuler une motivation chez
les habitants. Elle permet également de gérer d'une manière intégrée les déchets et l'eau
pluviale qui ne nécessitent pas un service spécifique à cette échelle. Il est donc possible
d'aborder par un service technique, dont la création nous semble indispensable, l'ensemble des
questions de la gestion urbaine.
Le principal handicap du kebele se trouve dans ses moyens financiers et techniques. Il faudrait
les améliorer afin de pouvoir mieux utiliser cette structure très riche mais peu exploitée.
La population semble demandeuse d’une organisation locale et d’une implication des kebeles
dans la gestion des eaux pluviales. Selon les résultats de notre enquête, 44% des 270 ménages
interrogés souhaitent une structure au niveau du kebele et 25% la souhaitent au niveau du
quartier (cf. figure 46). Le choix du kebele, très contesté par certains ménages (notamment
ceux ayant déjà eu des problèmes d’assainissement pluvial), est basé plus sur des raisons de
proximité. Le mécontentement est principalement dû au manque d'action pour répondre à la
demande comme nous avons pu le constater lors de notre enquête socio-technique.
284

70%
60%
50%
40%
30%
25%
44%
Ménages avec problème
d'assainissement
Ménages sans problème
d'assainissement
Moyenne (x%)
20%
10%
11%
4% 7% 3% 1% 1% 1% 3%
0%
Quartier(Q)
keblele(K)
Woreda (W)
Zone(Z)
Ville
Q+K
Q+k+W
W+Z
tous niveau
où nécessaire
Figure 46 :
Niveau d'intervention souhaité par des ménages selon l'existence ou non de
problème d'assainissement pluvial au niveau de la parcelle et du quartier
Actions développées et concertées
On obtient, à l'issue de cette étape de caractérisation et d'exploration, un ensemble d'actions
locales (étude, projet et modalité de gestion ) qui s'inscrit dans les stratégies globales et qui est
légitimé par les habitants et les acteurs locaux. On classe ces actions en 4 catégories : état des
lieux, projet, travaux et gestion. Nous les avons développées dans le cas des espaces non
structurés (cf. tableau 51).
285

Tableau 51 :
Les actions opérationnelles détaillées au niveau local dans le cas de la
typologie non-structuré
Espace
Temps
T0
TPT
Espace non-structuré
Etat des lieux
• collecte et centralisation des informations par kebele ou woreda : enquête,
plainte, réunion publique
• zonage par typologie d’espace dans chaque kebele
(découpage, regroupement, etc.)
• élaboration de cartographie de situation et de typologies des problèmes
• diagnostic et analyse de site d'intervention : technique, socio-économique
(demande, participation), organisationnel.
Projet
• Formulation du projet
• concertation : information, discussion sur la modalité de financement,
légitimation du projet
• Projet de restructuration : compensation, entente, relogement, servitude
technique à prendre en compte, etc.
• élaboration de famille de solution
>>>>>Approbation du projet au niveau de son bassin versant
Travaux :
- réalisation, contrôle, réception & conformité
- archivage
TG
Gestion
- Entretien et réparation
- Suivi de mutation urbaine : - apport de l’urbanisation future,
- contrôle de l'occupation illégale
286

III.3.2.f Définition des unités et niveaux d'intervention
La recherche d’un niveau pertinent de gestion se pose de plus en plus tant sur le plan de
l'organisation des services que dans la modélisation hydrologique 38 . Cependant, sur ce sujet la
littérature n’est pas très abondante, que ce soit pour traiter des cas généraux ou spécifiques 39 .
Dans la pratique, la définition des niveaux se fait plus par la logique administrative bien qu'il
ne soit pas toujours adaptée à la gestion des eaux.
Nous avons élaboré la démarche de définition de l'unité et du niveau d'intervention présentée
dans le schéma de la figure 47. La démarche se compose de 4 étapes :
- définition de l'unité d'espace et de l'unité hydrologique
- détermination de l'unité d'intervention
- analyse des acteurs
- désignation des acteurs.
Ce schéma repose sur le principe de subsidiarité et il consiste à chercher le niveau pertinent en
cascade.
La solution, qui permet de soulager l’état actuel et de freiner l'accumulation des problèmes,
requiert inévitablement une organisation des acteurs (acteurs publics mais aussi la population)
au travers d'un partenariat. Ceci permet la collaboration et la responsabilisation mutuelle et
évite la substitution de l'un par l'autre. La collectivité publique (centralisées et décentralisées)
ne doit pas s'abstenir pour des raisons de moyens. La population ne doit pas rester immobile
en attendant tout de la collectivité publique qui de toute façon n'aura pas de moyens pour
résoudre tous les problèmes rapidement.
38 On peut citer comme exemple les travaux de (Oberlain G et Desbos E, 1997), De l'analyse à la synthèse : Des
niveaux pertinents de modélisation, FRIEND (Flow Regimes from International Experimental and Network
Data), pp. 410-416..
39 Il n'existe pas à notre connaissance et selon les spécialistes en hydrologie (Chocat B.) et en organisation
(Ruffier J) des démarches scientifiques précise pour définir les différents niveaux d'intervention dans la gestion
des eaux pluviales urbaines.
287

Actions locales et concertées :
Etude, projet, travaux, gestion, etc
Unité d'espace
Unité
hd l i
Unité d’intervention
Organisation
existante
Processus
d'intervention
Organisation
souhaitée
Niveaux de gestion des eaux à
créer, à adapter ou à adopter
Figure 47 :
Démarche de définition d'unité et niveau d'intervention
L'objectif de cet outil est double. Il s'agit de permettre notamment :
- la définition d'une unité d'intervention pour un projet
d'assainissement qui intègre l'impact amont aval
- d'identifier et de définir les partenaires dans le montage du
projet (conception et financement) et les acteurs de gestion
(entretien et maintenance).
288

Compte tenu de la répartition des compétences et des pratiques actuelles, les projets locaux
peuvent être initiés et réalisés par :
- l'autorité des routes,
- les habitants (cas des lotissements),
- par le kebele en collaboration avec les ONG et autres acteurs du
développement urbain (EDPO, fond de woreda, etc.).
L'étendue de ces projets locaux varie d'une maille, de deux ou de trois îlots à un quartier selon
l'état d'équipement du site et la forme de l’organisation à l'origine du projet, etc.
Unité d'espace
Elle désigne le territoire du projet défini par les acteurs du développement local (acteurs
publics, ONG, les habitants, kebele, etc.). La définition de cet espace dépend de nombreux
facteurs tels que :
- l'existence d'une organisation institutionnelle ou traditionnelle
qui a initié le projet ;
- la zone de manifestation des problèmes ;
- la volonté de collaboration des habitants
- la nature du projet (assainissement seul ou avec d’autres
équipements)
- etc.
Par exemple, un lotissement de 2 îlots ou plus constitue une unité d'espace par sa forme
organisationnelle bien que l'accord de tous les membres ne soit pas systématique.
En général, dans les projets où l'assainissement pluvial n’est qu’une composante, la logique
de définition de l'unité d’espace ne correspond pas toujours à celle des bassins versants
(l'unité hydrologique). Cependant cette unité d'espace porte déjà quelques traits hydrologiques
dans la mesure où elle est délimitée souvent par des voiries : éléments plus ou moins
structurants pour les eaux pluviales. Elle représente également et souvent une problématique
homogène : quartier à restructurer avant les travaux de drainage, quartier nécessitant
seulement des travaux de drainage ou entretien des ouvrages.
289

Unité hydrologique
L'unité hydrologique désigne le bassin versant qui englobe l'unité d'espace. La relation de
l'unité espace et hydrologique dépend souvent de l'existence d'un ouvrage de séparation.
Lorsque cet ouvrage de séparation (réseau ou autre ouvrage collecteur comme le fossé) est
franchi pour des raisons liées aux niveaux de protection ou par concentration de flux venant
de l'amont, l'unité hydrologique s'élargira en cascade pour intégrer le bassin versant amont à
cette barrière. Cet ouvrage de séparation indique le passage d'un niveau d'organisation à un
autre : par exemple du lotissement à un groupement de lotissements, d'une communauté de
quartier au kebele, etc. Cette réflexion est valable pour les deux actions locales de la gestion
des eaux pluviales qui nous intéressent : conception et réalisation des travaux d'une part et la
gestion des ouvrages d'autre part.
Quartier 1
Exemple d'une
unité d'espace
Quartier
Quartier 2
Ouvrage de
séparation
Quartier
Sens
d' écoulement
a) bassins découpés par un ouvrage de
séparation
b) absence d'un ouvrage de séparation
(le cas fréquent des quartiers non structurés)
Figure 48 :
Représentations schématiques des quartiers en série avec ou sans ouvrage
de séparation
290

Considérons, dans le cas de figure 48, les quartiers 1 et 2 comme deux unités d'espace d’un
projet. Dans le cas de bassins versants séparés par un ouvrage de séparation, l'impact du
premier quartier sur le deuxième se manifestera :
- lorsque les flux provenant du quartier 1, suite notamment à des travaux de
drainage qui les concentrent, excèdent la capacité de l'ouvrage intermédiaire
(séparation)
- lorsque les déchets provenant du quartier 1 bloquent le réseau intermédiaire
- lorsque le niveau de protection souhaité (défini par une fréquence de
dépassement) pour le quartier 2 est supérieur à celui de l'ouvrage de séparation.
En l’absence de l'ouvrage de séparation, l'impact est plus direct car le site 1 et le site 2 font
partie d'un même bassin versant. Dans ce cas la division en deux unités d'espace ne doit pas se
faire. En réalité ceci n'est pas toujours vrai surtout dans les quartiers non structurés car
l'élément structurant (voirie, réseau de drainage) peut être absent dans un espace de taille
important. Dans cette unité hydrologique, il peut exister deux unités d’espace si la division
entre les deux quartiers en question est marquée par des entités organisationnelles (deux
kebeles, deux lotissements). Ce cas est illustré avec l'exemple d'application développé dans la
section suivante.
Unité d'intervention
Selon l'action à mener et les objectifs de protection fixés, il est nécessaire d'ajuster l'unité
d'espace d'un projet d'assainissement à l’unité hydrologique afin de déterminer l'unité
d'intervention pertinente. Nous avons établi un algorithme simple, présenté avec le schéma de
la figure 49, permettant définir une unité d'intervention.
Considérons qu'une zone de projet Us (unité d'espace) de niveau de protection souhaitée Fs
est située entre un bassin versant amont et un bassin versant aval. Nous avons exprimé ce
découpage selon l'existence ou non d'un ouvrage d'assainissement intermédiaire, qui sert
comme ouvrage de séparation et dont le niveau de protection est FOsep.
291

non
Uh1= Us+Osep amont
(en bv ou en ouvarge)
FsFOsep
aval
oui
Uh=Uh1+Osep aval
(en bv ou en ouvrage)
Ui=US (dans le cas Us isolé
d'amont)
Ui =US+ Osep amont (dans le cas
de déversement amont)
Ui=Us+ Osep aval (dans le cas Us
isolé d'amont)
Ui =Us+ Osep amont + Osep aval
(dans le cas de déversement amont)
Légende
- Us : unité d'espace ;
- Osep : Ouvrage de séparation
- Fs : niveau de protection souhaitée pour Us en
terme de fréquence
- FOsep amont / aval : fréquence de la ouvrage
de séparation en amont /aval de l'Us
- Uh : Unité hydrologique à considérer
- Ui : Unité d'intervention à déterminer
Us
Osep aval
Osep amont
Figure 49 :
Schéma algorithmique pour la définition de l'unité d'intervention
292

Définition d’acteurs
L’unité d'intervention est par la suite utilisée pour désigner les acteurs et ce afin d’aboutir à la
définition complète du niveau de gestion des eaux au niveau local (unité spatiale et acteurs).
Le processus se base sur les deux éléments suivants :
- l'évaluation de la compatibilité des organisations existantes en
terme de capacité et de pérennité, d'acceptabilité par les
partenaires (notamment les habitants et les bailleurs de fonds),
et de son intégration dans le processus global au niveau de la
ville ;
- l'enjeu de la création d’une organisation spécifique.
Le processus est donc fondé sur le principe d'appréciation au cas par cas. La question de
l'organisation se pose plus pour la gestion des infrastructures réalisées. Leur pérennité exige
en effet un entretien régulier qui ne peut pas être assuré par un service central compte tenu des
moyens limités de la ville.
III.3.3.g Application : l'exemple de deux sites dans les quartiers de Shegolé et
Roufaël
Les deux sites choisis comme exemples d'application de l’approche proposée se situent en
woreda 8 kebele 05 (site de Roufël) et 35 (site de Shégolé). Il s'agit des sites de typologies
urbaines très opposées : non structuré très dense et structuré moins dense respectivement (cf.
figure50).
Site de Roufël en kebele 05 du woreda 8
Le site du kebele 05 concerne une unité d'espace de 3600m² et de 49 ménages. Il se
caractérise par :
- des maisons de location gérées par le kebele ;
- une configuration urbaine avec une seule voie de desserte en commun
- une appartenance à une activité professionnelle (tisserand) et à un Edir
- une morphologie urbaine non structurée et dense (680 habitants/ha.)
- problème d'assainissement pluvial lié à l'absence d'équipement sur l'unité
d'espace et aux impacts amont.
293

a) Site de Roufël
100m
Légende
Unité
d'espace
Bassin
versant
b) Site de Shégolé
100m
Figure 50 :
Les sites d'étude de cas : Site de Roufël et site de Shégolé
294

