.Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
.Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
.Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
o 17<br />
o<br />
Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Basm Öz<strong>et</strong>i<br />
SEMAINE DU 13 AU 19 FÉVRIER 2003<br />
EN COUVERTURE<br />
France-IräKI:eaus<strong>de</strong>scartes ..<br />
i<br />
Le raiS irakien<br />
<strong>de</strong>vant<br />
un MirageF1,<br />
à Istres,<br />
en1975.<br />
0<br />
vouloir, une fois encore,<br />
faire entendre'<br />
sa différence à propos<br />
<strong>de</strong> l'Irak, la France,<br />
comme on le prétend<br />
outre-Atlantique,<br />
s'égarerait-elle?<br />
Comme voilà douze<br />
ans déjà, au moment où s'élevaient à<br />
<strong>Paris</strong> <strong>de</strong>s voix discordantes, alors que<br />
Washington appelait ses alliés européens<br />
à serrer les rangs pour bouter les troupes<br />
<strong>de</strong> Saddam Hussein hors du Koweït, les<br />
Américains crient aujourd'hui à la déraison<br />
<strong>de</strong>s Frenchies, voire à leur trahison.<br />
Certains talk-shows, où les services<br />
<strong>de</strong> communication <strong>de</strong> la Maison-Blanche<br />
semblent souffler quelques répliques,<br />
dénoncent ce peuple français « prompt<br />
à r<strong>et</strong>ourner saveste face au danger ... »En<br />
fait, on peut tout reprocher à la France,<br />
certainement soucieuse d'exister à l'occasion<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te crise, mais certainement<br />
pas <strong>de</strong> virer à 180 <strong>de</strong>grés. Elle ne s'égare<br />
pas tout à coup, <strong>et</strong> la route qu'elle emprunte<br />
pour Bagdad, elle l'a tracée voilà<br />
plus <strong>de</strong> trente ans. Evi<strong>de</strong>mment, elle peut<br />
apparaître sinueuse <strong>et</strong> loin <strong>de</strong> la voie sacrée<br />
<strong>de</strong> la solidarité atlantique ou encore<br />
du sentier <strong>de</strong> la guerre où George W Bush<br />
nous conjure <strong>de</strong> le rejoindre.<br />
Souvenons-nous. C'était hier. Ministres<br />
ou opposants, haut gradés, marchands<br />
d'armes, pétroliers ou banquiers: pour<br />
rien au mon<strong>de</strong> ils n'auraient manqué la<br />
réception organisée chaque année le<br />
juill<strong>et</strong>, à l'occasion <strong>de</strong> la Fête nationale<br />
irakienne, par l'ambassa<strong>de</strong> d'Irak.<br />
Le Tout -<strong>Paris</strong> <strong>de</strong> la politique <strong>et</strong> <strong>de</strong>s affaires<br />
se pressait ce jour-là dans les jardins<br />
<strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce, à Passy. Serge Dassault<br />
<strong>et</strong> Jean-Luc Lagardère, les PDG <strong>de</strong><br />
Dassault-Bregu<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> Matra, y croisaient<br />
Jean-Pierre Chevènement <strong>et</strong> Jacques<br />
Chirac ou Charles Pasqua. Dans le même<br />
temps, les restaurants <strong>de</strong> luxe <strong>de</strong> la<br />
capitale irakienne, comme rOrient-Express<br />
<strong>de</strong> l'hôtel Palestine- Méridien, bruissaient<br />
<strong>de</strong>s chuchotements d'hommes<br />
d'affaires accourus <strong>de</strong> l'Hexagone pour<br />
négocier <strong>de</strong> juteux contrats: routes, aéroports,<br />
centraux téléphoniques, usines<br />
clefs en main, radars ... Et voilà un an seulement,<br />
malgré l'embargo, 80 entreprises<br />
françaises avaient encore leur stand à<br />
la Foire <strong>de</strong> Bagdad. Ce n'était pas l'apanage<br />
du business. S'il y a un domaine où<br />
la continuité <strong>de</strong> l'Etat français s'est exercée'<br />
c'est bien vis-à-vis <strong>de</strong> l'Irak. Georges<br />
Pompidou <strong>et</strong> MichelJobert, Jacques Chirac<br />
puis Raymond Barre, François Mitterrand<br />
<strong>et</strong> Clau<strong>de</strong> Cheysson : tous ont<br />
apporté leur pierre à l'édifice.<br />
Un partenaire<br />
solvable<br />
