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.Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro<br />

<strong>de</strong> la Prensa-Basm Öz<strong>et</strong>i<br />

,<br />

, 0)<br />

.'<br />

core ouverte, rèçoit l'ordre d'évacuer ses<br />

locaux « le plus vite possible». L'ultimatum<br />

donné à Saddam Hussein expire<br />

dans quelques heures. Les Irakiens,<br />

qui espéraient encore la visite <strong>de</strong><br />

Roland Dumas - un Concor<strong>de</strong> était prêt<br />

à décoller <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, mais Mitterrand<br />

m<strong>et</strong>tra finalement son v<strong>et</strong>o à ce proj<strong>et</strong>comprennent<br />

que, désormais, la guerre<br />

est inéluctable. Dans la grosse bâtisse<br />

en brique rose qui abrite l'ambassa<strong>de</strong>,<br />

le chargé d'affaires, André Janier, <strong>et</strong> ses<br />

trois collaborateurs passent les <strong>de</strong>rniers<br />

papiers à la broyeuse avant <strong>de</strong> prendre,<br />

dans la nui,t, la route d'Amman. Le<br />

len<strong>de</strong>main, le ciel <strong>de</strong> Bagdad s'embrase.<br />

Ce sont les premiers raids <strong>de</strong> la<br />

coalition. Une dizaine <strong>de</strong> jours plus tard,<br />

le ministre <strong>de</strong> la Défense, Jean-Pierre<br />

Chevènement, déci<strong>de</strong>, enfin, <strong>de</strong> donner<br />

sa démission. Ce pro-arabe convaincu<br />

avait eu, <strong>de</strong>puis l'été, bien du mal à<br />

« fermer sa gueule» !<br />

Quelques semaines après la fin <strong>de</strong> la<br />

guerre, Roland Dumas dénoncera le<br />

« mythe» <strong>de</strong> la « politique arabe <strong>de</strong> la<br />

France» ... Jusqu'à la fin <strong>de</strong>s arinées Mitterrand,<br />

la France officielle ne va plus<br />

s'intéresser que <strong>de</strong> loin au dossier irakien.<br />

Quelques politiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s hommes<br />

d'affaires vont, à partir du printemps<br />

1993, prendre le relais. On assiste e~<br />

eff<strong>et</strong> à ce moment-là, comme si un délai<br />

<strong>de</strong> viduité était passé, à la reconstitution<br />

d'un nouveau lobby pro-irakien. Ce,<br />

ne sont plus les marchands d'armes d'antan<br />

qui l'animent, mais <strong>de</strong>s pétroliers <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>s entrepreneurs qui rêvent aux fabuleux<br />

contrats <strong>de</strong> l'après-embargo, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s '<br />

nostalgiques <strong>de</strong> la politique arabe. Les<br />

relais politiques sont pour l'essentiel au<br />

RPR. A l'Assemblée nationale, Roselyne<br />

Bachelot prési<strong>de</strong> avec conviction le tout<br />

nouveau groupe d'amitié franco-irakien.<br />

Le 6 janvier 1995, Tarek Aziz est reçu officiellement<br />

à <strong>Paris</strong>, pour la première fois<br />

<strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong> la guerre du Golfe, par<br />

Alain Juppé, alors ministre <strong>de</strong>s Affaires<br />

étrangères, qui lui annonce la décision<br />

<strong>de</strong> la France d'ouvrir une section d'intérêts<br />

à Bagdad.<br />

Les amis <strong>de</strong> l'Irak espèrent que l'élection<br />

<strong>de</strong> Jacques Chirac à la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong><br />

la République le 7 mai 1995 va changer<br />

la donne. Ils organisent même un colloque<br />

<strong>de</strong> soutien à l'Irak au palais Bourbon<br />

le jour où Chirac entre à l'Elysée !<br />

Soucieux d'être considéré comme un allié<br />

fiable par les Américains, le nouveau<br />

prési<strong>de</strong>nt se montre plus pru<strong>de</strong>nt qu'ils<br />

ne l'espéraient. Après le refus <strong>de</strong> Bagdad,<br />

en février 1998, <strong>de</strong> laisser les inspecteurs<br />

<strong>de</strong> l'ONU pénétrer dans les sites prési<strong>de</strong>ntiels,<br />