L'unité d'espace étudiée s'inscrit dans un bassin versant en série sans ouvrage de séparation en
amont et en aval. Elle reçoit les flux venant du quartier amont de 1.6 ha. L'unité d'espace
nécessite des travaux de drainage sur les voies d'accès et sur la voie de desserte pour collecter
et acheminer les flux du site et du quartier amont.
En utilisant l'algorithme, et en prenant une fréquence de l'ouvrage de séparation amont et aval
nul (puisque l'ouvrage de séparation en amont et l'ouvrage d'acheminement en aval n'existent
pas), nous obtenons une unité d'intervention, Ui = Us + bassin versant amont + quartier aval).
Cela correspond à l'ensemble du bassin versant (cf. figure 50a). L'adoption de cette unité
d'intervention est nécessaire dans la conception, le montage du projet et du financement. Cela
renvoie par conséquent à l'acteur du niveau supérieur au comité du quartier : dans le cas de ce
site ça sera le kebele.
Site de Shégolé en kebele 35
Ce site (cf. figure 50b) concerne une unité d'espace de 1,08 hectares et de 34 ménages. Il
s'agit d'un lotissement qui se caractérise par :
- des parcelles individuelles et de maisons privées
- une appartenance à un coopératif, et l'existence d'un Edir avec le
quartier en amont
- une morphologie urbaine structurée et moins dense (157 habitants/ha.)
- un problème d'assainissement pluvial dans les voies d'accès et dans les
parcelles avec impact amont-aval qui touche toutes les maisons du
lotissement
L'unité d'espace de cette étude de cas est située juste en amont du confluent de deux cours
d'eaux ayant leur exutoire immédiat en aval. D'après notre enquête socio-technique, le site est
fréquemment confronté à de nombreux problèmes de drainage urbain tel que, inondation des
parcelles et des maisons, voies de dessert et d'accès impraticables en saison de pluies,
mauvaise odeur conséquente au ruissellement. Ce problème de drainage est en majeure partie
causé par les flux provenant des quartiers situés en amont. Le fossé qui devrait assurer le rôle
de barrière (ouvrage de séparation) est de capacité limitée et en dysfonctionnement fréquent
avec des déchets et de la végétation sauvage. Par ailleurs, vu l'absence d'équipement sur le
295

site, le lotissement se trouve confronté au problème pratiquement à chaque événement
pluvieux.
L'amélioration du drainage de ce site nécessite donc des travaux à l'intérieur du lotissement et
sur l'ouvrage de séparation (voirie tertiaire). L'unité d'intervention pour ces deux travaux sera
respectivement Us et Us+bv en amont. L'acteur le plus proche est bien évidemment la
coopérative de lotissement pour les travaux à l'intérieur de l'unité d'espace. Pour assurer ces
travaux et la gestion de l'ouvrage de séparation, un acteur peut être formé par le
regroupement avec le lotissements en amont. L'existence d'Edir facilitera ce regroupement.
III.3.4 Insertion des actions locales au niveau globale et échelle de gestion
Dans la pratique actuelle, les projets de développement local (incluant l'assainissement) sont
suivis et cadrés par l'échelon administratif comme le kebele et woreda. Le renforcement
récent du rôle de ces acteurs (notamment du woreda) confirme leur apport pour une gestion
urbaine intégrée.
La gestion des eaux pluviales peut donc s'appuyer sur cette décentralisation dans la mesure
où une décentralisation locale spécifique à l'eau pluviale n'est ni faisable ni nécessaire. Audelà
de leur proximité, le kebele et le woreda portent également certaines traits
hydrologiques. Leur découpage territorial se base sur les éléments structurant (voirie primaire
et secondaire) et sur le réseau hydrographique (notamment dans le cas de woreda).
Le kebele nous semble un cadre approprié pour assurer l'intégration des actions locales au
niveau de la ville. A cette fin, les rôles d'initiateur et d'informateur du kebele doivent être
renforcés.
L'élaboration de l'état des lieux des quartiers, qui est nécessaire à la fois pour la formulation
des stratégies et la construction des bases de données, peut se réaliser par le kebele comme
nous l'avons déjà développé dans le cadre des actions globales. L'intérêt de ce niveau est qu'il
permet non seulement d'avoir une vision réelle des problèmes d'assainissement mais aussi de
leurs interactions avec d'autres éléments de la gestion urbaine tel que les déchets, la voirie,
etc. Ce niveau peut également être utilisé pour guider et contrôler des projets avec des aides
296

techniques, par exemple pour définir l'unité d'intervention et les acteurs appropriés pour
chaque action.
Cette attribution de rôles au kebele nécessite comme nous avons déjà annoncé la création de
service technique avec un technicien, qui, à notre avis, est indispensable et faisable. Le
service technique assurera d'une manière intégrée l'ensemble des tâches de la gestion urbaine
(dont la gestion des eaux pluviales) notamment la collecte des informations pour les bases de
données. Il facilitera également les actions de développement locales menées par les ONG,
les acteurs publics et les habitants.
Le regroupement pyramidal de l'échelon administratif de la ville doit faciliter la résolution de
problème par subsidiarité du haut vers le bas et du bas vers le haut selon la question abordée.
Un projet d'assainissement pour lequel l'unité d'intervention dépasse le niveau d'un kebele
(avec des impacts amont - aval) peut se concerter dans le cadre du woreda.
La décentralisation envisagé de l'AACRA (autorité de la route et de l'assainissement ), au
niveau des 6 zones doit donner lieu à une réflexion pour un découpage approprié pour la
gestion des voirie et de l'assainissement. Cette réflexion permettra de décider si un
découpage zonal propre à l'AACRA est nécessaire comme c'est déjà le cas avec l'AAWSA
pour l'eau potable et les eaux usées.
297

II.3.5 Intérêt et " transposabilité "
L'intérêt de l'approche organisationnelle que nous avons proposée réside dans le fait
qu'elle permet de :
- faciliter l'analyse des problèmes et la formulation des stratégies et
d'actions adaptées à chaque type d'espace ;
- d'assurer une organisation intégrée des actions à différents niveaux ;
- d'avoir une sensibilisation et une mobilisation.
L'enrichissement de cette approche avec des cas des villes éthiopiennes et des villes ayant
des problématiques identiques renforcera son intérêt. Cette approche répond déjà à
certaines questions des villes des PED caractérisées par :
- l’insuffisance de l’acteur public et l’importance de la « débrouillardise »
- l’hétérogénéité de l’espace à gérer et l'importance des bidonvilles et des
zones d'habitat irrégulier
- l’ampleur des problèmes nécessitant des actions urgentes et évolutives.
La démarche de définition de l'unité et du niveau d'intervention nous semble également utile
dans les pays développés dans les cas de lotissements ou des zones équipées par les ouvrages
des techniques alternatives.
298

III.4. MESURES TECHNIQUES ET URBANISTIQUES A L'ECHELLE DE LA
VILLE
Une gestion durable des eaux pluviales urbaines nécessite à Addis Abéba des mesures
urgentes mais aussi de long terme qui portent sur le système hydrographique, la conception de
l'habitat, l'organisation et l'usage de l'espace et la réflexion sur la modalité de financement.
Dans cette perspective, nous avons proposé quelques éléments qui sont nécessaires d'une part
pour améliorer et résoudre progressivement l'état actuel et d'autre part pour mener une
urbanisation consciente et moins vulnérable aux risques d’inondation et de pollution. Il s'agit
d'indiquer quelques éléments constitutifs d'une gestion durable des eaux pluviales et de
l'espace urbain . Ces éléments proposés feront, à terme, partie des perspectives de recherche.
III.4.1 Appropriation et revalorisation du réseau artificiel basées sur la concertation
L'analyse de l'état existant du réseau artificiel nous a montré l'importance du patrimoine hors
usage ou en fonctionnement partiel. L’erreur des pratiques actuelles ("construire pour
abandonner") est très coûteuse en terme d'investissement et d’impacts de dysfonctionnement.
C'est aussi un facteur discréditant pour les acteurs concernés car la population ne voit pas
beaucoup d'amélioration suite aux travaux réalisés.
Le moyen d’aboutir à un drainage urbain durable réside avant tout et pour toutes les
typologies urbaines dans la réflexion permettant la revalorisation et l'appropriation du réseau
déjà construit.
Il s'agit de redonner au système de drainage artificiel un fonctionnement et une capacité
compatibles avec l'environnement à la fois perturbateur (flux, déchet), et perturbé (qualité des
rejets). Parmi les actions concrètes à mener dans ce cadre, nous distinguons :
- la réhabilitation du réseau enterré notamment du centre ville ;
- L'entretien régulier des canalisations enterrées et des fossés par les acteurs
publics et par les habitants
- la mise en place de dispositif technique adapté au problème des déchets : grille,
piège dans les regards, installation des bennes etc.
299

- la construction d'une structure organisationnelle responsable, basée sur l'intérêt
commun du bon fonctionnement du système. Pour ce faire, l'approche que nous
avons proposée pourrait être utilisée.
La réhabilitation du réseau reposera (et contribuera à) sur la construction d’une base de
données détaillée sur le patrimoine réseau qui doit se réaliser pour l'ensemble des bassins
versants de la ville. Elle doit donc faire l'objet de mesures urgentes afin d’utiliser d’une part la
capacité hydraulique de ce patrimoine et de minimiser d’autre part les effets de dégradation
du réseau sur l'environnement bâti (effondrement) et naturel (pollution de la nappe).
III.4.2 Intégration et revalorisation de "l'espace rivière"
L'espace-rivière désigne l'ensemble du lit mineur et des zones d'expansion de crues du réseau
hydrographique naturel. Cet espace, naturel ou urbanisé, doit être considéré comme un
élément utile et valorisant de la ville. Toutefois les rivières d’Addis Abéba sont
structurellement et conceptuellement cachées sans aucune intégration dans le paysage urbaine.
Cet enfermement contribue, comme nous avons vu, à la dégradation des cours d'eau et limite
leurs fonctionnalités (hydraulique et autres).
L'intégration de l'espace rivière dans le paysage et dans la configuration urbaine nécessite
donc une ouverture. La revalorisation de leurs usages est également indispensable pour
satisfaire la gestion durable des eaux et de l'espace urbain.
300

L'ensemble des ces actions concourt à deux objectifs :
- revalorisation des ressources en eaux et diversification d'usage ;
- espace urbain aéré moins vulnérable et économique.
L'intégration et la revalorisation des cours d'eau nécessitent à notre avis trois actions
principales :
- Reconnaissance et élargissement des fonctionnalités des cours d'eaux
- Adoption d'une politique applicable
- Conception urbaine ouvrant les cours d'eau.
III.4.2.a Reconnaissance et élargissement des fonctionnalités des cours d'eaux
L'appropriation d'un élément ne dépend pas seulement de sa fonction réelle mais également de
la perception et de la reconnaissance de l'intérêt de cette fonction. Cette appropriation est
d'autant plus importante que l'intérêt potentiel soit saisi. Comme nous l'avons déjà vu, les
fonctions des cours d'eau d'Addis Abéba ne sont ni mises en valeur ni explorées ce qui
explique le manque de leur appropriation. Nous insistons donc sur la nécessité de mettre en
valeur les fonctionnalités actuelles et de définir les fonctionnalités potentielles comme actions
préalables à l'aménagement et la gestion des cours d'eau. Ceci permettra de mieux utiliser la
fonction de drainage qui constitue une fonction principale, de développer des usages
opportuns comme l’irrigation, déjà assez répandue, et d'empêcher des usages aberrants et
dégradants (décharge de déchet, lieu d'aisance, etc.).
III.4.2.b Adoption d'une politique appropriée et applicable
L'ouverture et l'intégration de l'espace rivière nécessitent une attention particulière et
l'adoption des stratégies intégrées dans la planification urbaine et régionale. Cela doit se
traduire concrètement par des mesures opérationnelles :
- à définir dans les directives du schéma directeur (axes de développement vis à vis
de l'accessibilité des rivières, paysage),
- à réglementer dans le POS et
- à développer dans un plan spécifique.
301

Cette adoption des stratégies intégrées permet d'aborder des questions fondamentales liées à la
gestion foncière qui n’ont jamais été particulièrement considérées.
Il s'agit de :
- conserver et utiliser l'importante réserve foncière le long des rivières
- projeter l'avenir de l'espace rivière dans la mutation du centre urbain
- procéder progressivement à la libération des lits mineurs et majeurs
- freiner dans la zone d'expansion urbaine les occupations légales ou illégales des
berges
- assurer la cohérence d'usage par des procédures de permis et de contrôle de
conformité
Les points listés ci-dessus convergent vers deux questions délicates mais possibles à aborder :
le relogement et la pression foncière.
Le relogement des ménages, vivant majoritairement dans les maisons de kebeles (publiques),
en très mauvais état et très vulnérables à la montée de crue, est une question incontournable
bien que la réponse soit délicate. Il est nécessaire et urgent, contrairement à l'attitude
existante, de centrer la réflexion sur une modalité de relogement faisable et acceptable.
La préservation d’un espace rivière libre se confrontera également à la pression foncière
notamment dans le centre ville. Cependant cette pression peut être maîtrisée dans la mesure
où elle dépend principalement d'un seul acteur : la ville, propriétaire publique de tout le
terrain. La volonté de la ville est donc primordiale au moins en ce qui concerne l’espace
rivière dans les zones d'expansion urbaine. Elle peut être motivée par de nombreux
arguments :
- l’aération de la ville qui est l'une des plus dense du monde
- la capitalisation de réserve foncière
- l’amélioration du cadre de vie urbain.
302

