.Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro
de la Prensa-Baszn Özeti
A ce stade, la France'opposerait son veto
à une résolution autorisant le. recours à la force
le réquisitoire américain devant le Conseil de sécurité, le,5 février, n'a pas modifié la conception
française, assure-t-on à l'Elysée, où l'on estime que rien, aujourd'hui, ne justifie une guerre
m
o
N
LU
""
ii<
>
....
00
LA FRANCE n'a pas changé polaire, ne reconnaît à aucun pays
d'idée sur l'Irak, ont réaffirmé jeudi le droit de décider seul de la guerre,
6 février Jacques Chirac et Jean-Pier- de l'imposer aux autres, explique
re Raffarln. Elle reste détenninée à son entourage: « la guerre est une
assumer, le cas échéant, au Conseil. affaire trop grave, seule la commude
sécurité, un désaccord avec les nauté internationale peut en déci-
Etats-Unis et le Royaume-Uni sur le der ». Dans la situation actuelle
recours à la force, a-t-on ajouté de rien ne la justifie.
diverses sources à Paris. . .On ne préjuge pas de la façon
Au lendemain de l'intervention dont cette situation va évoluer, du
du secrétaire d'Etat américain, .côtéirakien notamment, ni du com-
Colin Powell, à l'ONU et de celle du portement que la France adoptera
chef de la diplomatie française,. le moment venu. «Nous pouvons
Dominique de Villepin, dont cer- tout imaginer dès lors que c'est cohétains
passages paraissaient traduire rent avec notre position defond, assuune
évolution, les spéculations sur re un responsable français; si nous
un infléchissement de la positionne sommes pas d'accord, eh !bien,
française ont redoublé. L'entoura- nous ne serons pas d'accord. Et ce ne
ge de Jacques Chirac les dément, un . sera la fin de rien, pas plus que le
commentateur autorisé de la pen- . retrait de.l'OTAN décidé par de Gaul-
'sée présidentielle allant même jus- . le ni le discours de Phnom Penh
qu'à aborder le sujet qu'on a géné- n'ont été la fin des relations francoralement
pour règle d'éluder: celui américaines. Ces relations ont la .
d'un éventuel veto français. peau dure »
, « Si la question était posée aujour- Mais les membres du Conseil de
d'hui, la France dirait non à une réso- sécurité auront-ils l'occasion de
lution autorisant le recours à la for- voter? Neuf pays membres se sont
ce », dit-il, et elle maintiendra cette exprimés le 5 février pour la pourposition
«tant qu'il n'y ,aura pas suite des inspections et l'on estime
échec patent du système des inspec- à Paris que cette majorité peut tenir
tions, que les inspecteurs ne se diront au-delà du 14 février, si le nouveau
pas empêchés de poursuivre leur mis- rapport des inspecteurs est de
sion, que l'existence èt l'imminence même nature que celui du 27 jand'un
danger ne seront pas démon- vier, c'est-à-dire en demi-teintt:. Si
trées ». ' la majorité reste de ce côté, les
Le président, qui plaide avec cons- Etats-Unis chercheront à éviter un
tance en faveur d'un monde multi- vote sur une entrée en guerre, pour
laquelle ils s'estiment déjà manda-,
tés par l'oNu. « La France le réclamera
I », affirme-t-on à l'Elysée.
Mais pour l'instant on est dans le
cadre de la résolution 1441 et
aucun nouveau texte n'a à être mis
aux voix à l'ONU. L'idée avait germé
la semaine dernière, chez Tony
Blair et George Bush, de proposer
une nouvelle résolution difficilement
récusable, une sorte de mise
en demeure à Saddam Hussein, qui
aurait fait éclater le «front de la
paix: au Conseil de sécurité. Jacques
Chirac n'a pas voulu en entendre
parler.
PAS DE MENACE
Mais 'ail-delà de ces considérations
tac?ques, l'essentiel, souligne
l'entoûrage du président,. ce sont
« ses convictions sur le bon usage de
la guerre» et sur ses méfaits. Le
motif de la guerre - la menace - restera
incertain, alors que « les conséquences
humaines, économiques,
politiques de la guerre sont en revanche
une certitude ». Non que M. Chirac
donne dans le pacifisme ou
dans la complaisance envers les dictateurs
: Saddam Hussein ne vaut
certes pas mieux que Milosevic
mais l'Irak n'est pas le Kosovo, le
Moyei\~Orient pas l'Europe et, en
substance, George Bush n'est pas
Bill Clirlton. A quelle capacité d'influence,
à quel pouvoir de veto con-
tre telle ou telle frappe collatéralement
ravageuse la France pourraitelle
prétendre aujourd'hui si elle
acceptait de participer à uile intervention
en Irak? Elle n'a certes
« pas exclu» une telle participation,
mais seuls les militaires français s'inquiètent
encore pour eux-mêmes
de cette double négation.
