.Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro
de la Prensa-Baszn Özeti
Quel avenir pour le ~urdistan irakien,? ,
La crainte du grand dépeçage
I.,
Les pechmergas, 'littéralement néanmoins peser une menace administration. Il faut rappeler menace,s apparaissent n existe
« les hommes allant au-devant aux frontières de la zone d'exclusion.
tiré ses fonctionnaires, les pro- redistribution des cartes au
que, depuis 1991. Bagdad a re- peut-être un projet américain de
de la mort », ont décidé de choisir
la paix. Deux séjours au Kurdistan
irakien ces dernières se-
dépit des élections de 1992, les les percepteurs. nest peu vrai-.page des frontières. La constitu-
Hélas, pendant six ans et en fesseurs, les policiers, les juges, Moyen Orient àvec un redécou-
querelles endémiques opposant semblable d'imaginer un retour tion d'un grand Israël, projet
les principales factions kurdes, le à l'état antérieur. Les Kurdes ont avéré d'Ariel Sharon, signifierait
Parti démocratique du Kurdistan démontré qu'ils savaient gérer l'exil ou le déplacement des Paleur
province et les élections lé- lestiniens vers la Jordanie à qui
(PDK) et l'Union patriotique du
Kurdistan (UPK), dégénérèrent gislatives qui se dérouleront d'ici il serait donné en compensation
en combats fratricides auxquels à l'été désigneront Un nouveau une fraction de l'Irak. Ce début
mit fin l'accord de Washington gouvernement, mettant fin à un de dépeçage de l'Irak entraînebicéphalisme
un peu étrange: il rait très vraisemblablement une
PAR
de 1998. Le 8 septembre 2002
AYMERI
scella la réconciliation qui se y a en effet deux présidents et revendication des Turcs. Ceux-ci
DE MONTESQUIOU' concrétisa par l'élection démocratique
d'une Assemblée. On tence géographique. layet, c'est-à-dire la région de
deux gouvernements à compé- ont toujours considéré que le Vi-
peut considérer que la région du Cette zone apaisée qui a Mossoul et de Kirkouk, était
Kurdistan irakien n'est en paix réussi, malgré la présence à terre turque. Les Iraniens ne
que depuis quatre ans.
moins de 16 km d'Erbil de l'ar- resteraient pas indifférents à
mailles m'ont fait découvrir une Ces quatre années ont suffi à mée irakienne, un développe- l'avancée turque vers le Golfe et
région où le climat de paix et une démontrer la capacité des ment spectaculaire, risque réagiraient.
autonomie de fait ont permis une Kurdes à bâtir. Tous les axes d'être totalement déstabilisée De plus, les Turcs ont négocié
transformation insoupçonnée. principaux que j'ai empruntés par la guerre. Les Kurdes ont l'autorisation du passa:g~ des
Cette région du Mflyen-Orientde entre les villes les plus impor- toujours été les premières troupes américaines. Dans un
40 000 km 2 pour près de 4 mil-, tantes sont parfaitement asphal- victimes des guerres régionales.. premier temps, ils ont accordé le
Iionsd'habitants;enclavée, où al- tés et carrossables. Aux En 1991, les Américains sollici- transit de 15 000 hommes alors
ternent montagnes arides et 527 écoles construites entre tèrent les Kurdes puis les aban- que les Américains en veulent
riches plaines, a réussi par son 1921. année de création de l'Etat donnèrent à la vindicte de 90000. On peut imaginer qu'ils
développement une démonstra- irakien (indépendant en 1932), Saddam Hussein. Personne feront payer un droit de
tion d'autant plus exemplaire ',et 1991, se sont ajoutées 2 470 n'a oublié là-bas les 5 000 morts passage; des sources différentes
qu'elle était improl>able. ' nouvelles. Les universités fleuris- d'Halabja, les 180000 disparus, donnent une fourchette de 14 à
La région du KUrdistan fut dé- 'sent, celle de Salahaddin existait ' les 4 500 villages rasés sur les 29 milliards de dollars, on peut
, 5 000 eXistants~les forêts aussi imaginer une revendica-
, brûléès. Aujourd'hui, ils tion territoriale. Ils peuvent par-
, désirent bien sûr un chan- ticiper, comme membres de la
vastée par une guerre qui n'a
connu que.de courtes interruptions,
et cela depuis les an-
, nées 60. En 1975; l'accord entre
l'Irak et l'Iran, signé sous l'égide
des Etats-Unis, sacrifiait le désir
d'autonomie' des Kurdes.