L'argument doit se baser surtout sur le degré d'inondabilité et le risque existant et potentiel
dans l'occupation des lits mineurs et majeurs. Il faut donc tout d'abord procéder à l'élaboration
d'éléments d'aide à la décision, pour définir sur une base plus convaincante (à la fois pour les
acteurs publics et les habitants), la fonction des lits majeurs. Ces mesures répondront à la
carence actuelle de la planification urbaine qui se contente de fixer d'une manière arbitraire
(50 à 100m) les largeurs des berges sous le nom de "informel green area". Ceci n'est jamais
respecté même par la ville, certainement à cause du manque de conviction. Elles permettent
également d'apporter un effet psychologique qui alerte et responsabilise les acteurs concernés
sur le risque de ces zones notamment pour l’habitation et les activités économiques.
La politique d'aménagement urbain doit orienter ces stratégies et ses réflexions vers un usage
adapté de chaque espace, en l'occurrence de "l'espace rivière" en remettant en cause, si besoin
est, ses pratiques habituelles. Elle ne doit pas être totalement pilotée par la pression foncière
ni par la configuration urbaine actuelle, ce qui n'empêche pas leur prise en compte. La
configuration urbaine actuelle nécessite par ailleurs une révision profonde comme dans les
sections suivantes.
III.4.2.c Une conception urbaine qui ouvre et utilise le paysage des cours d'eau
La conception urbaine doit adopter à Addis Abéba un changement profond sur les plans de la
conception et d'usage de l'espace rivière.
Elle doit cesser de considérer les cours d'eau comme des égouts à ciel ouvert à cacher mais
comme un élément écologique valorisant à exposer. Cela doit se traduire par une ouverture et
une intégration du paysage des cours d'eau avec par exemple des voiries construites le long
des berges bien reliées au réseau viaire de la ville comme nous avons essayé d'illustrer avec le
schéma suivant (figure 51).
303

Figure 51 :
Exemple de conception pour intégrer et « ouvrir » des cours d'eau d'Addis
Abéba
Cette ouverture et l’usage public des rives (voirie et espace vert) offre plusieurs avantages. Il
s'agit à la fois de :
- réserver une zone d'expansion naturelle de crues avec des usages moins
vulnérables et indispensables à la ville ;
- aérer la ville, d'augmenter le taux d'espace vert, de cheminements piétons et de
voirie (actuellement l'un de plus bas du monde)
- éviter les usages aberrants (comme les décharges de déchet), favorisés par la
situation cachée, qui dégradent la qualité des eaux des cours d'eaux et réduisent
leurs usages potentiels ;
- réduire l'insécurité (vol , etc.) des zones des rives.
La faisabilité de cette mesure bien qu'elle doive affronter le problème délicat du relogement,
dispose également de certains acquis tels que :
- les espaces verts publics déjà aménagés (Shégre sur Kurtume, Ambassadeur sur
Kechne, Bhere-Tesgé sur Akaki Ouest, Hamlé-19 sur Kebena, etc.)
- d'importantes rives boisées ou non urbanisées
- l’usage (bien qu'il soit peu fréquent) du lit majeur comme lieu de marché à
encourager.
304

Pour illustrer avec un exemple concret, la rivière Kebena possède des rives vacantes et
arborisées au centre ville. Les rives non bâties, boisées, aménagées comme espaces verts
privés (ambassades de France et d'Allemagne) et publics (Hamel 19) représentent 55% du
linéaire de la rivière (dans partie à l’amont du pont Bolé).
Tableau 52 :
L'état de rives de la rivière Kebena entre pont Bolé et Entoto (woreda
11 kebele 04)
Rives Longueur (km) En %
Non bâti, boisé, 5.1 55%
espace vert
- ambassades 1.4
- parc public 0.4
Urbanisé 4.2 45%
Total 9.3 100%
Il est donc nécessaire de mener une réflexion pour préserver ces espaces non bâtis et les
intégrer au processus d’ouverture et de valorisation des cours d'eau.
L'ensemble des mesures énoncées ci-dessus contribuera au changement d'image des cours
d'eau (perçus parfois comme lieu de mauvais esprit, d'insécurité, etc.). Ceci est indispensable
pour leur appropriation et leur fréquentation.
III.4.3 Conception intégrée de la voirie dans le cadre bâti et usage du système dual
L'un des problèmes de drainage de la ville est dû au défaut d'aménagement par rapport à la
voirie et au relief (souvent très pentu) : manque de terrassement des parcelles, constructions
en contre bas par rapport à la voirie, etc. (cf. figure 52).
305

Figure 52 :
Pratique actuelle d'aménagement de l'habitat et de la voirie
Une conception intégrée du cadre bâti et de la voirie permettra de résoudre non seulement le
problème des points bas mais d’augmenter le niveau de protection par le biais de voirie qui
servira comme ouvrage de stockage temporaire : système dual de drainage.
Système majeur
a) dans les quartiers moins denses
Système mineur
b) dans les quartiers denses
Figure 53 :
Conception adaptée aux contraintes de site et l'usage de la voirie comme
ouvrage de drainage : le système dual
306

Il s'agit de donner à la voirie le plus possible (en prenant en considération le relief, la norme
de voirie, le niveau de protection souhaité) une cote plus basse par rapport aux éléments
urbains à protéger. Les deux schémas de la figure 53 illustrent l'usage du système dual selon
la densité des quartiers.
Cette conception intégrée porte également deux principaux avantages :
- avantage économique comme elle permet de minimiser les dimensions
des ouvrages de drainage pour les fréquences rares,
- réduction de l'impact lors de dysfonctionnement courant du réseau
mineur (bouché par les déchets en attendant l'entretien).
L'usage de ce concept doit trouver un intérêt particulier tant dans les zones d'expansion que
dans les zones de mutation du centre ancien. Par ailleurs ceci requiert une sensibilisation et
une concertation entre le service de voirie et les aménageurs privés (ménages, lotisseurs, etc.).
III.5 CONCLUSION
Les problématiques de la gestion des eaux pluviales sont aujourd'hui élargies au-delà de la
dimension technique pour répondre à la complexité de l'interaction de l'eau et d'espace urbain.
Cette tendance reste cependant encore limitée en ce qui concerne la dimension
organisationnelle pour laquelle il n'existe aucun concept ou méthodologie précis. Pourtant,
cette question d'organisation constitue notamment pour les villes pauvres un volet capital dont
l'exploitation devrait contribuer à l'amélioration de drainage.
La réflexion de cette partie, qui s'est focalisée sur l'organisation des acteurs et de l'espace,
nous a permis de développer un outil organisationnel. Ceci permet de formuler une stratégie
au niveau global (villes et bassin versant ) et de cadrer des actions des divers acteurs au
niveau local (quartier).
307

Cet élément de réponse peut servir comme outil d'aide à la décision pour organiser les
différentes actions selon la typologie d'espace et l'évolution des problématiques de chaque
espace type dans le temps. Par exemple dans le cas de Mercato, on sait que le problème se
trouve plus dans l'usage et l'appropriation du réseau que dans l'insuffisance de capacité. Les
solutions doivent donc s'orienter vers le contrôle de connexion illégale et le renforcement de
la gestion des déchets (ramassage régulier, nettoiement des rues, etc.).
Avec cette démarche nous avons tenté d'apporter un outil méthodologique à la fois sur le
plan scientifique et sur le plan opérationnel. La démarche de définition des niveaux
d'intervention, qui peut apparaître évidente par sa simplicité, permet de résoudre la
complication du problème amont-aval, d'assurer une mobilisation coordonnée ainsi que
d'explorer et d'exploiter les acquis et potentialités notamment pour le suivi des ouvrages
réalisés. Ces éléments sont à notre avis des points clés pour une gestion pragmatique et
pertinente.
Le regard rapide que nous avons porté sur les éléments de réponse urbanistique nous a permis
de rappeler les multiples mesures curatives et préventives à mener. Il s'agit également de
lancer une réflexion pour une conception intégrée du réseau et de l'espace urbain.
308

309

CONCLUSION GENERALE
309

310

CONCLUSION GENERALE
La gestion des eaux pluviales constitue l'un des enjeux majeurs 1 de la ville d'
aujourd'hui. Cependant, elle n'a pas reçu jusqu'à présent la considération requise, en
particulier dans les PED. La question exige d'autant plus d'attention que la somme des
contraintes qui pèse sur la ville du tiers monde ne cesse de croître.
La gestion durable des eaux pluviale requiert par conséquent une réflexion globale qui
prend en compte l'ensemble des problèmes, des contraintes et des enjeux de l'espace
considéré. Il s'agit plus précisément d'œuvrer en faveur d'une urbanisation
harmonieuse, pour une ville qui soit moins vulnérable aux aléas et caprices des eaux.
Cette démarche, déjà amorcée, avec la pratique de la gestion intégrée, dans les pays
développés, est seule susceptible de remédier aux carences inhérentes au mode de
gestion et d'organisation habituelle de l'espace , celui de la parcellisation des tâches et
de la gestion sectorielle. Elle est aussi seule à même de fournir les outils prévisionnels
et opérationnels les mieux adaptés.
Avec ce travail de recherche nous avons tenté d'aborder d'une manière intégrée la
problématique des eaux pluviales dans la gestion de l'espace, dans le cas de la ville
d'Addis Abéba 2 . La démarche s'est avérée fructueuse tant sur le plan méthodologique
qu'opérationnel. Un traitement approprié, différencié et cohérent, de chaque
composante de l'espace contribue à la gestion durable des eaux pluviales qui ellemême
concourt à la gestion durable de l'espace, finalité recherchée. Une moindre
vulnérabilité de la ville entraîne une moindre nocuité du facteur risque, dont le
contrôle et la maîtrise en seront d'autant plus aisés. A cet égard, nous avons aussi cru
devoir souligner une réalité généralement occultée, en raison de la vision techniciste
1 Dans le monde on estime que les inondations sont à l'origine de 60% de morts et 30% de pertes
économiques dus aux catastrophes naturelles (Freeman, 1999).
2 Ville ordinaire par la pauvreté, morphologie urbaine anarchique, insuffisance des services urbains,
etc. et peu ordinaire par son urbanisation plus indigène et peu ségréguée ainsi que par sa richesse
organisationnelle de décentralisation très locale.
311

qui préside à l'approche du problème, à savoir que les réseaux hydrographiques sont
partie intégrante de l'espace, de l'écologie urbaine en l'occurrence. Ceux-ci ne
sauraient raisonnablement être dissociés de leur environnement, naturel, humain et
technique.
Le peu de considération accordée à la double dimension spatiale et humaine n'est pas
l'une des moindres causes du dysfonctionnement de la ville et de sa vulnérabilité aux
effets dommageables de la pluie. Aussi, nous sommes-nous attaché à développer et à
préciser cette problématique de l'articulation espace-acteurs, en privilégiant l'approche
des "trois pôles", à mettre en cohérence gestion urbaine et gestion des eaux pluviales.
De manière plus précise, le choix de l'analyse systémique, quand bien même elle
élargirait passablement le champ d'analyse, nous a permis d'identifier et de mettre en
évidence les connexions et interactions entre la gestion urbaine et la gestion des eaux.
Ce paradigme, dans sa double perspective holiste et différentielle, qui privilégie la
question générique de l'organisation de l'espace tout en intégrant les particularités
sectorielles, s'inscrit en faux contre le dogme "évacuer le plus vite et le plus loin
possible".
Avec cette thèse nous avons tenté d'apporter des éléments de connaissance et de
réponse dans une perspective plus large. On peut souligner les six points suivants :
- Caractérisation de la pluie et du ruissellement
- Base de connaissance sur l'état des réseaux, l'organisation d'acteurs, les
enjeux liés à l'eau pluviale
- Identification des modes de fonctionnement et des causes
dysfonctionnement de la gestion urbaine sous divers angles :
organisationnel, social, financier, technique, urbanistique ;
- Classification typologique de l'espace urbain qui nous semble également
pertinente pour l'analyse d'autres questions de la gestion urbaine
- Elaboration d'un outil organisationnel pour une gestion coordonnée et
participative
- Eléments de réflexion pour une conception adaptée des réseaux
hydrographiques et de l'espace.
312

Il est ressorti de notre étude que la ville d'Addis Abéba disposait de certains atouts
d'ordre hydrographique, très favorables quant à l'amélioration de la gestion des eaux
pluviales : relief non stagnant (bien qu'il puisse constituer parfois une contrainte),
forte densité hydrographique, canalisation de grande section. Il y a lieu de signaler,
problème crucial, le manque d'équipement de drainage (qui concerne ¼ de voirie en
moyenne et 54% dans le cas des quartiers non-structurés). Cependant le handicap
dérive davantage de l'inadéquation du mode de gestion aussi bien du réseau
hydrographique que de l'espace urbain.
Les données accumulées, grâce à nos recherches, quant à l'état et à l'appropriation du
réseau (plus de 50% de canalisation et de regards obstrués, souvent délibérément par
la population), devraient, nous l'espérons, attirer l'attention sur le gâchis actuel, et
aussi, de manière plus concrète, aider à rationaliser la gestion.
L'analyse systémique a permis de mettre en évidence les effets perturbateurs de la
gestion défectueuse de l'espace sur le SGEPU. Il est ainsi apparu que la plus grosse
part des déchets non collectés finissaient dans le réseau hydrographique, avec toutes
les conséquences que cela entraîne. De la même façon, l'occupation sauvage et
anarchique ( illicite et légale) des berges et des emprises de voirie aggrave la
vulnérabilité de l'espace urbain et naturel. Ce constat de carence met en cause la
politique urbaine en général.
Les mesures à prendre pour accroître l'efficacité du SGEPU ne devraient donc pas se
limiter ponctuellement aux secteurs de drainage et des cours d'eau, mais s'étendre
aussi, plus globalement, aux autres secteurs ayant des impacts sur le SGEPU. Cela
implique de la part des acteurs et décideurs lucidité et responsabilité. Ils se doivent,
dans leur domaine de compétence particulier et champ d'intervention spécifique mais
à partir d'une vision unifiée, d'œuvrer en faveur de l'intérêt général. Cela appelle de
leur part une démarche commune et une action concertée, qui, par-delà la
détermination d'une politique urbaine, s'obligent à s'inscrire dans le réel. Le fait est
que l'expérience historique n'a eu de cesse de révéler la portée et les limites du master
plan. Nous avons pu établir, grâce à nos recherches, par le biais d'une mise en
perspective historique et des exemples concrets, que l'élaboration d'un document
prévisionnel, était loin de garantir un développement urbain souhaité. Ceci ne peut
313

