.Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro
de la Prensa-Baszn Özeti
Lor noir irakien, manne d'indemnisatiQn~
Une commiMion de l'ONUö'occupe de dêdommager~ victim~ df'~J1tU4
.~~. .
Il
>
III
'.
Gen he de norre cprre6pondanr
Alors que la deuxième
guerre du Golfe se pré-
, . pare, les comptes de la
première n'ont pas fini
d'être soldés. C'est à Genève,
dans une villa cossue, la Pelouse,
placée sous surveillance
,const'ante, que se décident les'
milliards de dollars de répara-
'tions que paie Bagdad dix ans
après sa tentative avortée d'annexer
le Koweït Nichée dans le
parc des Nations unies, la Pe~
louse abrite l'un des organes
les plus discrets de l'ONU, la
Commission d'indemnisation
(UNCC, sous son abréviation
anglaise). «Nous n'avons jamais
aimé kIpublicité et avec kI
perspective d'une guerre en Irak,
encore moins», confie un employ.é
de l'UNCÇ. Pour cause:
des experts trient, depuis 1991,
parmi les 350 milliards de dol-
'Iars de réclamations demandés
par 2,6 millions de personnes
lésées, des milliers de sociétés
et une centaine de gouvernements.
Pour discuter de ces
sommes faramineuses, le silence
est de mise.
LaPelouse ~ le siège de la plus
grande opération de réparations
de l'histoire. Plus grande
encore que les réparations imposées
aux Allemands après la
Première Guerre mondiale, qui
avaient fait le lit de la Deuxième.Ace
jour,l'UNCC a accordé
43 milliards de dollars, dont
un tiers a déjà été payé. La palme
revient à la Koweït Petroleum Corporation qui a
obtenu 15,9 milliards de dollars, pour la mise à feu des
puits de pétrole et son manque à gagner. L'UNCC doit
encore examiner pour 200 milliards de dollars de réparations,
avant de dore ses travaux en 2005. Mais
dans un Irak débarrassé de Saddarn Hussein, la communauté
internationale, et au premier chefWashington,
voudront -ils encore faire payer
Bagdad? Une décision très politique
que devra prendre tôt ou tard le
Conseil de sécurité: «nfaudra bien tirer
un trait quelque part», confie un
diplomate européen.
C'est vrai que l'UNCC est un drôle
d'animal onusien. «e'estuneaberration.
L'UNCC opère de manih-e biaisée,puisque
l'Irak n'estpratiquement
jamais consulté», affirme Michael
Schneider, membre de l'étude ge-
350
milliards
de dollars:
le montant des
indemnisations
réclamées
à l'Irak
par 2,6 millions
de personnes
et des milliers
de sociétés. '
nevoise d'avocats Lalive et Associés
qui représente les intérêts irakiens.
«L'UNCC participe, avec lessanctions, à une stratégie
d'étranglement économique du peuple irakien» voulue
par Washington, surenchérit la députée socialiste
Liliane Maury Pasquier. «e' estfaux», réplique Mojtaba
Kazazi, secrétaire du conseil d'administration de
l'UNCe. «Qui peut contester que des millions de travailleurs
immigrés etd'innombrables sociétésont été lésés?ns
obtiennent aujourd'hui réparation. L'UNCC est
choiSis par le secrétariat de l'UNCÇ. ~
décisions sont'rapidemerit prises. Plùs 4e
deux millions. de personnes, èssen~e~èment
des travailleurs immigrés du Bangladesh;d'Egypte,de
PaIestine,d1nde, du pakistan
et d'ailleurs ont reçu un minimum
de 2500 doUars. Des princesses ont été indemnisées
pour leurs bijoux volés, ainsi
que le plus grand collectionneur d'art islamique
(il a obtenu 20 millions de dollars),
dont les pièces, pillées par les Irakiens, se
sont retrouvées dans de célèbres maisons
de vente aux enchères londonienne ... Des
centaines de sociétés, koweïtiennes, saoudiennes,
américaines, françaises, suisses
sont sur la liste des bénéficiaires (les sociétés
suisses' ont demandé
334 millions de dollars d'indemnisation,
34 millions ont
été accordés sUr un tiers du
montant des plaintes' examinées).