il va cependant s'investir personnellement<br />

pour tenter <strong>de</strong> trouver une<br />

sortie <strong>de</strong> crise. Il s'agit <strong>de</strong> convaincre<br />

Sadd am d'accepter une ultime revue <strong>de</strong><br />

détail <strong>de</strong> son arsenal prohibé en échange<br />

d'un engagement du Conseil <strong>de</strong> sécurité<br />

pour une levée, à court terme, <strong>de</strong>s<br />

sanctions.<br />

Laguerre<br />

<strong>de</strong>s mots<br />

Ala fin d'octobre 1998, ie dossier<br />

, paraît bçmclé. Mais à la <strong>de</strong>r-<br />

, nière minute, Sci.ddam se dé-<br />

, robe. Chirac est à la fois furieux<br />

<strong>et</strong> déçu. Et l'épis'o<strong>de</strong> aura un eff<strong>et</strong> dissuasif.<br />

Désormais le prési<strong>de</strong>nt français<br />

ne se'mêlera plus du dossier irakien.<br />

Du moins ju:squ'àTété 2002. A l'occasion<br />

d'une rencontre en Allemagne, le<br />

30 juill<strong>et</strong>, avec le chancelier Gerhard<br />

Schrö<strong>de</strong>r, Jacques Chirac monte à nouveau<br />

en ligne pour s'opposer à la fois à<br />

une action unilatérale <strong>de</strong>s Etats-Unis<br />

contre le régime baasiste <strong>et</strong> à l'automaticité<br />

d'une riposte en cas d'entrave délibérée<br />

au travail <strong>de</strong>s inspecteurs èn,désarmement<br />

<strong>de</strong> l'ONU. « Une frappe militaire<br />

est un geste très grave, qui justifie [... J que<br />

le Conseil <strong>de</strong> sécurité en débatte», insiste<br />

le prési<strong>de</strong>nt français. C'est que George<br />

W Bush, exaspéré par la duplicité du dictateur<br />

<strong>de</strong> Bagdad, mais aussi soucieux <strong>de</strong><br />

faire incarner par ce vieil ennemi « l'axe<br />

du Mal» qu'il s'est juré d'anéantir après<br />

les attentats du 11 septembre 2001, entreprend<br />

déjà <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre son armada en<br />

ordre <strong>de</strong> bataille aux frontières <strong>de</strong> l'Irak.<br />

« L'action préventive est une doctrine extraordinairement<br />

dangereuse », insiste<br />

encore Jatques Chirac, qui s'étonne: «On<br />

parle <strong>de</strong> preuves, mais, moi, ces preuves,<br />

je ne les ai pas encore vues! »Avant même<br />

que résonne le fracas <strong>de</strong>s bombes dans<br />

le ciel irakien, la guerre <strong>de</strong>s mots fait rage<br />

entre l'Elysée <strong>et</strong> la Maison-Blanche. En<br />

ce mois <strong>de</strong> février, à l'heure où le cinquième<br />

porte-avions fait route vers le<br />

Golfe, le prési<strong>de</strong>nt français, en concertation<br />

avec Berlin, propose encore une alternative<br />

à la guerre sous forme d'un<br />

« plan <strong>de</strong> désarmement compl<strong>et</strong>» <strong>de</strong><br />

l'Irak, tandis que, <strong>de</strong> son côté, George<br />

W Bush déclare que d'ores <strong>et</strong> déjà « la<br />

partie est finie ». Pourtant, il va bien falloir,<br />

si Saddam n'y m<strong>et</strong> pas du sien, que ,<br />

la France choisisse au bout du compte<br />

entre sa « différence» à propos <strong>de</strong> l'Irak<br />

èt son alliance avec les Etats-Unis en cas<br />

. <strong>de</strong> vote au Conseil <strong>de</strong> sécurité.<br />

, Ce qui est sûr, c'est que c<strong>et</strong> ultime com-<br />

, bat diplomatique inspiré par trente an-<br />

, nées <strong>de</strong> relations particulières avec l'int1e~ble<br />

raïs ne nous vaudra, <strong>de</strong> sa part,<br />

aucune gratitu<strong>de</strong>. Ainsi lançait~il perfi<strong>de</strong>ment,<br />

voilà dix ans, lors <strong>de</strong> la guerre<br />

du Golfe: « La France actuelle travaille<br />

uniquement pour servir ses propres intérêts<br />

sans se soucier <strong>de</strong> ses principes<br />

[... ]. Elle n'a plus <strong>de</strong> rôle à jouer sur la<br />

scène internationale. » • D.L<strong>et</strong>A.L<br />

L'EXPRESS 13/2/2003 • 89<br />

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