qu'être obtenu par une appropriation et engagement de tous les acteurs concernés.
Dans cette perspective, la révision du schéma directeur nous semble être l'occasion
propice pour penser, avec l'amplitude requise, la problématique de la gestion des eaux
et concevoir subséquemment une politique d'organisation de l'espace cohérente et
applicable.
Nous avions en vue, avec cette recherche, de dégager quelques éléments de réflexion,
portant sur les mesures urbanistiques, qui soient de nature à pousser à la révision des
conceptions prévalentes en matière d'urbanisation. Plus précisément, il s'agit de mettre
en évidence l'avantage que l'espace offre pour une gestion moins coûteuse, moins
vulnérable et paysagère de la ville. On gagnerait à tirer les enseignements des erreurs
du passé et à mettre en œuvre des mesures préventives.
De surcroît, pour des villes aux moyens limités comme la capitale éthiopienne, c'est
par la qualité de l'organisation, par le recours aux idées innovantes, que l'on peut
avantageusement surmonter les contraintes et résoudre les problèmes urgents. De ce
point de vue, la participation de la population, au demeurant fréquemment sollicitée
mais diversement appréciée, ne peut qu'être bénéfique, à la condition toutefois qu'elle
soit judicieusement cadrée.
Il y a lieu cependant de ne pas se tromper sur la portée de ce facteur. La participation
des masses n'est pas synonyme de gestion durable. Son apport peut être de faible
efficacité voire même induire des effets pervers, en suscitant des conflits d'intérêts,
en favorisant la confusion des rôles, en complexifiant les enjeux avec la multiplication
des acteurs. L'expérience de la gestion des ouvrages techniques par le recours à la
participation de la population s'est avérée peu concluante, du fait de l'absence d'un
acteur réellement engagé.
Comme réponse à cette lacune, une piste pourrait être recherchée dans le principe de
subsidiarité. Il serait de bonne méthode, pour tirer le meilleur parti de l'apport
populaire, de définir de manière précise un rôle et de l'associer à un territoire et à une
fonction bien déterminés. On ne pourrait que gagner en efficacité en conciliant intérêt
individuel et intérêt collectif, en anticipant les changements prévisibles, en favorisant
les échanges, en rapprochant discours technicien et langage populaire. Ce dernier
314

point, l'impératif d'interlocution et d'intercompréhension, nous semble capital, dans la
mesure où la réussite d'une action est largement conditionnée par l'accord de
l'ensemble des acteurs concernés.
C'est dans ce souci que nous avons tenté d'apporter un outil méthodologique et
opérationnel, à cette question organisationnelle qui, par-delà le cas spécifique d'Addis
Abéba, intéresse la problématique des PED et la gestion locale des eaux pluviales en
général. Cette percée s'inscrit dans un champ de recherche peu exploré dans lequel on
dispose de peu de concepts spécifiques et précis concernant la question
organisationnelle de gestion des eaux.
L'ensemble d'éléments organisationnels proposé offre une stratégie d'actions et un
outil de définition des niveaux d'intervention, tout en ouvrant un champ de réflexion
en matière d’étude d’échelle de gestion. Notre intérêt s’est focalisé sur les deux
extrémités de l’échelle : ville-bassin et quartier. Elles constituent le point
d’application du principe de subsidiarité en tant qu’elles servent de sites et de pôles à
la détermination des niveaux d’organisation et d’intervention. Sans prétendre à
l’extrême précision ni à l’exhaustivité, nous nous sommes employés à dresser une
esquisse du modèle d’organisation souhaitable, en établissant au niveau global le
COCGE (centre d’observation, de conception et de coordination pour la gestion des
eaux), et à la base les kebele et agents locaux, opérant au niveau des quartiers, dans un
rôle toutefois revalorisé et renforcé.
Ces deux entités, à savoir le COCGE et le kebele (le service technique), sont, à notre
sens, représentatifs et constitutifs d’une gestion intégrée à deux niveaux extrêmes. Au
niveau global, la gestion des eaux pluviales est à la fois centralisée et spécialisée. Au
niveau local, elle s’inscrit, s'intègre et se fusionne dans la gestion technique urbaine.
Nous avons aussi tenu, au sujet des deux entités, à insister sur les facteurs (notamment
diversification d'action) qui en déterminent la nécessité et en fondent la légitimité.
315

Les conclusions comme les analyses qui les fondent, et formant la matière de cette
thèse, de par leur dimension exploratoire, ouvrent des perspectives stimulantes et,
nous l’espérons, fécondes, pour des applications plus vastes et plus pointues
concernant les questions soulevées, ainsi que pour l’enrichissement et la validation
des approches et méthodes expérimentées.
D’abord, d’un strict point de vue méthodologique, il serait instructif de tester notre
approche « spatialisée » à la question de la pollution en temps de pluie, laquelle
gagnerait précisément à être approfondie. Cet axe de recherche se fonde sur le constat
d’une forte variation des facteurs polluants non seulement en fonction des types
d’activité mais aussi selon la morphologie urbaine (accessibilité, densité). Nous
avions proposé une partie de cette approche dans la modélisation de la qualité des
cours d’eau d’Addis Abéba 3 . Les quelques résultats obtenus en sont, du reste, fort
suggestifs.
Ensuite, pour ce qui est du mode d’organisation, nous sommes conscients de la
nécessité, dans le cas d’Addis Abéba comme pour d’autres villes, d’approfondir la
réflexion et de poursuivre l’expérimentation pour acquérir davantage
d'éclaircissement, accumuler les enseignements et conforter la pertinence et
l’efficience de l’outil.
Enfin, au plan technique et hydrologique, deux pistes de recherche nous paraissent
prioritaires. L’inventaire et la mise en état du réseau nous semblent être des questions
du plus haut intérêt et d’une urgence impérieuse. Elles devraient déjà pouvoir fournir
des éléments d’information préalables et indispensables à toute forme d’intervention
sur un site complexe, parce que souterrain, peu exploré et peu documenté. La seconde
piste a trait à l’étude du phénomène pluie-débit dans un contexte d’insuffisance de
données. Il est illusoire d’escompter, dans l’état actuel des moyens disponibles, des
données complètes et précises relative à la pluie et au réseau. Aussi, on pourrait
utilement prêter une attention accrue aux travaux de recherche intégrant cette
contrainte, afin d’en évaluer la pertinence analytique et l’adéquation opérationnelle,
tout en renforçant la collecte des données.
3 (Agizew, 1999)
316

317

B I B L I O G R A P H I E
319

320

321

BIBLIOGRAPHIE
AACG(1997a). Addis Abéba en 4 ans (en amharique). Addis Abéba : Brana Printing
Press, février 1997, 72p.
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LISTES DES INSTITUTIONS CONSULTEES
Acteurs au niveau de la ville
1. Addis Ababa public work and urban development Bureau (PWUDB) [13 personnes]
- Operational sector head
- Design department
- Master plan department
- 20 000 new settlement project
- Woreda PWUDB coronation office
- Informal green Committee
- Zone 5 Road construction department (previous)
- Addis Radius Group
2. Addis Ababa City Road Authority [10 personnes]
- General Manager
- Road construction and maintenance department
- Drainage and bridge Team
- Planning and study service
- Research and quality control service
- Technical sector
3. Addis Ababa Master Plan Revision Project Office [2 personnes]
4. Addis Ababa Health Bureau [2 personnes]
- Solid waste collection & disposal
- Public toilette expert
5. Addis Ababa water supply and sewerage Authority [3 personnes]
- Sanitation department
- Phase III project
- Engineering department
6. Addis Ababa Tourism & industry bureau [2 personnes]
7. NGO desk [1 personne]
8. Addis Ababa flood control project office [2 personnes]
9. Addis Ababa Environmental Development Project Office [2 personnes]
10. Ethiopian Social Rehabilitation and Development Fund [3 personnes]
- Addis Ababa Branch
- Dire Dawa branch
11. Addis Ababa Project Implementation Office [7 personnes]
- Planning department
- Contract administration
- Kebele up-grading
333

12. Addis Ababa finance bureau [2 personnes]
- Legal service
- Budget division
13. Addis Ababa Fire Brigade [3 personnes]
14. Addis Ababa Environmental Protection Bureau [2 personnes]
15. Forest production enterprise (Oromiya region) : previous Addis-Beha Forestry
development project [2 personnes]
16. Dire Dawa Administrative Region, work and urban development bureau [3 personnes]
- Urban planning, construction and control team
- Engineering team
- Urban and rural roads team
Acteurs au niveau national
1. Ministry of Water Resources [6 personnes]
- Department of hydrology
- Policy
- Women affairs
- Sanitation
- Legal
2. Ministry of Agriculture [2 personnes]
-Soil, water and forest conservation and management department
3. Ministry of Public Work and Urban Development [2 personnes]
4. Ministry of Industry [1personne]
5. National meteorological Service Agency [1 personne]
6. National Urban Planning Institute [1personne]
7. Central Statistical Office [1 personne]
8. Ethiopian Mapping Agency [1 personne]
9. Transport construction Design Enterprise [2 personnes]
10. Ethiopia Road Authority [2 personnes]
334

Universités et centre de recherche
Addis Abéba
1. Addis Ababa university civil engineering department [2 personnes]
2. Addis Ababa university Geography department [1 personne]
En France
2. CEMAGREF [1 personne]
3. CERTU (Centre d'étude sur les réseaux et les transports, l'urbanisme et les constructions
publics) [1 personne]
4. ENTPE (Ecole National des travaux publics de l'Etat [2 personnes]
5. Institut des sciences de l'Homme – université lyon II [1 personne]
6. Université Lyon II-département de géographie [1 personne]
7. Agence d'urbanisme de Lyon [3 personnes]
ONG
CARE-Ethiopia [1 personne]
335

LISTE DES ANNEXES
ANNEXE 1 Enquête socio-technique sur la gestion des eaux pluviales de la ville d'Addis Abéba ............... 341
ANNEXE 2 Enquête technique 1 : Visite du réseau pluvial, fiche d'enquête................................................ 349
ANNEXE 3 Enquête technique 2 : L’état des regards et des avaloirs du réseau pluvial d’Addis Abéba ....... 350
ANNEXE 4 Climats et précipitation en Afrique.............................................................................................. 351
ANNEXE 5 Les villes éthiopiennes de plus de 45 000 habitants ....................................................................352
ANNEXE 6 Rôle et Responsabilité de l'AACG et de ses bureaux ................................................................. 353
ANNEXE 7 Les documents de planification urbaine en Ethiopie ................................................................... 357
ANNEXE 8 La révision du Schéma directeur d'Addis Abéba........................................................................ 361
ANNEXE 9 Programme du Schéma Directeur des eaux usées........................................................................ 364
ANNEXE 10 Hauteur d'eau fictive et courbe IDF pour sations OBS et Bolé ................................................... 365
ANNEXE 11 Le phénomène pluie - débit à Addis Abéba................................................................................. 369
ANNEXE 12 Les normes et les paramètres d'évaluation de la qualité de l'eau ................................................. 381
ANNEXE 13 La géologie d'Addis Abéba.......................................................................................................... 389
ANNEXE 14 Acteurs de l'espace boisé : compétence et travaux ...................................................................... 391
ANNEXE 15 Le développement durable et les outils avancées dans la problématique des services urbains.... 392
ANNEXE 16 Les 21 entrées du développement durable................................................................................... 393
ANNEXE 17 Formes de participation populaire ............................................................................................... 394
339

340

ANNEXE 1
Enquête socio-technique sur la gestion des eaux pluviales
de la ville d'Addis Abéba
Dossier d'enquête
Note :
- Enquête anonyme
- Les questions en gras sont des questions à double cible permettant de vérifier les réponses de certaines
questions déjà posées.
341

Fiche 1 : fiche technique
Surveyor name--------------------------
Date-----------------------------
I - About the Area
I-1) Location : Woreda------------, Kebele---------,
Street or sefer name----------------------------------------------------------
I-2) Land use
- Residential
- Business
- Industrial
- Administrative
- Mixed (to specify)-----------------------------------------------------------------------
- Other--------------------------------------------------------------------------------------
I-3) Slope
- very steep
- steep
- gentle
- flat
II- Road
-Hierarchy
Primary
Secondary
Tertiary
Access
-Type
-Vehicular way : Asphalt, selected material, soil
-Pedestrian way : Asphalt, selected material, soil
III. Drainage
- Type Pipe--------------------(O)
open ditch----------
none
- State -----------------------------------------------------
IV) Observations -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
342

Fiche 2 : fiche d'enquête (version originale en amharique)
1. Age et niveau d'étude de la personne interrogée
1.1 Catégorie d'âge : jeune, adulte, âgé______________
1.2 Niveau d'étude : __________________
2. Est-ce que votre maison a été inondée ?
2.1 Jusqu'où ? ____________ (en mètre)
2.2 Quels sont les dommages causés ?
a) démolir la maison
b) dégrader la maison
c) abîmer les propriétés ( et les biens)
d) faire déborder la fosse d’aisance
e) amener le déchet ou la mauvaise odeur
f) autres _______________________
2.3 En quel évènement se produisent-t-ils ces phénomènes ?
a) Pluie (d'intensité ) forte
b) Pluie (d'intensité) moyenne
c) Pluie (d'intensité ) faible
2.4 Avez-vous informé les autorités concernées ? Les quelles ? __________
3. Pourriez vous me dire tout ce que vous savez sur le réseau de drainage des eaux pluviales
de votre quartier ?
___________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________
4. Comment le réseau riverain fonctionne-t-il selon l'intensité de la pluie ?
4.1 lors d'une pluie forte :________________________________________________
4.2 lors d'une pluie moyenne : _____________________________________________
4.3 lors d'une pluie faible : ______________________________________________
343