Un commissaire confie:
"Nous essayons defaire un travail
sérieux, mais c'est vrai aussi
'que des décisions fumeuses ont
étéprises.»
Particulièrement contestées,
les décisions de dédommager
le manque à gagner de certaines
sociétés saoudiennes et
israéliennes, dont le pays a été
touché par des Scud irakiens:
, '~
ainsi, des hôtels d'Eilat ont été
alliée pour Ubérer le paY6 en '99'. indemnisés, alors qu'aucun
un vraisuccès»,ajoute-t-il.
missile n'est tombé sur la vil-
le ... Michael Schneider cri-
Millions de demandes. Tout commence dans la tique les procédures de
foulée de la guerre du Golfe. Sous impulsion améri- l'UNCC: «DeS experts inconcaine,
le Conseil de sécurité adopte, le 3 avril 1991, la
résolution 687 qui décide que «l'Irak est responsable,
nus établissent des rapports
auxquels nous n'avons pas accès
en vertu du droit international, de tqutes lespertes di-
et, sur cette base, des décisions
redes, de tous les dommages (.... ) diredement impu- sont prises. Parfois, nous 'le
tablesà l'invasion et l'occupation illicitedu Koweït». Un .connaissons même pas les
principe juste, même s'il n'est que rarement appliqué. plaintes! L'Arabie Saoudite ré-
CIrak a commis un acte d'agression incontesté. Mais cklme des milliards d'indemniqui
examinera les millions de demandes d'indemni- sation pour la pollution de ses
sation attend~s? Quelle est la définition d'un dom- côtes, mais refuse de donner
mage direct? Faut-il indemniser, par exemple, les hô- l'accès àson territoire à des extels
dl,1Proche-Orient, puisque l'invasion du Koweït pertS internationaux mandatés
a ruiné la saison touristique? C'est du reste cc que ' par Bagdad.» Un mécanisme
veulent les agences de voyages et les hôtels de Chypre,
«inique» ont jugé une soixand'Egypte
et d'Israël. Quid encore des cinémas dont la
taine de députés suisses qui, en
fréquentation a baissé au Proche-Orient durant la 2001, ont envoyé une pétition
giIerre du Golfe? Alléché par la manne de l'or noir, le de protestation.
Conseil de sécurité crée, le 20 mai. I991 (résolution uPas un tribunal». «e' est vrai
692), un organe sans précédent pour répondre à que l'UNCCest uneprocédure
toutes ces questions: l'UN CC, qui lui est directement exceptionnelle, et c'est vrai aussoumis.
L'argent de l'ornoit est là, en cash, bloqué £.Ur si que l'Irak, comme les demanun
compte à New York géré par l'ONU. Et deurs, n'ont qu'une participation limitée à nos procé-
25 à 30 % de ces milliards de dollars sont à dures, mais nous sommes un organe administratif, pas' ,
disposition de la Commission d'indem- un tribunal Et c'est le Conseil de sécurité qui a décidé
nisation à la villa la Pelouse. De quoi exci- de notre mandat>" rétorque Mojtaba Kazazi. Sous.
ter les convoitises, au risque de pervertir le couvert d'anonymat, un membre de rUNCe recon- ,
principe d'indemnisation. naît: «Jamais aucun pays n'a payé aussi lourdement
Biloux volés. Les affaires sont rondement pour des réparations. Mais croyez-vous que cet argent
menées. Le conseil d'administration de auraitserviàaméliorerkisantédespetitsIrakiensou'
,rUNCCestcomposédesquinze membres à acheter des armes?» Avant de lâcher: «Ce que nous
AKoweït. le oo&é Temp€te du dé6ert. du nom de'l'opérution
du Conseil de sécurité. Par consensus, il approuve
les rapports préparés par 14panels ade de ven~nce.» •
composés chacun de trois «commissaires" ..
faisons sesitue à mi-chemin entre des réparations et un
PIERRE
HAZAN
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