Quant à l'autre interrogation torturante
-l'Europe -, on l'aborde à
l'Elysée avec la même décontraction
'qu'arborait Jacques Chirac,
mardi dernier au Touquet, au côté
de Tony Blair. On a relancé avec lui
le projet d'une défense commune,
et d'autre part « les Anglais seront
dans 'la zone euro dans deux ans » ;
alors où est le drame? La lettre des
« huit»? On en rit : «curieusement,
personne n'arrive plus à se souvenir
de qui en a été à l'origine ... ».
Le discours' de M. de Villepin,
mercredi à l'ONU, n'était pas fait
d'un bout à l'autre du même métal.
«n a été relu ligne à ligne par le président
», indique-t-on à l'Elysée. Relu
et complété sans doute, pour
adjoindre à une certaine déférence
envers lès obsessions américaines,
à l'idée d'une urgence, des paragraphes
qui rappellent la question de
base: quelle est la menace qui justifierait
la guerre? Aujourd'hui, i! n'y
en a pas et demain, on verra.
Claire Tréan
A contrecœur, la Turquie accède aux premières demandes des Etats-Unis
ISTANBUL
de notr.e correspondante
Le Parlement turc a donné son feu vert, jeudi
6 février, par 308 voix contre 193, à la modernisation
par les Etats-Unis de ses bases aériennes et
de ses ports, en we de leur utilisation lors d'une
éventuelle guerre en Irak. Le gouvernement turc,
réticent, a ainsi fait un premier pas concret vers
une participation à une offensive contre Bagdad,
à laquelle l'opinion turque est majoritairement
opposée. Le Parti de la justice et du développement
(AKP), au peuvoir, a soatfgné que la lécision
parlementaire n'implique pas une participation
active aux combats. «Nous n'entrons pas en
guerre. Confrontés à la possibilité-d'un conj/it, nous
prenons des mesures pour protéger nos intérêts ", a
déclaré le dirigeant de l'AKP, Recep Tayyip Erdo~
gan.
'
Malgré la forte pression de Washington,la Turquie
a décidé d'attendre le 18 février, soit après
Bayram -la fête religieuse de neuf jours qui débute
ce week-end -, pour demander au Parlement
de se prononcer sur l'envoi de soldats, turcs à
l'étranger et, surtout, sur la requête américaine la
plus controversée: le déploiement de dizaines de
milliers de soldats américains sur sol turc, en we
de l'Quverture d'un front au nord de l'Irak. Il est
ington pour limiter les dégâts politiques et économiques.
probable que l'Assemblée nationale acceptera ce «Je suis perplexe face au silence des Européens,
déploiement. «Nous aurons un rôle, mais pas particulièrement de la France et de l'Allemagne,
. celui d'allié, explique Mehmet Dülger, député qui sont contre la guerre, déplore Soli Ozel, professeur
AKP et président de la commission des affaires
de relations internationales à l'université Bi!-
étrangères. A nos yeux, les plans des .Américains, gi. Leurs appréhensions par rapport à la candidature
sont pleins d'inconnues. Notre impres~ion 'est qu'ils
turque à l'UE les a empêchés de soutenir correcte-
ne savent pas vraiment ce qui les attend en Irak." . ment les efforts pour la paix fournis par la Turquie.
,> Les Etats-Unis ont promis leur appui financier
LA QUESTION DES KURDES IRAKIENS
pour atténuer l'impact de la guerre sur l'éco-
l!!s autorités ont indJtjué que des soldats turcs n8mie turque. Le quotidien Hürriyet a 'rlivélé, le
pourraient être déployés au nord de l'Irak, dans 6 février, que le numéro deux irakien, Taha Yassin
Ramadan, avait secrètement visité la Turquie,
lundi, pour un long entretien avec le premier
ministre turc, Abdullah Gül, "qui a conseillé à
l'Irak de coopérer plus activement avec les inspecteurs
de l'ONU.
le but d'éviter un afflux de réfugiés à la frontière
turque, mais également pour empêcher les Kurdes
irakiens de saisir les villes de Mossoul et de
Kirkouk. « L'armée turque a l'appui inconditionnel
du Parlement pour protéger notre pays, mais, pour
les soldats américains, une décision claire des
Nations unies est nécessaire », estime Emin Sirin,
députéAKP.
La Turquie a déployé des efforts diplomatiques
considérables pour éviter un conflit à ses frontières.
Mais elle estime désormais n'avoir pas
d'autre choix que de se plier à la volonté de Wash-
En attendant, la Turquie .poursuit ses propres
préparatifs. Des forces supplémentaires ainsi que
des quantités importantes d'équipement lourd et
de blindés ont été envoyé vers le Sud-Est anatolien,
en prévision d'un conflit éventuel.
Nicole Pope
21