5. Les gênes occasionnées par ces phénomènes en dehors et à l'intérieur de votre parcelle
5.1 problème de circulation, stagnation
5.2 concentration des déchets dans votre concession
5.3 pollution de quartier (mauvaise odeur, déchet, etc.)
5.4 abîmer les propriétés ( et les biens)
5.5 autres ____________________
6. A votre connaissance, qui a construit le réseau (riverain) ?
6.1 Municipalité
6.2 ONG
6.3 Kebele
6.4 Résidants du quartier
6.5 Autres _______________
7. Est-ce que vous avez vu l'entretien du réseau ? _______________________________
7.1 Par qui ?________________________
7.2 Combien de fois par an ? ____________
7.3 En quelle saison ? _________________
8. Est-ce que vous avez vu la maintenance ou le remplacement du réseau ? _____________
8.1 Par qui ? _____________________________________________
8.2 Combien de fois depuis que vous habitez dans ce quartier ? __________
9. Est-ce qu'il y a un système d'évacuation des eaux pour votre parcelle ?
9.1 Non
9.2 Oui
Si oui
a) Il est connecté :
- au réseau d'égout
- au réseau pluvial
b) La nature d'effluent
- eaux usées grises (domestiques)
- eaux vannes
- eaux de pluie
- toutes
344

10. Est-ce que vous avez demandé l'autorisation pour cette connexion ? ___________
10.1 A quel organisme ? ___________________________
10.2 Avez -vous obtenu une autorisation ? ______________
11. Où déposez-vous les ordures ménagères ?
11.1 Camion
11.2 Benne (distance)
11.3 Dans le réseau d'assainissement
11.4 Dans la rivière (distance)
11.5 Sur la rue
11.6 Autres (brûler, enterrer, etc.)_______________________
12. Quand vous êtes pressé ou lorsque vous ne disposez pas à votre proximité de camion
ou de benne, est ce que vous jetez vos ordures ménagères dans le réseau ou sur la rue ?
________________________________
La nature de déchet ? ________________________________________________________
13. Est-ce que vous utilisez le ketema et le Tchat ?
13.1 Combine de fois par semaine_____________________
13.2 Quantité ___________________________________
14. A votre avis, d'où vient le problème de drainage de votre quartier ? ______________
___________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________
14.1 Est-ce que vous avez demandé pour que le problème soit résolu ?________
14.2 A qui ? __________
15. Pour vous, à qui appartient le réseau (riverain) de drainage________________________
16. Quels sont vos problèmes liés au drainage des eaux pluviales ? _________________
___________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________
345

17. Que pourrait être votre contribution pour l'amélioration de drainage dans votre quartier ?
17.1 En argent
17.2 En manœuvre
17.3 En savoir (études, coordination, autres)
18. A quel niveau souhaiteriez vous le service de drainage des eaux pluviales ?
18.1 quartier
18.2 Kebele
18.3 Woreda
18.4 Zone
18.5 Région
18.6 Autres ___________________
19. Quels sont les travaux que vous avez réalisés, individuellement ou collectivement,
pour améliorer le drainage de votre quartier ? __________________________________
___________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________
20. Avez-vous un problème d'alimentation en eau ? ______________________________
21. Votre moyen d'approvisionnement en eau ?
21.1 Robinet dans la parcelle
21.2 Achat chez un particulier
21.3 Borne fontaine
21.4 Rivière et étang
21.5 Puits
22. Recueillez-vous l'eau de la pluie ? ____________________________________________
22.1 Pour quels usages ?
a) lessive
b) vaisselle
c) ménage
d) consommation (cuisine, boisson)
e) construction
f) arrosage
346

23. Avez-vous l'intention de recueillir l'eau de pluie dans le futur ? ___________________
Pourquoi ? _________________________________________________________________
24. Quels sont vos remarques et suggestions sur le problème de la gestion des eaux pluviales
de la ville d'Addis Abéba ?
24.1 Problème et causes
________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
_________________________________________________________________
24.2 Les solutions à votre avis ?
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
_________________________________________________________________
347

348

ANNEXE 2
Enquête technique 1 : Visite du réseau pluvial, fiche d'enquête
Enquête technique 1, wondimu Abeje, Addis Abéba, 1998-99.
Rue Localisation Pente Activité
dominante
Typologie
urbaine
revêtement de
la chaussée
section
du réseau
section du
regard
long., larg., h
Déchet dans le
regard
Remarques
349

ANNEXE 3
Enquête technique 2 : L’état des regards et des avaloirs du réseau pluvial d’Addis Abéba
Nom de la rue : ______________________
Partie étudiée : ______________________
Type (asphalte, etc) : ______________________
Hiérarchie : ______________________
Date : _______________________
Nom de l’enquêteur : _______________________
No. localisation Etat des regards Etat des avaloirs Activité riveraine Existence de
benne d’ordure
Fermetuure état à l’intérieur
[100%, 2/3, 1/2, 0
etc]
bouché
(a)
non bouché
(b)
invisible
(c)
bouché
1
2
3
4
5
6
7
8
9
(a) : le regards est bouché par des déchets ou autre débris en dessus de la cote supérieure de la canalisation
(b) : il n’est pas bouché mais il peut y avoir quelques centimètres de déchet à estimer
(c) : il est invisible parce qu’il est correctement fermé ou complètement enterré.
non
bouché
enterré resid. com.
bureau
et autre
350

ANNEXE 4
Climats et précipitation en Afrique
Source : Encyclopédia Britannica World Atlas
a) Climats de l’Afrique b) Précipitation en Afrique
351

ANNEXE 5
Les villes éthiopiennes de plus de 45 000 habitants
Année de recensement 1994 1984
Ville Population en % * population en % *
Addis Abéba 2, 112,737 28,85 1, 412,575 29,79
Dire-Dawa 173,188 2,36 98, 100 2,07
Nazret 127, 842 1,75 76, 280 1,61
Gondar 112, 249 1,53 68, 960 1,45
Dessie 97, 314 0,13 68, 850 1,45
Mekele 96, 938 1,32 61, 580 1,30
Bahir-dar 96, 140 1,31 54, 800 1,16
Jima 88, 867 1,21 60, 990 1,29
Harer 76, 378 1,04 62, 160 1,31
Debrezeit 73, 372 1,00 51, 140 1,08
Awassa 69, 169 0,94 36, 170 0,76
Sashemene 52, 080 0,71 31, 130 0,66
Debre-Markos 49, 297 0,67 39, 810 0,84
Assela 47, 391 0,65 36, 720 0,77
Nekemte 47, 258 0,65 28, 820 0,61
Population urbaine 7, 323, 207 100,00 4, 742, 855 100,00
Population nationale 53, 477, 265 42, 019, 418
Taux d’urbanisation 13.69% 11.29%
[Source : tableau élaboré à partir des données de (CSA, 1995), (CSA, 1984)].
* pourcentage dans la population urbaine nationale
352

ANNEXE 6
Rôle et Responsabilité de l'AACG et de ses bureaux
6-1 Pouvoirs et tâches de l’AACG :
- Arrêter, publier et mettre en vigueur les règlements et directives
dans les domaines qui relèvent de sa juridiction ;
- administrer le sol et les ressources naturelles de son territoire de
compétence
- imposer et collecter taxes des domaines réservés à la ville ;
- approuver et gérer le budget ainsi qu’emprunter de l’argent dans le
pays ;
- définir et exécuter les programmes économique et du
développement social
- créer et définir les compétences et les tâches des offices, institutions
et entreprises de la ville ;
- créer la police pour maintenir l’ordre public et la paix à Addis
Abéba ;
- établir des relations de coopération technique, économique et
culturelle avec des villes étrangères jumelées ;
- établir des relations et signer des accords avec des organes et
institutions du Gouvernement Fédéral ainsi qu'avec des
gouvernements régionaux
- gérer ses fonctionnaires et leurs conditions de travail.
Il s’agit donc de compétences plutôt générales, contrairement aux proclamations
précédentes où la définition des rôles en matière de services urbains est plutôt
détaillée.
353

6-2 Tâches attribué au bureaux des travaux publics et de du développement
urbain
Le décret 26/1993 donne aux bureaux des travaux publics et de du développement
urbain des rôles très généraux qui correspondent aux tâches des bureaux régionaux
responsables de plusieurs municipalités de leurs régions. Dans le cas d’Addis Abéba,
la municipalité et la région sont unies.
Les principaux rôles des Bureaux des travaux publics et du développement urbain,
définis par la loi 26/1993 pour toutes les régions gouvernementales éthiopiennes,
sont :
- d’exécuter dans sa région les politiques nationales de
développement urbain ;
- de veiller à l’applicabilité des codes et des normes de constructions;
- faire préparer les plans et les contrats de construction, de faire
réaliser les projets de construction, de maintenance et de
réhabilitation ainsi que de contrôler la conformité d’exécution pour
les constructions financées par la région gouvernementale ;
- de mener des études nécessaires pour la réalisation du Schéma
directeur d’urbanisme ; de préparer les plans de détail, pour
l’application du Schéma directeur, et de suivre et de contrôler leur
application
- d’administrer et faire réhabiliter les parcs de logements urbains de
la région
- de construire et de louer des logements à faible coûts pour diminuer
le problème de l’habitat
- d’enregistrer et d’encourager les coopératives de l’habitat
354

urbain 1 - Régler les litiges de propriétés et de voirie ou de le faire décider par
6-3 Principaux rôles de l'office Woreda de travaux publics et du développement
l'office de coordination ;
- accorder l'autorisation et contrôler la conformité des travaux
mineurs
- empêcher toutes constructions et réhabilitation sans permis
- autoriser les permis de clôture ;
- contrôler, lors la construction de fondation, la conformité des
nouvelles constructions
- contrôler et démolir les constructions illégales
- contrôler des constructions illégales et des activités gênantes sur la
voirie
- transmettre une fois par mois au Centre d'Information du
Développement urbain (Base de données cadastrales) les nouvelles
informations sur l'habitat et le foncier (nouvelle construction,
élargissement, etc.) ;
- transmettre le bilan de ses activités à l'administration de woreda et à
l'office de coordination ; et appliquer les tâches définies pars ces
derniers.
1 Selon l'information obtenue en décembre 1998 de l'office de coordination.
355

6-4 Bureau de la santé : organigramme
Chef de bureau
Service loi
Audit
Programme et management
Service de l’ingénierie et de la maintenance
Dép. de prévention et
contrôle des maladies
Dép. de la santé
environnementale
Dép. de formation
Dép. administration
et comptabilité
Education sanitaire
propreté
Service de santé
Administration
Contrôle des maladies
transmissibles
Contrôle
sanitaire
Médicaments
comptabilité
Hygiène familiale
Inspection des
activités industrielles
Formation
Service général
356

ANNEXE 7
Les documents de planification urbaine en Ethiopie
1. Plan régional d'urbanisation : un plan général qui présente les caractéristiques
géographiques, le système de production et d'approvisionnement, la hiérarchie
urbaine et l'impact de la politique proposée sur les régions voisines .
2. Plan métropolitain : concerne une zone métropolitaine intégrant une ville
principale et les villes satellites aux alentours qui bénéficient des services de la
ville principale. Le plan présente, entre autres, le programme d'usage des sols, le
système d'approvisionnement de la zone et l'impact de ces prévisions sur les
agglomérations voisines.
3. Master plan (l’équivalent du Schéma Directeur en France) : définit le programme
détaillé d'usage des sols, le programme nécessaire à l'amélioration de la ville ainsi
que ses systèmes d'apprivoisement.
4. Plans détaillés : il s'agit d'élaborer des plans nécessaires au développement et à la
préservation des différentes parties de la ville. On peut citer comme exemples les
plans d'action (réhabilitation, lotissement rénovation), les plans thématiques
(monument historique, plan des rivières, etc.), les plans des projets spécifiques.
5. Zoning Plan (équivalent du POS en France) : les différentes zones et leurs
caractéristiques détaillées (COS, hauteur, densité, etc.).
Nous avons résumé le processus d'élaboration et d'approbation des documents et les
acteurs désignés dans le tableau suivant bien qu'il existe des changements au niveau
des acteurs (comme le NCCP remplacé par le Ministère de planification et du
développement économique).
Tous les plans, à l'exception de quelques cas des plans détaillés, sont réalisés par le
NUPI (National Urban Planning Institut) créé par la loi 317/1997. Dans cette
357

démarche très centralisée, la participation des acteurs locaux à la planification est très
faible ce qui pose un problème au niveau de l'application. En plus, il n'existe aucune
démarche d'enquête publique prévue par cette loi ce qui peut expliquer en partie la
difficulté de leur application.
358

Tableau 7-1 Les processus et les acteurs dans l'élaboration et l’application des documents de planification
Plan Préparation Soumis à l'avis Approbation Soumis à l'avis avant
le journal officiel
Plan Régional NUPI RPC (Regional Ministère du NCCP (National
d'urbanisation
Planning Council) développem Committee for
ent urbain Central Planning )
Plan
NUPI MC (Metropolitan Ministère du
Métropolitain
Council) développem
Master
(Schéma
Directeur)
Plan détaillé
Plan
Plans de zonage
(POS)
ent urbain
NUPI Conseil Municipal Metropolitan
Council
ou
RPC (si MC
n'existe pas)
Ville
ou
NUPI
Ville
NUPI
et
Ministère
Conseil Municipal
et Ministère
Ministère
Metropolitan
Council
ou
RPC (si MC
n'existe pas)
Metropolitan
Council
ou
RPC (si MC
n'existe pas)
NCCP MC Ministèr
e & MC
Ministère
développement
urbain
-
du
- VIlle Non
spécifié
Application Contrôle Modification Diffusion et
information
RPC Ministèr NUPI NUPI
e
NUPI
NUPI
Ville MC NUPI NUPI
Ville MC Ville Metropolitain
Council ou
RPC
Ville -
359