Quelques années plus tard, la
guerre opposa à nouveau ces
deux pays. Si la paix fut effective '
en 1988, les Kurdes furent très
durement frappés par le gouvernement
de Bagdad. Chacun a en
mémoire l'effroyable gazage par
les Irakiens de la population
d'Halabja, qui fit près de
5000morts.
En 1991, après la signature
du cessez-le-feu mettant fin à la
guerre du Golfe entre l'Irak et la
coalition menée par les Etats-
, Unis, l'armée irakienne se retourna
à nouveau contre les
Kurdes, qui résistèrent Le président
Massoud Barzani l'arrêta
aux portes de Shaqlawa mais ce
furent les Nations unies, par la
résolution 688 inspirée par la
France, qui décrétèrent zone
, d'exclusion aérienne le nord du
36' parallèle, et protégèrent
ainsi la région kurde des armées
de Saddam Hussein. Le gouvernement
central irakien fait
Les opposants kurdes,
au régime de Bagdad
se considèrent tous
comme Irakiens
déjà à Erbil et une nouvelle université
a été construite à Dohuk.
J'ai visité celle de Soulemaniya
dont la vitalité démontre l'aspiration
de la jeunesse à s'instruire.
Quelles sont les ressources ?
13 % des sommes générées par
l'accord pétrole contre nourriture,
les droits de douane, la générosité
de la diaspora kurde ...
L'autonomie agricole est atteinte
et il faut regretter que les Nations
unies importent aujourd'hui
du blé australien, qui est
distribué aux populations et
concurrence directement la production
locale. Un équipement
obsolète permet de faire face à
40 % des besoins en pétrole
transformé en essence par une
vieilleraffinerie de sucre.
Cette économie à la fois traditionnelle
et embryonnaire a permis
de créer et d'entretenir une
gement à Bagdad, ils ont: coalition à l'occupation de l'Irak
goûté à la démocratie et ou de leur propre initiative sous
veulentqu'ellès'étende à prétexte de prévenir des
tout le pays. Connaissant, troubles et de canaliser un flux
le refus absolu de la Tur- de réfugiés; c'est ce que rapquie,
de l'Iran et de la Sy- ': porte le quotidien turc Miliyet.
rie à la création d'un ,L'état-major turc avait signifié
grand Kurdistan regroupant là dès l'automne dernier son intenpartie
kurde de leur pays, ils y . d '
ont formellement et solennelle-' tion e creer une zone tampon
dans le Kurdistan irakien.
ment renoncé.
Les Kurdes ont été très clairs,
La guerre leur apparaît pro- ils n'accepteront en aucun cas
bable mais ils en redoutent les cette occupation turque et prenconséquences.
Ils n'ont pas de dront les armes. On peut, sans
réponse pour se débarrasser de risque d'erreur, faire l'hypothèse
Saddam Hussein sans guerre. ,qu'ils trouveront dans la région
Son exil apparaît comme illu- les armes antichars et antihélicosoire
car quelles garanties pour- ptères qui leur manquent pour
raient lui être données? Aucune 'résister à la Turquie. Un état de
protection ne peut être pérenTIi-'
sée alors que des Etats ou des
guerre opposant ceux qui veulent
se débarrasser de Saddain Husproches
de ceux qu'il a massa- sein donnerait une image désascrés
~eulent l'?~er. De 'plus;. treuse et aurait des répercussions
le T~unal pe~~ U1terna~~naï. évidentes sur le monde arabe et
serait d~ toute ~,:dence ~l, e~ . le monde musûlman. Ceux-ci ont
~ucune ~umtè ne saurait lm présent à l'esprit raxe Etats-Unisetre
accordee. , Turquie Israël et, tout comme le .
~t aux.con:'equ~nces po~, voisin immédiat l'Iran, ils ne resle
~urdistan rrakien, sll~ repre- teront pas inertes.
sailles.de Saddam ,Husse,U1peu- Les conséquences d'une
vent etre redoutees, d autres guerr~ probable contre l'Irak
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