C,estle 15juin 1972qu<strong>et</strong>outcommence.<br />
Ce jour-là, Georges<br />
Pompidou reçoit à l'Elysée le<br />
vice-prési<strong>de</strong>nt irakien du Conseil<br />
<strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la révolution. A<br />
35 ans, Saddam Hussein est, officiellement,<br />
le n° 2 du régime <strong>de</strong> Bagdad. Mais<br />
il en est, déjà, l'homme fort. Depuis plusieurs<br />
mois, l'ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France à<br />
Bagdad, Pierre Cercle, plai<strong>de</strong> pour que <strong>Paris</strong><br />
lui ten<strong>de</strong> la main. La France, affirme<br />
ce diplomate, a les moyens <strong>de</strong> contrebalancer<br />
l'influence <strong>de</strong> l'URSS en Irak. Et le<br />
régime baasiste est <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur. Sensible<br />
à l'argument, le chef <strong>de</strong> l'Etat français a<br />
donc invité le jeune dirigeant irakien, dont<br />
c'est la première sortie en <strong>de</strong>hors du<br />
mon<strong>de</strong> arabe. A Pompidou, Saddam af-<br />
firme qu'il a « choisi la France ». Il lui prom<strong>et</strong><br />
aussi que les Français n'auront pas<br />
à souffrir <strong>de</strong> la nationalisation du pétrole<br />
irakien, qu'il a décrétée quinze jours plus<br />
tôt (voir l'encadré pages 86-87).<br />
A l'époque, la visite ne fait guère <strong>de</strong><br />
bruit. Elle marque pourtant le début <strong>de</strong><br />
la relation franco-irakienne. Le choc pétrolier<br />
qui intervient l'année suivante va<br />
accélérer le rapprochement entre <strong>Paris</strong><br />
.<strong>et</strong> Bagdad. En quelques mois, la fàcture<br />
pétrolière <strong>de</strong> la France est multipliée par<br />
trois. Sous l'impulsion d'André Giraud,<br />
alors patron du Commissariat à l'énergie<br />
atomique, <strong>et</strong> <strong>de</strong> Michel Jobert, ministre<br />
<strong>de</strong>s Affaires étrangères, les autorités<br />
françaises réagissent sur <strong>de</strong>ux fronts:<br />
le développement du nucléaire comme<br />
source d'énergie alternative, <strong>et</strong> une démarche<br />
systématique <strong>de</strong> conquête <strong>de</strong>s<br />
marchés dans les pays du Golfe <strong>et</strong> du<br />
Moyen-Orient producteurs d'or noir.<br />
C'est c<strong>et</strong>te « politique <strong>de</strong>s comptes extérieurs»<br />
qui est, en-gran<strong>de</strong> partie, à l'origine<br />
<strong>de</strong> ce que l'on appelle alors la« politique<br />
arabe» <strong>de</strong> la France.<br />
Les Français jouent sur du velours. Car<br />
ces pays sont eux-mêmes très désireux<br />
<strong>de</strong> se rapprocher <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>. Longtemps<br />
sous tutelle britannique, ils souhaitent<br />
diversifier leurs relations internationales.<br />
Et la France leur apparaît comme un interlocuteur<br />
privilégié. Elle est le seul pays<br />
occi<strong>de</strong>ntal à avoir, par la voix du général<br />
<strong>de</strong> Gaulle. condamné en 1967 l'Etat<br />
d'Israël pour la guerre <strong>de</strong> Six-Jours. « Nous<br />
étions bien accueillis partout », se souvient<br />
Serge Boi<strong>de</strong>vaix. qui était à l'époque<br />
le directeur du cabin<strong>et</strong> <strong>de</strong> Michel Jobert<br />
<strong>et</strong> sera ensuite, en 1974, le conseiller<br />
diplomatique <strong>de</strong> Jacques Chirac à Matignon.<br />
I.:Irak va d'emblée occuper une<br />
place importante dans c<strong>et</strong>te politique,<br />
du fait <strong>de</strong> ses incontestables atouts. Le<br />
pays n'est pas seulement une éponge à<br />
pétrole. Il a aussi <strong>de</strong>s ingénieurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />
techniciens. Et <strong>de</strong> l'eau, ce qui n'est pas.<br />
la moindre <strong>de</strong>s richesses dans la région.<br />
Bref, c'est un partenaire solvable, avec<br />
un immense potentiel <strong>de</strong> développe-<br />
-,<br />
50