ANNEXE 8
La révision du Schéma directeur d'Addis Abéba
Le schéma directeur révisé aura une période d'application de 12 ans à compter de sa mise en
vigueur prévue au mois de juin 200. Le coût de cette opération de révision est estimé à 20
millions de birrs.
Objectifs
L'objectif général de la révision est double :
- transformer le schéma directeur actuel en un outil efficace permettant de
mener un développement durable en harmonie avec le présent contexte
politique et socio-économique ;
- concevoir et développer des outils opérationnels appropriés pour mieux
aborder les problème urbains et les questions de développement
(AAMPRPO, 1999)
Principes
Les principes de la révision tel qu'ils sont fixés dans les documents de départ se veulent
pragmatiques et durables :
- Conserver l'image duale (moderne et traditionnelle) de la ville sur le plan
socio-économique et physique (type d'habitat )
- Mener une planification participative de tous les acteurs concernés ;
- Intégrer les intérêts de la ville, dans le plan révisé, à court et long terme ;
- Prévoir une planification dynamique et flexible pour assurer la durabilité du
processus dans le temps et l'adaptabilité selon le contexte (AAMPRPO,
1999).
Ces principes sont porteurs de grands défis, notamment l'objectif de garder la population à
faible revenu dans le centre ville et de lui donner un cadre de vie acceptable, dans un contexte
de pression foncière. Il sera donc nécessaire de définir des modalités et des stratégies claires
pour avoir une transformation des centres anciens sans conséquences ségrégatives.
361

Concepts
La révision repose sur une approche stratégique hybride qui essaie d'amalgamer le structure
plan et Action Oriented Strategic Plan.
Le plan structurel est basé sur une approche très globale et indique les directions générales de
développement d'un espace à long terme. Il doit intégrer également les outils nécessaires
comme les lois, normes etc. pour contrôler et faciliter l'application et de la politique projetée.
Le Plan stratégique orienté actions est une des approches d'Action Plan émergée récemment
comme une alternative aux approches traditionnelles telles que le schéma directeur. Il s'agit
d'un plan à court terme qui se caractérise par :
- un processus participatif des acteurs concernés
- une focalisation sur les points stratégiques importants et les mécanismes de
leur réalisation
- un intérêt particulier pour les moyens institutionnels et financiers
nécessaires
- une classification prioritaire des projets
- une opérationnalité locale pour résoudre un problème spécifique avec les
moyens existants 2 .
- Champs
La révision concerne toute la zone métropolitaine (environ 50 km de diamètre). Une partie de
différents plans du Schéma Directeur en révision (comme le POS, road structure, la
hiérarchie des service et des espace vert) sera probablement maintenue avec les mises à jour
nécessaires 3 . Compte tenu de l'approche adoptée, le plan d'intervention fera objet d'une
révision plus élaborée.
Cette révision est sans doute une bonne occasion pour compléter les lacunes et définir des
lignes directrices claires en matière d'infrastructure et de gestion des eaux si l'occasion est
saisie avec conviction et non pas par simple formalité. Il faut donc qu'il existe aussi un
véritable partenariat et une collaboration avec les autorités chargées de la gestion technique
2 Baross, 1991; AAMPRPO, Addis Ababa and its planning practice mai 1999.
3 AAMPPO, Compte rendu du forum de discussion sur le TOR, en amharique, mai 1998.
362

urbaine. Un schéma directeur ne doit pas se résumer à un plan de zonage et il faut penser à
tous les éléments urbains afin de construire un outil prévisionnel complet et faisable.
-Démarche et finalité
Il s'agit de satisfaire 4 buts qui sont par ordre de réalisation :
- élaborer le plan de structure (Structure plan)
- développer un cadre stratégique d'action à court et à moyen terme
- développer le cadre institutionnel nécessaire à la réalisation
- mener des projets pilotes
363

ANNEXE 9
Programme du Schéma Directeur des eaux usées
Le schéma directeur s’est fixé en 1993 les objectifs suivants sous le terme « service levels »
pour répondre aux problèmes de la ville liée à l’eau usée à moyen et long terme (AAWSA et
al., 1993c&1993a).
En 2005 :
- diminuer la population sans équipements en assainissement à 20% ;
- avoir 595 km de réseau supplémentaire (phase 1)
- raccordement à l’égout de 60 à 75% des ménages et des institutions raccordables.
En 2015
- tous les logements légaux 4 auront un système d’eau usée adéquat ;
- diminuer la population sans équipements en assainissement à 10% cela concernera
les ménages sans logements irréguliers ;
- Construire 605km de canalisation en phase 2
- Réaliser 80 à 100% de raccordements des unités raccordables.
4 Il s’agit d’une prévision ségrégative et pessimiste. Il estime qu’en 2015 la ville aura 10 millions et 10% sera des
sans abris qui n’auront pas accès à un système d’eaux usées adéquat.
364

ANNEXE 10
Hauteur d'eau fictive et courbe IDF pour sations OBS et Bolé
Détermination de hauteur d'eau fictive pour chaque période de retour
Méthodes : la loi des valeurs extrême de Gumbel
−u
−e
F( H ) = e U = α H − H ) , U valeur réduite
(
0
Nous avons
∑ H
H
N
,
= et l'écart type
∑ ( H − H )²
=
N −1
σ ;
1 0.577
= 0.78σ
; H
0
= H −
α
α ⇒ H
0
= H − 0.45σ
U
= α ( H − H
0
) ⇒
u
H = H
0 +
α
1 0.577
= 0.78σ
et H
0
= H −
α
α
H = H − σ ( 0.45 − 0.78U
)
En remplaçant
, on obtient
La valeur de u (valeur de variable réduite) pour chaque fréquence de retour,
T 2 5 10 20 30 50 100
U 0.366 1.5 2.23 2.98 3.47 3.9 4.57
On obtient donc les hauteurs d'eau fictives pour chaque période de retour avec les relations suivantes :
H2=Hm-0,164Etype
H5=Hm+0,72Etype
H10=Hm+1,289Etype
H20=Hm+1,874Etype
H30=Hm+2,257Etype
H50=Hm+2,592Etype
H100=Hm+3,115Etype
365

Tableau 10.1 Estimation de H pour des fréquences de dépassement (choisis) par la méthode des valeur extrême
(méthode de Gumbel) type I : Station OBS
T 10 20 30 60 24hr relation utilisée
2 13,58 20,06 25,35 28,65 H2=Hm-0,164Etype
5 18,28 26,74 34,04 39,93 H5=Hm+0,72Etype
10 21,31 31,03 39,63 47,2 H10=Hm+1,289Etype
20 24,42 35,45 45,38 54,67 H20=Hm+1,874Etype
30 26,46 38,34 49,15 59,56 H30=Hm+2,257Etype
50 28,24 40,87 52,44 63,84 H50=Hm+2,592Etype
100 31,02 44,82 57,58 70,52 H100=Hm+3,115Etype
Figure 10-1. : Courbe HFD à l’OBS Addis Abéba
80
70
Hauteur H (mm)
60
50
40
30
20
10
20
30
60
10
0
2 5 10 20 30 50 100
Période de retour T (an)
Tableau 10-2 : Valeurs intensités-durées-frequences à la station OBS d’Addis Abéba
10mn 20mn 30mn 60mn
T H i(mm/hr) h i(mm/hr) h i(mm/hr) h i(mm/hr)
2 13,58 81,48 20,06 60,18 25,35 50,7 28,65 28,65
5 18,28 109,68 26,74 80,22 34,04 68,08 39,93 39,93
10 21,31 127,86 31,03 93,09 39,63 79,26 47,2 47,2
20 24,42 146,52 35,45 106,35 45,38 90,76 54,67 54,67
30 26,46 158,76 38,34 115,02 49,15 98,3 59,56 59,56
50 28,24 169,44 40,87 122,61 52,44 104,88 63,84 63,84
100 31,02 186,12 44,82 134,46 57,58 115,16 70,52 70,52
366

Tableau 10-3 : Station Bolé , Calcule de H pour T choisit par la méthode des valeurs extrême de
Gumbel
T 10 20 30 60 24hr relation utilisée
2 11,41 18,89 23,85 27,43 H2=Hm-0,164Etype
5 18,28 26,74 34,04 39,93 H5=Hm+0,72Etype
10 21,31 31,03 39,63 47,2 H10=Hm+1,289Etype
20 24,42 35,45 45,38 54,67 H20=Hm+1,874Etype
30 26,46 38,34 49,15 59,56 H30=Hm+2,257Etype
50 28,24 40,87 52,44 63,84 H50=Hm+2,592Etype
100 31,02 44,82 57,58 70,52 H100=Hm+3,115Etype
Tableau 10-4 : Station Bolé , Valeurs intensités-durées-frequences à la station OBS d’Addis Abéba
Dt i2 i5 i10 i20 i30 i50 i100
10 68,461 82,039 90,779 99,765 105,64 110,793 118,83
75
20 56,663 61,066 63,899 66,813 68,719 70,3882 72,993
86
30 47,694 54,625 59,086 63,672 66,674 69,3013 73,402
88
60 27,431 34,972 39,825 44,815 48,082
21
50,9398 55,401
367

Courbe IDF - Station Addis Abéba Bolé (Aéroport)
180
Intensité (mm/hr)
160
140
120
100
80
2ans
5ans
10ans
20ans
30ans
50ans
100ans
60
40
20
0
0 20 40 60 80 100 120
Durée (mn)
Courbe ajustée par la loi type Montana I= a t b
T 2ans 5ans 10ans 20ans 30ans 50ans 100ans
A 192,36 227,12 249,67 272,98 288,3 301,69 322,729
B -0,432 -0,438 -0,441 -0,444 -0,446 -0,447 -0,449
Coefficient de
Corrélation.
0,964 0,991 0,992 0,986 0,98 0,973 0,961
Figure 10-2 : Courbe IDF pour la station Bolé
368

ANNEXE 11
Le phénomène pluie - débit à Addis Abéba
Synthèse de l'étude hydrologique de BCEOM : Campagne de 1979-1980 (BCEOM)
369

I - Généralité sur l’étude
-Situations : pas de données----> analyse statistique impossible ---> analyse globale
-Période de mesure :1979-1980
-mesures---- pluie et débit
- Donnés obtenues : le minimum admissible pour comprendre le processus de
genèse de crue
-Résultat : Pluies de projet et hydrogrammes simulés
II- La campagne des mesures
A) Enregistrement pluviométrique
- 9 stations en 1979 et 1980 reparties dans et aux alentour des 4 bassins versant (cf.
figure 1
-Enregistrement : hebdomadaire
Figure 11-1 : Stations de mesures des pluies et débits (campagne BCEOM 1979, 1980)
370

B) Mesure de débit
B. 1 Stations de mesure
- Critère de choix des bassins versants
>>>>>> bassins versants des torrents importants qui présentent des risques
pour les zones urbaines : Kechene , kurtume, kebena et little Akaki. Ces basins
versants sont délimités en partant de station de jaugeage (exutoire)
B.2 Les mesures
a) Mesure par moulinet
- Contraintes :
¾ montée et décrue brutale de l’eau
¾ blocage fréquent de l’hélice de moulinet par charriage des herbes,
plastique, chiffon
¾ Vitesse d’écoulement importante : parfois proche de la vitesse
maximale admissible par le compteur d’impulsion (5m/s)
¾ Charriage des débris encombrants et des cadavres des animaux
b) Enregistrement limnimétrique : pas de difficulté sauf parfois variation rapide des
limnigraphes au cours de jaugeage
C) Résultats des mesures
C-1 ) Hydrométrie
1- Jaugeages :
¾ Kebena : 13 mesures
¾ Little Akaki : 2 mesures
¾ Kurtume : 3 mesures
¾ kechene : 1 mesure
2- courbe de tarage (relation entre h et q). La Courbe d’étalonnage (gauging curve)
"est une relation expérimentale établie entre une grandeur physique X fournie par un
appareil de mesure et une grandeur Y recherchée non mesurable directement" (Chocat et al,
1997).
3- Relation débit - vitesse: La vitesse d’écoulement des cours d’eau , notamment lors
de crue, est un facteur important dans la gestion des cours d’eau d’Addis Ababa : érosion,
dégât : importation des de bien et des personnes.
4-Les Hydrogrammes observés : une série d'hydrogrammes observés pendant la
campagne. Ces hydrogrammes sont analysés en vue de caler (construire) et valider 4
hydrogrammes unitaires correspondant aux 4 bassins versants étudiés.
371

C-2)-Pluviométrie
- Données de la campagne de 1980 >>>>enregistrement hebdomadaire>>>>pas de
temps d’analyse 20munite ;
- Intensité des pluies des deux stations Obs et Bole ;
- hyétogramme moyen (utilisé pour l’analyse de la fonction génération pluie -
débit) est établi en suivant l’étape suivant :
1- hyétogramme pour chaque bassin et pour chaque pluie qui a
engendré une réponse notable à l’un des limnigraphes
2-hyétogramme moyen par la méthode de Thiessen (coefficient de
pondération)
3- correction de ces hyétogrammes par les données antérieurs des
stations Bolé et OBS
- Caractérisation de pluie en rapport avec les bassins versants
1. caractéristique : pluie d’origine orographique >>>grande irrégularité
Bassins versant : relativement petit
>>>>>>>>précipitations exceptionnelles présentent une
homogénéité générale
2. Abattement spatial :
- notion (coefficient) pour prendre en compte la répartition spatiotemporelle
des pluies réelles >>>> 2 méthodes;- abattement autour de
l’épicentre, Abattement probabiliste. Abattement spatial est à appliquer
pour les BVs>1000ha (Chocat et al. 1997)
- résultat très partiel >>>>>>donc moins faible :
-coeff. très important pour Addis, sensible pour s>10à15km2
-pour Pmax>50mm>>>>seuil d’abattement =80%>>Epicentre
3. Epicentre : il se situe selon cette étude à 2600m d’altitude. Pour T>5ans il,
est supposé que l’épicentre remonte vers l’amont.
372

III- Pluies de projet (Cf. figure 2)
III-1 ) Caractérisation des pluies à Addis Ababa et hypothèses : variation dans le temps pour
une pluie, durée, position de forte intensité, forme des hyétogrammes observés, etc.
III-2 Les hyetrogrammes observés montrent :
- la partie de la pluie la plus intense arrive tôt après la première pluie qui est
également suffisamment intense
- les hyétogrammes ont une queue qui décroît petit à petit
- les pluies fortes sont violentes et courtes
- Tc pour pratiquement tous bvs urbains d’A.A est>> Tc souvent >>Pas de temps pris=20mn
III-3 Considération :
- l’intensité moyenne aura la même période de retour que l’hydrogramme
typique quel que soit la durée
- pas de temps de 20 mn (choix basé sur le temps de concentration qui est
inférieure à 20mn pour la plupart des bvs urbains)
III-4 Construction d’une pluie de projet(typique)
-
Pmax déterminée par la formule i= at b
- forme : pluie non symétrique
- pmax positionné juste après la première précipitation de 20 mn
- précipitations décroissantes après Pmax
- la durée totale de la pluie diminue avec l’accroissement de T
- l’hyétogramme de projet s’arrête quand la sommes de précipitations
est égale à la précipitation journalière de même période de retour
>>>> Hyétogrammes de projet (Typical rainfall) à la station OBS (Cf figure 2)
IV. L'hydrogramme unitaire et hydrogrammes de projet
IV-1) définition et principe de l’Hydrogramme unitaire
Définition
Un hydrogramme unitaire est un hydrogramme théorique produit par une averse (pluie)
unitaire. Il 'agit d' "un modèle empirique (non général) de transfert permettant de déterminer
l’hydrogramme produit par une pluie quelconque à l’exutoire d’un bassin versant" (Chocat et
al. 1997)
Principe
Une averse homogène (couvrant la totalité de bassin versant) et d’intensité constante
engendre un hydrogramme de forme et de débit caractéristique quand la durée de cette
averse est suffisamment faible.
373

Conditions
Il n’y a d'hydrogramme unitaire que s’il y a un ruissellement général sur l’ensemble du
bassin versant. Il faut que :
- la précipitation soit intense
- la superficie ne doit pas dépasser celle couverte normalement par la précipitation
intense et homogène
- bassin homogène
>>>> Condition vérifiée dans le cas d’Addis Ababa : les bvs sont très imperméables et
le seuil Pu (pluie utile) se situe entre 3 et 4 mm/hr
Notions importants
-Vr : volume ruisselé, lr (lame d’eau ruisselée)=Vr/A
-Pluie utile (Pu):fraction de la pluie qui prépare et provoque le ruissellement
-pluie efficace (Pe): fraction de la pluie qui génère le ruissellement
-coefficient d’absorption = infiltration + stockage + évaporation + interception
-Débit de pointe, débit de base , temps de pointe(de réponse), temps de monté, temps
de base
Intérêt et limite
Il faut disposer d’observations de couple (entrées, sorties) permettant de définir de manière
univoque la relation entre pluie et débit.
- L’hydrogramme unitaire possède une valeur prévisionnelle puisque il permet de déterminer
hydrogramme quelque soit la pluie ;
- Il ne possède aucune valeur décisionnelle puisqu’il ne permet pas de mesurer l’influence
des changements structurels d’un bassin versant ;
- Souvent utilisé dans les bassins versant ruraux dont leurs caractéristiques change lentement
- Il peut poser un problème pour les bassins versants urbains avec une évolution rapide.
IV-2) construction de l'hydrogramme unitaire
Démarche :
a) 10 à 12 crues (hydrogrammes) les plus remarquables sont sélectionnées pour chaque BV
b) Analyse détaillée des hydrogrammes observés
- Les crues unitaires (les crues ayant une courbe à une montée et une descente) sont recensées
et utilisées pour bâtir (caler) un hydrogramme unitaire pour chaque bassin versant
- Cet hydrogramme unitaire est validé en utilisant les crues complexes (non unitaires)
engendrées par des précipitations homogènes
- Les erreurs de simulation ne dépassent pas 10% pour Qmax et Vr.
>>>>>> Hydrogramme unitaire pour chaque bassin versant
IV-3 Hydrogramme typique (hydrogramme de projet)
Les hydrogrammes typiques sont construits à L1, L2, L3, L4 (cf. figure 3) en utilisant :
- l'hydrogramme unitaire déjà construit pour chaque BV,
- un hyétogramme typique de chaque BV obtenu par l’ajustement de l’hyétogramme typique
de l’OBS par des coefficients d’ajustement [ 1 pour kurtume et kechene (les plus proches
pour OBS) ; 0.96 pour Little Akaki et 0.58 pour kebena (le plus loin)].
374

2 ans
5ans
10 ans
25 ans
100 ans
Figure 11-2 : Pluies de projet (typical rainfall) à la station OBS selon BCEOM (1982)
375

Figure 11-3a : Hydrogrammes simulés pour la station de little Akaki (L1)
[Source BCEOM, 1982]
376

Figure 11-3b : Hydrogrammes simulés pour la station de Kebena (L2), [Source BCEOM, 1982]
377

Figure 11-3c : Hydrogrammes simulés pour la station de Kechene (L3), (Source BCEOM,
1982)
378

Figure 11-3d : Hydrogrammes simulés pour la station de Kurtumé (L4) , [
Source BCEOM, 1982]
379

380

ANNEXE 12
Les normes et les paramètres d'évaluation de la qualité de l'eau
381

382

Tableau 12-1 : Paramètres d’évaluation de qualité de l’eau [Tableau élaboré à partir de (Chocat et al, 1997) ; Gaujous, 1993]
Indicateurs
(Bactériologie)
les Bactéries pathogènes témoins de
contamination fécale (nb/100ml)
• Coliformes >>>>>>>>>>>>
Caractéristiques
identifier les types et la quantité des micro-organismes
On distingue coliformes thermotolerantes (qui se développent,
comme leur nom indique, jusqu’à 44°C et dont l’origine
humaine(fécale) est certaine) et coliformes totaux (qui se
développent jusqu’à 37°C et dont l’origine fécale est par fois
douteuse
Valeurs pour
eau douce
causes conséquences Fonctions
affectées
eaux vannes non traitées maladie et mort
(contamination fécale)
-
alimentation
baignade
-Escherichia Coli (E.Coli) >>>>
-Klebsiella (le plus courant est
Klebsiella pneumoniae) >>>>>
-Enterobacter >>>>>>>>>>>>>>
-Citrobacter >>>>>>>>>>>>>>>
• Streptocoques >>>>>>>>>>>>
• Salmonelles >>>>>>>>>>>>>
• Clostridiums
le plus fréquemment recherché, considéré comme le meilleur
indice de contamination fécale récente car principale espèce
thermotolérante, susceptible d’être pathogène
- pathogène (pneumopathies, cystites, diarrhées, etc.)
- pathogène (cystites, pleurésies, méningites)
- non pathogène, moins abondant (dans l’intestin de l’homme)
- abondants, spécifiques (à la contamination fécale), assez
résistants (y compris en milieu salé) et peu pathogènes
-pathogènes (fièvre typhoïdes et paratyphoïdes, dysenteries, etc.)
-très abondants et résistants, mais de spécificité discutable
-virus de l’hépatite, de la poliomyélite (Poliovirus)
-poliomyélite frappe les
enfant et les jeunes; la
contamination se fait à
partir de
- eau et aliments souillés
-Seule « les
fièvres typhoïdes
et paratyphoïdes
touchent dans le
monde environ
500 000
personnes et
provoquent 25
000 morts par
an » (Gaujous,
1993)
essentiellement
dans PVD
lessive
éléments
urbain
(virus dans
l’aire ex.
cause d’
influenza)
• Certains Virus (Gaujous, 1993)
- les eaux vannes ( excréta ) sont très chargées des matières organiques et elles sont très recherchées pour fertilisation et pisciculture (très développée en Asie). Cependant, elles doivent être traitées
avec les normes nécessaires avant leur utilisation. Les légumes arrosés par eaux contaminées par des bactéries pathogènes peuvent porter ces bactéries et causer des maladies notamment dans les cas
de légumes consommés crues : Le choléra de 1970 à Jérusalem est causé par légumes arrosé en eaux usée (brutes non traitées). (Shuval H.I. , 1977) .
- les eaux usées domestiques : provenant de la cuisine, du bain, de la lessive, de la vaisselle
383

Indicateurs
(Chimique : DBO, DCO, OD,
nutriments)
DBO (en mg/l)
(Demande biochimique en
oxygène)
Caractéristiques
Le DBO indique la quantité d’oxygène qu’il faut fournir à un échantillon d’eau pour minéraliser, par voie
biochimique(oxydation par des bactéries aérobies (qui se développe dans la présence de l’oxygène)), les
matières organiques(matières composées d’atomes de carbone associés à d’autres éléments, principalement
l’hydrogène, l’azote et oxygène )biodégradable. Au cours de leurs dégradation, ils libèrent parfois des
composés intermédiaires toxiques, et au stade ultimes de la dégradation des nutriments : azote et phosphore
ainsi que du gaz carbonique.
Valeurs
pour eau
douce
conséquence
Fonctions
affectées
DCO (en mg/l)
(Demande Chimique en
oxygène
Le DCO indique la quantité d’oxygène qu’il faut fournir à un échantillon d’eau pour oxyder, par voie
chimique, les matières qui contient.
( La DCO évalue la quantité de matières organiques : oxydation par le bichromate de
potassium(Cr2O4K2) à haute température (140-150°) pendant 2 heures. (Gaujous, 1993))
OD (en mg/l)
(Oxygène Dissous)
- Quantité oxygène libre contenue dans l’eau sous forme dissoute. Elle s’exprime par sa concentration (la
proportion d’une substance dans un mélange liquide, gazeux ou solide). L’oxygène dissous est un facteur
écologique essentiel indispensable pour la respiration des organismes vivants aérobies( qui ont besoins
oxygène gazeux libres pour vivres).
- Il est donc un paramètre important pour évaluer le problème d’asphyxie(mortalité par manque oxygène
dissous) des poissons et d’autres type de faune
- la solubilité d'oxygène dans l’eau dépende de la température et de la salinité de cette eau. Lorsque la
température et la salinité augmente , la concentration de oxygène dissous diminue
entre
8 et 15
(agizew)
eutrophisation
- Pisciculture
(pêche)
organismes
aérobies utile
pour la
dépollution
de l’eau
384

Indicateurs
(Chimique: Nutriments)
Matières azotées
2 types d’Azote(N)
• N org : azote organique
• Azote minéral : 4 formes
- N-NH + 4(azote
ammoniacal)
- N-NO - 2 (azote nitrieux)
-N-NO3 (azote nitrique)
- N 2 ( l’azote gazeux)
Caractéristiques
Définitions et caractérisations
-Azote(qui constitue 79 % de l’atmosphère) est indispensable à la croissance de la végétation. Mais il peut
être facilement métabolisé seulement s’il se présent sous une forme oxydée dissoute (en particulier sous
forme d’ions nitrates NO - 3 , la forme d’azote la plus utilisée par la végétation).
-Azote dans l’eau : dans l’eau, l’azote réduit soluble se retrouve sous forme de NH + 4 (l’ion ammonium)
et NH 3 (la forme non dissociée appelée ammoniaque)
- L’azote organique est l’azote présent dans les composées organiques contenues dans l'urée, acides
amines, etc.)
- Les Nitrites NO - 2: peu stables dans l’eau ; se transforment rapidement en N 2 (azote gazeux),
en NO - 3 ou NH + 4 en fonction de pH ou OD .
Valeurs
pour eau
douce
conséquence
Fonctions
affectées
Azote total Kjeldahl (NTk)
=
N org: + N-NH + 4
forme dans l’eau et excès ( origine urbaine et impact)
- NO - 3 : ils sont présents dans l’eau sous forme dissoute directement assimilable par la végétation
Excès : - stimule la flore aquatique
- l’excès de nitrate contribue à l’hyper -eutrophisation de milieu aquatique
- l’excès est dangereux dans l’alimentation : - provoque la formation de méthémoglobine dans
le sang susceptible de limiter la fixation d'oxygène ( grave chez les fœtus et nourrissons)
- effet cancérigène (suspecté)
Origine : engrais azoté, résidus animaux, eaux usées domestiques, Station d'épuration, etc.
eutrophisation
-pisciculture,
boisson
-NH + 4 : l'excès aggrave l’effet de chocs anoxiques
choc anoxique
-NH3 : stimule les poussées planctoniques
: origines : industrie textile, décomposition des déchets azoté, engrais(Gaujous, 1993, pp 54)
- NO 2 : Origine industrielle ( traitement de surface, chimie, colorants, etc.)
-pisciculture
notamment
en milieu
alcalin
Phosphates
- Généralement peu solubles dans l’eau
- Origine : l’excrément, engrais, lessives, shampooing et détergents ménagers
- Facteur limitant de cycle trophique
Excès: Hyper Eutrophisation lorsqu'il y a beaucoup de phosphate
385

Indicateurs
(Chimique : métaux lourds)
Métaux lourds
Caractéristiques
Eléments chimiques métalliques de numéros atomiques
élevés, susceptibles d'être toxiques principalement pour les
mammifères en cas d'ingestion. Les métaux lourds qui sont
les plus dangereux et les plus fréquents dans les effluents
urbains sont le cadmium(Cd), le chrome (Cr), le cuivre
(copper)(Cu), le mercure(Hg), le plomb(Pb) (lead) et le
zinc (Zn). La toxicité des métaux lourds est essentiellement
due à leur assimilation par l'organisme qui ne les élimine pas.
Les métaux lourds s'accumulent donc dans les organismes
vivants, avec une augmentation continue des concentrations
lorsque l'on progresse dans la chaîne alimentaire. Les
prédateurs suprêmes que sont les hommes sont donc
particulièrement exposés
Sources de pollution dans l’espace urbain (pollution de rejet
de temps de pluie)
- Cd : les batteries de voitures, les pneumatiques, les piles,
les activités industrielles(traitement de surface), déchet
solides
- Cr : produit par les activités industrielles (traitement de
surface, colorants, peinture. etc.)
-Cu : corrosion de toitures, les fongicides et les
insecticides
-Hg : peintures, piles, fongicides et certaine industries
- Pb : combustion de l’essence ( libéré dans l’atmosphère)
l’huile de vidange
- Zn : canalisation, les toitures, les pneumatiques, activité
industrielle (traitement d surface, galvanoplasties,
savonneries, fabriques de bougies, etc.)
Valeurs pour
eau douce
causes conséquence Fonctions
affectées
- Cd :Dangereux pour
l’homme à cause de sa bio
accumulation dans la chaîne
alimentaire ; et toxicité
aiguë pour les organes à
dose de 0.1mg/l
-Cr : suspecté cancérigène
et toxique pour bactérie,
algues et végétaux
- Cu : idem Cd
-Hg : grande risque de bio
accumulation (mort et
handicap)
-Pb : idem Cd et Cu
il est responsable de
saturnisme.
-Zn : dose plus faible
diminution de l’activité
photosynthétique, altération
des branchies des poissons
386

Indicateurs
(autres )
pH
(potentiel Hydrogène)
Caractéristiques
-mesures la concentration des ions H 3 O + dans une
solutions aqueuse. Dire que le pH d’une solution
est n, signifie que la concentrations des ions H 3 O +
dans cette solution est égale à 10 -n mol/litres. Une
solution aqueuse est acide si son pH est >>>>> diminution
d'oxygène saturé >>> retards le processus
d’aération superficielle
-eau douce : à 20°C et une saturation en oxygène
de 9.3 mg/l sans présence de chlorite ; elle
descende vers 4.7 mg/l pour chlorite de 20
000mg/l
Matière flottante (en
mg/l)
- MD : matière
dissous (TDS)*
- MES : matière en
suspension (TSS)
-MVS : matières
volatiles en suspension
(TVS)
- MES : exacerbe le pb d’oxygène dissous par la
sédimentation et en formant de dépôt nécessitant
l’oxygène
- MVS : fraction organique des MES et sont
mesurées par calcination de MES à 525°C pendant
deux heures.
*TDS : total dissolved solids ; TSS : total suspended solids ; TVS : total volatile solids
387

Tableau 12-2. : Les normes d’évaluation de qualité de l’eau selon les fonctions et les pays
Paramètres Bactér. (MPN/100ml) Chimiques (mg/l) autres
Coliforme
totaux
E. Coli
type 1
Salom
oelles
DBO DCO OD* Cu Zn Cd Pb Hg Cl NH + 4 NO 3 PO 4
ortho
pH appare
nce
Fonctions et normes
Boisson et usage domestique
Normes éthiopiennes 10 nil NS 2 1.5 15 0.01 0.1 0.001 600 6.5-9.2 50 /100
normes WHO, 1984 (valeur
1.5 5.0 250 6.5-8.5 15 /100
guide)
Normes américaines (EPA)
Normes européennes, 1973 nil nil nil/5lit. pL 50
Normes dans les pays arides
baignade
Normes éthiopiennes
Normes recommandés pour
les PED
Normes américaines (EPA) 200
Normes européennes, 1975 10 000 2000 nil/l
Normes dans les pays arides
Irrigation
Normes éthiopiennes
Normes pour PED
(Cairncrosnormes WHO,
1973
Normes américaines (EPA)
Normes européennes
Normes dans les pays arides
pêche
Normes éthiopiennes
Normes recommandées pour
les PED, Pescode , 1977
-1000
- 100 pour
légume cru
2
2 0.2 0.1 6.5-8.5
* l’effet d’asphyxie de l’oxygène dissout dépend également de la température ainsi qu'à la durée d’exposition et à la résistance de l’espèce ( poisson) exposé.
Source: Cairncross et al, 1993 ; Pescode, 1977 , WHO, 1984 cité par Cairncross, WHO, 1973 cité par Shuval, 1977 ; Ethiopian Standardization Autority, 1990 ; Chocat B.,
1997.
MES/
TS
388

ANNEXE 13
La géologie d'Addis Abéba
[Source : AA RADUIS & EIGS]
389

ANNEXE 14
Acteurs de l'espace boisé : compétence et travaux
1) Sociétés de sylviculture
Il existe deux sociétés : AAFWDMO ( Addis Ababa Fuel Wood développement and
marketing organisation) et FFDME (Finine forestry development marketing enterprise).
AAFWDMO est une entreprise commerciale chargée du développement et de l’exploitation du bois dans la ville.
Sa zone d’intervention correspond aux crêtes de la colline d’Entoto dans un espace de 4 227 ha. De 1990 à 1992
EC , l'organisation a planté 79.61ha 5 .
FFDME exploite la forêt autour de la limite administrative d’Addis Ababa et touche profondément notre bassin
versant notamment : au nord-est jusqu’à 50 km de la limite d’Addis Abéba (bassin versant d’Akaki Est), à
l’ouest et au sud ouest à 20 et 35 km le long d’Ambo et Jimma road (bassin versant du Grand Akaki et de Lafto).
L’espace d’intervention de cette entreprise concerne 21 611 ha de plantations d’arbres et 2 265 de forêt naturelle
(OADB, 1996).
2) Les Bureaux régionaux d’Addis Abéba et Oromyia.
Deux bureaux régionaux sont concernés par la gestion de l'espace boisé de notre bassin d'études, le bureau
d'agriculture d'Addis Abéba et Oromyia, chargés entre autres de la protection et du développement des
ressources forestières de leur région respectives.
Le bureau de la région d'Addis Abéba intervient, dans le cadre de son programme quinquennal dans le
développement de la forêt d’eucalyptus et d’autres plantes locales avec trois objectifs : protection du sol contre
l’érosion, production du bois pour la ville et encouragement de la population de ces sites pour l’entretien de leur
domaine. Les zones d’intervention concernent le versant de la colline d’Entoto dans les bassins versants de
Kebena et Akaki est (JICA et al, 1997).
3 )Institutions patrimoniales
Cette famille d’acteurs est composée de : Ethiopian Wildlife and Natural History Society, the Ethiopian Hertage
Trust, Lem Ethiopia et Candian physician aid & Relief. Ils interviennent sur la colline d’Entoto avec un double
objectif : d’une part développer et restaurer le patrimoine naturel (faune et flore sur une superficie de 1300ha),
et d’autre part prévenir les inondations et l’érosion de sol. Les activités ont commencé dès 1996 comme par
exemple le remplacement des arbres d’eucalyptus par de la végétation indigène (JICA et al, 1997).
5 (JICA et al, 1997) et Addis Lessane hedar 14/1992EC (novembre 24 1999.
391

ANNEXE 15
Le développement durable et les outils avancées dans la problématique des
services urbains
Tableau 15-1 : Cas général ((Source : Wondimu A., 1995)
Principe de
développement durable
-Préserver la renouvelabilité
des ressources naturelles ;
-Ne pas épuiser ou dégrader
les ressources naturelles ;
-Préserver les mécanismes
de régulation naturelle ;
-Mener un développement
qui ne met pas en péril
les ressources
naturelles ; etc.
Principes généraux pour avoir un
développement durable
Principe de
Subsidiarité
-Gérer les problèmes et les
phénomènes de plus près ou à
niveau le plus pertinent
possible ;
-Répartition des rôles entre les
acteurs selon leurs
compétences et concertation ;
-Sensibiliser et faire
participer les citoyens et
autres acteurs locaux; etc.
Approche opérationnelle
du développement
durable
Principe de
gestion intégrée
-Penser globalement
avant d'agir localement;
-Définir les différents
niveaux d'intervention ;
-Coordonner
harmonieusement les
différentes actions
menées sur une unité
territoriale; etc.
Approche méthodologique du
développement durable
Tableau 15-2 : Le Cas de l'assainissement (Source : Wondimu A., 1995)
Principe de
développement durable
-Protéger la sécurité et
la
santé publique ;
-Protéger les milieux
naturels contre la
pollution ;
-Préserver les
mécanismes naturels de
l'eau ; etc.
Quelques exemples
Principe de
Subsidiarité
- Réguler les eaux au plus
près ;
-Gérer les eaux avec des procédés les
plus pertinents possibles ;
- Coordination et
concertation des acteurs;
-Sensibiliser et faire
participer activement les
citadins (habitants) dans
l'assainissement de leur cité; etc.
-Mise en question du tout-à-l'égout
et recherche des
solutions plus pertinentes;
-Commission Locale de l'Eau ;
-Comité de bassin ; etc.
Principe de gestion intégrée
- Une vision globale de l'eau,
dans ses usages et de ses
conséquences
- Une vision globale
du système
d'assainissement et de ses
interactions avec le système
urbain ;
- Organisation de
l'assainissement par une unité
pertinente et prise en compte de
l'effet amont-aval; etc.
-Assainissement par
agglomération ;
-Planification
hiérarchique (SDAGE,
SAGE) ; etc.
392

ANNEXE 16 Les 21 entrées du développement durable
[Source : Comité 21, Le développement durable ? 21 entrées, 75 initiatives concrètes en France, actes des Assises Nationales du développement durable, Paris 16-17
décembre 1998, cité par (Soubeyran 1998).]
393

ANNEXE 17
Formes de participation populaire
Cinq types de participation
Source : Meister A. "Participation, animation et développement", Cité par ( SOME 1984). 1984)
394

395

FOLIO ADMINISTRATIF
THESE SOUTENUE DEVANT L’INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON
NOM : Wondimu DATE de SOUTENANCE
(avec précision du nom de jeune fille, le cas échéant) Le 15 Décembre 2000
Prénoms : Abeje
TITRE :
LA GESTION DURABLE DES EAUX PLUVIALES URBAINES PAR LA GESTION DE
L'ESPACE ET LA SUBSIDIARITE : LE CAS D'ADDIS ABEBA (ETHIOPIE)
Nature: Doctorat Nouveau régime Numéro d’ordre : 00 ISAL 0116
Formation doctorale : Conception en bâtiment et techniques urbaines
Cote B.I.U. – Lyon : / et bis CLASSE :
RESUME :
La ville d'Addis Abéba se trouve de plus en plus confrontée aux problèmes de gestion des eaux pluviales avec des conséquences
parfois dramatiques sur les citadins et leur patrimoine ainsi que sur l'environnement. Bien que la préoccupation s'exprime au
travers des déclarations d'intention et de multiples projets d'urgence, le problème n'a pas eu l'occasion d'être abordé d'une manière
intégrée, ni dans le cadre d'un document prévisionnel ni dans le cadre d'un travail de recherche. Nous constatons également une
inadéquation entre l'effort mobilisé et l'amélioration souhaitée.
Pour mieux comprendre les causes du dysfonctionnement du système existant de la gestion des eaux pluviales urbaines (SGEPU)
et explorer les potentialités (socio-économiques, organisationnelles, etc.), l'analyse a d'abord porté sur la gestion de l'espace urbain
en vue d’une gestion durable des eaux pluviales. Ainsi, les différentes typologies urbaines ont été définies (dense structurée, dense
non structurée, moins dense, etc.). Pour chacune d’entre elles les problèmes types et leurs causes ont été identifiés. Les facteurs
extrinsèques du dysfonctionnement ont été également mis en évidence à l’aide d’une analyse systémique.
Après avoir saisi le contexte général, une analyse détaillée du SGEPU est menée pour aborder les diverses dimensions du système
: phénomène à gérer, état du réseau et des cours d'eau, impacts et enjeux, vécu et perçu de la population, organisation,
performance et pérennité des divers acteurs, politique adoptée, pratiques populaires, etc. Cette analyse fournit, entre autres, une
connaissance typologique de l'état de l'équipement et de son fonctionnement ainsi que le souhait de la population en termes
d'organisation et de contribution.
Parmi les éléments de réponse proposés, un outil organisationnel est élaboré pour cadrer et rendre durable (en pérennité et en
pertinence) le drainage urbain notamment au niveau local (quartier). Des éléments de réponse généraux portant sur les mesures
techniques et urbanistiques sont également abordés. Ceux-ci focalisent notamment sur une conception intégrée des ouvrages
d'assainissement et des cours d'eau dans l'espace urbain.
MOTS-CLES : ASSAINISSEMENT - DEVELOPPEMENT DURABLE - GESTION - GOUVERNANCE -
NIVEAU - ORGANISATION – PLANIFICATION - PLUIE - PAYS EN DEVELOPPEMENT - RIVIERE -
TYPOLOGIE
Laboratoire (s) de recherches : Laboratoire URGC-Hydrologie Urbaine, INSA de Lyon
Directeurs de thèse : Elham ALFAKIH
Président de Jury : Pr. Bernard CHOCAT
Composition du Jury : Elham ALFAKIH, Bernard CHOCAT, Alain MOREL A L'HUISSIER, Jean RUFFIER, Eric
SERVAT, Serge THIBAULT , Monique ZIMMERMANN.